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Les élections à Paris

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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Mar 7 Juin 2011 15:59

Pour des raisons qui m’échappent un peu, quelques milliers de voix des deux candidats de la présidentielle de 1981 ont disparu du total, tel que donné par le Monde, la différence pouvant venir, soit dit en passant, des divergences de décompte entre presse et Ministère de l’Intérieur.

On était en effet à 544 447 voix pour VGE et 472 078 pour Mitterrand, nombre le plus élevé atteint par la gauche dans la période.

En 1988, Le Monde donne 529 655 voix à Chirac au second tour et 439 009 à Mitterrand ( je ne sais pas si le nombre de votes constaté et validé par le Conseil constitutionnel ne fut pas différent ).

Mitterrand gagne le 2e arrondissement en perdant 300 voix sur 1981 et perd le 14e, que Chirac emporte en perdant pourtant 1 400 votes sur le nombre de voix de VGE sept ans plus tôt.

Mine de rien, c’est en 2002 que Paris cesse de mettre la droite parlementaire en tête de l’élection présidentielle puisque la gauche, malgré l’élimination de tous ses candidats, obtient 367 683 voix sur 744 060 exprimés, soit 46,73 % des voix.

22 171 voix vont sur les candidatures Lepage et Saint Josse, 77 192 voix sur les candidatures Le Pen et Mégret et donc, seulement, 306 994 voix pour la droite et le centre.

Affaire à suivre…

Que s’est t il donc passé à droite ?
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Mar 7 Juin 2011 17:52

Pour aller encore plus loin dans l’analyse, on peut aussi se reporter au très intéressant scrutin de 2007, qu’il nous faudra bien examiner avec plus de précision.

Mais toujours est il que le nombre d’électeurs inscrits est proche de celui de 1981 puisqu’il était, en mai 2007, de 1 221 993 électeurs.

On compte au premier tour une forte participation (87,42 %), et un nombre de suffrages exprimés qui atteint 1 059 541 bulletins.

Les candidats de gauche réalisent alors 406 501 voix ( guère plus ou moins qu’il y a trente ans, donc ) avec une sur représentation de l’électorat socialiste dans cet ensemble ou, plutôt de l’électorat de Ségolène Royal qui obtient 336 407 voix là où Jospin peinait à faire 150 000 voix.

Les candidats de droite et d’extrême droite obtinrent 432 180 voix dont 371 604 pour le seul Nicolas Sarkozy.

Au milieu, si l’on peut dire, et trace évidente de la captation d’un électorat de gauche modérée ou de centre gauche ( c’est comme on veut ), les 219 660 suffrages de François Bayrou.

Entre gauche et extrême gauche d’un côté et droite et extrême droite de l’autre, il y a 25 600 voix d’écart.

On est loin des écarts des années 80…

Sauf que le second tour nous donne 511 920 voix pour Nicolas Sarkozy, victorieux dans 10 arrondissements sur 20 et 508 082 pour Ségolène Royal, victorieuse dans les 10 autres.

Sur 1981, Ségolène Royal perd le 4e arrondissement mais elle l’emporte dans le 2e, le 12e et le 14e arrondissements, trois arrondissements dont il s’avère qu’ils ont choisi la gauche aux municipales de 2008, comme en 2001 d’ailleurs…

La montée du nombre des voix de gauche ( près de 40 000 voix sur le 10 mai ) montre que la capitale a été marquée à la fois par un renouvellement relatif de sa population ( traduit dans les recensements ) mais aussi par un décrochage électoral de la droite parlementaire dans des secteurs sociaux qui lui étaient jusqu’ici favorables.

Certains ont parlé de gentryfication de l’électorat de gauche.

Ben voyons…

Mais l’une des causes n’est elle pas, plutôt, que la cherté de la vie à Paris et singulièrement la problématique du logement ont généré à la fois des insatisfactions comme des mouvements sociaux divers et originaux ?

Peut être que la droite parisienne a aussi perdu Paris et ses couches moyennes, actives, dans les opérations de vente à la découpe, par exemple…
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Mer 8 Juin 2011 19:17

Entrons dans les détails, désormais, de ces élections législatives 1981 sur Paris.

Nous allons donc commencer par le début, c'est-à-dire les 14 sièges sur lesquels les sortants RPR, UDF et alliés ont été reconduits, notamment de par le choix tactique de la présentation de candidats uniques sous étiquette Union pour une Nouvelle Majorité.

Première circonscription ( 1er et 4e arrondissements )

Réélection de Pierre Charles Krieg, député sortant avec 11 541 voix (50,6 %) sur 22 803 exprimés.

Marie Thérèse Bidjeck, professeure de lettres et candidate communiste ( elle avait été tête de liste de la gauche sur le secteur aux municipales de 1977, désignée sur la base du résultat des élections de 1971 ), obtient 1 629 voix (7,1 %) tandis que Maurice Benassayag, candidat du PS, réalise 7 812 voix (34,3 %) et le père Yves Buannic, chrétien de gauche que l’on retrouvera encore dans des luttes diverses ( notamment tiers mondistes ) dans les années suivantes, obtient 796 voix (3,5 %).

Dominique Bidou, candidat d’ « Aujourd’hui l’Ecologie «, complète le plateau avec 1 025 suffrages (4,5 %).

Giscard était resté majoritaire sur la circonscription le 10 mai et l’élection de Pierre Charles Krieg a clairement été facilitée par l’absence de toute concurrence à droite.

En 1978, 5 405 voix s’étaient portées sur un candidat UDF, en l’occurrence le radical Yves Galland et avaient contraint Pierre Charles Krieg à un second tour.

Quelques évolutions sur cette élection : le PCF passe de 3 998 à 1 629 voix, le PS de 5 648 à 7 812 ( dans les deux cas, avec les mêmes candidats ) tandis que Krieg fait 11 541 voix au lieu de 15 032 suffrages en 1978 entre son score et celui d’Yves Galland.

A noter que le candidat écologiste de 1978 avait fait 1 539 voix et 5,3 %, avec une identité connue, puisqu’il s’agit de Jean Claude Delarue, professeur bien connu, et dont le fils, Jean Luc, est un animateur de télé tout aussi connu.

Autre point non négligeable : Pierre Charles Krieg est nettement majoritaire dans le 1er arrondissement (4 649 voix sur 8 186 exprimés) mais ne dispose que d’une majorité relative dans le 4e (6 892 voix sur 14 617 contre 7 049 voix aux trois candidats de gauche).

