Elections générales de 2023 en Espagne

[Estagel66]

Aujourd'hui, Pedro Sanchez sera réélu au poste de Premier Ministre avec 179 voix (soit 3 de plus que nécessaire).
Toutefois, la situation est très tendue.
La loi d'amnistie prévoit que toutes les personnes qui ont participé aux événements, de près ou de loin, et poursuivis par la Justice, seront amnistiés. Cette loi met en émoi toute l'extrême droite (Phalanges, VOX, ....) et le PP. Des manifestations quotidiennes ont lieu devant le siège du PSOE à Madrid et d'autres dans tout le pays.
La Generalitat a demandé que des mesures soient prises pour assurer la protection des leaders politiques catalans et principalement envers Carles Puigdemont.
le PP et VOX accusent Pedro Sanchez d'avoir préférer son avenir personnel plutôt que l'avenir de l'Espagne et d'être l'otage des indépendantistes.
Nous ne sommes pas en 1936, la démocratie espagnole est bien établie mais les traumatismes liés à la Guerre Civile sont toujours présents. En Espagne, il n'existe pas de parti centriste. On est de droite, de gauche ou nationaliste (défense de sa région qui peut aller jusqu'à l'indépendantisme au Pays Basque et en Catalogne). Les nationalistes, même de droite comme le PNV et Junts, s'allient avec la Gauche depuis le virage, dans les années 2000-2010, du PP vers l'hispanisme (il faut sauver l'unité de l'Espagne).

La séance des Cortes, hier, a été très animée. Les échanges verbaux qui ont eu lieu rendent presque "polis" les propos de la France Insoumise.
Le leader de Vox " Comme Chavez, comme Maduro, comme Hitler vous magouillez pour garder le pouvoir et casser la démocratie" et a terminé son discours en traitant Sanchez de Néron.
Le leader du PP a cité toutes les promesses non tenues par Sanchez qui lui a énuméré toutes les affaires financières liées au PP. Les coups bas et injures n'ont cessé durant toute la journée.
Les élections européennes de Juin 2024 serviront de débat de "pour" ou "contre l'amnistie". Le débat déchaîne déjà les passions.

[Estagel66]

Pedro Sanchez a été réélu "Président du Gouvernement" avec 179 pour et 171 contre.
Il a le soutien du
- PSOE 121 députés
- Sumar 10
-Junts 7
- ERC 7
- EH Bildu 6
- PNV 5
- Izquierda Unida 5
- Podemos 5
- Catalunya en Comù 5
- Compromis 2 (Gauche de la région de Valence)
- Mas Pais 2
-Coalicion Canaria 1
- BNG 1
- Més per Mallorca 1
- Chunta Aragonesa 1

Voila les 179 députés et les 15 partis qui soutiennent Pedro Sanchez.
Les 7 députés Junts et le député du BNG ne cessent de répéter que leur soutien se fera "jour par jour".
Entre les députés de Gauche Radicale (31) et les divers nationalistes (27), Pedro Sanchez devra jouer fin.
En janvier 2020, il avait fallu 2 votes pour qu'il soit réinvesti: il était président du gouvernement depuis 2018 (censure contre Rajoy, PP)
1er tour 166 pour et 165 contre et 19 abstention
2éme tour 167 pour et 165 contre et 18 abstention (ERCet EH Bildu). Le député de CC s'est abstenu puis a voté pour.
Pedro Sanchez a été le premier à faire voter une motion de censure, le premier à constituer un gouvernement de coalition depuis le retour de la démocratie en 1978. Il est parvenu à réunir autour de lui, tous ceux qui sont hostiles au PP et cette haine viscérale envers le PP des nationalistes et de la Gauche lui permet de gouverner car pour beaucoup d'espagnols c'est "Sanchez ou le chaos", et derrière le chaos se cache la peur de revivre 1936.
Un reponsable syndical, le porte parole, a été suspendu pour 3 mois et 2 autres policiers font l'objet de sanctions pour avoir dit et écrit qu'ils s'opposaient à la loi d'amnistie et étaient prêt à "donner leur sang pour l'Espagne'.
Les juges, en Espagne ils penchent plutôt à droite, ne cessent de mener des actions contre la loi d'amnistie.
La vie politique espagnole est, comme toujours, du moins depuis le début du XIXème siècle jusqu'aux années 1970-1980 en proie à des "coupt de sang" qui se sont terminés par des coups d'état ou des guerres civiles (les guerres carlistes, la Guerre Civile 36-39, l'ETA) d'où la crainte de nombreux espagnols.
La démocratie espagnole, née en 1978, a traversé la crise catalane et devrait, là encore, en sortir grandi.

[Eco92]

La première élection de Sanchez était déjà un incroyable coup politique, il me semble qu'à l'époque il était d'ailleurs revenu à la tête de son parti qui l'avait renvoyé car trop à gauche dans sa précédente campagne. Il n'a eu de cesse depuis de montrer son habileté incroyable pour se maintenir au pouvoir, certes, mais à mes yeux aussi pour réussir à tenir l'Espagne (en l’occurrence, et paradoxalement, unie).

[PhB]

Effectivement Pedro Sanchez, dans sa négociation, a accordé aux nationalistes catalans leur seule demande qui n'aura pas de conséquences institutionnelles : une amnistie générale constitue certes un geste fort, mais c'est aussi un geste d'apaisement et la constitution espagnole reste inchangée.
Les opposants de droite et d'extrême-droite qui crient au loup auraient-ils préféré que l'Espagne accorde à la Catalogne un référendum d'autodétermination ?

[Estagel66]

Le part indépendantiste ERC a fait savoir que le référendum d'auto-détermination de la Catalogne était la prochaine étape du soutien à Pedro Sanchez.
La coalition qui gouverne est soudée par l'opposition viscérale à ce que le PP soutenu par Vox prenne la gestion de l'Espagne.
Sanchez est faible car il est loin de la majorité absolue mais fort car il est le seul à pouvoir empêcher l'alliance PP-Vox de gouverner.
Si PP-Vox revenait aux Affaires, le Pays Basque et la Catalogne pourraient s'embraser rapidement. C'est une réalité qui a poussé de nombreux électeurs modérés a voté PSOE aux dernières législatives, notamment en Catalogne.