Les sénatoriales dans le Pas-de-Calais

[vudeloin]

Comme pour Calais, un certain nombre de conseils municipaux tenus le 17 juin ne se sont pas déroulés exactement comme prévu.
Dans une trentaine des 70 et quelques communes dont la population est comprise entre 3 500 et 9 000 habitanta, les voix obtenues par les uns et les autres n'ont pas été tout à fait à la hauteur des potentiels.
Si les communes, gérées par la droite, de Bapaume et Hersin Coupigny ont vu les listes présentées par les maires faire le grand chelem, c'est également arrivé dans un plus grand nombre de communes de gauche.
Résultat ; l'écart prévisible entre gauche d'un côté, centre et droite de l'autre, dépasserait désormais nettement les 1 000 suffrages pour ce qui concerne les délégués des conseils municipaux.
Un point précis dans un prochain message avec la lecture des résultats des communes de plus de 30 000 habitants où l'on élisait quelques délégués de plus ( Liévin, Lens, Boulogne, Arras, Calais )
Vu sur la liste des grands électeurs publiée en Préfecture que Léon Fatous, ancien maire et sénateur d'Arras, avait, de nouveau, été choisi par ses pairs pour voter au Sénat.

[Nico]

C'est finalement Jean-Marie VANLERENBERGHE (MoDem) qui a été choisi pour conduire la liste UMP. Il est suivi par la maire UMP de Calais, Natacha BOUCHART.

http://www.lefigaro.fr/politique/2011/0 ... itures.php

[SALVAT]

C'est conforme à mon post du 12 octobre...qui n'avait pas rencontré l'assentiment de beaucoup !
L'UMP a tenu un raisonnement intelligent qui peut lui permettre de maintenir une représentation égale à la sortante, JMV ne pouvant voter que pour LARCHER à la Présidence du Sénat.
Le maire d'ARRAS a d'autant plus été en mesure de convaincre que son adjointe a repris son siège de conseillère générale d'Arras-Ouest donc à contre courant de la tendance nationale : je l'avais également écrit n'en déplaise à l'anti Dantoniste qui "hallucinait" (sic) à la lecture de mes posts. Trop d'esprit partisan nuit à la clairvoyance et à la justesse d'analyse et ne répond pas à la vocation d'informer.
Bertrand SALVAT

[vudeloin]

On se dira que la droite avait bien besoin de cela pour essayer de sauver l'essentiel, à savoir sa représentation dans le Pas de Calais, qui demeure assez largement portée par les arrondissements plus " ruraux " d'Arras et de Montreuil sur Mer.
La droite est, bien évidemment, sensiblement plus faible dans le Béthunois et l'arrondissement de Lens, et dispose de positions dans les cantons ruraux du Boulonnais et dans le Calaisis.
Un point rapide de la situation à venir, puisqu'en fait, une grande partie des électeurs théoriques de la liste Vanlerenberghe Bouchart provient justement d'élus divers droite, modérés et d'intérêt local plus que d'encartés UMP et Modem ou Nouveau centre...

[vudeloin]

Pour que chacun ait les éléments en main, l’ensemble des voix de droite et du centre dans le Pas de Calais se situe aux alentours de 1 370 suffrages, par référence aux délégués des conseils municipaux.

La gauche, dans sa diversité, peut compter sur le soutien de 2 410 grands électeurs dans la même partie du collège.

En tout cas, c’est ce qui ressort du recoupement d’infos diverses.

Quoiqu’il en soit, le problème de la droite et du centre n’est pas encore résolu avec la mise en œuvre d’une liste unique.

Le scénario idéal ( toutes les voix de droite sur la liste d’Union ) donne le 3e élu à 455 voix, alors que la gauche est à 480 voix sur le 5e élu.

Le solde du collège est défavorable à la droite : 62 conseillers généraux de gauche, 12 députés et 29 conseillers régionaux, soit 103 votes contre 15 conseillers, 2 députés et 15 conseillers régionaux, soit 32 voix dont 8 conseillers FN.

Nous avons donc un potentiel de droite à 1 400 voix environ et un potentiel de gauche à plus de 2 500 suffrages.

La configuration de l’élection est donc déterminante : à gauche, nous devrions avoir une liste PCF, une liste EELV et la liste PS – PRG, avec une probabilité d’avoir un élu communiste au quotient et trois élus socialistes.