Avec une supposition que le quartier des Halles ait été moins favorable au candidat RPR que Saint Germain l’Auxerrois et que le quartier Notre Dame ait été son meilleur score dans le 4e…

Passons à la 3e circonscription, c'est-à-dire le 5e arrondissement, ou encore Tibéri Land, en quelque sorte.

Elu au premier tour en 1978 avec 19 196 voix sur 35 859 exprimés, Jean Tibéri est réélu en 1981 avec 17 580 voix sur 31 342 exprimés.

Son pourcentage passe donc de 53,5 à 56,1 %, signe d’un système électoral déjà très au point dans ce secteur de la capitale.

La chance de Jean Tibéri est d’avoir été seul candidat à droite, le reste du plateau étant occupé par des candidats de gauche ou écologistes.

En 1978, le PCF avait présenté l’historien Jean Elleinstein ( qui quittera le Parti quelques années plus tard, non sans prendre parti publiquement ensuite contre l’organisation politique dont il avait épousé les thèses ) qui avait obtenu 4 194 voix et 11,7 %.

En 1981, c’est un ticket universitaire, de nouveau, composé d’Anna Fontes et de Paul Fraisse, l’une spécialiste de la littérature italienne, l’autre un des futurs animateurs du groupe « Communistes « qui présente, depuis quelques années, des candidats dissidents du PCF un peu partout en France.

Le score atteint en 1981 ( 1 773 voix et 5,7 %) n’est pas à la hauteur des attentes.

Et traduit notamment un tassement de plus sur les présidentielles.

La candidate socialiste, Elisabeth Gateau, fonctionnaire européenne spécialiste de la coopération internationale, est de 8 451 voix (27 %) au lieu de 6 398 (17,4 %) pour une candidate féministe soutenue par le PS en 1978.

Deux autres candidats retiennent l’attention 1981.

Tout d’abord André Dupont, nanti de 297 voix et 0,9 % des suffrages, figure locale du Quartier Latin sous le pseudonyme de Mouna Aguigui, sorte de doux rêveur local qui roulait à vélo dans Paris, avec des chemises bariolées et une barbe profuse.
Je crois même que Mouna mettait des bouchons plastiques de bouteilles dans les rayons de ses roues de vélo…
Bref, un de ces candidats farfelus comme en avait déjà connu Paris tels Ferdinand Lop quelques années avant ou encore le fameux Captain Cap, l’ami d’Alphonse Allais dans le 9e arrondissement.

L’autre candidat un peu connu, c’est Brice Lalonde, qui fait 2 587 voix (8,2 %) en 1981 après un honorable 3 133 voix (8,7 %) en 1978.

C’est là une nouvelle expérience électorale pour le futur Ministre de l’Environnement et fondateur de Génération Ecologie qui témoigne de la réceptivité de l’électorat parisien aux préoccupations écologiques.

4e circonscription, et donc 6e arrondissement, maintenant.

En 1978, Pierre Bas, maire de l’arrondissement, conseiller à la Cour des Comptes, a été réélu avec 13 781 voix contre 7 195 pour Philippe Saint Marc, conseiller à la Cour des Comptes lui aussi, mais candidat de l’UDF.

Pierre Bas avait alors battu un enseignant aux Beaux Arts candidat pour le PCF (Patrick Bouchain, pourvu de 2 131 voix) et un jeune candidat socialiste nommé Alain Barrau (4 523 voix) que nous retrouverons, quelques années plus tard, du côté de Béziers...

En 1978, Pierre Bas fait 13 485 voix au premier tour sur 22 936 exprimés (soit 58,8 % des voix), avec une abstention relativement forte (34,3 %).

Le ticket PCF, composé d’un universitaire et d’un ouvrier des Monnaies et Médailles fait 915 voix et 4 %, tandis que la candidate PS, Monique Vignal, fondatrice de Français du Monde, l’association de base de l’organisation du PS parmi les Français de l’Etranger, obtient 6 298 suffrages et 27,4 %.

Dernier candidat à retenir l’attention dans cet arrondissement : un expert comptable candidat du Front National, pourvu de 436 suffrages et 1,9 % que nous retrouverons par la suite ailleurs, puisqu’il s’agit de Christian Baeckeroot, qui sera, en 1986, chef de file du FN dans le Nord et sur le secteur de Roubaix Tourcoing en particulier.

5e circonscription et 7e arrondissement, désormais.

L’élu c’est Edouard Frédéric Dupont, l’indéboulonnable indépendant de Sainte Clotilde, élu au premier tour avec 21 709 voix ( pour 45 863 inscrits ) en 1978 et reconduit au premier tour de 1981 avec 19 502 voix sur 28 079 exprimés.

Pourcentage ? Passé de « seulement « 65 à 69,5 % !

La candidate PCF, Monique Brun, passe de 1 790 à 760 voix et l’ingénieur PS Gérard Corblet de 4 457 à 5 646 suffrages, soit un peu plus de 20 %.

Deux autres candidatures retiennent cependant l’attention.

La première, celle d’un militant du Parti des forces nouvelles, l’historien Pascal Gauchon, dont il était d’ailleurs le secrétaire général, après avoir fréquenté Occident, Ordre nouveau, et fut associé avec François Brigneau, Roland Gaucher, Alain Robert ou encore Jean François Galvaire à la création d’un comité de création d’un parti nationaliste.

Les expériences politiques de Pascal Gauchon se sont d’ailleurs interrompues après 1981, notamment sous le coup d’échecs électoraux répétés, qu’il s’agisse de la Liste Eurodroite de 1979 avec Tixier Vignancour et Le Pen, que de sa non présentation à la présidentielle de 1981 et aux faibles résultats du PFN aux élections de 1977 et 1978.

Ses amis ont connu des fortunes et des parcours divers, une bonne partie ayant rejoint le Front National quand celui-ci, après 1984, a commencé de s’installer dans le paysage politique français.

On peut ainsi situer François Brigneau, de son vrai nom Emmanuel Allot, qui fut notamment directeur de Présent, le quotidien proche du FN, après avoir été rédac’ chef de Minute mais aussi plume dans des journaux aussi divers que Rivarol, l’Intransigeant, l’Aurore ou l’Auto Journal.

Et auteur de polars sous des pseudos divers et variés…

L’Auto Journal dont je me permets de rappeler qu’il avait été fondé par un certain Robert Hersant…

Le suppléant de Pascal Gauchon était issu du FN ( en fait les candidatures d’extrême droite en 1981, relativement rares, étaient souvent la résultante d’accords entre les deux partis d’extrême droite, FN et PFN ), et très connu aussi puisqu’il s’agissait de Pierre Jonquères d’Oriola, ancien champion olympique d’équitation ( saut d’obstacles ) à Helsinki et Tokyo, alors encore éleveur de chevaux dans sa propriété de Corneilla del Vercol, près de Perpignan.

