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Les élections à Paris

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Les élections à Paris

Messagede Sommar » Dim 29 Mai 2011 23:17

Je remercie vudeloin qui me livre des informations précieuses pour que je remplisse au fur et à mesure les tableurs et les cartes. Au moins, nous avons des gens qui se décarcassent pour aller chercher des information au fond des tiroirs des archives. Moi-même, j'aurais bien-aimé le faire, mais ma disponibilité ne le permet pas pour l'instant...

Pour les résultats de Paris intra-muros, les résultats sont contrastés entre l'est et l'ouest.

Pour rappel, la gauche était arrivée en tête dans 6 arrondissements lors des municipales de 1977: Les 3, 11, 13, 18, 19 et 20e. Mis à part le 13e, ce sont les arrondissements du nord-est, secteur aujourd'hui où la gauche est la plus forte. Cette dernière dépassait les 55 % dans les 13e, 19e et 20e, arrondissements les plus populaires de Paris. Elle dépasse également les 53 % dans les arrondissements intermédiaires (3e et 11e). Les 52,45 % de la gauche dans le 18e ne sont pas étrangers à l'implantation de l'actuel maire de Paris, Daniel Vaillant, Lionel Jospin et Claude Estier (surnommés, la bande du XVIIIe!). Mis à part le 13e, ce sont les arrondissements qui avaient basculés à gauche lors des municipales de 1995, à l'exception du 10e. Dans les 2, 4, 10, 12 et 14e, la droite l'emporte, mais avec des majorités étriqués, montrant que la gauche n'était pas si loin de la majorité. Dans l'ouest, les larges majorités de droite sont sans appel. Petit rappel historique avant de revenir à nos moutons...

En 1981, alors que tous les département de la région IDF cèdent à la vague rose à l'exception des Yvelines, Paris échappe à la vague rose. Mais sur le papier, les 53,56 % de Giscard cache l'évolution électorale par arrondissement. Non seulement la gauche reste majoritaires dans les arrondissements où elle l'était déjà aux élections de 1974, puis 1977, mais elle parvient à étaler son assise électorale.

Par arrondissement (Il me manque certains résultats):

Arrondissement/Giscard/Mitterrand

1 Droite majoritaire à plus de 55 %
2 Droite Majoritaire entre 50 et 55 %
3 Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
4 Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
5/ 18134 (51,90 %)/16803 (48,10 %)
6/ 16509 (62,09 %)/10080 (37,91 %)
7/ 23411 (71,05 %)/ 9538 (28,95 %)
8/ 15619 (72,45 %)/ 5940 (27,55 %)
9/ 16633 (57,91 %)/12091 (42,09 %)
10/18184 (47,84 %)/19825 (52,16 %)
11/29197 (45,51 %)/34952 (54,49 %)
12/33971 (50,24 %)/33651 (49,76 %)
13/32426 (42,14 %)/44514 (57,86 %)
14/38127 (48,64 %)/40263 (51,36 %)
15/63878 (56,69 %)/48800 (43,31 %)
16/65422 (76,58 %)/20010 (23,42 %)
17/Droite majoritaire à plus de 60 %
18/Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
19/Gauche majoritaire à plus de 55 % (Score le plus élevé pour la gauche)
20/Gauche majoritaire à plus de 55 %

Comme toujours depuis 1974, la droite dépasse les 70 % dans les arrondissements les plus cossus (7, 8 et 16e) et les 60 % dans les 6e et 17e. Enfin, elle confirme sans enracinement dans les 9e et 15e en dépassant ici les 55 %.

Sans surprise, la gauche dépasse les 55 % dans les 13e, 19e et 20e, là où elle les dépassait déjà en 1977 et était majoritaire en 1974. Elle dépasse aussi les 54 % sur le 11e (et sans doute le 3e?). Autre remarque: La gauche ne dépasse nulle part les 60 %, quand elle le fait en 2007 dans les 10e, 11e, 18e, 19e et 20e...

La nouveauté réside que la gauche devient majoritaire dans d'autres arrondissements. Elle atteint les 2e, 4e, 10e et 14e arrondissements voisins de ceux où elle est majoritaire depuis 1977, ce qui ne s'était pas encore produit depuis 1974.

La droite sauve in extremis sa majorité de quelques centaines de voix dans le 12e et passe sous la barre des 52 % dans le 5e.

Curieusement, mis à part le 9e secteur où la gauche a beaucoup progressé et le 5e toujours dans les mains de la droite, les arrondissements de l'est donnant une majorité faible à droite ou faible à forte pour la gauche sont les arrondissements que la gauche possède depuis les municipales de 2001.

