myckilem a écrit:Après la discussion avec Chaban dans le topic sur la nouvelle Aquitaine, je me fais une réflexion sur la stratégie que LREM pourrait employer pour le second tour.
Quand on regard les sondages de second tour région par région (même si leur valeur est plus que relative), on constate que beaucoup de régions n'ont pas de listes qui passent le cap des 33 % (Bretagne, Centre Val de Loire, Grand Est pour citer les exemples les plus flagrants). Il y a d'autres régions où la liste en tête dépasse ce score, mais c'est en rase-motte (la Normandie par ex).
Au vu des difficultés qu'impliquent les fusions pour LREM (les mauvais reports de voix, le fait de devoir choisir entre la gauche et la droite, etc), est ce que les listes de la majorité présidentielle n'auraient pas tout simplement intérêt à se maintenir coute que coute en espérant que la liste arrivée en tête de droite ou de gauche ne dispose pas de la majorité absolue et doivent négocier avec la liste de la majorité présidentielle. Cette situation permettra à LREM de gagner en influence localement tout en évitant les écueils des fusions qui n'ont pas du tout été réussite lors des municipales. Cela permettrait en outre à LREM de gouverner des régions avec la gauche alors que celle-ci refuserait catégoriquement de fusionner avec une liste LREM entre les deux tours.
La question se pose mais l'analyse concrète des chiffres et des simulations tend à répondre par la négative.
D'abord, il n'y a pas d'exemple passé de majorité relative que l'on pourrait analyser depuis l'introduction du nouveau mode de scrutin. Tout a été fait pour éviter l’absence de majorité absolue et c'est ce qui est arrivé jusqu'ici. Mais admettons que cela puisse théoriquement advenir en juin 2021 dans les régions citées plus haut, la barre demeure relativement basse et atteignable par l'union des gauches en Bretagne comme par le RN en Val de Loire et l'était peut-être en Bourgogne-FC jusqu'aux dérapages verbaux réels ou supposés de Julien Odoul révélés il y a quelques jours.
La Bretagne ne me semble pas l'hypothèse intéressante à analyser puisque le questionnement de LREM comme du MoDem se posera d'abord avec gravité là où il y a une nette avance du RN au premier tour et une perspective de victoire au second.
Prenons le Val de Loire. Il y a 77 sièges, donc une majorité à 39 sièges. La prime de 25% c'est 19 sièges.
Sur les 58 sièges à répartir, la majorité absolue pour la liste arrivée en tête sera à partir de 33,63%.
En 2015, au second tour le RN a fait 30% des voix et était 3ème car il y avait une forte dynamique d'union à gauche et même à droite, Philippe Vigier ayant été battu à moins de 10 000 voix d'écart par François Bonneau. Mon sentiment est qu'une quadrangulaire en 2021 renforcera la dynamique de victoire du RN car c'est le bloc le plus unitaire et que les électeurs comprendront que les autres listes auront en quelque sorte renoncé à arriver en tête, les voix centristes qui seraient immobilisées sur la liste Fesneau étant nécessaires aux listes Bonneau et Forissier pour espérer l'emporter au second tour.
Ensuite, admettons que le pari soit "réussi". Même en tête, le RN n'a finalement pas de majorité absolue. Non seulement il devrait la manquer de très peu - seulement de 1, 2 ou 3 sièges - mais en plus il n'y aura pas de majorité absolue alternative. Vous ne mettrez jamais dans la même majorité Guillaume Peletier avec des PCF, des EELV et éventuellement des LFI. Il faudra très peu de temps pour que le RN obtienne sa majorité absolue dans l’hémicycle, ne serait-ce qu'au bulletin secret pour l'élection du Président et de son exécutif. En aucune manière LREM et le MoDem ne seront des forces d'appoint déterminantes dans cet hémicycle éclaté avec un RN si proche de la majorité absolue.
Et même en Bretagne si l'Union de la gauche devait l'emporter (l'hypothèse d'alliance LREM + PS semblant désormais écartée), je crois plus à l'hypothèse du soutien technique et ponctuel des "maires de droite" (incluant des MoDem et DVD macronistes) à cette majorité de gauche, que la solution d'une alliance plus ou moins officielle avec la majorité présidentielle autour de LREM.
La prime de 25% donnée à la liste arrivée en tête rend - selon moi - incontournable l'accession au pouvoir de cette dernière, même si c'est le RN. Partout.
Derrière cette conclusion,
il y a bien un problème stratégique spécifique pour LREM/MoDem en Centre-Val de Loire et Bourgogne-FC pour son maintien au second tour - y compris si marc Fesnau devait être devant Forissier - faute de pouvoir fusionner à gauche (
la priorité du PS est d'arriver à fusionner avec les Verts et alliés et ce n'est pas compatible avec LREM) et à droite (
pas complétement exclu mais les obstacles sont réels).
Dernier point : aujoud'hui les sondages ne le laissent pas apparaitre mais le résultat du premier tour montrera si la situation est aussi tendue que dans ces 2 régions en Normandie, Occitanie, Grand Est et Hauts-de-France.