Les élections européennes pour le groupe des Verts/ALE

[Républicain67]

J'ouvre le sujet consacré aux enjeux des élections européennes pour le groupe des Verts/Alliance libre européenne au Parlement européen. Il compte actuellement 72 députés.

[Eco92]

Merci, je souhaitais le créer.

C'est un groupe qui a gros à perdre, les synthèses de politico l'annoncent à ce jour à 48 députés (évidemment grosses pincettes) :
https://www.politico.eu/europe-poll-of- ... ions-2019/

Il semble que si une élection avait lieu ce jour EELV comme les verts allemands subiraient un reflux (avec un score honorable pour EELV mais recul quand même), et ce sont les deux pays les plus pourvoyeurs dans le groupe, et nettement (depuis le départ de la Grande Bretagne, car les verts anglais mais aussi le SNP et le parti autonomiste gallois y siégaient).

La France a 12 députés dans le groupe depuis un départ vers Renaissance (S. Yenbou) : 11 d'EELV (Mme Roose a quitté l'AEI pour EELV) et 1 de Femu a corsica (Régions et peuples solidaires). En septembre après la probable élection de Jadot sénateur cela passera à 10 EELV et 2 R&PS, la suivante de liste, Mme Massard, était membre de l'Union démocratique bretonne.

Mais c'est d'abord en Allemagne que cela se joue puisqu'il y a rien de moins que 25 eurodéputés allemands, dont 21 des Grunen (les quatre autres sont de quatre partis différents : un parti de verts libéraux, le parti pirate, les fédéralistes européen avec VOLT et le parti satirique Die PARTEI).

Se posent des questions sur certains groupes : quid des pirates (4 eurodéputés, un allemand, trois tchèques) dont un départ vers les libéraux a été évoqué en début de dernière mandatures ? Et leurs gros succès en Tchéquie sera-t-il confirmé car en Suède et Allemagne ça a été plutôt un feu de paille. Le parti pirate européen est bien le troisième parti européen membre du groupe Vert-ALE.

Quid des animalistes ? En France pas d'union en vue, ailleurs ils siègent à la GUE. Mais un rapprochement pourrait faire sens.

L'Espagne pose aussi question car dans SUMAR il y a divers partis écologistes (EQUO, mais aussi Alianza Verde qui était une scission d'EQUO pro Podemos à l'époque ou EQUO a choisi Mas pais). Newritture évoquait dans le sujet GUE la possibilité aussi que des membres de Sumar soient plus proches des verts. Mystère ! A ce jour les seuls membres espagnols du groupe sont les deux députés de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et le député de Catalogne en commun (parti membre du PVE, mais aussi de Sumar), qui est VP du groupe.

En tous cas l'Espagne a 3 eurodéputés aujourd'hui, et après l'Allemagne puis la France c'était la plus grosse délégation, à égalité avec d'autres pays : la Tchéquie donc (3 pirates), les Pays-Bas (Gauche verte), la Suède (Parti vert, qui je crois est en difficulté et donc en basse ?), Finlande (Luigue verte, ou bien est-ce en Finlande ?), Autriche (Les Verts), Les Belgique (avec Ecolo et Groen).

Enfin, il y a aussi l'Italie quand même avec 4 membres mais ce sont des élus sous l'étiquette 5 étoiles qui sont désormais indépendant. J'ignore quelle peut être leur stratégie l'an prochain ?

Ceci pour dire qu'on va vers une baisse même si le groupe gardera plus de 40 députés, ce ne sera pas comme aujourd'hui le 4e groupe, il a des risques de passer 6e derrière les deux d'extrême droite.