Quand on compare le suffrages obtenus, on constate que la droite a perdu près de 60 000 voix par rapport à 1974, alors que la gauche n'en gagne que presque 15 000. La raison principale réside qu'à cette époque, Paris perd des habitants ce qui explique la diminution du nombre de votants. La droite semble être la principale victime de ce dépeuplement quand la gauche ne progresse que faiblement.

Cette élection de 1981 semble même préfigurer les mutations géopolitiques de la capitale que le paysage politique national.

Si quelqu'un a des résultats encore plus précis et/ou ceux qui me manque ou bien encore des remarques et commentaires à ajouter, ils sont les bienvenues ici...
Sommar
 
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Re: Elections de 1981

Messagede Zimmer » Lun 30 Mai 2011 00:17

Sommar a écrit:Si quelqu'un a des résultats encore plus précis et/ou ceux qui me manque


Par arrondissement (Il me manque certains résultats):

Arrondissement/Giscard/Mitterrand

1 Droite majoritaire à plus de 55 %
5 729 (58,53 %)/4 059 (41,46 %)
2 Droite Majoritaire entre 50 et 55 %
5 021 (50,30 %)/4 960 (49,69 %)
3 Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
7 548 (45,43 %)/9 065 (54,56 %)
4 Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
8 529 (49,61 %)/8 662 (50,38 %)
5/ 18134 (51,90 %)/16803 (48,10 %)
6/ 16509 (62,09 %)/10080 (37,91 %)
7/ 23411 (71,05 %)/ 9538 (28,95 %)
8/ 15619 (72,45 %)/ 5940 (27,55 %)
9/ 16633 (57,91 %)/12091 (42,09 %)
10/18184 (47,84 %)/19825 (52,16 %)
11/29197 (45,51 %)/34952 (54,49 %)
12/33971 (50,24 %)/33651 (49,76 %)
34 027 (50,31 %)/33 595 (49,68 %)
13/32426 (42,14 %)/44514 (57,86 %)
32 363 (42,06 %)/44 574 (57,93 %)
14/38127 (48,64 %)/40263 (51,36 %)
32 942 (49,48 %)/33 622 (50,51 %)
15/63878 (56,69 %)/48800 (43,31 %)
16/65422 (76,58 %)/20010 (23,42 %)
17/Droite majoritaire à plus de 60 %
51 741 (62,76 %)/30 695 (37,23 %)
18/Gauche Majoritaire entre 50 et 55 %
41 190 (47,46 %)/45 590 (52,53 %)
19/Gauche majoritaire à plus de 55 % (Score le plus élevé pour la gauche)
26 994 (41,91 %)/37 409 (58,08 %)
20/Gauche majoritaire à plus de 55 %
31 904 (43,09 %)/42 124 (56,90 %)

Source : Le Monde daté du 12 mai 1981
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Elections de 1981

Messagede vudeloin » Jeu 2 Juin 2011 11:19

Parce qu'il faut bien en passer par là, nous allons regarder maintenant le cas de Paris et de la région Ile de France.
Pour nous donner un peu de profondeur, nous allons remonter dans le temps avant 1981, et nous retrouver notamment en 1971, lors des élections municipales.
Celles de Paris, en l'occurrence, vont nous intéresser directement.

Ce sont des élections pour désigner les membres du conseil de Paris qui sont aussi les seuls élus du conseil général de la Seine puisque, entre 1965 et 1971, la grande affaire a été la disparition de la Seine telle que nous la connaissions jusqu'alors et l'émergence d'un Conseil limité à la seule capitale intra muros.

Pour autant, comme elle n'élit pas encore son maire, c'est donc une élection un peu hybride qui se déroule dans le Paris de 1971.

Mais cette élection présente d'autres intérêts : le premier, c'est celui de concerner l'électorat d'une ville, la capitale de la France, qui est l'objet depuis plusieurs années d'un profond remodelage, marqué singulièrement par la baisse régulière du nombre des électeurs inscrits, quelque soit l'arrondissement ou le secteur.

Les opérations de rénovation urbaine, la spéculation foncière et immobilière conduisent en effet à une mutation importante de la situation des résidents, affectant directement l'importance et la «  longueur «  des listes électorales et, singulièrement, les résultats de l'opposition de gauche.

Une bonne partie de l'électorat de gauche ou présumé tel est relogée en banlieue où il va d'ailleurs constituer le substrat de l'électorat de gauche des communes en développement et conduire aux mutations politiques qui vont affecter, par exemple, le Val d'Oise ou l'Essonne, les nouvelles générations d'électeurs communistes ou socialistes rencontrant bien souvent des électorats plus anciennement constitués de même obédience.