A droite, si la liste Vanlerenberghe Bouchart a une certaine allure, elle risque d’être concurrencée par la liste du Front National qui, dans un département comme celui-ci, est fort capable de venir empiéter sur les plate bandes de la droite parlementaire, singulièrement dans les arrondissements de l’ex bassin minier.

Par arrondissements, les forces disponibles sont les suivantes :

A droite, 440 voix sur Arras dont près de 300 divers droite et modérés.
Si Vanlerenberghe a bien géré le conseil du 17 juin sur Arras, Delevoye a fait plus fort à Bapaume en raflant les 15 mandats.
Ceci dit, attention, la même année 2008 a vu Delevoye l’emporter sans problème dans sa commune et le candidat PS se faire réélire sans difficultés sur le canton.

Sur le Boulonnais, 170 voix dont une bonne part sur Le Portel et Neufchâtel Hardelot, avec une interrogation sur le comportement de ces élus ( plus de 40 voix au centre droit sur ces deux villes ).

Sur le Béthunois, 180 votes environ, mais dont 27 proviennent de la majorité composite du chef lieu d’arrondissement ( avec une majorité d’élus de gauche, en fait ) et une bonne part de l’enclave de Laventie.

Sur le Calaisis, je compte 106 voix de gauche et divers gauche et 114 voix de droite, avec l’inconnue du vote des 9 élus « socialistes « de Calais qui ont voté avec l’opposition de gauche au conseil municipal, alors qu’ils participent à la majorité UMP de Natacha Bouchart.

Sur le pays de Lens, peu de voix pour la droite ( 65 estimées sur près de 800 ! ), avec trois aspects : un, la présence du FN ; deux, celle de Jean Urbaniak, maire de Noyelles Godault au comportement souvent déroutant et trois, essentiellement des élus divers droite sans attaches forcément établies avec l’UMP.

Sur le Montreuillois, environ 230 voix pour la droite et le centre, ici majoritaires, mais avec quelques bisbilles anciennes entre Le Touquet et Etaples.

Enfin, sur l’Audomarois, la droite et le centre pourraient disposer de 170 voix environ, mais avec des positions affaiblies en 2008 et dont la plus forte est Audruicq.

On le voit, les positions de la droite ne sont pas forcément très solides partout et des défections sont à craindre ( notamment du côté des « petits élus « présumés de droite et siégeant dans des cantons de gauche ).

Je pense en fait que 1 000 à 1 100 suffrages serait un bon résultat pour la liste Vanlerenberghe Bouchart, assurant de fait les deux premiers sièges et laissant un peu dans l’incertitude le 3e ( ou le 7e dans l’ordre d’élection ).

[SALVAT]

Autant le troisième siège n'était pas du tout envisageable, dans le cas d'une division à droite, autant la majorité peut espérer sauver ses deux sièges même au prix d'un troisième siège ne lui appartenant pas totalement mais neutralisé et préférable à ses yeux à un élu PS. Mais je pense que tu es d'accord là-dessus.
Le FN présente une liste, certes, mais qui fera un score en deçà de celui de 2001, qui n'avait pas empêché les 3 sièges de la liste d'union
Quelques problèmes d'humeur du côté d'Hardelot, oui mais le fait que le centriste soit tête de liste peut les guérir.
Les défections d'élus DVD vers la gauche en milieu rural seront moindres que si la liste avait été menée par un UMP.
Je crois qu' URBANIAK qui avait réalisé un score assez décevant....se rangera au vote pour la liste majoritaire : il ne peut dans son secteur d'Hénin compter sur l'appui du PS face au FN : il ne peut rester isolé, sauf à se condamner localement.
Tout ce que tu signales, vudeloin, comme votes singuliers se trouvera bien sûr mais à combien les chiffrer ? Cela n'ira pas très loin : 3 dizaines ? une de plus ? une de moins ?

