Le problème, c'est que les programmes de Roussel et Mélenchon sont strictement incompatibles...
L'un est pro-nucléaire, l'autre non.
L'un défend farouchement la laïcité, l'autre non.
L'un est pro-industrie, l'autre décroissant.
L'un est universaliste, l'autre communautariste...
pierrot a écrit:Plutôt que d'imaginer que la solution aurait consisté à capter 55% de l'électorat communiste résiduel après le vote utile (c’est-à -dire par définition la fraction de l’électorat communiste la plus rétive à voter pour lui), je n'ai entendu personne me dire qu’en convaincant 4% des abstentionnistes ou 3% des électeurs lepéniste d'hier (parmi la petite fraction la plus Mélenchon-compatible de ces deux groupes, et avec une si petite proportion il y en avait forcément) ça passait, de même qu'avec un mix des deux.
pierrot a écrit:On entend effectivement dans les rangs des militants mélenchonistes les mêmes analyses arithmétiques qu’en 2017. En tout cas ceux de mon entourage et visiblement ici aussi. JLM n'aurait pas accédé pas au second tour à cause des électeurs qui ont voté Hamon, Roussel, Poutou… Comme Jospin en 2002 à cause de Chevènement, Taubira ou Besancenot.
En réalité Jospin en 2002 comme Mélenchon en 2017 et 2022 n'ont pas atteint le second tour à cause des électeurs qui n'ont pas voté pour eux et non pas à cause des électeurs qui ont voté pour les autres candidats de gauche. La nuance peut paraitre minime mais elle est essentielle lorsqu'il s’agit d'assumer la responsabilité d’un échec (ce que l’un a fait avec plus de lucidité que l’autre) et d'en tirer les conséquences pour la suite.
La stratégie hégémonique au sein de la gauche a atteint en 2022 son paroxysme : Taubira et Montebourg se sont retirés, le PS est moribond, EELV est en dessous de 5%, le PCF malgré une bonne campagne est resté bloqué à son étiage historique, les sondages ont construit une dynamique de vote utile jamais vue lors d’un 1er tour. Et pourtant ça ne passe toujours pas. Mais la conclusion reste la même sans autre forme de remise en question : il aurait fallu plus de vote utile !
Zemmour et NDA ont obtenu plus de voix que Roussel, Hidalgo et Jadot réunis et pourtant Le Pen est quant-à -elle bien présente au second tour. C'est à n'y rien comprendre camarade !
Au fond les électeurs que Mélenchon pouvait prendre aux socialistes, aux écologistes, aux trotskistes, aux communistes il leur a déjà pris et même au-delà ce qu’on aurait pu imaginer. La marche qui lui manque pour accéder au second tour est forcément ailleurs.
Avec 12 millions d’abstentionnistes et plus de 8 millions de suffrages pour Marine Le Pen, comment considérer que les 500 000 voix manquantes étaient forcément à chercher parmi les 800 000 obtenues par le PCF ? Quitte à être vraiment arithmétique j'aurai même tendance à souligner que pour accéder au second tour chaque voix prise à Marine Le Pen était deux fois plus efficace qu'une voix prise à Roussel. Plutôt que d'imaginer que la solution aurait consisté à capter 55% de l'électorat communiste résiduel après le vote utile (c’est-à -dire par définition la fraction de l’électorat communiste la plus rétive à voter pour lui), je n'ai entendu personne me dire qu’en convaincant 4% des abstentionnistes ou 3% des électeurs lepéniste d'hier (parmi la petite fraction la plus Mélenchon-compatible de ces deux groupes, et avec une si petite proportion il y en avait forcément) ça passait, de même qu'avec un mix des deux.
La stratégie qui depuis 2009 a consisté à affaiblir la gauche en torpillant le PS pour reconstruire sur ses ruines tout en détournant à son compte une partie de l'ancrage du PCF et de ses relais a parfaitement fonctionné pour atteindre une position de leadership aujourd’hui incontestable (notons au passage qu'Hollande et Macron ont aidé pour ce qui est du PS, involontairement pour l'un et stratégiquement pour l’autre). Sauf que prendre le leadership d'une gauche qu'on a participé à fortement affaiblir n'aide pas forcément à accéder au pouvoir ensuite. Pour l'emporter en 1981 Mitterrand n'avait pas cherché à tuer le PCF, il l'avait affaibli juste ce qu'il faut pour le dominer et se renforcer à ses côtés mais surtout pas pour le faire disparaitre.
Corondar a écrit:pierrot a écrit:Plutôt que d'imaginer que la solution aurait consisté à capter 55% de l'électorat communiste résiduel après le vote utile (c’est-à -dire par définition la fraction de l’électorat communiste la plus rétive à voter pour lui), je n'ai entendu personne me dire qu’en convaincant 4% des abstentionnistes ou 3% des électeurs lepéniste d'hier (parmi la petite fraction la plus Mélenchon-compatible de ces deux groupes, et avec une si petite proportion il y en avait forcément) ça passait, de même qu'avec un mix des deux.
J'insiste sur le fait que ma remarque était d'ordre purement intellectuelle, dans le cadre d'une analyse justement purement arithmétique. Car, pour le reste, je partage 100% de votre analyse : à mon sens, la défaite ou la non qualification d'un candidat est toujours et avant tout due à ce candidat plutôt qu'aux autres candidats.
Là où je vous rejoins complètement c'est sur le fait qu'il aurait surtout fallu que Mélenchon pique plutôt des voix à Le Pen plutôt qu'aux autres candidats de gauche pour assurer sa place au second tour.
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