Il avait d’ailleurs déjà figuré, ès qualités, comme candidat sur la liste Eurodroite en 1979 ( je crois même qu’il était le 81e nom de cette liste ).
En 1978, Edouard Frédéric Dupont avait trouvé sur sa route un éditeur, PDG de la SERP, un certain Jean Marie Le Pen, qui obtint alors 1 307 voix et 3,9 % des suffrages.
La candidature Gauchon fait 917 voix, là où FN et PFN, ensemble, avaient fait 1 728 voix en 1978.

On notera que Frédéric Dupont sera réélu député de Paris en 1986, à la proportionnelle, en qualité de tête de liste du Front National…

L’autre candidature qui retient l’attention dans ce 7e arrondissement, c’est celle, pour le courant écologiste, d’une jeune avocate, spécialiste du droit de l’environnement, Corinne Lepage Jessua.

Son score (906 voix, 3,2 %) reste encore assez réduit mais témoigne de sa première expérience de scrutin, alors même qu’elle est, depuis 1978, engagée pour défendre les intérêts des communes de la Côte Nord du Finistère dont les plages et rivages ont été souillés par la marée noire de l’Amoco Cadiz.

La longue procédure qu’elle va conduire, auprès des tribunaux US ( qui ont l’habitude de la longueur ), va aussi contribuer à faire de Corinne Lepage l’une des références françaises en matière de droit environnemental, et assurer, par la même occasion, la renommée et la « rentabilité « de son cabinet.

Pour l’anecdote, la fondatrice de Cap 21, un temps associée au Modem, sera, lors de la campagne électorale présidentielle de 2002, la candidate qui déclarera le patrimoine personnel le plus élevé.

Pour l’heure, elle s’est juste présentée, sans succès majeur, face au vieux Frédéric Dupont.

6e circonscription et 8e arrondissement, maintenant.

En 1978, Maurice Couve de Murville, ancien Premier Ministre, administrateur du groupe Delmas Vieljeux, avait été réélu au second tour avec 12 594 voix contre 5 840 à un candidat dissident de droite, commerçant en orfèvrerie, en l’occurrence Bernard Plasait, que nous retrouverons, quelques années plus tard, en qualité de Sénateur de Paris.

A gauche, un chirurgien ( Jean Pierre Lesage ) pour le PS et une militante syndicale EDF ( Yvette Saintier ) pour le PCF, avaient obtenu 3 042 et 1 025 voix au premier tour, tandis que le courant écologiste avait présenté la productrice de cinéma Albina De Boisrouvray, nantie de 1 373 et 6,1 % des suffrages.

En 1981, Couve de Murville est élu au premier tour avec 11 951 voix sur 18 006 exprimés dans l’une des plus fortunées mais moins peuplées circonscriptions du pays.

Yvette Saintier, pour le PCF, atteint 425 voix et 2,4 %, associé au jeune Pierre Mansat, candidat pour la première fois, et qui est aujourd’hui adjoint au Maire de Paris, où il vient d’être nommé Président de l’Atelier d’Architecture du Grand Paris.

Une candidate socialiste peu connue, Eve Baume, fait 3 558 voix et 19,7 % mais là encore deux candidatures retiennent un peu l’attention.

La première, c’est celle de Lorrain Bernard de Saint Affrique, ancien attaché de presse à l’Elysée, descendant d’un conventionnel de l’Aveyron comme l’indique son nom qui fut aussi Président du Conseil des Cinq Cents sous le Directoire.

Lorrain de Saint Affrique, présenté comme cadre financier, et candidat « d’Union pour une politique nouvelle « , sera proche du Front National dans les années 80 avant d’en être débarqué par Bruno Mégret en 1994 et de publier « Dans l’ombre de Le Pen « dont il fit un best seller.

Bien que condamné suite à une procédure lancée par le chef du Front National, la manière dont il décrit les us et coutumes du mouvement s’avère précieuse pour qui veut comprendre les ressorts de fonctionnement du parti lepéniste.

Ceci dit, le 14 juin 1981, Lorrain de Saint Affrique ne convainc que 714 électeurs du 8e de voter pour lui.

Second candidat intéressant : Christian Huglo.
Là, évidemment, vous me dites : mais qui ?

Et les plus informés de se souvenir qu’il ne s’agit tout simplement que du mari de Corinne Lepage, associé au cabinet Lepage Huglo dont nous avons parlé.

Et qui se situe d’ailleurs dans le 8e, au 40 rue Monceau…

444 voix et 2,5 % pour Christian Huglo.

Mais, si j’ose dire, j’ai gardé pour la fin le meilleur des candidats, présenté par le Front National.

Un certain Dominique Erulin, baroudeur et ancien légionnaire ( ancien du 6e RPIMA ), dont on retrouve la trace, tout au long des années 70 à 90, dans les affaires les plus sombres de l’histoire de notre pays comme d’autres pays européens.

Dominique Erulin a fait l’Algérie, a participé aux activités de l’OAS ( on le soupçonne d’avoir été dans l’affaire du Petit Clamart ) et il a quitté l’armée en 1974 pour fonder une société de sécurité privée.

Missions de cette entreprise : assurer le service d’ordre des campagnes électorales de la droite et de l’extrême droite, au besoin faire le coup de poing avec grévistes ou syndicalistes ouvriers.

Pour faire bonne mesure, Dominique Erulin a un frère, assez connu lui aussi, prénommé Philippe et qui était le colonel du 2e REP ( Régiment étranger parachutiste ), la troupe de Légionnaires que la France a fait « sauter « sur Kolwezi au Congo en 1976 pendant ce que l’on a appelé la guerre du Shaba mais qui était en fait une guerre menée, localement, contre le régime de Mobutu et qui avait d’autant plus d’importance que le Shaba ( ex Katanga ) est l’une des régions du pays les plus riches en minerais précieux et notamment en cuivre.

Dominique Erulin sera « poursuivi « par les services français pendant plusieurs années, mais son parcours, soulignons le, comprendra aussi un long stage dans le Paraguay de la dictature sanglante et grotesque d’Alfred Stroessner ou un soutien appuyé aux généraux croates de la guerre de Yougoslavie et notamment Ante Gotovina, déféré devant le Tribunal Pénal International pour l’ex Yougoslavie pour crimes contre l’humanité.

