lostinthemiddle a écrit:Pensez-vous que la censure partielle de la loi Molac pourrait "profiter" aux listes EELV/UDB et Parti Breton tandis que la liste de la majorité présidentielle pourrait se traîner cette censure comme un boulet, notamment dans les territoires situés dans la zone historique du breton (je n'en sais pas assez sur ceux dans la zone historique de la langue gallo) ?
Tout d'abord, je fais remarquer que le conseil constitutionnel n'a pas censuré toute la loi, mais seulement l'article qui voulait créer un enseignement "immersif" (c'est à dire totalement en breton) dans l'enseignement public.
Personnellement, je pense que cela peut jouer à la marge dans quelques territoires où le breton est encore vivace et les écoles Diwan sont bien implantées (le centre-Bretagne et Carhaix par exemple), mais cela ne bouleversera guère la campagne à l'échelle régionale.
Je suis toujours assez étonné que la question linguistique soit si omniprésente dans la politique bretonne (dernier exemple en date avec la maire de Nantes qui a lancé une traduction des livrets de famille en breton pour satisfaire ses alliés UDB).
Les brittophones militants vivent dans une "bulle" culturelle et politique où le breton est bien vivant et parlé (partis politiques comme l'UDB, confédérations culturelles comme Sonerion ou Kenleur, réseau Diwan...). C'est très sympathique, mais c'est un peu un monde de bisounours, "où tout le monde il est gentil et il veut apprendre le breton" et où tout est la faute des "jacobins".
Leur ténacité est admirable, mais pour autant les chiffres sont là : 200.000 personnes seulement parlent le breton, et leur âge moyen est de 70 ans.
La réalité c'est qu'en dehors des panneaux routiers, cela fait un siècle que le breton est sur un dynamique de déclin, et ce n'est pas cette loi qui aurait changé quelque chose (c'est bien beau d'apprendre de donner des cours de maths et d'histoire en breton aux enfants, mais s'ils ne pratiquent pas cette langue en dehors de l'école, cela ne sert à rien).
Le fait que la question linguistique soit si présente dans les débats régionaux est sans doute dû à un engagement très actif des brittophones (engagés en politique et dans le monde associatif) qui disposent de relais médiatiques (comme Paul Molac). Ils sont ainsi parvenus à irriguer l'ensemble des partis (même la droite fait campagne sur la défense de la langue bretonne).
En revanche je ne crois pas que la défense du breton soit un souci majeur des électeurs bretons (en dehors de la minorité qui pratique encore la langue, bien entendu).
(Pour être provocateur, si la défense du breton était vraiment un souci des Bretons, nous n'en serions pas là : certes l’État a eu une part de responsabilité dans l'extinction des langues régionales avec la politique scolaire, mais on oublie souvent que les Bretons ont volontairement abandonné leur langue dans le cadre privé).