Corondar a écrit:Relique a écrit:Oui, l'erreur est monumentale de faire confiance aux verts pour mener la gauche. C'est se couper de la moitié de l'électorat, en grande partie l'électorat populaire (150 000 contre 50 000 voix pour Delli dans le Pas de Calais !)
Je suis d'accord pour dire que le choix d'une tête de liste EELV pour mener l'union de la gauche dans une région comme les Hauts de France était une très mauvaise idée, et que cela a sans doute aggravé un déficit auprès d'une partie de l'électorat populaire de la région.
Maintenant, je ne suis pas persuadé que c'est là le seul ni même le principal problème des déboires de la gauche dans cette région. A mon sens, un autre tête de liste aurait peut-être grappillé quelques points de plus, mais de là à rendre la région nettement compétitive pour la gauche ? J'ai de gros doutes. Les causes du décrochage de la gauche dans cette région sont multiples et variées.
Enfin, si la tête de liste EELV fait sans doute fuir des électeurs populaires ou ruraux dans cette région, elle attire sans doute aussi certains électeurs urbains ou CSP+. A Lille, la liste Delli réalise 48.3% des voix, à Arras elle dépasse les 25%, à Amiens elle talonne la liste Bertrand (32.5% contre 34%). Bref, je n'irai pas jusqu'à postuler que la tête de liste écolo n’entraînerait que des pertes et aucun gain ?
Il faudrait regarder les comparaisons entre départementales et les régionales dans les grandes villes.
A Lille, Karima Delli obtient 17 560 voix soit, en effet, 48,33% des suffrages exprimés. . Les tickets de gauche aux départementales obtiennent 22 285 voix, soit 5 000 voix de plus et 61,46% des suffrages exprimés. Aux municipales, au 1er tour, la gauche avait obtenu environ 63% des suffrages. Où sont les gains ?
A Amiens, Karima Delli obtient 6 418 voix, soit 32,45%. Aux départementales, les tickets de gauche obtiennent 7 552 voix soit 38,81% des voix. Aux municipales, les deux listes de gauche obtenaient 29,72%, mais avec une liste écolo, certes plutôt centriste (mais qui a pu attirer l'électorat 'traditionnel' des Verts) soutenue par l'ex-Vert Pompili, à 9,75% des voix (soit un total à 38,47% des voix, assez consistant avec le résultat aux départementales).
A Arras, Karima Delli obtient 2 221 voix soit 25,81% des voix. Aux départementales, les tickets de gauche obtiennent 3 857 voix soit 45,60% des voix. Aux municipales, les listes de gauche avaient obtenu 30,50% des suffrages.
Je veux bien accepter n'importe quel argument. Mais il faut qu'il soit étayé par des faits. C'est tout à fait vrai que l'écart entre Karima Delli et les candidats départementaux semble moins élevé dans les grandes villes plus bourgeoises. Mais c'est exactement mon propos: la gauche se coupe des classes populaires.
Et la gauche ne peut pas remporter une élection présidentielle sans ces classes populaires. Ou alors, ce n'est plus vraiment la gauche.