Un drôle de zigue, si l’on peut dire, qui obtient 462 voix (2,6 %) dans le 8e !

On passe au 9e arrondissement !

En 1978, Gabriel Kaspereit, déjà élu depuis un certain temps, est réélu au second tour avec 19 827 voix contre 10 413 au candidat PS Jacques Bravo.

Les mêmes se retrouvent face à face en 1981 et Kaspereit est réélu avec 13 695 voix (57 %) dès le premier tour.

Jacques Bravo, avec 7 721 voix et 32,1 % gagne un peu plus de 2 000 voix sur 1978 mais voit donc la question réglée dès le 14 juin.

Le PCF a envoyé au combat Jean Vuillermoz, technicien RATP, secrétaire de la section PCF du Métro qui a obtenu 1 195 voix et environ 5 % ( comme on compte 24 043 exprimés, les 5 % pile sont à 1 208 voix ).

Aucun autre candidat n’étant resté dans l’histoire parisienne, tout au plus faut il remarquer que si Gabriel Kaspereit fut évacué par les siens au profit de Pierre Lellouche qui se cherchait un point de chute après ses mésaventures sarcelloises, Jacques Bravo est devenu maire du 9e arrondissement et Jean Vuillermoz, adjoint au maire de Paris pour le PCF, en tout cas jusqu’en 2008.

Et que le 9e est passé de bastion de la droite à tout à fait autre chose…

Passons au 10e !

Cet arrondissement, populaire sinon populeux près de La Chapelle et un peu plus petit bourgeois dans sa partie Sud, a voté Mitterrand le 10 mai.

Pourtant, le 14 juin, il réélit dès le premier tour Claude Gérard Marcus, inoxydable député RPR.

En 1978, Marcus, avec 23 535 voix et 57 %, a battu un jeune administrateur civil PS, Jérôme Clément, qui sera nommé au cabinet de Mauroy en 1981 et dont il serait sans doute fastidieux de rappeler la carrière dans le secteur de la création, de l’audiovisuel ou de la culture en général.
Entre Arte, le Musée d’Orsay et d’autres choses encore, Jérôme Clément est le vrai gestionnaire et administrateur des grands équipements culturels en France, une sorte de « vrai « Ministre de la Culture.

En 1981, le candidat PS s’appelle André Mandel et va faire 10 656 voix et 33,7 % au premier tour.

Loin, hélas pour lui, des 15 835 voix et 50,1 % des suffrages obtenus par Marcus.

Notons tout de même que la majorité absolue était à 15 794 voix et qu’il s’en est donc fallu de 41 suffrages que le candidat RPR ne soit contraint à un second tour.

A moins qu’un peu d’inattention ait permis de lui fournir cette quarantaine de voix nécessaires…

Alain Lhostis, l’indéfectible candidat PCF de l’arrondissement, obtient 3 292 voix, bien loin des 7 172 suffrages de 1978.

La gauche dans son ensemble obtient 48,7 % des suffrages, score nettement supérieur à la performance du second tour de 1978 mais, comme nous l’avons vu, insuffisant au regard du score de CG Marcus.

Notons enfin la personnalité de la candidate d’extrême droite, Catherine Barnay, journaliste et, en fait, rédactrice à Minute, et collaboratrice de la société SERVICE ( Société d’Etudes et de Recherches Visuelles d’Impression, de Composition et d’Edition ), spécialisée dans la confection de brochures patronales, notamment pour l’UIMM.

Une entreprise où elle retrouve Antoine de Bongain, plus connu sous le nom de Xavier Raufer, et qui vient d’adhérer aux Républicains Indépendants puis au Parti Républicain.

Xavier Raufer, venu de l’extrême droite ( il a écrit dans une revue contrôlée par Maurice Bardèche ) est surtout connu ces dernières années pour s’être proclamé spécialiste des questions de délinquance, à partir des activités de recherche en criminologie qu’il mène à l’Université Paris II Assas.

Faible score pour Catherine Barnay qui stagne à 375 voix et 1,2 % dans le 10e.

Allons dans le 14e arrondissement désormais, quartiers Montparnasse, Petit Montrouge et Montsouris où Yves Lancien est réélu au premier tour.

En 1978, la concurrence à droite fut vive, opposant trois candidats.

Au centre, le sortant Eugène Claudius Petit, ancien Ministre et député de la Loire, parachuté dans le 14e pour succéder au député sortant UDR De Grailly, par trop impliqué dans des affaires peu claires et solliciteur d’étranges services d’ordre.

Au parti républicain, un cadre d’entreprise nommé Michel Pelège.

L’homme est encore peu connu et sa femme plus que lui, pour le moment, puisqu’elle gère une pharmacie au 79 de l’avenue du Général Leclerc, dans le secteur d’Alésia.

Il va devenir, dans les années 80 90, l’un des promoteurs immobiliers les plus célèbres de Paris et de France, en créant notamment la chaîne des hôtels Fimotel ( le Fim venant de Financière et Immobilière Michel Pelège ), président de la fédération des promoteurs, avant de voir sa fortune et son statut engloutis après l’explosion de la bulle immobilière des années 90 et le scandale du Crédit Lyonnais en 1993, ladite banque ayant été le bras armé de ses opérations spéculatives de l’époque.

Comme de ses OPA, comme celle, demeurée infructueuse, lancée sur la SAE, grande entreprise de construction que Pelège voulait acheter par souci d’intégration verticale.

C’est Yves Lancien, officier en retraite, d’origine bretonne et catholique pratiquant qui va emporter le morceau pour le RPR.

Au premier tour, il fait 9 419 voix, contre 6 735 pour Claudius Petit et 4 479 pour Pelège.
A gauche, l’architecte PS Marc Chavardès obtient 7 838 voix ( il se qualifie pour le second tour ) et le candidat PCF Maurice Lassalle 4 817 voix.

Lancien l’emporte au second tour avec 22 955 voix contre 16 278 pour le candidat PS.

En 1981, Yves Lancien repart en première ligne, et Michel Pelège est devenu son suppléant.

Il est élu au premier tour en réalisant 17 228 voix sur 32 387 exprimés.

Face à lui, candidat quasi unique de la droite ( les deux candidats d’extrême droite présents font 420 voix ), le PS a investi le diplomate, énarque, gaulliste de gauche Jacques Thibau, ancien directeur de la deuxième chaîne de télévision dans les années 60 et qui, depuis l’arrivée au pouvoir de VGE, a donc participé à l’émergence d’un courant de gauche d’origine gaulliste.

