ligerien a écrit:Sur les services à la personne, il faudrait quand même voir quelle "incitation" au travail au noir, avec la perte de cotisations induite, représenterait la suppression de la niche fiscale.
Je ne sais pas si tu l'as fait exprès, ligerien, mais c'est exactement l'argument qui fut développé en décembre 1995 ( le 21 décembre même ) par Anne Marie Couderc et les orateurs de la majorité sénatoriale d'alors, dont le rapporteur Jean Madelain, ancien sénateur centriste de l'Ille et Vilaine, pour défendre le projet de loi destiné à favoriser le développement des emplois à domicile.
Pour mémoire, on sortait alors ou on était encore dans la fièvre des mouvements sociaux contre le plan Juppé sur les retraites ( un de ces quatre, faudra quand même dire comment la CRDS a t elle pu être promulguée en janvier 96 ) et le texte gouvernemental visait effectivement au développement des emplois dits de service à la personne.
Le principe était simple : on favorisait le développement de ces services, profond vecteur d'emplois, en mettant en place une forte incitation fiscale, permettant au particulier employeur de bénéficier d'une très forte réduction d'impôt, à hauteur de 50 % des sommes dépensées.
Pour faire bonne mesure, on prévoyait évidemment d'appliquer un dispositif d'exonération de cotisations sociales ( il y a donc une niche sociale et une niche fiscale pour le même sujet ), notamment au motif d'alléger les contraintes administratives des employeurs, pour une partie présumés âgés bien entendu, mais aussi pour faciliter le recours à l'usage de moyens de paiement particuliers, notamment le fameux chèque emploi service universel ou CESU.
Conclusion, un peu plus de quinze ans après : le secteur des aides à la personne s'est, en tout cas, en apparence développé et a créé des emplois ( même si tout laisse penser qu'en fait, nous n'avons fait que « mettre au jour « des emplois jusqu'ici non déclarés pour une bonne partie ), permettant surtout aux employeurs de payer moins d'impôts sans être ennuyés par les cotisations sociales.
C'est à dire que la loi en question a fait comme Berlusconi en Italie en matière fiscale ; plutôt que de traquer le travail illégal, on a préféré lui donner une légalité en associant l'activité à un certain nombre de dispositions dérogatoires du droit commun en matière fiscale et sociale.
On est passé du travail au noir pas déclaré au travail déclaré, sous payé mais fortement aidé...
Je ne sais pas si c'est mieux d'autant que les emplois familiaux ou de service à la personne ne connaissent, bien souvent, qu'un type de rémunération : l'alignement sur le SMIC, total ou partiel quand la même salarié(e) – car ce sont bien souvent de braves dames qui font ces métiers - doit travailler pour plusieurs employeurs.
Question à cent balles, ligerien : est il normal que tes impôts, comme les miens, servent en partie à payer le gardien de la villa Montmorency où habite Carla Bruni avec quelques uns des plus grands patrons de l'industrie françaises, comme le jardinier des espaces communs du même site ?
Alors même que ce lieu est strictement interdit à qui n'a pas le code d'accès ?