Autre aspect clé de ces élections 1971 : la droite a fait une croix sur ses divisions internes et gaullistes d'un côté, centristes et indépendants de l'autre, ont renforcé leurs accords électoraux et partent unis dans plusieurs secteurs.
La vague gaulliste de 1968 ( nous en reparlerons ) donne d'ailleurs à l'UDR la primauté au sein de la droite parisienne.

Enfin, le Conseil de Paris compte 90 élus, répartis sur 14 secteurs, légèrement différents d'aujourd'hui puisque les quatre premiers arrondissements constituent le premier, les six suivants trois secteurs de plus, en étant regroupés par paires, et les dix derniers ( du 11e au 20e ) étant chacun érigé en secteur.

La gauche est minoritaire dans le Conseil de Paris, mais dispose tout de même de 38 élus sur 90, en tenant le 1er secteur, comme les 11e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements.

Prenons donc les résultats de cette consultation par arrondissement.

Dans le 1er, la liste de gauche obtient au premier tour 2 010 voix, celle du PSU 584, la liste centriste 1 465 voix, la liste de droite UNR – indépendants 4 020 voix et une liste Ordre Nouveau 263 suffrages.
Peu de votants avec 8 342 exprimés sur 17 747 inscrits.

Au second tour, la liste de droite l'emporte avec 4 951 voix contre 3 027 pour la liste de gauche.

Dans le 2e arrondissement, la participation n'est guère plus forte avec 8 744 exprimés sur 17 840 inscrits.
La liste de gauche atteint 2 492 voix, la liste du PSU 646, la liste centriste 1 504 voix, la liste UDR indépendants 3 826 voix et Ordre Nouveau 276 voix.

Lors du renouvellement 1965 du Conseil de Paris, la liste de gauche avait gagné de 98 voix sur la liste de droite et de plus de 2 000 voix dans le 3e arrondissement voisin.

Au second tour 1971, la droite l'emporte avec 4 883 voix contre 3 705 voix à la gauche, dans un arrondissement ayant perdu quatre mille inscrits en six ans et près de cinq mille électeurs de moins en termes de suffrages exprimés.

Dans le 3e arrondissement, on compte 5 700 électeurs inscrits en moins en six ans et le nombre des suffrages exprimés baisse de plus de 7 000.

La gauche, très en tête en 1965, tombe à 5 027 voix et 1 013 voix pour la liste PSU.
Les centristes obtiennent 2 097 voix et la droite 5 862.

La droite l'emporte au second tour avec 7 395 voix contre 6 770 voix à gauche.

Dans le 4e arrondissement, on compte là encore 4 700 électeurs de moins et le nombre des exprimés baisse de plus de 6 700.

La gauche réalise 4 303 voix, le PSU 1 136 voix, le centre 2 633 voix et la droite 6 135 voix, Ordre nouveau 481 voix.

Le second tour confirme le succès de la droite 7 805 voix et la gauche 6 296 voix, alors que celle ci avait gagné de 313 voix en 1965.

Les quatre premiers arrondissements parisiens, constituant le premier secteur municipal, élut en 1965 sept élus de gauche ( parmi lesquels l'avocat et futur sénateur communiste Charles Lederman ), mais sept élus de droite en 1971 dont Pierre Charles Krieg, Jacques Dominati et Jean Legaret.

Le second secteur composé des 5e et 6e arrondissement, est plus favorable à la droite.

Il n'échappe pas au processus de réduction du nombre des électeurs puisque le 5e comptait 57 800 électeurs en 1965 et un peu plus de 49 600 en 1971 tandis que le 6e est passé de 47 800 à 39 850 électeurs environ.

Cette évolution à la baisse affecte le nombre des votants, en chute de 8 000 électeurs dans le 5e, et le score de la gauche.
La liste de gauche obtient en effet 6 067 voix, contre près de 11 000 en 1965, le PSU 1 924 voix, les centristes 2 559, les divers droite 1 812, la liste d'Ordre Nouveau 661 et une liste diverse 15 voix.
La liste de la droite parisienne arrive en tête avec 11 291 voix sur 24 329 exprimés et doit donc à la dissidence à droite de ne pas l'emporter au premier tour.
Cette liste perd d'ailleurs 3 000 voix sur 1965 mais elle est élue sans difficulté majeure au second tour avec 14 124 voix contre 9 186 voix à la liste de gauche.
Elle est d'autant plus élue que la situation de la gauche dans le 6e arrondissement est pour le moins difficile.
En effet, la liste de gauche n'obtient que 3 614 voix sur 20 988 exprimés le PSU 1 442 ( on n'est pas pour rien dans le quartier Latin ), le centre 3 006, les divers droite 1 883, la liste diverse 13 ( Ferdinand Lop ? ), la liste Ordre Nouveau 579 et la liste de la droite unie 10 453.
C'est à dire qu'à 42 voix près dans l'arrondissement et 874 voix dans le 5e, la droite a failli l'emporter dès le premier tour.

