de newritture » Jeu 7 Sep 2023 16:43
Partons un peu plus au nord, en Scandinavie.
Finlande (15 sièges, +1)
Avec 16%, la Ligue Verte, avait réalisé en 2019 une percée et obtenu 3 sièges. Depuis, en avril, lors des législatives, le parti a perdu des plumes, passant de 11,5% à 7% et connaissant la plus forte chute parmi les partis de la coalition de gauche qui était jusque là au pouvoir.
Les derniers sondages, pour les élections législatives, les donnent en très légère hausse, autour de 8%. Comme pour de nombreux autres partis verts, ils peuvent toutefois compter sur de meilleures performances lors des européennes. En avril 2019 (législatives) ils avaient comme indiqué précédemment obtenu 11,5% des voix, alors qu'en mai (européennes) 16%, et ce dans un paysage politique identique.
On peut donc imaginer que les verts finiront légèrement au dessus des 10%, ce qui donnerait 2 sièges. Ré-itérer la performance de 2019 semble inatteignable, il faudrait au vu des scores attendus des autres partis dépasser les 15%.
Résumé : perte de 1 à 2 sièges pour la Ligue Verte, c'est à dire 1 à 2 élus.
Suède (21 sièges)
Avec 11,5% le Parti Vert suédois était l'un des rares en 2019 à perdre des plumes, passant de 4 à 3 sièges. Lors des législatives de septembre 2022 le parti a légèrement progressé, passant de 4% à 5% et gagnant par la même occasion 2 députés.
Les derniers sondages, encore une fois pour les législatives ce qui ne simplifie pas l'analyse, montre une certaine stabilité autour de 4,5% à 5%, malgré 1 sondage de début août à 2,6% (entre début août et aujourd'hui une dizaine d'autres sont bien entre 4,5% et 5%). Ils payent la très bonne dynamique des sociaux-démocrates, 1er parti du pays mais dans l'opposition, que certains sondages font monter jusqu'à 38% aux législatives.
On peut imaginer que cette dynamique d'aspiration des voix de gauche (je n'ose parler de vote utile dans un pays qui utilise la proportionnelle) ne se reproduira pas aux européennes, et que le score de 2019 peut être réitéré.
Dans le doute, il est clair que le parti dépassera les 5% et obtiendra donc au moins 1 siège. Le 2e semble moins sûr (le seuil est aux alentours de 7%) et en l'absence total de sondage sur les européennes on ne peut même pas exclure un 3e siège (aux alentours de 11%). Le 4e siège nécessiterait que les verts fassent parti du trio de tête, ce qui est à exclure.
Résumé : perte de 2 sièges à stabilité, c'est à dire entre 1 et 3 sièges pour le Parti Vert.
Danemark (15 sièges, +1)
Le cas danois est particulier. 3 partis peuvent se rattacher idéologiquement à la famille verte européenne :
- Alternativet : une scission du parti social-libéral (centre-droit) qui se déclarait à son origine en 2013 "et de gauche et de droite" (tiens tiens tiens ;) ) et qui depuis s'est déporté à gauche, participant en 2019 au Printemps Européen (entre autres avec Benoît Hamon et Yanis Varoufakis). Ils ont fait 3,4% aux européennes (0 siège donc) et 3,3% (6 sièges, +1) aux législatives de novembre 2022. Depuis les sondages les donnent en légère baisse entre 2,5% et 3%. C'est à priori insuffisant pour obtenir 1 siège, même en cas de surperformance aux européennes, mais j'y reviendrais parce que le cas danois est décidément très particulier. Il est de toute façon peu clair où ce parti siégerait, même si le groupe Verts-ALE semble le plus probable (les sociaux-démocrates danois bloqueraient le groupe S&D).
- l'Alliance Rouge-Verte : successeur du parti communiste, elle est issue d'une fusion avec divers partis de gauche radicale et d'extrême-gauche, et se revendique "écosocialiste". Je ne m'attarderais pas plus longtemps, ce parti ayant choisi de siéger avec la gauche radicale au sein de la GUE-NGL (le NGL signifiant d'ailleurs Nordic Green Left).
- la Gauche Verte : jusqu'en 2022 nommé le Parti Socialiste du Peuple, c'est une scission du parti communiste danois favorable à la révolution hongroise de 1956, et c'est le représentant officiel de la famille verte européenne au Danemark.
En 2019, avec 13,2% la Gauche Verte a obtenu 2 eurodéputés. Lors des législatives de novembre 2022, avec 8,3% (+0,6) ils ont obtenu 15 députés, se classant 4e force politique du pays.
Suite à ces élections, les sociaux-démocrates ont rompu la tradition scandinave de coalition de bloc (gauche ou droite, avec dans chaque pays scandinave un parti centriste pro-alliance avec la gauche et un parti centriste pro-alliance avec la droite souvent peu dissociable sur le fond) et formé une coalition avec les 2e et 3e plus grand partis du pays : la principale force politique de droite (qui siège cependant dans le groupe Renaissance) et une scission de ce parti dont l'objectif était justement de casser cette tradition.
La conséquence directe de cette petite révolution, c'est que désormais la Gauche Verte a récupéré une partie de l'électorat social-démocrate et est sondée entre 12% et 14%, devenant la principale opposition.
Pour simplifier ce panomara déjà complexe, la Gauche Verte, Alternativet et les Sociaux-démocrates (alors pourtant donc que la Gauche Verte est leur principal opposant, allez comprendre) ont conclu un accord technique pour les européennes, qui leur permet d'avoir 3 listes comptabilisées comme 1 seule et ensuite de se répartir les sièges à la proportionnelle. Cela évite de perdre des sièges à cause de l'émiettement ou d'effets de seuil. Grâce à cet accord Alternativet peut envisager d'élire sa tête de liste (et donc gagner 1 siège) et avec cet accord et ces sondages, la Gauche Verte devrait avoir entre 2 et 3 eurodéputés (c'est à dire soit rester stable soit gagner 1 siège).
Résumé : maintien à gain de 2 sièges (1 siège supplémentaire pour la Gauche Verte et 1 siège pour Alternativet, qui n'est pas assuré de rejoindre le groupe Verts-ALE par ailleurs), c'est à dire entre 2 et 4 eurodéputés écologistes.
En Scandinavie, la situation est très différente d'un pays à l'autre. En Suède les verts ont historiquement du mal à percer et pourraient même jusqu'à perdre 2 de leurs 3 sièges. En Finlande, la droitisation du pays et la recomposition politique récente devraient leur coûter entre 1 et 2 sièges. Au contraire, au Danemark, la dynamique est du côté des écologistes qui pourraient jusqu'à envoyer 4 eurodéputés écologistes.
La délégation scandinave comptera donc, à priori, entre 4 et 9 sièges, au lieu des 8 actuels.
On a donc pour l'instant :
Pays Baltes (actuellement 3 sièges sur 26, 12% des sièges) : -1 à +2, c'est à dire entre 2 (7% des sièges) et 5 sièges (19% des sièges)
Scandinavie (actuellement 8 sièges sur 49, 16% des sièges) : -4 à +1, c'est à dire entre 4 (8% des sièges) et 9 sièges (18% des sièges)