[newritture]

Pour compléter et comme Eco92 a fait la partie négative je vais essayer d'ajouter quelques notes d'espoir :
Au Portugal Livre et le PAN ont récemment adhéré au Parti Vert Européen, le traditionnel parti vert portugais étant inféodé aux communistes et absent du parlement national comme européen. On peut imaginer que cela les amène à une liste commune et l'élection d'1 eurodéputé qui rejoindrait le groupe.
En Croatie, Mozemo est un parti dynamique, avec la prise de Zagreb, il est donc tout à fait envisageable qu'ils rejoignent aussi le parlement européen (avec 1 à 2 sièges).
De manière plus générale le PVE a beaucoup travaillé l'Europe de l'Est (et l'Espagne / Italie), que ce soit en poussant des partis verts à entrer dans de plus grandes coalitions (Bulgarie...) ou en se rapprochant et apportant de l'expertise et un soutien international à des mouvements citoyens (type Croatie). Au delà du cas croate on pourrait ainsi envisager à l'Est des gains "surprises", notamment avec des listes qui porteraient un message pro-européen et anti-corruption.

Pour compléter le panorama, et même si le message d'Eco92 est bien complet, il faut quand même évoquer 3 pays :
- l'Irlande : depuis les européennes et les législatives (suivi d'une alliance avec le centre-droit et la droite contre le Sinn Fein, de gauche), les verts sont en chute libre. Leur électorat ne leur a pas pardonné l'alliance avec la droite. Actuellement on peut faire l'hypothèse d'une perte d'1 des 2 sièges voire des 2.
- les Pays-Bas : les verts feront liste commune avec les sociaux-démocrates, pour aller potentiellement vers une fusion. L'alliance rose-verte est très dynamique dans les sondages, mais ici il faudra suivre la composition de la liste pour voir où iront les élus.
- l'Italie : une des ex-M5S (Evi, avec un autre ralliement notable : celui du maire de Milan) a refondé un parti vert plus dynamique que les précédents "Europa Verde", qui a concouru aux dernières législatives avec une coalition de mini-partis de gauche radicale (Sinistra Italia). Cette coalition a réalisé un score honorable (3,6%), ancrant dans le paysage politique italien qu'elle était la force de gauche alternative au Parti Démocrate. Mais vu l'état de la gauche italienne... Ils ont obtenu une petite dizaine de députés (dont Evi, qui a donc depuis quitté le parlement européen). On peut imaginer que cette alliance sera reconduite (potentiellement élargi à d'autres petites forces politiques ?), le seuil pour obtenir des élus étant de 4% (ce qui donnerait ~4-5 sièges).

[Eco92]

Je ne me sentais pas complètement négatif, juste en effet un bon score dans quelques pays de l'est (la Lituanie avait à une époque eu proportionnellement un gros contingent, encore aujourd'hui d'ailleurs avec son parti agrarien un peu curieux) ne compenserai pas une division en Allemagne ou France. Mais je voyais du positif possible, notamment sur les animalistes et si le PAN a rejoins le PVE ça peut être bon signe pour un ralliement plus tard... bon ils ne sont pas dans Animal Politics EU, qui est le parti européen des animalistes représentés, mais c'est toujours une avancée dans ce sens.

Libre, de mémoire, était allié à Génération.S, c'est donc bon signe surtout qu'on ignore encore la stratégie de G.s en France.

[newritture]

Je vais essayer de faire un panorama complet des perspectives pour le groupe Verts/ALE.
Je commence par les pays baltes.

Lettonie (9 sièges, +1)
Dans ce pays, il y a un eurodéputé sortant, membre du principal parti de la minorité russe. Ce parti réalise des scores stables au fil des élections, environ 3% aux législatives (où il n'est donc pas représenté au parlement) et 6% aux européennes (où il a une représentation depuis désormais 2 mandats). Manifestement, ce parti traverse une mauvaise passe dans les sondages pour les législatives (entre 0,9% et 1,2% selon les derniers sondages sortis cet été, contre 3,6% aux législatives 2022), mais il faut bien noter qu'il s'en sort beaucoup mieux aux européennes à chaque fois.
Il existe, par ailleurs, comme en Lituanie, une ancienne tradition d'alliance des verts et des agrairiens, qui ont cependant en Lettonie rompu leur alliance récemment. De toute façon le parti vert letton avait été exclu des verts européens, à ma connaissance par opposition à l'avortement.
Par contre, en octobre 2023, une scission des sociaux-démocrates du nom de Progresīvie (fondé en 2017), a rejoint le Parti Vert Européen. Après avoir fait 6% aux dernières législatives, les sondages estivaux les donnent entre 14 et 15%, deuxième force politique du pays. Ce score aux européennes leur donnerait entre 1 et 2 sièges.

