Malgré une campagne marquée par de grandes largesse (le Monde racontait comment les agents d'accueil de ses centres hôteliers distribuaient gratuitement son livre programme) et un étonnant virage vers l'euroscepticisme en rejoignant Orban et le groupe de Visegrad, Andrej Babis, 5ème fortune de République Tchèque, semble avoir perdu les élections. Les multiples polémiques sur le détournement de fonds européens pour ses entreprises ne l'ont pas aidé.
En effet, l'opposition a obtenue 108 sièges sur 200 et, bien que d'origines assez différentes, ils ont déjà fait savoir qu'ils voulaient solder l'aire Babis et mettre Petr Fiala, homme de droite assez classique qui ne compte pas remettre en cause la politique antimigrants par exemple, au pouvoir.
Ce dernier est tout juste arrivé en tête avec 27,8 % pour sa coalition (Ensemble) quand Babis en obtenait 27,1 %. Babis revendique cependant la victoire car il reste le leader de parti qui a le plus de sièges (le pays est à la proportionnelle avec vote préférentiel au sein de 14 circo) : 72 contre 71 au leader de droite. Le parti Pirates et maires, qui regroupe le parti pirate (dont le président candidatait au poste de Premier ministre) et la plateforme des maires indépendants, a recueillie 15,60 % et 37 sièges, une déception par rapport aux sondages mais leurs permettant d'obtenir cette majorité, il reste à voir quelles seront les concessions : le Parti pirate demandait notamment la légalisation du cannabis et la du mariage pour les personnes homosexuelles, qui n'est pas vraiment la tasse de thé de la droite.
Babis a indiqué demander au président l'autorisation de tenter former le gouvernement, à voir ce que décidera Milos Zeman, un eurosceptique plutôt favorable à l'actuel premier ministre. Babis indique vouloir le former avec Ensemble, qui n'a pas semblé être d'accord pour le moment. Il pourrait aussi s'appuyer sur le SPD, qui n'est pas un parti social-démocrate mais d'extrême droite, mais avec 9,6 % ils n'ont que 20 sièges, pas assez pour atteindre une majorité, et leur demande principale est la sortie de l'UE.
Deux autres partis étaient représentés à la dissolution : le Parti social-démocrate tchèque, qui était membre du gouvernement, et le Parti communiste de Bohême et Moravie, traditionnel parti communiste créé en 1989 (la Bohème et la Moravie étant les noms des régions qui sont devenues la République Tchèque), qui soutenait le gouvernement sans participation. Ces deux partis, qui totalisaient 15 députés chacun, ont été rayés du parlement. C'est une première depuis 1990.
Ensemble (ODS, parti leader membre ADLE, et 2 partis PPR, KDU-ČSL et TOP 09) :
27,79 % ( +5,36) et 71 sièges (+29)
ANO 2011 (membre ADLE) :
27,13 % (-2,51) et 72 sièges (-6)
Pirates et maires (Pirates, membre pirates européens, et Maires et indépendant, jusqu'ici alliés à TOP 09, PPE) :
15,61 % (-0,36) et 37 sièges (+9)
Liberté et démocratie directe (Parti Identité et démocratie) :
9,56 % (-1,08) et 20 sièges (-2)
Parti social-démocrate tchèque (Parti socialiste européen) :
4,65 % (-2,62) et 0 siège (-15)
Parti communiste de Bohême et Moravie (Parti de la gauche européenne - observateur) :
3,60 % (-4,16) et 0 siège (-15)
On notera les étonnantes affiliations européennes (un app PPE avec les Pirates et Babis membre du même qu'LREM, comme son principal opposant).
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/09/le-premier-ministre-tcheque-perd-les-elections-legislatives_6097762_3210.html