Elections législatives de 1986

[Samarras]

Le député sortant de Mayotte, Jean-François Hory (MRG) ne se représente pas et, curieusement, aucun postulant de gauche n'est candidat à sa succession, ce qui "tue" le suspense.
Ont obtenu:
H.Jean-Baptiste (UDF-MDM) 10 506 (64,74%)
J.-M. De Cazanove (RPR) 5 331 (32,85%)
A.Djounai (extrême-gauche) 286
A.Alonzo (DVD) 104
Un seul tour est nécessaire à l'élection du barriste Henri Jean-Baptiste, parachuté depuis la Martinique.

[Samarras]

Les députés sortants de la Nouvelle-Calédonie sont Roch Pidjot (Union Calédonienne); Jacques Lafleur (RPR). Le scrutin est ici marqué par les "événements" survenus depuis 1984. Marginalisée, la gauche classique ne présente pas de candidats, tandis que le FLNKS, assuré d'une défaite, boycotte le scrutin (On ne manquera pas d'établir un parallèle avec le référendum de décembre 2021). Dans ces conditions, le suspense n'est pas insoutenable:
RPR-UDF 39 677 (88,53%)
séparatistes 3 985 (8,89%)
FN dissident 1 155 (2,57%)
Sont logiquement élus:
RPR (2): Jacques Lafleur et Maurice Nénou Pwataho

[Samarras]

Les députés sortants de Polynésie française sont Jean Juventin (app.UDF puis DVG); Tutaha Salmon (RPR).
Le 16 mars, les résultats furent les suivants:
RPR 41,12%
DVD 19,16%
DVG 17,54%
extrême-gauche (deux listes) 10,08%
séparatistes 6,37%
DVG 5,69%
Sont élus:
RPR (2): Gaston Flosse (nommé au gouvernement et remplacé par Edouard Fritsch) et Alexandre Léontieff
Jean Juventin,ayant navigué de Valéry Giscard D'Estaing avant 1981 à François Mitterrand après, perd son siège. Il est vrai qu'en Polynésie française, les étiquettes politiques peuvent être plus utilisées par commodité (être dans le camp gagnant) que par conviction, puisque M.Léontieff, élu au titre du RPR en 1986, sera reconduit en 1988 avec le soutien de la nouvelle majorité mitterrandiste.

[pierrep]

Le député sortant de Mayotte, Jean-François Hory (MRG) ne se représente pas et, curieusement, aucun postulant de gauche n'est candidat à sa succession, ce qui "tue" le suspense.
Ont obtenu:
H.Jean-Baptiste (UDF-MDM) 10 506 (64,74%)
J.-M. De Cazanove (RPR) 5 331 (32,85%)
A.Djounai (extrême-gauche) 286
A.Alonzo (DVD) 104
Un seul tour est nécessaire à l'élection du barriste Henri Jean-Baptiste, parachuté depuis la Martinique.

Dire que Henri Jean-Baptiste était parachuté depuis la Martinique est inexact! Certes il est né dans ce département mais il a mené une carrière de haut fonctionnaire puis de conseiller politique ( dont Giscard) jusqu'en 1986 avant de se lancer pour l'UDF de l'époque comme candidat à Mayotte.
Les mahorais le percevaient plus comme un " métro" d'ailleurs car toute son histoire personnelle ( ENA etc) le rattachait à l'appareil politico-administratif métropolitain.

[Samarras]

Je complète le fil pour ceux que ça intéresse, avec les Alpes-de-Haute-Provence. Deux sièges seulement sont à pourvoir dans ce département, occupés par deux socialistes: François Massot (qui, un seul siège pouvant être conservé, ne se représente pas) et André Bellon.
La réélection de ce dernier étant acquise, l'autre siège doit aller à droite. Reste à savoir qui de l'UDF ou du RPR, qui concourent séparément, décrochera la timballe.
Les résultats sont les suivants:
PS 23 262 (30,83%)
RPR 17 944 (23,78%)
UDF 13 860 (18,37%)
PCF 10 716 (14,20%)
FN 7 994 (10,59%)
deux listes DVD 1 318 (1,73%)
extr.-g. 351 (0,46%)
Sont donc élus André Bellon (PS) et Pierre Delmar (RPR). Ce dernier l'emporte facilement sur Jean Cabanne, maire UDF de Manosque. Ce qui est logique, le grignotage du département par la droite depuis 1981 ayant été principalement conduit par le RPR. C'est la première fois depuis 1962 qu'un député de droite est élu dans ce département (et sans doute pas seulement à cause de la proportionnelle).

[Samarras]

Deux sièges en jeu également dans les Hautes-Alpes (dont le caractère provençal est fort discutable, mais passons...). Comme dans le département voisin, le PS s'est arrogé les deux sièges en 1981, mais est assuré d'en perdre un. C'est pourquoi Robert De Caumont ne se représente pas, tandis que Daniel Chevalier prend la tête de liste.
Les résultats sont les suivants:
UDF-RPR 28 430 (45,00%)
PS 21 333 (33,77%)
PCF 4 360 (6,90%)
FN 4 306 (6,81%)
RPR diss. 3 112 (4,92%)
écol. 1 338 (2,11%)
extr.-g. 286 (0,45%)
Un résultat logique: Daniel Chevalier (PS) est reconduit, le second siège échouant à Pierre Bernard-Reymond (UDF-CDS), ancien ministre, que le premier avait battu en 1981. L'opposition avait un temps rêvé de décrocher les deux sièges. Mais cela semblait d'autant moins probable qu'elle devait affronter une liste dissidente, conduite par Georges Chabas (RPR), un élu briançonnais qui n'avait pas accepté de devoir céder la deuxième place sur la liste officielle à un "parachuté", Patrick Ollier (Ce dernier sera tout de même élu en 1988).