Résumé : stabilité (perte du siège de la minorité russe mais gain d'1 siège pour Progresīvie) à gain de 2 sièges (maintien du parti de la minorité russe et gain de 2 sièges pour Progresīvie), c'est à dire entre 1 et 3 sièges sur 9 pour le groupe Verts/ALE.

Estonie (7 sièges)
En Estonie, depuis 2019 où un indépendant élu en 2009 était membre du groupe depuis 2 mandats, il n'y a plus d'eurodéputé écologiste ou assimilé.
Les verts estoniens avaient fait 1,75% aux dernières européennes, sans obtenir de sièges donc, et 1% aux législatives de mars.
Les sondages (pour les élections législatives) sont plutôt stables, entre 1% et 1,5% avec quelques sondages au-dessus des 2%, dont 1 à 2,6% mi-juillet. Ce n'est de toute façon pas suffisant pour obtenir 1 siège.

Résumé : stabilité (0 siège).

Lituanie (11 sièges)
Avec 12,6% l'Union des Fermiers Lituaniens et des Verts avaient obtenu 2 sièges en 2019. Ce parti, qui siège au groupe des Verts/ALE, est lui même en concurrence avec un parti vert (2,3% en 2019 et 1 député élu lors des législatives 2020). Aucun des deux n'est membre, même observateur, du Parti Vert Européen.
Lors des élections législatives de 2020, le LVŽS a perdu le pouvoir dans le pays, passant de 22,5% (et 54 sièges) à 18% (et 32 sièges), devenant la principale force d'opposition. Une série de polémiques ont amené à des départs nombreux, notamment une scission "L'Union des Démocrates pour la Lituanie" qui a 16 députés (pas tous issus de LVŽS) et qui semblerait se rapprocher des sociaux-démocrates au niveau européen. Globalement le paysage politique lituanien a beaucoup bougé depuis les dernières européennes et législatives.
Actuellement le parti est entre 12% et 14% dans les sondages, et sa principale scission entre 13% et 19%.
Avec ces scores (mais ils semblent sous-performer aux européennes par rapport aux élections nationales) LVŽS devrait faire entre 1 et 2 sièges, l'obtention d'au moins 1 siège est garanti (en 2019 le plus petit parti a avoir fait 1 siège avait obtenu 5,5% des voix). Sa scission à priori plus culturellement progressiste, bien qu'elle se revendique de centre-droit sur ces enjeux, pourrait elle faire entre 1 et 3 sièges.
À l'heure actuelle, difficile de savoir où iraient ces élus (sachant que les 2 eurodéputés sont restés fidèles au LVŽS pour l'instant).

Résumé : perte d'1 siège (1 des 2 du LVŽS) à gain de 3 sièges (en cas de ralliement des démocrates lituaniens au groupe vert), c'est à dire entre 1 et 5 sièges pour le groupe Verts/ALE.

Bref, dans les pays baltes, le groupe Verts/ALE dans le pire des cas devrait être à peu près stable (perte d'1 des 3 sièges ) et pourrait même gagner quelques sièges (dans le meilleur des cas 5), surtout en Lettonie, mais pourquoi pas aussi avec un ralliement de ce qui constitue désormais une des 2 principales forces politiques lituaniennes dans les sondages. Avec une petite nouveauté : la principale délégation écologiste balte pourrait être alignée avec les verts ouest-européens, c'est à dire urbaine, progressiste, jeune... et non plus sur une ligne agrairienne.

[newritture]

Partons un peu plus au nord, en Scandinavie.