En face, il va y avoir la liste EELV : comme il t'es arrivé de l'écrire, dans le Pas-de-Calais comme ailleurs, les grands électeurs verts ne seront pas nombreux : un peu plus que le FN , cinq ou six dizaines ?
Ce qu'ils enlèveront à leur camp équivaudra, proportionnellement, aux dommages causés dans l'autre par le FN.
L'attitude de "divers gauche" qui ont été élus contre des candidats officiels du PS me semble aussi devoir être prise en compte : certains voteront pour le PCF, confortant son siège, d'autres pourraient voter blanc ou nul, d'autres pour solder les comptes pourraient émettre un vote "utile" anti-PS : il en est un ....qui en sa commune de Mazingarbe a tellement été attaqué par le PS qu'il a fini par franchir la ligne de séparation des deux camps...et cependant, il n'était pas de droite à l'origine ! Je pourrais en citer quelques autres. Dans ce cas de figure, également, ils ne sont pas légions.....mais compenseront, à proportion, d'autres défections...en face.

La liste du PCF retrouvera un élu au soir du scrutin : n'arrachera-t-elle pas des voix (inutiles pour l'assurer mais qui manqueront à son puissant allié pour lui permettre le gain d'un nouveau siège) ?

Le dernier siège se jouera effectivement à peu dans ce département où les camps sont bien marqués. Je penche, simplement par calcul arithmétique, pour une reconduite du résultat de 2001, en termes d'élus.
Bertrand SALVAT

[vudeloin]

Quelques points de plus à ce stade de la réflexion collective...
Un, l'association des maires du département est présidée par un socialiste, le maire d'Arques, Joel Duquenoy, situation qui tend à laisser penser que les 137 maires revendiqués par le PS ( sur 895 dans le département ) sont majorés des maires PCF et de quelques autres, et qu'un nombre conséquent de maires de gauche classés DVG existe aussi dans le département.

Deux, la droite ne contrôle qu'un nombre réduit de cantons, qui ne recoupent qu'un nombre aussi réduit de grands électeurs.

On compterait dans ces cantons 380 électeurs de droite et du centre et 260 élus de sensibilité de gauche, dont une bonne part dans des villes d'importance non négligeable, cas où les changements de vote sont tout de même assez réduits

Trois, une part importante des électeurs de droits sont élus de petites communes et ne réside pas dans un canton de droite.

Ce sont en effet plus de 900 votes qui sont ainsi répartis, avec le risque d'une certaine porosité du discours de gauche du conseil général favorisant les dangers de l'affaire.

Enfin, le nombre d'élus encartés à droite et au centre demeure faible, notamment avec environ 300 votes UMP pur sucre, et plus ou moins 200 centristes, c'est à dire une grande majorité d'élus sans étiquette.

Bref, le 3e n'est pas encore là !

[vudeloin]

Pour nourrir la réflexion de chacun, la traduction de l'appartenance des maires à l'UDESR 62 ( élus PS et apparentés ) donne près de 280 votes PS dans les communes de moins de 3 500 habitants...
Dans les communes situées entre 3 500 et 9 000 habitants, la gauche est à 812 voix, la droite et le centre à 253, sous les réserves d'usage ( Douvrin, Mazingarbe, Noyelles Godault par exemple ).
Dans les communes situées entre 9 et 31 000 habitants, la droite est à 136 voix, le FN à 12, la gauche à 605.
Je regarde le partage des forces sur Béthune.
Enfin, dans les communes de plus de 31 000 habitants, nous avons 169 votes de gauche, 120 de droite et du centre et 1 FN.
Les communes dites associées apportent 75 voix à la gauche et 2 à la droite.
Sur les 3 500 et plus, nous avons donc 1 661 suffrages à gauche, 511 à droite et au centre et 13 au FN.
Avec, à répartir, les votes de Béthune...
ensuite, bien sûr, il reste les petites communes ( plus de 1 550 voix ), avec déjà près de 20 % sur les seuls maires PS et membres de l'UDESR 62.
Le troisième sénateur de droite est tout de même fort loin d'être acquis...

PS une fois étudiées, les listes de Béthune donnent 8 voix au PS et à ses alliés tendance Mellick, 14 DVG autour de Stéphane Saint André - fils de l'ancien maire PS de Saint Omer - et 13 centristes élus avec Olivier Gacquerre.
Ensuite savoir comment ces voix se répartiront est une autre affaire.
Les décomptes mettent donc gauche et divers gauche à 1 675, droite et centre à 524 et FN à 13.

