Élections générales de 2023 en Pologne

[Fabien]

La coalition pro-européenne gagne largement les élections sénatoriales où le PIS ne conserve que 34 des 100 sièges.
La Coalition Civique (KO) en emporte 41, la Troisième Voie (TD) 11 et la Nouvelle Gauche (NL) 9. 5 sièges divers.

Sur la carte on constate un très fort clivage Est (partisan du PIS) - Ouest (favorable à la coalition pro-européenne).

Clivage habituel depuis que la vie politique politique polonaise est dominée par l'affrontement entre les ultra-conservateurs et les libéraux. On notera que les cartes électorales en Pologne marquent de façon frappante... la frontière du pays avant 1939!
L'opposition villes (KO)/ campagnes (PIS) est également très marquée.
La progression spectaculaire de la participation des jeunes et des femmes n'aura pas du tout profité à la gauche. Si, contrairement à 2011, son unité lui permet de ne pas disparaître du parlement, elle réalise en pourcentage son pire score depuis le retour de la démocratie. Parmi tous les pays de l'UE, il n'y a qu'en République Tchèque qu'elle pèse moins. Peut-on y voir l'effet de l'inflexion vers le centre des positions de Donald TUSK, homme de droite pur sucre, membre du PPE, qui défend désormais le droit à l'avortement, l'union civile, et a peut-être aussi mis de l'eau dans son vin thatchérien?

[PhB]

Les résultats complets, inclus les noms des élus, sont publiés officiellement :
Pour la Diète
Pour le Sénat
Au final ça donne :
Diète
Participation : 74,38 %
Scores :
PiS : 35,38 %
KO : 30,70 %
TD : 14,40 %
Lewica : 8,61 %
K (Konfederacja -Confédération) : 7,16 %

En termes de sièges :
PiS : 194
KO : 157
TD : 65
L : 26
K : 18

KO+TD+L : 248 sièges (maj.absolue à 231) pour 53,61% des voix

Pour le Sénat :
Participation : 74,31 %
Les % sont moins représentatifs au vu du mode de scrutin (FPTP dans 100 circonscriptions) et de la stratégie d'alliance avec candidat unique des 3 partis pro-européens.
Pour les sièges :
PiS : 34
KO : 41
TD : 11
L : 9
K : 0
Divers : 5 sur 5 listes différentes

[PhB]

La coalition pro-européenne gagne largement les élections sénatoriales où le PIS ne conserve que 34 des 100 sièges.
La Coalition Civique (KO) en emporte 41, la Troisième Voie (TD) 11 et la Nouvelle Gauche (NL) 9. 5 sièges divers.

Sur la carte on constate un très fort clivage Est (partisan du PIS) - Ouest (favorable à la coalition pro-européenne).

Clivage habituel depuis que la vie politique politique polonaise est dominée par l'affrontement entre les ultra-conservateurs et les libéraux. On notera que les cartes électorales en Pologne marquent de façon frappante... la frontière du pays avant 1939 !

Effectivement une carte particulièrement instructive est visible sur ce site qui explique que la Pologne, tout comme l'Irlande et d'autres pays européens, a connu au cours de son histoire des périodes durant lesquelles son territoire était colonisé tout ou partie par d'autres pays (j'imagine qu'on peut faire la comparaison avec l'Alsace-Lorraine pour ce qui concerne la France), et que ces épisodes de colonisation marquent encore la culture et les comportements électoraux des régions concernées.
D'ailleurs on peut élargir la réflexion et remarquer que les pays et régions européens qui ont connu le joug soviétique ont un comportement électoral spécifique au sein de l'union Européenne.
Merci pour cette très intéressante remarque Fabien.

[Fabien]

Oui, les pays d'Europe de l'est sont presque tous plus libéraux en économie, pour la plupart plus "otaniens" et violemment hostiles à la Russie, généralement moins écolos, à quelques exceptions près plus conservateurs sur les questions de société... Nos élites qui en 2004 ont largement soutenu l'élargissement avaient-elles conscience qu'elles tireraient ainsi fortement l'UE vers la droite?

[PhB]

Oui, les pays d'Europe de l'est sont presque tous plus libéraux en économie, pour la plupart plus "otaniens" et violemment hostiles à la Russie, généralement moins écolos, à quelques exceptions près plus conservateurs sur les questions de société... Nos élites qui en 2004 ont largement soutenu l'élargissement avaient-elles conscience qu'elles tireraient ainsi fortement l'UE vers la droite?

Que nos élites en aient eu conscience ou pas, leur choix d'ancrer la démocratie pour ces pays qui sortaient de dizaines d'années de régimes totalitaires a été un pari réussi. Certes l'UE s'en est trouvée changée et son équilibre politique a évolué d'une manière qui ne m'enchante pas, tant dans les nouveaux pays adhérents que dans les plus anciens (notamment avec la montée des populismes voire de partis antidémocratiques), mais la démocratisation des nouveaux pays membres et de leurs dizaines de millions d'habitants était (et reste) un enjeu crucial.

[Eco92]

Quand même étonnant de tels scores, l'opposition boycottait ? Il faut dire que les questions sont tournées de manière un rien orientées.

Oui, pour invalider le résultat (quorum de 50 % des inscrits non atteint// art.125 de la Constitution polonaise)

Merci, cette méthode a en effet fonctionné car la participation a été de 40%.