Finlande (15 sièges, +1)
Avec 16%, la Ligue Verte, avait réalisé en 2019 une percée et obtenu 3 sièges. Depuis, en avril, lors des législatives, le parti a perdu des plumes, passant de 11,5% à 7% et connaissant la plus forte chute parmi les partis de la coalition de gauche qui était jusque là au pouvoir.
Les derniers sondages, pour les élections législatives, les donnent en très légère hausse, autour de 8%. Comme pour de nombreux autres partis verts, ils peuvent toutefois compter sur de meilleures performances lors des européennes. En avril 2019 (législatives) ils avaient comme indiqué précédemment obtenu 11,5% des voix, alors qu'en mai (européennes) 16%, et ce dans un paysage politique identique.
On peut donc imaginer que les verts finiront légèrement au dessus des 10%, ce qui donnerait 2 sièges. Ré-itérer la performance de 2019 semble inatteignable, il faudrait au vu des scores attendus des autres partis dépasser les 15%.

Résumé : perte de 1 à 2 sièges pour la Ligue Verte, c'est à dire 1 à 2 élus.

Suède (21 sièges)

Avec 11,5% le Parti Vert suédois était l'un des rares en 2019 à perdre des plumes, passant de 4 à 3 sièges. Lors des législatives de septembre 2022 le parti a légèrement progressé, passant de 4% à 5% et gagnant par la même occasion 2 députés.
Les derniers sondages, encore une fois pour les législatives ce qui ne simplifie pas l'analyse, montre une certaine stabilité autour de 4,5% à 5%, malgré 1 sondage de début août à 2,6% (entre début août et aujourd'hui une dizaine d'autres sont bien entre 4,5% et 5%). Ils payent la très bonne dynamique des sociaux-démocrates, 1er parti du pays mais dans l'opposition, que certains sondages font monter jusqu'à 38% aux législatives.
On peut imaginer que cette dynamique d'aspiration des voix de gauche (je n'ose parler de vote utile dans un pays qui utilise la proportionnelle) ne se reproduira pas aux européennes, et que le score de 2019 peut être réitéré.
Dans le doute, il est clair que le parti dépassera les 5% et obtiendra donc au moins 1 siège. Le 2e semble moins sûr (le seuil est aux alentours de 7%) et en l'absence total de sondage sur les européennes on ne peut même pas exclure un 3e siège (aux alentours de 11%). Le 4e siège nécessiterait que les verts fassent parti du trio de tête, ce qui est à exclure.

Résumé : perte de 2 sièges à stabilité, c'est à dire entre 1 et 3 sièges pour le Parti Vert.

Danemark (15 sièges, +1)