[Samarras]

Les Alpes-Maritimes, qui, comme tout le littoral méditerranéen, ont vu leur population "exploser" depuis 1958, gagnent trois sièges. En 1981 ont été élus: Max Gallo (PS, suppléé depuis son entrée au gouvernement par Francis Giolitti et qui ne se représente pas); Jacques Médecin (UDF-PR puis RPR); Jean-Hugues Colonna (PS); Emmanuel Aubert (RPR); Louise Moreau (UDF-CDS); Pierre Sauvaigo (RPR, suppléé depuis son décès par Pierre Bachelet).
L'opposition part unie au combat derrière le "patron", Jacques Médecin,aux étiquettes fluctuantes mais alors adhérent de fraîche date du RPR. Le PS, qui espère garder les deux sièges qu'il remet en jeu, a investi en seconde position Henri Fiszbin, l'ancien leader du PCF parisien, en rupture de ban avec la Place du Colonel Fabien (Initialement, un autre parachutage avait été envisagé, celui d'Huguette Bouchardeau, mais les militants locaux l'ont récusée).
Le 16 mars, les résultats furent les suivants:
UDF-RPR 213 647 (44,01%)
PS 114 171 (23,51%)
FN 101 392 (20,88%)
PCF 41 821 (8,61%)
Les Verts 11 929 (2,45%)
extr.-g. 2 469 (0,50%)
En termes de sièges, cela donne:
. 5 pour l'Union de la droite (Jacques Médecin, RPR; Louise Moreau, UDF-CDS; Emmanuel Aubert, RPR; Pierre Bachelet, RPR; Charles Ehrmann, UDF-PR)
. 2 pour le PS (Jean-Hugues Colonna; Henri Fiszbin, communiste "critique")
. 2 pour le FN (Jacques Peyrat; Albert Peyron)
Autant dire que dans ce département, le plus à droite de France, la modification du mode de scrutin a grandement handicapé l'opposition. Elle parvient tout juste à reconduire ses quatre sortants et ne décroche que de justesse (quelques centaines de voix) un cinquième siège. La concurrence du FN a joué à plein (les Alpes-Maritimes sont, avec les Bouches-du-Rhône, le seul département où il franchit la barre des 20%). Rappelons qu'après le rétablissement du scrutin majoritaire, UDF et RPR ont obtenu tous les sièges du département entre 1988 et 2012 (à l'exception d'un seul en 1997, et encore était-ce lié à une dissidence).

[Samarras]

Les Bouches-du-Rhône sont, après l'Essonne, le département dont la délégation parlementaire s'étoffe le plus, passant de 11 à 16 sièges. Les députés sortants sont: Hyacinthe Santoni (RPR); Jean-Claude Gaudin (UDF-PR); Philippe Sanmarco (PS, suppléant de Gaston Defferre); Guy Hermier (PCF); René Olmeta (PS); Edmond Garcin (PCF); Jean-Jacques Léonetti (PS); Marius Masse (PS); Louis Philibert (PS); René Rieubon (PCF); Vincent Porelli (PCF).
Cas assez rare, la liste socialiste est profondément renouvelée. Mrs Olmeta et Masse ne se représentent pas et Louis Philibert prend symboliquement la dernière place (évidemment inéligible). Sans doute est-ce le fruit d'un compromis entre Gaston Defferre et ses opposants internes, qui contestaient de plus en plus son leadership et ses méthodes. Certes il conserve la tête de liste, mais il doit sacrifier certains de ses proches et accepter en seconde position Michel Pezet, qu'il ne portait pas dans son coeur...De même Hyacinthe Santoni, pourtant unique sortant du RPR, n'est-il que second de la liste, ce qui augure mal de sa réélection.
Les résultats (ci-dessous) surprirent à plus d'un titre:
PS-MRG 207 073 (25,85%)
FN 180 486 (22,53%)
UDF 173 337 (21,64%)
PCF 115 846 (14,46%)
RPR 75 897 (9,47%)
DVD 25 733 (3,21%)
Les Verts 12 725 (1,58%)
quatre listes d'extr.-.g. 8 902 (1,1%)
divers 922 (0,11%)
Le rebond du PS et la confirmation du FN, qui surprirent à l'échelle nationale, sont amplifiés dans le département. Il en est de même pour le recul du PCF et pour le score relativement décevant de l'UDF. Dans les Bouches-du-Rhône, alors qu'elle était donnée favorite, la liste de Jean-Claude Gaudin n'arrive qu'en troisième position.
C'est pourquoi sont élus:
PS (5): Gaston Defferre; Michel Pezet; Jacques Siffre; Philippe Sanmarco; Michel Vauzelle ( Jean-Jacques Léonetti, député sortant, retrouve néanmoins son siège après le décès de M.Defferre)
FN (4): Pascal Arrighi; Ronald Perdomo; Jean Roussel; Gabriel Domenech (Une liste de notables comme le parti n'en produira plus de sitôt...)
UDF (4): Jean-Claude Gaudin (PR); Jean-Pierre De Peretti Della Rocca; Jean Roatta (PR); Roland Blum (PR)
PCF (2): Guy Hermier; Vincent Porelli ( Le Nouvel Observateur lui octroyait pourtant trois sièges sûrs)
RPR (1): Maurice Toga