L'argument en question ne vise absolument pas à remettre en cause le principe de débat. La preuve :).
C'est juste une réalité que j'ai personnellement toutes les peines du monde à évacuer : le droit au mariage pour tous (garanti par une loi) et le droit à l'avortement (désormais garanti par la constitution) sont des droits dont l'usage relève exclusivement de la vie privée des personnes qui en font usage, et dont la pratique n'enlève absolument aucun droit ni aucun privilège aux personnes qui n'en font pas usage. C'est un fait, je n'y peux rien.
Jolie formulation : "le caractère sectaire des progressistes qui voient le progrès comme une accumulation de droits pour les minorités". Là aussi j'ai beau creuser, je ne vois pas ce qu'il y aurait de sectaire dans le fait que des homosexuels puissent avoir le droit de se marier (au même titre que les hétérosexuels, en l'occurrence ce qui serait sectaire ce serait de réserver la chose à une seule de ces catégories de personnes ?) ou qu'une femme puisse avoir accès à l'avortement (là aussi ce qui était sectaire avant la légalisation de l'avortement c'était que seules les femmes riches avaient les moyens d'aller se faire avorter en sécurité à l'étranger).
Enfin, je rappelle quand même au passage que les femmes ne sont pas une minorité : elles sont majoritaires au sein de la population française (et mondiale aussi d'ailleurs) :). 51.5% en 2019 selon l'INSEE...
Bien sûr, mais il y a un glissement sémantique entre minorités/majorité et oppressés/oppresseurs : la lutte pour l'égalité inclut la défense des droits de toutes les "communautés" (c'est le combat intersectionnel que je qualifie de sectaire). Par oppresseur, je pense au juge américain blanc patriarche quinqua (ou plus), que les féministes ont peut-être reconnu dans les sénateurs français.
Les femmes ne devraient pas être une communauté, mais elles le deviennent politiquement, et si je n'avais pas assisté à cette instrumentation de l'IVG je pense que je n'écrirais pas ici.
Sérieusement ? Avant d'annoncer ce genre de phrases à l'emporte pièces ("en constante augmentation"), le minimum ce serait de présenter des sources et des comparatifs pour appuyer votre propos. Et c'est pas comme si dans mon post précédent j'avais fait l'effort d'apporter une source et un éclairage chiffré sur la question; que je vous remets donc ici de nouveau.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ntaires-de
Cela vous aurait permis de constater que non, les avortements ne sont pas en constante évolution depuis les années 1980, mais globalement plutôt stable. On observe bien une légère augmentation sur l'année 2022, mais rien de colossal, et sur la période longue on est sur un taux très stable. Je rappelle également que la moitié des avortements en France se fait avant 8 semaines, et que 78% des avortements sont sont réalisés par voie médicamenteuse et non chirurgicale.https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ntaires-de
Stable dans l'augmentation, ce que mes recherches préalables - quand même - confirment via le même institut que vous citez en 2019, avant le Covid https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ecours-qui. (je note la notion de "reprise" dans les stats.)
Ou https://www.ined.fr/fr/actualites/press ... 0en%202021).
Et non, l'avortement n'a pas à être un "problème" de santé "publique" qu'il faudrait "questionner" en allant exiger des femmes qui y ont recours les raisons de leurs choix personnels qui ne regardent qu'elles. Si réellement c'est ainsi que vous voulez percevoir l'avortement libre à vous, mais cela me conforte plutôt dans l'idée qu'il est donc peut-être pas totalement indispensable de l'inscrire dans la constitution : c'est un droit dont l'exercice relève du droit à la vie privée. Je ne vois pas pourquoi quiconque devrait se questionner sur les raisons des femmes qui le pratiquent. Et c'est cadeau : environ 240 000 femmes qui y ont recours chaque année, je peux vous assurer que ça fait au minimum 240 000 raisons différentes d'y avoir recours. Vouloir mettre dans une case une procédure aussi intime et personnelle c'est une gageure je pense. Et encore une fois, les raisons de ce choix ne regardent personne d'autres que la personne qui fait ce choix.
Je vais être plus direct : pourquoi n'a-t-on pas d'informations sur l'IVG de confort ? Je sais que cette expression permet une réduction ad marinum disqualifiante, mais après qu'elle se soit fait tomber dessus là -dessus en 2012 (MLP, donc), on en a plus entendu parler. Il y aurait pourtant à cette époque le double de femmes qui avortent deux fois et plus, par rapport aux années précédentes. https://sante.lefigaro.fr/actualite/200 ... ts-confort
Un indice possible d'une IVG de confort me semble, d'après les maigres infos qu'on a, de recourir par ex à plus de 3 avortements en dix ans (ça me semble commencer à faire beaucoup), ce qui interroge sur la contraception et au fait que si, l'avortement est une question de santé publique puisqu'elle a un coût humain et matériel. J'essaie d'en parler avec des sages-femmes, je ne suis pas dans le milieu médical.
Or, et le lien que je cite (drees 2019) le dit, le statut social joue évidemment sur l'IVG. Sensibilise-t-on suffisamment sur la contraception, et au fait que si l'IVG est une liberté garantie (ce qui me semble plus ou moins synonyme de droit, selon certains, mais n'éteint pas la clause de conscience), la gauche se lance bien sûr dans la lutte contre la clause de conscience qui éteindrait toute résistance personnelle (dont vous reconnaissez la légitimité, je crois) à ce droit. Après je ne fréquente pas les plannings familiaux, mais je n'ai pas entendu dire pendant cette constitutionnalisation rapide, en effet Eco92, que l'IVG est un droit qui "se pèse" quand même, ça semble juste être open bar. Et là encore, plus que le fond, je pense que c'est l'instrumentalisation politique qui gêne.
Car les constitutionnalistes (j'en cite un qui me semble faire consensus) pensent eux aussi que cette réforme est symbolique (il y a un ? à la fin du titre). https://constitutiondecodee.fr/actualit ... mais-utile