Le cas danois est particulier. 3 partis peuvent se rattacher idéologiquement à la famille verte européenne :
- Alternativet : une scission du parti social-libéral (centre-droit) qui se déclarait à son origine en 2013 "et de gauche et de droite" (tiens tiens tiens ;) ) et qui depuis s'est déporté à gauche, participant en 2019 au Printemps Européen (entre autres avec Benoît Hamon et Yanis Varoufakis). Ils ont fait 3,4% aux européennes (0 siège donc) et 3,3% (6 sièges, +1) aux législatives de novembre 2022. Depuis les sondages les donnent en légère baisse entre 2,5% et 3%. C'est à priori insuffisant pour obtenir 1 siège, même en cas de surperformance aux européennes, mais j'y reviendrais parce que le cas danois est décidément très particulier. Il est de toute façon peu clair où ce parti siégerait, même si le groupe Verts-ALE semble le plus probable (les sociaux-démocrates danois bloqueraient le groupe S&D).
- l'Alliance Rouge-Verte : successeur du parti communiste, elle est issue d'une fusion avec divers partis de gauche radicale et d'extrême-gauche, et se revendique "écosocialiste". Je ne m'attarderais pas plus longtemps, ce parti ayant choisi de siéger avec la gauche radicale au sein de la GUE-NGL (le NGL signifiant d'ailleurs Nordic Green Left).
- la Gauche Verte : jusqu'en 2022 nommé le Parti Socialiste du Peuple, c'est une scission du parti communiste danois favorable à la révolution hongroise de 1956, et c'est le représentant officiel de la famille verte européenne au Danemark.
En 2019, avec 13,2% la Gauche Verte a obtenu 2 eurodéputés. Lors des législatives de novembre 2022, avec 8,3% (+0,6) ils ont obtenu 15 députés, se classant 4e force politique du pays.
Suite à ces élections, les sociaux-démocrates ont rompu la tradition scandinave de coalition de bloc (gauche ou droite, avec dans chaque pays scandinave un parti centriste pro-alliance avec la gauche et un parti centriste pro-alliance avec la droite souvent peu dissociable sur le fond) et formé une coalition avec les 2e et 3e plus grand partis du pays : la principale force politique de droite (qui siège cependant dans le groupe Renaissance) et une scission de ce parti dont l'objectif était justement de casser cette tradition.
La conséquence directe de cette petite révolution, c'est que désormais la Gauche Verte a récupéré une partie de l'électorat social-démocrate et est sondée entre 12% et 14%, devenant la principale opposition.
Pour simplifier ce panomara déjà complexe, la Gauche Verte, Alternativet et les Sociaux-démocrates (alors pourtant donc que la Gauche Verte est leur principal opposant, allez comprendre) ont conclu un accord technique pour les européennes, qui leur permet d'avoir 3 listes comptabilisées comme 1 seule et ensuite de se répartir les sièges à la proportionnelle. Cela évite de perdre des sièges à cause de l'émiettement ou d'effets de seuil. Grâce à cet accord Alternativet peut envisager d'élire sa tête de liste (et donc gagner 1 siège) et avec cet accord et ces sondages, la Gauche Verte devrait avoir entre 2 et 3 eurodéputés (c'est à dire soit rester stable soit gagner 1 siège).

Résumé : maintien à gain de 2 sièges (1 siège supplémentaire pour la Gauche Verte et 1 siège pour Alternativet, qui n'est pas assuré de rejoindre le groupe Verts-ALE par ailleurs), c'est à dire entre 2 et 4 eurodéputés écologistes.

En Scandinavie, la situation est très différente d'un pays à l'autre. En Suède les verts ont historiquement du mal à percer et pourraient même jusqu'à perdre 2 de leurs 3 sièges. En Finlande, la droitisation du pays et la recomposition politique récente devraient leur coûter entre 1 et 2 sièges. Au contraire, au Danemark, la dynamique est du côté des écologistes qui pourraient jusqu'à envoyer 4 eurodéputés écologistes.
La délégation scandinave comptera donc, à priori, entre 4 et 9 sièges, au lieu des 8 actuels.

On a donc pour l'instant :
Pays Baltes (actuellement 3 sièges sur 26, 12% des sièges) : -1 à +2, c'est à dire entre 2 (7% des sièges) et 5 sièges (19% des sièges)
Scandinavie (actuellement 8 sièges sur 49, 16% des sièges) : -4 à +1, c'est à dire entre 4 (8% des sièges) et 9 sièges (18% des sièges)

[newritture]

Allons un peu plus au sud avec un focus sur une région peu propice aux écologistes : l'Europe centrale (et la Pologne).

Pologne (53 sièges, +1)
En 2019, le Parti Vert polonais participait à la liste "Coalition Européenne", avec notamment la droite traditionnelle et les sociaux-démocrates. Ce parti, très mineur sur la scène politique polonaise (4 députés, élus au sein de la "Coalition civique", principale force d'opposition polonaise), n'a pas obtenu de sièges malgré les 38,5% obtenus par la liste.
Depuis 2020, il y a cependant une polonaise dans le groupe Verts, Sylwia Spurek, élue sur la liste du parti de gauche Wiosna (6,1%, 3 sièges) qui a quitté ce parti (désormais dissoult à l'intérieur de Lewica) et le groupe social-démocrate par la même occasion.
Les conditions d'accès aux suffrages pour les européennes sont particulièrement restrictives, avec un seuil de signatures à obtenir dans chaque région du pays. Le plus probable semble donc que le Parti Vert reparte sur une liste avec les partis membres du PPE et de Renew (entre temps les principales forces social-démocrates ont quitté la coalition), potentiellement avec Sylwia Spurek en position éligible.
La Coalition Civique est actuellement entre 28% et 35% dans les sondages sortis en août - septembre, encore une fois pour les législatives. En 2019 ils avaient donc fait 38,5% pour les européennes (mai) puis 27% aux législatives d'octobre. Ils sont donc plutôt en dynamique et on peut imaginer qu'ils gagnent des sièges, d'autant plus dans un scrutin à priori favorable.