Jacques Thibau obtient 10 486 voix (32,4 %), performance honorable mais insuffisante.

Détail : son suppléant est encore peu connu et l’on se trompe d’ailleurs sur son prénom puisqu’il ne s’agit que de Richard Yung, futur Sénateur PS des Français de l’Etranger.

Maurice Lassalle obtient 2 633 voix (8,1 %) et deux candidats d’extrême gauche font 1 620 voix (5 % environ).

Notons tout de même qu’en 1978, le FN a envoyé dans cette circonscription l’avocat Yves de Coatgoureden, que nous allons revoir par la suite ailleurs.

Passons dans le quartier Saint Lambert et le 15e arrondissement, où Jacques Marette se fait réélire député dès le 14 juin.

Brillamment réélu en 1978 avec 26 524 voix (59,7 %) contre 17 925 (40,3 %) au candidat socialiste Alain Hubert, Jacques Marette, ancien Ministre ( notamment des PTT ), obtient 19 512 voix et 53,1 % dès le premier tour de 1981.

La gauche, dans ce quartier réputé le plus « populaire « du 15e, avait réalisé 35,7 % des voix en 1978, une bonne partie du ballottage imposé à Jacques Marette découlant de la présence d’un candidat du CDS, Jean Charles de Vincenti, qui a animé aussi la vie politique parisienne par la suite.

La gauche dépasse les 40 % lors du scrutin de 1981.

Alain Hubert passe de 8 885 à 12 067 voix, et de 20 à 32,8 % au premier tour.
Le candidat PCF Roger Gauvrit, ouvrier Citroën, passe de 5 441 à 2 492 voix, et de 12,2 à 6,8 % et une candidate PSU fait 608 voix.

Roger Gauvrit a exercé ces dernières années des responsabilités dans le mouvement mutualiste.

Dans la circonscription voisine, Nicole de Hauteclocque, cousine du Maréchal Leclerc, est également réélue.

En 1978, elle avait remporté l’élection au second tour avec 19 445 voix contre 10 136 au candidat PS Francis Raffenel.

En 1981, elle est élue au premier tour avec 14 679 voix (58,6 %), tirant parti d’être quasiment seule à droite ( 499 voix et 2 % pour un candidat FN ) et face à une gauche aux candidats peu connus.

Au PS, Carmen Carmona, documentaliste, fait 7 301 voix (29,1 %).

Au PCF, c’est une jeune administratrice du Ministère de l’Equipement qui se présente pour la seconde fois et qui voit son score passer de 2 845 à 1 227 voix (4,9 %).
Elle a 35 ans et s’appelle Nicole Borvo.

Comme chacun le sait ici, elle est sénatrice de Paris depuis 1995 et Présidente de son groupe parlementaire.

Anecdote : à l’époque, l’un de ses supérieurs au Ministère de l’Equipement s’appelle Josselin de Rohan qui sera, en même temps qu’elle, Président de groupe parlementaire au Sénat !

Nous voici désormais dans le 16e arrondissement…

Sur Auteuil et la Muette, le centriste Georges Mesmin est réélu.

En 1978, une primaire l’a opposé au RPR le Dr Frézal, qu’il a battu par 20 264 voix contre 14 984 au premier tour, avant d’être élu au second tour avec la totalité des votes, étant seul candidat.

La gauche, dans sa diversité, a du se contenter de 18,2 % des votes et n’a pu se qualifier pour le second tour.

En 1981, Georges Mesmin est réélu avec 29 904 voix et 74,4 %.

Le candidat PS, François Laguerre, avocat, fait 7 678 voix et 19,1 %.
Une performance non atteinte par Danielle Tartakowsky, universitaire et historienne communiste, qui doit se contenter de 892 voix et 2,2 %.

Notons enfin, dans cette circonscription, le score d’Yves de Coatgoureden, le candidat du FN, qui obtient 1 206 voix et 3 %.

Sur le siège Chaillot Porte Dauphine, 1978 a également été marqué par une primaire à droite entre le sortant, Gilbert Gantier, que le député communiste d’Ivry sur Seine Georges Gosnat appelait « Gantier des pétroles «, vu sa position dans le groupe Total, et un adversaire du Parti républicain, à la recherche d’une nouvelle circonscription, à savoir Alain Griotteray, maire de Charenton le Pont.

Un Griotteray dont il serait presque inutile de rappeler les accointances avec l’extrême droite, notamment après sa rupture avec le gaullisme au moment de la Guerre d’Algérie.

Même s’il est devenu giscardien, Griotteray a contribué financièrement à la création de Minute, le journal d’extrême droite, et a tenu longtemps une chronique dans le Figaro Magazine de l’époque de Louis Pauwels.

Homme d’affaires et chef d’entreprise ( notamment des aspirateurs Tornado ), Alain Griotteray a fini son existence en se rapprochant peu de temps avant sa mort du Front national.

Son personnage, soulignons le, est croqué de manière littéraire et imagée dans l’un des romans de la série Le Poulpe, signé de Jean Jacques Reboux et intitulé « La cerise sur le gâteux « .

Le match Française des Pétroles contre Tornado, arbitré par Saint Pierre de Chaillot, tourne alors à l’avantage de Gantier par 13 803 voix contre 12 185.

Seul au second tour, Gantier gagne avec 29 102 voix.

En 1981, il se contente de 23 947 suffrages au premier tour (76,8 %) pour être réélu.
Ce qui, comme d’habitude, fait d’Auteuil un quartier plus à gauche que le reste de l’arrondissement…

Avec 15,8 % des voix et 4 941 suffrages, la gauche fait ce qu’elle peut…

A noter qu’en 1978, pour ne pas être en reste, le quartier avait aussi apporté 1 469 voix à Jacques Isorni, le célèbre avocat d’extrême droite, alors candidat sans étiquette…

En traversant l’avenue de la Grande Armée, nous voici dans la première des deux circonscriptions du 17e à voter dès le 14 juin 1981 pour la droite.

Un duel terrible a opposé en mars 78 Maurice Druon, ancien Ministre, écrivain connu ( Les Rois Maudits ), neveu de Joseph Kessel, candidat RPR au giscardien Henri Estingoy, alors directeur de l’institut national de la consommation.

Druon l’a emporté au second tour, avec 13 891 voix contre 9 148 à son rival.

En 1981, l’académicien renonce à son mandat et c’est Bernard Pons, remonté depuis le Lot, qui représente le RPR et vient de quitter l’Essonne où il avait été élu en 1978 dans la 2e circonscription, courant d’Evry à Etampes.
En suppléance : Pierre Rémond, futur maire de l’arrondissement.

Face à lui de nouveau Estingoy.

Pons l’emporte au premier tour avec 11 817 voix et 52,9 % contre 3 984 voix et 17,8 % pour Estingoy, littéralement écrasé.

La gauche compte les points avec un PS à 4 730 voix et un PCF à 488.

A droite, un autre candidat garde un œil sur le secteur : il fait 978 voix (4,4 %), s’appelle Jean Marie Le Pen et sa suppléante Myriam Baeckeroot.

Sur Batignolles Monceau, de Préaumont est réélu.

Vainqueur de l’UDF Paul Garson, avocat à la Cour, par 15 486 voix contre 8 751, Jean Franck de Préaumont l’emporte avec 14 565 voix et 56,9 % des votes.

La candidate PS Hélyette Zéboulon fait 6 443 voix et 25,2 % et le candidat PCF José Espinosa 1 130 voix et 4,4 %.

A droite, le philosophe Jean Marie Benoist, fait 2 109 voix et 8,2 %.

Il s’inscrivait dans le courant des Nouveaux philosophes avec BH Lévy ou Luc Ferry…

Et l’avocat Jean François Galvaire représente le FN avec 547 voix et 2,1 %.

Trois ans avant, c’était Myriam Baeckeroot qui s’y était collée…

Ainsi se termine pour le moment cette analyse de 1981 à Paris.

La suite au prochain numéro…
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Jeu 9 Juin 2011 18:53

La suite, dans un premier temps, va être d’appréhender la situation des cinq circonscriptions de gauche sortantes qui vont, toutes, être reconduites à gauche et élire un député socialiste.

Premier cas : celui de la circonscription de Gisèle Moreau, définie autour des quartiers de la Salpêtrière et de la Gare ( d’Austerlitz bien sûr ou d’Orléans dans le temps ).

En 1978, la candidate communiste, membre du secrétariat national du PCF à l’époque, arrive en tête de la gauche du premier tour avec 9 137 suffrages, contre 7 734 au candidat socialiste Alexis Manaranche tandis que 1 640 électeurs choisissent l’un des candidats d’extrême gauche.

Une candidate écologiste fait 2 101 voix.

A droite, Claude Avisse, ancien maire de l’arrondissement à l’époque où ces maires étaient nommés, fait 9 660 voix, devançant le candidat UDF, l’avocat Jacques Miquel, 3 986 voix.
Divers candidats de droite et d’extrême droite font, ensemble, 1 603 voix.

Sans trop de problèmes, Gisèle Moreau avait été réélue avec 18 845 voix quand Claude Avisse en faisait 16 497.

Un gain de 334 voix d’un côté, de 1 249 de l’autre, ne laissant guère de doute sur le médiocre report des voix PS, associé à une mobilisation à droite…

En 1981, Gisèle Moreau est devancée à gauche.
Associée à André Voguet, élu de l’arrondissement, elle ne fait « que « 7 307 voix, tandis que la candidate socialiste fait 10 897 suffrages.

André Voguet, pour mémoire, est un ancien élu PCF de Paris et l’un de ses fils, Jean François Voguet, est l’actuel sénateur maire de Fontenay sous Bois.

La candidate PS est une enseignante de l’IEP Paris, conseillère d’Etat et spécialiste du droit social : Nicole Questiaux.

Elle est même Ministre de la Solidarité Nationale dans le gouvernement Mauroy et va le rester, emmenant son suppléant Louis Moulinet, tourneur de profession, à l’Assemblée nationale.

Son passage ministériel sera cependant relativement bref et elle sera remplacée, dès 1982, par Pierre Bérégovoy.

A dire vrai, les conceptions personnelles de Nicole Questiaux ne cadraient pas tout à fait avec le tournant de la rigueur, et il suffit pour cela ( pour ceux qui peuvent encore le faire ) de lire le « Traité du Social « , la somme des cours professés à Sciences Po avec Jacques Fournier qui sera plus tard Président de la SNCF pour s’en rendre compte.

Nicole Questiaux, en accord avec ses valeurs, avait notamment dit qu’elle refusait d’être « la ministre des comptes « alors qu’on lui parlait du trou de la Sécu.

A droite, un candidat peu connu, Daniel Meraud, fait 6 579 voix au premier tour.

Au demeurant, la droite fait 9 839 voix au premier tour et 11 291 au second avec une grande stabilité des votes enregistrés ( 29 701 au second tour contre 29 941 au premier ).

Ce qui peut laisser penser qu’une partie des électeurs de droite ont voté Questiaux et PS contre la sortante PCF pour assurer son élimination…

Dans la circonscription voisine, celle des quartiers Croulebarbe et Maison Blanche, Paul Quilès qui avait battu Alexandre Sanguinetti, l’ancien secrétaire général de l’UDR, en 1978, arrive largement en tête au premier tour avec 14 035 suffrages.

La candidate PCF, Andrée Delbos, conseillère de Paris ( dont le fils Gilles est actuellement conseiller général de Villejuif ) doit se contenter de 4 165 voix.

La gauche est, dans l’ensemble, à 18 460 voix sur le siège.

Un candidat écologiste fait 1 095 voix.

A droite, François Ferrus, candidat RPR, obtient 8 088 voix, et deux candidats issus de l’UDF 5 210.

La suppléante de Ferrus est un peu connue puisqu’il s’agit d’Anne Marie Couderc, alors chef du service juridique des Editions Filipacchi et qui sera, dans les années 90, l’une des « Juppettes » en qualité de Secrétaire d’Etat à l’Emploi.

Au second tour, Paul Quilès obtient 20 304 voix et Ferrus 14 411, ce qui confirme le 13e comme l’un des points forts de la gauche à Paris.

Comme chacun sait, l’échec cinglant de Paul Quilès aux municipales de 1983 ( Quilès Tendresse ) lors du premier grand chelem de Jacques Chirac amènera celui qui deviendra Ministre de la Défense après l’affaire du Rainbow Warrior et la démission de Charles Hernu à aller se faire élire dans le Tarn, où il sera député mais aussi maire et conseiller général de Cordes sur Ciel.

Troisième siège conservé : celui de Plaisance pour Edwige Avice, elle aussi devenue Ministre de la Jeunesse et des Sports dans l’équipe Mauroy.

Battue de 59 en mars 78, Edwige Avice avait été élue en octobre après l’annulation du scrutin précédent.

