Chaban a écrit:Je commence avec une première tentative d'analyse vue de la droite que je connais mieux. Mais je sais qu'il y aura aussi des sujets ou des tensions entre des listes à gauche ou un sujet LREM en Bourgogne-FC et potentiellement en Centre-VdL.
La question des alliances avec LREM au second tour se posera dès demain soir et elle sera un véritable casse-tête d’abord à LR et au PS qui ne sont pas demandeurs mais potentiellement dans le besoin. Surtout dans les régions où ils sont sortants. Tandis que LREM est clairement demandeuse d’alliance pour espérer rejoindre un exécutif régional, avoir plus d’élus et avoir le second tour le moins humiliant possible - donc en ne perdant pas trop de points entre les deux tours - ce qui est le risque des listes arrivées en 3ème ou 4ème positions qui se maintiendront sans espoir de victoire au second tour. Or, fondamentalement LREM pose un problème au socle électoral du PS à gauche et de LR à droite, non pas en raison de son identité centriste mais en raison du fait qu’ils sont au pouvoir et que beaucoup d’électeurs se positionnent sur le clivage pour ou contre le gouvernement. L’alliance avec LREM est donc un défi politique et arithmétique pour tous les concernés.
Vu de LR, la doctrine est « pas d’alliance avec LREM ». D’où la crise en PACA qui a été plus ou moins (surtout « moins » d’ailleurs…) bien camouflée derrière le retrait de la liste LREM, présenté comme un forfait plus que comme une alliance d’appareil qui d’ailleurs n’existe effectivement pas. Mais c’était pour le premier tour.
Pour le second tour, en revanche il faudra bien une doctrine revue ou adaptée. Celle-ci ne devrait pas trop s’éloigner de celle du premier tour au risque de braquer leurs électeurs et fragiliser tous leurs candidats. Ce sera le job de Christian Jacob de l’exposer lundi. Elle devrait logiquement ressembler à cela :
1/Pas d’alliance quand ce n’est pas nécessaire, lorsque LR/UDI peut l’emporter sans fusion ou quand LREM est sous les 10% mais au-dessus des 5%. Typiquement ce sera le cas en AURA ou IDF pour la première hypothèse. Cela devrait être en principe et sauf surprise la situation en Hauts-de-France et en Normandie, même si LREM arrive à dépasser les 10%.
2/ Pas d’alliance quand le résultat du premier tour laisse entendre que l’addition des scores par fusion ne permet de toutes les façons pas de l’emporter face à un sortant PS. Même de peu car les fusions ne sont jamais des additions parfaites. Ce sera très probablement le cas en Occitanie et en Nouvelle Aquitaine selon le score final de Rousset. En principe ce sera aussi le cas en Bretagne, même si la situation y est très confuse et que l’alliance PS-LREM ne s’y fera pas ;
3/ Pas d’alliance quand le score de la liste LREM est au-dessus des 10% mais inférieur à 15%, que l’addition permettrait théoriquement de l’emporter mais de peu face à une liste RN avec du coup un énorme risque lié à la déperdition des voix. Là je reconnais que ça se complique… Typiquement ce serait le cas du Grand Est si certains sondages sont confirmés avec une Klinkert à 12/14% et un Rottner vers les 25/28%. Dans cette hypothèse, Rottner devra prendre le risque de redéposer la même liste et faire pression sur le retrait de la liste LREM. Ce qui est hautement probable, la majorité présidentielle ne prendra pas le risque de faire passer le RN ni même d’être humiliée au second tour en perdant la moitié de ses voix par un réflexe de vote utile de ses électeurs. Cependant, il en irait totalement différemment si les sondages s’étaient lourdement trompés et que Rottner était à 21 et Klinkert à 19. Je n’y crois pas mais je l’évoque dans son principe. J'ajoute que cela pourrait être la situation en Normandie et Hauts-de-France si jamais les résultats se révèlent moins favorables aux sortants favoris que ce que laissaient apparaitre les sondages ;
