Sur le côté très personnel du vote, justement, un intéressant article du Monde qui synthétise plusieurs articles et études sur les raisons du vote, rappelant que la sociologie électorale a tendance à la classer en deux pan : vote égotropique (pour améliorer ses conditions de vies, donc corporatiste par exemple, etc.) et sociotropique (vote pour des raisons collectives, avec en vision l'idée de cohésion et de communauté nationale, de bien commun plus large).
Il en ressort que "Quel que soit le candidat qu’ils choisissent, les Français considèrent que leur vote sera davantage guidé par l’espoir d’une amélioration de la situation du pays que de leur situation personnelle. Evidemment, l’un ne peut s’envisager sans l’autre."
Ils indiquent donc que plus que leur raison personnelle, les choix de votes se font aussi sur le risque que pourraient faire courir certains au pays, ce qui renforce Macron qui, sans être apprécié massivement, reste perçu comme moins dangereux pour le pays et la cohésion que d'autres : "l’existence d’un vote sociotropique débouche sur une forte polarisation où M. Macron dispose du rapport le plus favorable entre les perspectives positives et négatives (pour 1 électeur anticipant une amélioration de la France, ils sont 1,7 électeur à anticiper une dégradation si M. Macron est élu, 2,7 si Mme Le Pen est élue et 3,2 si M. Zemmour l’emporte)."
La synthèse constate quelques contradiction, chez les candidats dits "radicaux" (Le Pen, Mélenchon, Zemmour) il y a une forte cohérence entre vote ego et sociotopique (ça ne veut pas dire qu'on vote Mélenchon uniquement par volonté perso, juste que le lien entre amélioration de la société et de la situation individuelle est clair, à plus de 65%) quand chez les autres candidats ce n'est pas le cas : seuls 42 % des partisans d'Emmanuel Macron pensant qu'il améliorera leur situation, 45 % Valérie Pécresse et 47 % Jadot. C'est assez surprenant pour le dernier (pour les deux premiers le côté "vote par défaut/de raison" peut s'entendre facilement, on peut y voir l'aspect "il faudra bien sacrifier son confort" du vote écolo ? Simple hypothèse).
Je reproduis cette partie de l'article :
"La faiblesse du vote égotropique démontre, s’il en était besoin, que le modèle de l’électeur rationnel repérant dans chacun des programmes ce qui lui serait favorable pour déclencher un vote partisan s’efface devant un autre modèle d’électeur, qui serait guidé par une rationalité plus limitée. Limitée en ce sens qu’elle peut provoquer des contradictions. On peut vouloir imposer le pouvoir d’achat comme priorité d’action publique pour que l’ensemble de la société en bénéficie et non pas seulement parce qu’on est personnellement touché par la hausse de l’inflation et par la faible augmentation des salaires."
En bref : l'argument général est plus important, la paix dans la société aussi, ce qui renforcera in fine des des candidats perçus comme peu transformateurs. En tant de guerre aux frontières de l'UE c'est encore plus perceptible...
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html