J'ai un peu analysé les variations de la carte électorale entre 2017 et 2022 et regardant comment certaines familles idéologiques ou regroupements de familles voyaient leur carte électorale bouger. Mais au lieu de s'intéresser à la variation des scores, j'ai plutôt cherché à savoir comment la carte évoluait en considérant plutôt l'évolution de l'écart à la moyenne nationale plutôt que de l'évolution du score en lui-même. Avec cette méthodologie, il y a donc des endroits où Pécresse a progressé par rapport à Fillon en 2017 :D
Méthodologie : Calcul d'un score normalisé pour chaque candidat et chaque élection de 2017 et 2022 se calculant comme l'écart à la moyenne nationale au carré (sans les Français de l'étranger) divisé par le produit de l'écart-type départemental et de la moyenne nationale (sans les Français de l'étranger non plus). La différence entre ces deux scores pour chaque élection donne les variations.
Les départements sont catégorisés en cinq parties de tailles égales (vert foncé, vert pale, jaune, orange et rouge). Les départements vert foncé sont les 20% où le score normalisé de 2022 (ici de Le Pen) a le plus progressé par rapport à 2017, les 20% suivants sont les verts pales, puis jaune, orange et les 20% en rouge sont ceux qui ont le plus régressé.
Sur cette carte, on voit bien la forte hausse du vote Le Pen dans l'Ouest et le Centre, et sa régression dans l'Est et les grandes villes, ce qui sont des tendances de long-terme. Elle semble stagner dans les contours du Bassin parisien.
Grosse "progression" (relative au reste du pays bien sûr...) de Pécresse par rapport à Fillon dans l'ensemble des territoires ruraux du centre, centre-sud du pays, ainsi qu'en Île-de-France où il semble bien qu'il y ait eu un léger effet Pécresse dans son fief. Quelques autres départements se distinguent de la même façon comme le Finistère.
À l'inverse, dévissage plus violent qu'ailleurs dans le Nord-Ouest où Fillon avait fait assez bonne figure il y a cinq ans, en PACA (là aussi, le siphonnage du vote Fillon par Macron et même Zemmour a été important) et en Alsace.
Cela se passe presque de commentaires. Le Sud-Ouest est très représenté dans les départements où Macron sous-performe par rapport à il y a cinq ans. L'est de l'IdF se distingue aussi. Il y a aussi la Bretagne mais là , c'est surtout que Macron a eu du mal à progresser tant il était déjà haut il y a cinq ans.
En revanche, Macron perce énormément autour de l'Île-de-France dans un vaste périmètre allant du confit des Hauts-France jusqu'en Auvergne ainsi que des Pays de la Loire jusqu'en Alsace.
Progressions importantes de Mélenchon en IdF, Rhône-Alpes, Alsace et dans une moindre mesure dans un périmètre chevauchant Basse-Normandie et Pays-de-la-Loire. En revanche, baisses relatives dans une grande majorité de départements du Sud-Ouest et du Centre. Phénomène similaire dans les campagnes de Lorraine, Champagne-Ardennes et Hauts-de-France.
Je mets la carte qui compare Mélenchon et Roussel avec Mélenchon 2017 mais peu de choses bougent. Tout au plus quelques départements du centre de la France comme l'Allier et la Corrèze sous-votent un peu moins pour l'ensemble Mélenchon/Roussel que pour Mélenchon seul.
En comparant Zemmour+Le Pen avec Le Pen 2017, on remarque d'importants changements par rapport à la comparaison avec Le Pen seule. Notamment, l'effondrement dans les départements ruraux du nord et de l'est et la meilleure tenue sur le littoral sud. Ecore que le recul de Le Pen dans cette zone n'est pas exclusivement dû à la présence de Zemmour car même en y intégrant le vote Zemmour, des départements comme les Bouches-du-Rhône et l'Hérault votent moins pour ces candidats que pour le FN d'il y a cinq ans. Cela dit, c'est aussi en partie sans doute dû à la eprcée de Zemmour dans des zones très rétives au RN comme l'Île-de-France qui équilibre un peu la carte du vote de droite.
En comparant l'attelage Zemmour+Pécresse à Fillon en 2017, on voit une nette sous-performance dans l'Ouest où Zemmour et Pécresse ont tous deux nettement sous-performé par rapport à Fillon en 2017. À l'inverse, nette surperformance dans quasiment tous les départements du Sud à l'exception d'une tache orange Aveyron, Cantal, Lozère.
Là encore, grosse sous-performance de Zemmour par rapport à Fillon dans l'Ouest. En revanche, le fait qu'il fasse nettement mieux que Fillon dans les départements du nord montre bien la porosité qui a pu exister entre lui et le RN y compris dans ces territoires-ci, même Le Pen a bien mieux retenu son électorat qu'ailleurs.
Effondrement du PS à géométrie variable comme c'est le cas pour LR. Celui-ci est beaucoup plus violent en Île-de-France (où Mélenchon a fait une énorme OPA sur l'électorat de gauche et où pour le coup, il n'y a aucun effet Hidalgo à Paris) et la Bretagne (où Hamon avait été très haut en 2017 sans que je ne puisse toujours vraiment expliquer pourquoi). Mais également de façon plus large dans un grand bassin parisien rural où la gauche continue de perdre pied.
À l'inverse, bien plus grande résistance de Hidalgo dans un grand quart Sud-Ouest, départements ruraux peu convaincus par la campagne de Mélenchon. La forte baisse de Macron a sans doute permis à plus d'électeurs de centre-gauche de rentrer au bercail socialiste qu'ailleurs dans le pays.
L'analyse change du tout au tout en comparant la carte électorale de Hamon avec celle de Hidalgo+Jadot. Le vote Jadot+Hidalgo baisse cette fois-ci par rapport au vote Hamon dans le Sud-Ouest tandis que les progressions se font cette fois plus dans le quart Sud-Est et notamment en Rhône-Alpes où le vote pour les Verts est historiquement haut. Les Pays de la Loire sont également concernés avec un vote EÉLV plus important que la moyenne nationale.
On remarque aussi que le vote Hidalgo+Jadot ne s'effondre pas autant par rapport à Hamon en IdF et en Bretagne que le vote Hidalgo. Une preuve que Hamon était loin d'avoir attiré à lui l'ensemble du vote des Verts malgré le soutien officiel du parti.
Derrière l'effondrement du vote NDA se cache là aussi des disparités : il résiste énormément sur toute une frange est de la France allant de l'Alsace jusque dans les Alpes en passant par la Franche-Comté ainsi que sur tout le littoral méditerranéen et le Sud-Ouest. Les départements oranges et rouges sont très concentrés dans la moitié nord.
Je termine avec l'évolution du vote Lassalle qui lui a progressé partout contrairement à d'autres, mais là encore, pas partout pareil. Il y a deux catégories de départements où sa progression est modérée. Premièrement, les départements urbains où un profil comme lui a du mal à attirer des électeurs et où il semble y avoir un plafond de verre comme en Île-de-France. Et à l'inverse, les départements où il était déjà extrêmement haut en 2017 comme son fief des Pyrénées-Atlantiques et quelques départements voisins, ainsi que la Corse où il était déjà très haut en 2017. En 2022, il fait surtout sa percée dans les départements ruraux du Sud-Ouest non limitrophes de son fief mais aussi dans une moindre mesure dans les départements du Nord-Ouest.