4/ Alliance possible si la fusion permet d’envisager la victoire et que le candidat qui menace de l’emporter justifie cette exception au sein même de l’électorat de droite comme de l’électorat centriste-macroniste. Typiquement en Pays-de-la-Loire si l’adversaire est Orphelin allié à LFI. Mais là tout va dépendre du score et de la dynamique car la droite de la droite et les amis de Retailleau n’auront pas la même attitude si de Rugy termine son premier tour à 18/20% ou à 10/12%, personne n’imaginant qu’il ne soit pas au-delà du seuil d’éligibilité. La question complexe sera celle du casting de la fusion. Probablement exit Retailleau en Vendée, sauf à imaginer une fusion limitée aux MoDem de la liste de Rugy (je n’y crois pas vraiment mais je cite cette hypothèse sur le principe) où s’il justifie lui aussi la démarche en agitant le chiffon rouge ;
5/ Reste la question difficile de l’alliance possible permettant d’envisager la victoire mais face à un candidat sortant « non chiffon rouge » (Rousset – Guite – Bonneau, 3 vieux barons socialistes sortants plutôt respectés…). Pour Nouvelle Aquitaine, je crois (mais je peux me tromper) que la victoire est hors de portée contre Alain Rousset et que la fusion ne se posera pas, sauf effondrement complet du PS partout en France dimanche soir. Selon moi, le vrai sujet est en Centre-VDL et en Bourgogne-FC. Et là il va falloir attendre les chiffres du premier tour pour bien mesurer la question de savoir si la victoire se profile pour les deux sortants socialistes ou si elle se profile pour les deux candidats RN. Dans l’hypothèse où ce sont les deux RN qui sont positionnés pour être devant le PS au second tour en triangulaire, alors le meilleur choix stratégique sera le retrait de la liste LREM et le maintien de la liste LR. Le retrait de LREM au lieu de la fusion laisserait leurs électeurs voter massivement pour les sortants PS et le maintien de la liste LR dans toute sa pureté idéologique (désolé pour l'expression...) avec Gilles PLATRET et Guillaume PELTIER permettrait d’éviter une fuite électorale vers le RN. Je précise que la fusion PS-LREM est totalement exclue dans ces deux régions (comme en Bretagne d’ailleurs, n’en déplaise au Ministre des Affaires étrangères…), la priorité du PS pour l’emporter étant de ressusciter au second tour le socle électorat de la bonne vieille gauche plurielle des années 90 (LFI comprise…je parle des électeurs et non des représentants), ce qui est impensable avec des macronistes sur la liste.
Donc au bilan, pour moi, la seule fusion LR-LREM « envisageable » est en Pays-de-la-Loire en raison de l’alliance entre Orphelin et LFI, s’il est confirmé qu’il est devant Garot et uniquement si ce dernier fusionne ou se retire au profit du premier. Et dans une moindre mesure en Centre-Val-de-Loire s’il n’y a pas de danger RN, que Bonneau peut être rattrapé (ce qui me semble contradictoire avec l’absence de danger RN mais bon…) et que Forissier est devant Fesneau. Dans la mesure où François Bonneau et sa liste de gauche élargie seraient mieux placés pour l’emporter au second tour face au RN, je pense que la raison conduira au maintien de la liste LR et au retrait de la liste LREM au profit d’un soutien au sortant PS, comme en BFC.
Ramdams a écrit:Et d'ailleurs, en lien avec mon message précédent, les principaux artisans d'un front républicain anti-EELV et anti-LFI viennent peut-être de l'ancienne gauche : Manuel Valls et Jean-Paul Huchon appellent à voter Pécresse en Île-de-France.
Ramdams a écrit:Et d'ailleurs, en lien avec mon message précédent, les principaux artisans d'un front républicain anti-EELV et anti-LFI viennent peut-être de l'ancienne gauche : Manuel Valls et Jean-Paul Huchon appellent à voter Pécresse en Île-de-France.
Retourner vers Elections régionales de 2021
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité