de vudeloin » Mer 17 Aoû 2011 23:51
Un petit souvenir personnel sur cette question des résultats disons « arrangés « et qui font, parfois, l'objet d'un recours en annulation.
Ce n'est que pour montrer à quel point ou à quel niveau les choses peuvent se passer.
Dans les années 80, j'habitais dans un canton de banlieue parisienne soumis à renouvellement, où tous les maires, à l'exception d'un seul, s'étaient rangés en faveur du conseiller général sortant du canton, un élu plutôt centriste, pharmacien d'obédience démocrate chrétienne.
Cet élu était d'ailleurs le maire de la ville chef lieu de canton ( celle ci a changé de couleur depuis et son apport s'avère chaque fois déterminant pour y assurer le succès de la gauche face à la droite et notamment face au Front National, qui y devance régulièrement les partis de droite dite classique ).
Lors de ce renouvellement cantonal, dans un contexte plutôt porteur pour la droite, alors dans l'opposition au niveau national, le conseiller général sortant avait largement pris l'avantage dans la plupart des communes et semblait se rapprocher d'une élection aisée, voire même d'un succès au premier tour.
Aux alentours de dix onze heures du soir, le soir du premier tour, je me trouvais dans le bureau centralisateur ( un gymnase a priori dédié au basketball ) et l'on fit passer une annonce au micro, demandant aux maires de l'ensemble du canton de se retrouver dans les vestiaires ou le bureau du gardien du lieu ( je ne sais plus trop mais en tout cas hors de la salle principale du gymnase ) à la demande du candidat sortant.
A dire vrai, comme j'avais commencé de collationner l'ensemble des résultats des différentes communes, je m'étais rendu compte d'un fait qui devenait de plus en plus évident : c'est que notre conseiller général sortant se rapprochait de la majorité absolue et donc de l'élection au premier tour, mais ne se faisait que s'en rapprocher...
C'est à dire qu'il lui manquait exactement 4 voix sur un ensemble de bulletins proche de 10 000 pour être déclaré élu...
Avouez que c'est bête ;)
Aussi, la réunion des maires prenait évidemment tout son sens : il s'agissait de demander à l'un d'entre eux d'avoir le courage ou la détermination de « corriger « les résultats déclarés de son bureau de vote pour passer, ne fut ce que d'une voix, le seuil fatidique de la majorité absolue.
Là où évidemment l'affaire prend tout son sel, c'est que, bien entendu, le seul élu n'ayant pas la même sensibilité que le conseiller général s'est opposé à cet « petit arrangement entre amis « et a affirmé son intention de faire état de celui ci au cas où il se produirait.
On peut penser quels arguments furent pourtant avancés à l'appui de la démarche : « si nous avons fini ce soir, nous aurons un dimanche de libre « , et j'en passe...
Mais, devant le refus clairement exprimé et réitéré et le risque pendant d'une publicité mal venue, les résultats furent publiés tels qu'ils étaient sortis des boîtes à surprises que peuvent être les urnes....
Et notre pharmacien centriste dut attendre une semaine de plus d'être réélu, avec une confortable majorité ( plus de 60 % ) mais dans des conditions normales de déroulement des opérations électorales...
Pour mémoire, et notamment pour tous ceux qui n'ont pas connu cette époque un peu ancienne, je rappelle tout de même que lors des présidentielles de 1981, premier scrutin où j'ai eu l'occasion de déposer un bulletin dans l'urne, les assesseurs de bureaux de vote signaient encore le cahier d'émargement à la place des électeurs et que les urnes étaient souvent faites en bois ou en métal, parfaitement opaques.