[vudeloin]

Si tu suis bien l'affaire, Salvat ( et je sais que tu suis, vu que la vie t'a un peu attaché au Pas de Calais ), un élément de plus pour ta gouverne : Douvrin a désormais pour maire M. Jean Michel Dupont, après le décès de l'élu de 2008 et la démission de celle qui lui avait succédé, un maire membre d'une équipe " divers droite " pour la Préfecture, mais qui a soutenu le conseiller général PS de Douvrin, Frédéric Wallet, lors des élections cantonales...
D'ici à ce que les 15 votes de droite de Douvrin soient douteux pour le Sénat, je crois qu'il n'y a pas des kilomètres...

[SALVAT]

Je suis, cher vudeloin.....Mais toi, comme tous ceux qui consultent ce forum,tu me donneras acte que, depuis le début, je n'ai tenu qu'un langage, à savoir que s'il y avait division à droite, le troisième siège était à coup sûr perdu. J'ajoutais que si l'UMP se voulait hégémonique elle en paierait le prix en septembre et davantage encore lors des élections suivantes ( municipales à ARRAS en particulier) et enfin qu'il serait plus intelligent qu'elle ne revendique pas la tête de liste commune si elle se résolvait à ce sacrifice d'intégrer Jean-Marie Vanlerenberghe.
Dans cette configuration, le troisième siège n'était pas déclaré "acquis" mais redevenait "possible".
Pour moi, ce n'était pas, ici, l'expression d'un point de vue partisan à vouloir démontrer à tout prix que les 3 élus sénateurs minoritaires dans le 62 demeureraient 3 au soir du scrutin.

Certaine hypothèse ayant prospéré et la liste unique étant aujourd'hui de mise, il convient d'affiner d'autant plus que l'attribution du dernier siège se jouera à peu.
Des difficultés à faire bloc se manifesteront dans les deux camps ; je les crois proportionnellement égales.
La constitution de listes qui ne peuvent convenir à tous entraînera comme on dit "là haut"..."du pâté de grognon" et il a été remarqué que la liste du PS n'était pas terrible.
Comment le PCF va-t-il constituer la sienne ? Qui y figurera comme PG et en quelle(s) place(s) : j'ignore sa composition mais si elle est conçue intelligemment, le PS peut y perdre des plumes.
Les DVG, jadis acquis à 95% au PS lors des sénatoriales, seront plus diffus dans leurs choix...la question européenne étant très sensible dans ce département qui s'est estimé déjà sacrifié par la CECA et qui a massivement voté NON lors des derniers référendums. Or, c'est bien dans le bassin minier et dans le secteur de Boulogne (pèche) que la gauche a sa majorité de grands électeurs ! Le PCF peut en tirer bénéfice.
BETHUNE est, comme tu le montres, exemplaire de ce que peuvent donner des listes DVG : a priori, deux listes s'étaient opposées, l'une du PS et l'autre victorieuse DVG : a priori, l'autre bord n'apparaissait pas sauf, comme tu l'indiques fort justement, que les centristes représentent quasiment 1/3 du conseil municipal. Ces héritiers du Dr BREYNAERT sont des familiers de JMV , voteront pour lui et donc pour la liste qu'il conduira, tandis que d'autres colistiers de St ANDRE, anti Mellick donc anti rocardiens avec tout ce que cela comporte (laïcité, europe etc...) qui ont porté Bernard SEUX à la mairie de 1997 à 2001, voteront pour le candidat PG s'il est bien situé sur la liste du PCF...et enfin d'autres se retrouveront à voter PS de concert avec les grands électeurs PS pro-Mellick qu'ils avaient jadis combattus
Ce n'est pas simple !
Ce partage qui relève du compte d'apothicaire peut se retrouver ailleurs et tu cites, à juste titre, le cas inverse des grands électeurs de Noyelles-Godault qui n'émettront pas un vote unanimement favorable à la liste MODEM-UMP.

Si certaines têtes de liste DVG sont revenues parfois sur leur pas en direction de la "maison", (tu cites DOUVRIN), elles avaient entraîné dans leur sillage des candidats, indispensables pour constituer leurs listes - et aujourd'hui élus - qui, n'étant pas précisément de gauche, partageaient leur sentiment d'alors assez allergique aux pratiques hégémoniques du PS et...sont demeurés ce qu'ils étaient à l'origine !
Tout l'intérêt de nos échanges réside dans l'énoncé par les uns et les autres de tous ces éléments qui, enrichissant le dossier, ne sont pas quantifiables à la voix près : une estimation légèrement forcée dans un sens doit bien être compensée par une autre, surtout dans ce vaste département aux 895 communes !
Bertrand SALVAT