Elle avait, lors de cette partielle tenue les 24 septembre et 1er octobre 1978, obtenu d’abord 6 747 voix au premier tour ( contre 8 011 pour Christian de la Malène ), devançant la candidate PCF Rolande Perlican (3 950 voix ), alors sénatrice de Paris, mais aussi un certain nombre de candidats les plus divers dont Francis Szpiner, avocat bien connu aujourd’hui, et qui avait fait 66 voix sous l’étiquette MRG.

614 voix pour Henri Fabre Luce, candidat écologiste, 151 pour Mouna Aguigui de son vrai nom André Dupont, 259 pour des candidats DVG et 636 pour divers candidats de droite et d’extrême droite, voilà pour compléter le tableau.

Au second tour, Edwige Avice avait gagné avec 12 968 voix contre 11 036 et une participation de 64 % environ.

En 1981, 10 061 voix pour Edwige Avice, 9 726 pour Christian de la Malène, 2 664 pour Rolande Perlican, 576 voix PSU, 1 085 voix à droite.

Et un second tour formalité pour Edwige Avice avec 14 078 voix contre 11 622 pour De La Malène.

L’écart de premier tour pour la gauche ( 2 490 voix ) efface pratiquement l’avance de la droite sur l’autre siège de l’arrondissement ( 2 508 voix ).

Enfin, le PCF perd son siège du 19e ( Paul Laurent, secrétaire national du Parti, élu sortant de 1978 où il avait battu le docteur Casso par 16 180 voix contre 15 592 ) et celui du 20e ( Lucien Villa vainqueur du RPR Pierre Marie Guastavino en 78 avec 21 452 voix contre 21 248 ).

C’est le socialiste Alain Billon qui gagne dans le premier cas, un socialiste plutôt chevènementiste qui accompagnera d’ailleurs souvent le Che dans ses cabinets ministériels.

Il obtient 9 507 voix contre 6 220 pour Paul Laurent.

774 voix vont à l’extrême gauche, tandis que la radicale Nicole Chouraqui ( par ailleurs très proche de Jacques Chirac ) fait 6 526 voix et le centriste Jean Charles de Vincenti 3 858.

A l’extrême droite 4 suffrages vont à une certaine Marie France Stirbois.

Au second tour, Alain Billon obtient 16 487 voix et Nicole Chouraqui 11 825.

On est passé de 27 565 à 28 312 exprimés mais les 1 500 voix gagnées par la candidate de droite sur le premier tour témoignent d’un vote tendanciel en faveur du candidat PS au premier tour.

A noter qu’en suppléance, Nicole Chouraqui avait choisi Amédée Domenech, dit le Duc, ancien joueur de l’équipe de France de Rugby et qui fera carrière en politique du côté de Brive par la suite.

Sur le siège de Père Lachaise Charonne, 963 voix vont à quatre candidats d’extrême gauche, 6 210 à Lucien Villa et 12 839 à Jean Paul Planchou, alors secrétaire de la Fédération PS de Paris.

Un candidat écologiste fait 677 voix et Guastavino, à nouveau candidat, fait 9 090 voix.
4 433 suffrages vont à l’UDF Michel Elbel qui sera, plus tard, célèbre, si l’on peut dire, pour son implication dans l’affaire des marchés truqués des Lycées d’Ile de France.

La gauche est donc largement en tête avec 20 012 voix contre 13 524 à droite.

Au second tour, Planchou fait 20 624 voix et Guastavino 14 702.

Là encore, probable que des voix de droite aient été mobilisées au premier tour pour éliminer le sortant PCF.

Mais celui-ci avait quand même perdu 4 700 voix sur 1981 et là est sans doute la première raison de ses difficultés.

Jean Paul Planchou, une fois mis en minorité au sein du PS parisien ( il était plutôt CERES ), va aller tenter ailleurs l’aventure électorale.

Il est aujourd’hui maire de Chelles en Seine et Marne, après avoir connu une expérience difficile de campagne législative en Mayenne où il se heurta à l’opposition des socialistes locaux menés par l’ex maire de Laval André Pinçon et vice Président du conseil régional.

Il a rompu avec Chevènement au moment de la guerre du Golfe, ne le suivant pas dans l’aventure du Mouvement des Citoyens.

Et sa compagne, Nicole Bricq, est également élue socialiste et Sénatrice de Seine et Marne.

Quant à Pierre Marie Guastavino, même s’il a eu l’étiquette RPR pendant sa carrière politique ( il fut adjoint au maire de Paris ), il entretient des liens avec l’extrême droite intellectuelle et notamment Le Club de l’Horloge ( au tournant des années 2000 et encore aujourd’hui) et s’est depuis piqué de protection des sites et notamment du côté de Roscoff.
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Ven 10 Juin 2011 00:40

Quelques éléments sur le vote de ces cinq circonscriptions de gauche du Paris de 1978 restées, bien entendu, à gauche en 1981.

Comparons en effet les votes PCF, PS, et droite entre 78, et 81.

Circonscription du 13e ( Salpêtrière, La Gare ) : Gisèle Moreau (PCF) fait 9 137 voix aux législatives de 1978 (participation 78,3 %) ; Georges Marchais fait 5 562 voix aux présidentielles de 1981 (78,8 % de votants ) ; Gisèle Moreau fait 7 307 voix (67 % de votants ).

Alexandre Manaranche fait 7 734 voix en 1978, François Mitterrand 10 285 voix et Nicole Questiaux 10 897 voix.

A droite, le candidat RPR passe de 9 660 voix à 7 047 voix pour Jacques Chirac puis 6 579 pour le candidat RPR de la législative.

Du coté de l'UDF, on passe de 3 986 voix en 1978 à 6 715 voix pour VGE et 3 260 voix pour le candidat centriste de la législative.

Circonscription du 13e ( Croulebarbe, Maison Blanche ) : le PCF passe de 8 966 voix en 1978 à 4 852 voix pour Georges Marchais et 4 168 voix pour Andrée Delbos.

Paul Quilès avait fait 9 783 voix en 1978, Mitterrand est monté à 11 683 voix et Quilès réalisé 14 035 voix aux législatives.

Les exprimés passent de 41 384 en 1978 à 38 821 au premier tour des présidentielles et 33 856 au premier tour des législatives.

A droite, le RPR passe de 9 503 voix en 78 à 8 273 en avril 81 et 8 088 en juin.
L'UDF passe de 6 909 voix à 8 313 puis à 5 210.