Résumé : maintien (ré-élection de Spurek ou d'un autre vert au sein de la coalition de centre-droit) à perte d'1 siège, c'est à dire entre 0 et 1 siège.

République Tchèque (21 sièges)

En 2019, les verts tchèques avaient participé à une liste avec STAN et TOP09, 2 forces membres du PPE. Mais l'élection avait surtout été marqué par la percée des Pirates qui avec 14% avaient obtenu 3 sièges et rejoint le groupe Verts.
Depuis, les verts ont repris leur indépendance et sont dans les sondages (encore et toujours pour les législatives) entre 2 et 3%.
De leur côté les Pirates sondent entre 10% et 12%. Aux législatives de 2021 les verts, après l'échec de négociations avec les Pirates (et la droite pro-européenne), avaient obtenu 1%, et les Pirates 15,6%.
De toute façon les verts, seul ou dans une coalition, ne seront pas en capacité de faire un siège. Le seul enjeu réside donc dans le score des Pirates. En dépassant les 10%, il semblerait à priori que les 3 sièges soient garantis (avec 14% ils étaient à 1% du 4e siège la dernière fois).

Résumé : perte d'1 siège à gain d'1 siège, c'est à dire entre 2 et 4 sièges (pour les Pirates).

Slovaquie (15 sièges, +1)

Le Parti Vert Européen n'a pas de représentant dans ce pays, mais en 2019, le "Parti Vert Slovaque" avait obtenu 0,8% des suffrages. Absent des législatives 2020, plusieurs petites forces politiques (moins d'1% chacunes) se sont cependant présentées avec des programmes pouvant correspondre aux idées et au groupe écologiste. Il est à peu près garanti que la Slovaquie ne sera toujours pas représentée en 2024 dans le groupe Verts-ALE.

Résumé : toujours 0 siège

Hongrie (21 sièges)

En 2019, les 2 partis affiliés aux verts européens, LMP (partie séparément et réalisant 2,2%) et sa scission plus à gauche Párbeszéd (allié aux socialistes qui ont obtenu 1 siège et 6,6% des voix) ont perdu toute représentation au Parlement Européen.
Depuis ces 2 partis se sont retrouvés dans la grande coalition alliant gauche, centre, écologistes et le Jobbik contre Viktor Orban, permettant aux écologistes de remporter la mairie de Budapest mais échouant à reprendre le pouvoir.
Il est tout à fait possible que tout ou partie des forces constituant cette coalition anti-Orban se retrouve pour les européennes mais les sondages pour les législatives ne sondent que chaque force séparément : 1 à 2% pour Párbeszéd et 1 à 5% pour LMP.
Vu les sondages le Fidesz de Viktor Orban devrait obtenir 10 à 12 sièges sur les 21, les 9 à 11 restant se répartissant entre les différentes forces d'opposition. Selon les configurations on peut imaginer 1 à 2 sièges pour les 2 partis verts.

Résumé : maintien à 0 sièges à gain de 2 sièges, selon les configurations d'alliance.

La situation est donc assez instable en Europe centrale et en Pologne, notamment en Hongrie : les perspectives de gain sont assez faibles vu le poids démographique de ces pays mais vu le faible nombre de sortants (3 en Tchéquie et 1 en Pologne, non élue en tant qu'écologiste) les pertes potentielles le sont aussi. La petite nouveauté de 2024 pourrait donc être le retour des verts d'Europe centrale au Parlement Européen, la région n'étant actuellement représentée que par les Pirates dans le groupe Verts-ALE.

