de Eco92 » Mar 14 Sep 2021 19:25
Suite aux accusations de harcèlement moral, Esther Benassa est exclue du groupe écologiste.
Je l'ai appris par son communiqué très vindicatif, que voici :
Communiqué d'Esther Benbassa, Sénatrice de Paris
14 septembre 2021
Le Groupe Écologiste – Solidarité et Territoires du Sénat vient de prononcer mon exclusion. Cette décision clôt un simulacre de procédure interne : sans transmission de pièces à charge ou à décharge, sans audition de témoins ou de victimes présumées, en violation des dispositions du règlement intérieur du Groupe et du principe de présomption d'innocence. Simplement une sommation de répondre aux accusations anonymes relayées par un article de presse.
Je me suis rendue à l'audition programmée par le Groupe écologiste du Sénat le 9 septembre dernier. Non pas pour me justifier, puisque je ne suis condamnée de rien, mais pour m'expliquer, et réitérer mes excuses pour les maladresses et les erreurs que j'ai pu commettre. J'ai en revanche présenté à mes « juges » autoproclamés et improvisés quelques-unes des centaines de pièces et d'éléments matériels que j'ai en ma disposition.
Cette mascarade de procès a rendu une décision qui n'est fondée ni sur le droit, ni sur les conclusions d'une enquête. C'est un choix politique et de communication. Je regrette profondément que des impératifs d'image prennent le dessus sur le droit.
Cette décision est un précédent grave. Alors qu'à ma connaissance, à ce jour, je ne fais l'objet d'aucune procédure judiciaire, qu'aucun représentant syndical ne m'a jamais alertée, et qu'il apparaît n'y avoir eu aucune saisine du Comité de déontologie du Sénat, ni de la Médecine du travail et/ou de l'Inspection du travail sur des situations de harcèlement ayant à voir avec des membres de mon cabinet, le Groupe écologiste du Sénat vient de s'incliner devant le principe selon lequel le tribunal médiatique prime, toute accusation publique, même anonyme, valant condamnation et justifiant une sanction. Il va sans dire que ce n'est pas le monde pour lequel je m'engage, et dans lequel j'entends que nous vivions.
Nul élu n'est désormais à l'abri. Aux écologistes de dire clairement, maintenant, s'ils s'accommodent de pareilles atteintes à l'état de droit et quel rôle ils entendent attribuer à l'autorité judiciaire dans la société qu'ils appellent de leurs vœux. J'y vois pour ma part une déloyauté profonde à l'égard des militants écologistes, et à l'égard de tous ceux qui se sont inscrits à notre primaire parce qu'ils croient à nos valeurs et à notre intégrité.
Je sais gré à plusieurs de mes collègues de n'avoir pas apporté leur suffrage à cette décision d'exclusion, sans se prononcer sur le fond de l'affaire, ce qui est normal. Ils ont sauvé l'honneur de l'écologie politique en refusant de céder à certaines dérives perverses qui, en un clin d'œil, effacent tout le travail que vous avez accompli, les causes que vous avez défendues, votre loyauté à votre parti, votre dévouement, sur la base d'accusations vagues. Je rappelle que seul un juge peut dire si le délit de harcèlement moral est constitué – pas ceux qui, anonymement, demandent la vengeance, ni même un groupe d'élus paniqués des conséquences pour leur image ou désireux de faire un coup politicien.
Pour ma part, je ne me sens pas « exclue », mais libre. Certains voudraient sans doute me condamner au silence. Je suis encore debout, et je n'entends pas me taire. Je suis prête, bien sûr, à reconnaître, à corriger, à réparer si nécessaire mes erreurs. Mais toujours au service de mes concitoyens et de mes concitoyennes. Au Sénat, sur le terrain, dans la rue. Aujourd'hui comme hier. Je continuerai de travailler, et de m'engager.