A noter que la légère avance de Giscard sur Chirac ( 40 voix ) au premier tour de la présidentielle devient un retard de 2 878 voix à la législative un mois plus tard.

En 1978, l'écart était de 2 594 voix.

Circonscription de Plaisance ( 14e arrondissement )

Le nombre des votants passe de 30 456 au premier tour de 78 à 27 429 lors de la présidentielle et 24 112 pour la législative.

Rolande Perlican passe de 6 277 voix à 3 424 voix pour Marchais et 2 664 voix à la législative.
Edwige Avice passe de 6 791 voix à 7 713 voix pour Mitterrand et 10 061 voix en juin.

De La Malène fait 11 445 voix en 78, Chirac 6 694 voix en avril 81 et VGE 5 779 pour un score de 9 726 suffrages pour Lunet de la Malène en juin.
1 081 voix, allant à un candidat UDF, complètent le score.

Sur le siège des quartiers Amérique et Pont de Flandres, siège de Paul Laurent ( les fils de Paul Laurent sont tous membres du PCF encore aujourd'hui : Pierre, après avoir été responsable des Etudiants communistes, rédacteur en chef de l'Humanité Dimanche, est devenu le Secrétaire national du Parti et figure pour l'heure en 9e position sur la liste de gauche pour les Sénatoriales de Paris, après avoir été élu conseiller régional ; Michel a longtemps été le secrétaire de la Fédération de Seine Saint Denis et Francis, le cadet, est l'un des responsables de cette Fédération encore aujourd'hui ), quelles données ?

Exprimés : 32 201 en 1978, 32 118 au premier tour de la présidentielle, 27 565 au premier tour de la législative de 1981.

Score du PCF : 9 153 voix en mars 78, 5 306 en avril 1981, 6 220 en juin 1981.
Score du PS : 6 639 voix en mars 78, 9 019 en avril 1981, 9 507 en juin 1981.
Score du RPR : 10 650 voix en mars 78, 7 029 voix pour Chirac, 6 526 voix en juin 81.
Score de l'UDF : 6 404 voix pour Giscard, 3 858 voix en juin 81.

Enfin sur le siège de Charonne et Père Lachaise, nous avons les données suivantes :

Exprimés : 43 417 voix en 1978, 40 054 en avril 1981, 34 213 en juin 81.

PCF : 10 799 voix en 1978, 6 073 en avril 81, 6 210 en juin.
PS : 9 391 voix en 1978, 11 116 en avril 81, 12 839 en juin.
RPR : 8 506 voix en 78, 8 895 voix en avril 81, 9 090 voix en juin.
UDF : 8 347 voix en 78, 8 545 en avril 81, 4 433 en juin.

Sur les deux principaux candidats de chaque camp, l'avance de la gauche est de 3 337 voix en 78, le retard de 251 au premier tour de la présidentielle, et l'avance de 5 526 voix le 14 juin.

A vos observations ! :)
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Re: Les élections à Paris

Messagede HORATIO » Sam 11 Juin 2011 02:34

Edouard Frédéric Dupont a bien été réélu à Paris en 1986, mais il était second de la liste FN. Le tête de liste était JMLP, le troisième de cette liste était l’avocat Jean-Baptiste Biaggi, il n’a pas été élu.

Jean-Baptiste Biaggi s’était présenté dans une élection sénatoriale partielle à Paris et avait recueilli un peu plus de 5%, ce qui constitue un score élevé pour un candidat du FN compte tenu de la faiblesse numérique de ses élus locaux.
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Sam 11 Juin 2011 15:34

Je n'avais pas le bulletin de vote de l'élection de 86 sous la main ou dans les archives consultées, Horatio, mais soit :)
Le fait est que le FN, dont on a pu se rendre compte qu'il n'était pas très influent dans la capitale ( un effet de la gentryfication qui ferait que l'électorat de droite choisirait a priori la droite parlementaire ordinaire pour le représenter ? ), a utilisé le potentiel de votes Frédéric Dupont pour obtenir quelques élus dans Paris.

A l'occasion on verra ce qu'il en fut précisément, arrondissement par arrondissement, et notamment au regard de ceux de ces arrondissements qui, dans le passé, ont plutôt voté pour les indépendants que pour les gaullistes !
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Sam 11 Juin 2011 15:47

Puisque la question a été posée par les messages sur l'influence de l'extrême droite, quelques indications de plus.

En 1978, l'extrême droite parisienne a présenté plus de 60 candidats aux législatives, notamment parce qu'à l'époque, il reste une division entre Front National de Jean Marie Le Pen d'un côté et Parti des Forces Nouvelles de Pascal Gauchon de l'autre.

L'échec du PFN conduira d'ailleurs à sa disparition au milieu des années 80, d'autant que le FN est devenu le parti que l'on sait à compter de 1984.

Toujours est il que l'extrême droite parisienne a fait 2,2 % des votes en 1978.
Elle n'a dépassé ce niveau que dans les 7e arrondissement (5,2 %), 8e arrondissement (3,8 %), 16e arrondissement (2,2 % dans les deux circonscriptions ), 17e arrondissement (2,3 % avec un pic à près de 3 % sur le siège de Monceau Batignolles ).

C'est à dire, tout de même, plutôt les quartiers huppés de l'Ouest parisien...
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Re: Les élections à Paris

Messagede Sommar » Dim 26 Juin 2011 19:06

Pour ceux qui sont impatients de connaître les résultats de l'élection présidentielle de 1988, j'en donne les pourcentages par arrondissements:

Arrondissement/Chirac/Mitterrand
1/57,93/42,07
2/47,96/52,04
3/44,60/55,40
4/49,51/50,49
5/53,29/46,71
6/61,01/36,99
7/72,35/27,65
8/74,44/25,56
9/56,65/43,35
10/48,41/51,59 - 17228/18363
11/44,90/55,10
12/51,84/48,16
13/44,17/55,83
14/50,42/49,58
15/59,68/40,32 - 65477/44232
16/78,80/21,20 - 64637/17387
17/64,28/35,72
18/47,73/52,27
19/43,17/56,83
20/43.72/56,28

Pour ceux qui veulent compléter, c'est les bienvenus...
Sommar
 
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Lun 27 Juin 2011 00:32

Hé hé Sommar, pas de panique !
Pour le nombre de voix, un prochain article...
Ceci dit, faut que je reprenne le fil et comme quelques menues obligations professionnelles ( et quelques dizaines de pages à commettre ) m'ont un peu éloigné de l'histoire électorale de la capitale..
Mais, no soucy, la suite au plus tôt ;)
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