[ploumploum]

Oui, les pays d'Europe de l'est sont presque tous plus libéraux en économie, pour la plupart plus "otaniens" et violemment hostiles à la Russie, généralement moins écolos, à quelques exceptions près plus conservateurs sur les questions de société... Nos élites qui en 2004 ont largement soutenu l'élargissement avaient-elles conscience qu'elles tireraient ainsi fortement l'UE vers la droite?

Que nos élites en aient eu conscience ou pas, leur choix d'ancrer la démocratie pour ces pays qui sortaient de dizaines d'années de régimes totalitaires a été un pari réussi. Certes l'UE s'en est trouvée changée et son équilibre politique a évolué d'une manière qui ne m'enchante pas, tant dans les nouveaux pays adhérents que dans les plus anciens (notamment avec la montée des populismes voire de partis antidémocratiques), mais la démocratisation des nouveaux pays membres et de leurs dizaines de millions d'habitants était (et reste) un enjeu crucial.

Les pays de l'Est n'ont pas attendu leur entrée dans l'UE pour se démocratiser...et le virage droitier ou nationaliste-populiste peut s'expliquer qu'à peine la démocratie établie, ils se voient contraints de déléguer des pouvoirs/compétences à une entité lointaine...


Sinon, signalons que sur fond de baisse démographique depuis quelques temps, le corps électoral polonais a encore fortement reculé par rapport à 2019 : on est passé de 30,253 à 29,532 à millions d'inscrits (-2,38 %). C'est la première fois depuis 2001 que le corps passe en dessous des 30 millions. Et le phénomène ne devrait pas s'inverser de sitôt. C'est assez significatif.


En tout cas, pour la suite, certains ne s'attendent pas à un changement d'ampleur en termes de politiques
https://www.euractiv.fr/section/electio ... t-du-jour/

Et le Président Duda devrait prendre son temps pour la formation du prochain Gouvernement
https://www.euractiv.fr/section/electio ... vernement/

Notons que pour le PiS, il existe encore un moyen de ralentir le travail de la probable futur majorité : demander au chef de l'Etat d'user de son droit de veto. Comme ce dernier ne peut être contourné qu'avec une majorité des 3/5 à la Diète, les conservateurs auraient une minorité de blocage...

[jordan]

La coalition pro-européenne gagne largement les élections sénatoriales où le PIS ne conserve que 34 des 100 sièges.
La Coalition Civique (KO) en emporte 41, la Troisième Voie (TD) 11 et la Nouvelle Gauche (NL) 9. 5 sièges divers.

Sur la carte on constate un très fort clivage Est (partisan du PIS) - Ouest (favorable à la coalition pro-européenne).

Clivage habituel depuis que la vie politique politique polonaise est dominée par l'affrontement entre les ultra-conservateurs et les libéraux. On notera que les cartes électorales en Pologne marquent de façon frappante... la frontière du pays avant 1939 !

Effectivement une carte particulièrement instructive est visible sur ce site qui explique que la Pologne, tout comme l'Irlande et d'autres pays européens, a connu au cours de son histoire des périodes durant lesquelles son territoire était colonisé tout ou partie par d'autres pays (j'imagine qu'on peut faire la comparaison avec l'Alsace-Lorraine pour ce qui concerne la France), et que ces épisodes de colonisation marquent encore la culture et les comportements électoraux des régions concernées.
D'ailleurs on peut élargir la réflexion et remarquer que les pays et régions européens qui ont connu le joug soviétique ont un comportement électoral spécifique au sein de l'union Européenne.
Merci pour cette très intéressante remarque Fabien.

On peut d'ailleurs élargir la perspective. En 1945, Staline a fait reculer les frontières de la région de l'Est vers l'Ouest : la partie orientale de la Pologne (la Galicie orientale, autour de Lvov) est devenue soviétique (ukrainienne en l'occurrence), et la Pologne a absorbé les marches orientales de l'Allemagne (Poméranie et Silésie). Les populations polonaises, chassées de facto de Galicie orientale, se sont retrouvées transplantées pour l'essentiel en Poméranie et Silésie, vidées de force de leur population allemande séculaire.
Plus d'un demi-siècle plus tard, une fois la démocratie solidement installée dans ces 2 pays, on découvre des comportements électoraux assez notables : la partie occidentale d'Ukraine (ex-polonaise pour partie) vote massivement contre les partis pro-russes, par opposition aux votes de l'Ukraine orientale. Et la partie occidentale de Pologne vote majoritairement pour les partis pro-européens, par opposition aux partis nationalistes-conservateurs de la Pologne orientale !

Bref, pour caricaturer : si Staline n'avait pas fait joujou avec les frontières, l'Ukraine serait demeurée pro-russe, et la Pologne europhobe (:-D

[Stéphane]

Près de deux mois après ces élections, Donald Tusk, chef de file des pro européens, a été élu Premier ministre par le parlement, mettant officiellement fin à 8 années de régime nationaliste conservateur :
https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

[Stéphane]

Le nouveau pouvoir commence à rétablir l'indépendance de la presse :

Pologne : le gouvernement Tusk déloge les propagandistes du PiS de l’audiovisuel public
Le nouvel exécutif a limogé les dirigeants des médias publics, aux ordres de l’ancien pouvoir, le parti national-conservateur Droit et justice. La chaîne publique d’information en continu TVP Info a même temporairement cessé d’émettre le 20 décembre.

https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html