On a donc pour l'instant :
- Pays Baltes (actuellement 3 sièges sur 26, 12% des sièges) : -1 à +2, c'est à dire entre 2 (7% des sièges) et 5 sièges (19% des sièges)
- Scandinavie (actuellement 8 sièges sur 49, 16% des sièges) : -4 à +1, c'est à dire entre 4 (8% des sièges) et 9 sièges (18% des sièges)
- Pologne & Europe centrale (4 sièges sur 108, 4% des sortants) : -2 à +3, c'est à dire entre 2 (2% des sièges) et 7 sièges (6% des sièges)

[newritture]

Lituanie (11 sièges)
Avec 12,6% l'Union des Fermiers Lituaniens et des Verts avaient obtenu 2 sièges en 2019. Ce parti, qui siège au groupe des Verts/ALE, est lui même en concurrence avec un parti vert (2,3% en 2019 et 1 député élu lors des législatives 2020). Aucun des deux n'est membre, même observateur, du Parti Vert Européen.
Lors des élections législatives de 2020, le LVŽS a perdu le pouvoir dans le pays, passant de 22,5% (et 54 sièges) à 18% (et 32 sièges), devenant la principale force d'opposition. Une série de polémiques ont amené à des départs nombreux, notamment une scission "L'Union des Démocrates pour la Lituanie" qui a 16 députés (pas tous issus de LVŽS) et qui semblerait se rapprocher des sociaux-démocrates au niveau européen. Globalement le paysage politique lituanien a beaucoup bougé depuis les dernières européennes et législatives.
Actuellement le parti est entre 12% et 14% dans les sondages, et sa principale scission entre 13% et 19%.
Avec ces scores (mais ils semblent sous-performer aux européennes par rapport aux élections nationales) LVŽS devrait faire entre 1 et 2 sièges, l'obtention d'au moins 1 siège est garanti (en 2019 le plus petit parti a avoir fait 1 siège avait obtenu 5,5% des voix). Sa scission à priori plus culturellement progressiste, bien qu'elle se revendique de centre-droit sur ces enjeux, pourrait elle faire entre 1 et 3 sièges.
À l'heure actuelle, difficile de savoir où iraient ces élus (sachant que les 2 eurodéputés sont restés fidèles au LVŽS pour l'instant).

Résumé : perte d'1 siège (1 des 2 du LVŽS) à gain de 3 sièges (en cas de ralliement des démocrates lituaniens au groupe vert), c'est à dire entre 1 et 5 sièges pour le groupe Verts/ALE.

Bref, dans les pays baltes, le groupe Verts/ALE dans le pire des cas devrait être à peu près stable (perte d'1 des 3 sièges ) et pourrait même gagner quelques sièges (dans le meilleur des cas 5), surtout en Lettonie, mais pourquoi pas aussi avec un ralliement de ce qui constitue désormais une des 2 principales forces politiques lituaniennes dans les sondages. Avec une petite nouveauté : la principale délégation écologiste balte pourrait être alignée avec les verts ouest-européens, c'est à dire urbaine, progressiste, jeune... et non plus sur une ligne agrairienne.

Lors de leur congrès les démocrates lituaniens ont annoncé leur volonté de siéger dans le groupe Verts.
Dans le dernier sondage paru (pour les législatives), ils sont à 19%, alors que le parti agrairien - vert est à 13%. Cela donnerait 3 sièges pour les démocrates (+3), 2 pour les agrairiens (=). C'est, à mon avis, la fourchette haute, pour la grande famille verte dans le pays. On peut en effet s'attendre à des scores inférieurs, notamment pour les agrairiens, aux européennes (par rapport aux sondages pour les législatives). Notons aussi que dans le même sondage (fin août/début septembre) 26% des électeurs sont indécis.

[Républicain67]

Pourquoi ne comptez vous pas l'Allemagne et l'Autriche dans l'Europe centrale?

[Républicain67]

A quand la suite de l'étude pays par pays? Merci