Le second tour est une formalité pour la droite qui complète son succès dans le 5e en obtenant 12 972 voix dans l'arrondissement contre 6 082 voxi à la liste de gauche.

La droite parisienne célèbre alors, si l'on peut dire, ses élus comme Pierre Bas, Jean Tibéri, François Collet ou Roger Romani.
Les deux premiers seront députés pour un long bail et les deux autres, dont l'un est décédé, furent aussi Sénateurs.
A noter d'ailleurs que Roger Romani termine cette année son mandat sénatorial.

Dans le secteur constitué par les 7e et 8e arrondissements, le match a lieu au sein de la droite entre le «  centre «  mené entre autres par le député indépendant Frédéric Dupont (nous avons déjà dit ce qu'il en avait été de ses positionnements politiques antérieurs ) et la droite gaulliste.

Dans le 7e, la liste de Frédéric Dupont arrive en tête avec 13 312 voix contre 8 979 pour l'autre liste de droite, la gauche jouant la figuration avec 3 204 voix pour la liste d'union démocratique et 1 375 voix pour la liste PSU.
Dans le 8e, la liste des indépendants obtient 6 910 voix, contre 6 489 voix pour la liste UNR, tandis que la gauche parvient à faire 2 125 voix, le PSU 830 et Ordre Nouveau 511.

Le second tour consacre la victoire de liste Frédéric Dupont, victorieuse dans le 8e avec 8 199 voix contre 6 536 voix à l'UNR et 2 077 voix à gauche, tandis que le 7e lui donne nettement la majorité absolue avec 15 355 voix contre 9 158 voix pour l'UNR et 3 103 voix pour la gauche.
Et les anciens du CNI, plus quelques MRP recyclés constituent les élus de ce secteur très attaché à la droite que constituent ces deux arrondissements bourgeois...

Dans le secteur couvert par les 9e et 10e arrondissements, les évolutions électorales sont sensibles.
Dans le 9e, la population électorale est passée de 52 300 à 44 900 inscrits, et celle du 10e de 67 000 à 59 000 électeurs.

En 1965, le 9e a placé la liste UNR nettement en tête au premier tour tandis que le 10e avait placé la gauche en tête.
La droite l'avait donc emporté grâce à la Chaussée d'Antin et au quartier Saint Georges plus qu'avec le soutien des voisins de la gare du Nord...

En 1971, la liste de droite arrive en tête dans le 9e, en réalisant 12 285 voix sur 23 373 exprimés ( un peu plus de 50 % des inscrits ), laissant la gauche avec 4 609 voix, le PSU avec 1 396, le centre avec 4 418 et Ordre Nouveau avec 665.

La chute du nombre des exprimés ( 8 000 de moins environ en 6 ans ) explique une grande part du succès de la droite.

Dans le 10e, la situation crée le ballottage avec 13 603 voix pour la liste UDR, 10 236 pour la liste de gauche, 1 791 pour le PSU, 4 952 pour le centre et 948 pour Ordre Nouveau.

Sur le secteur, la gauche est donc à 14 845 voix, le PSU à 3 187, le centre à 9 370, Ordre Nouveau à 1 613 et la liste UDR à 25 888 suffrages.

Le second tour est une formalité pour l'UDR qui l'emporte dans le 9e avec 14 358 voix contre 7 408 voix pour la gauche et dans le 10e avec 16 919 voix contre 13 415 suffrages, soit un total de 31 277 voix contre 20 823 qui ne souffre d'aucune contestation.

Et la liste, menée par Gabriel Kaspereit et Claude Gérard Marcus, est élue en totalité, comme le veut la loi électorale alors.

La gauche va conserver ses cinq arrondissements de 1965.
Nous n'allons pas entrer dans les détails de chaque situation mais quelques points encore.

La baisse du nombre des inscrits affecte tous les arrondissements.

Moins 12 000 électeurs dans le 11e, où la gauche victorieuse avec 4 638 voix d'avance en 1965, l'emporte avec 27 031 voix contre 25 894 voix pour l'UDR en 1971.

Moins 9 400 électeurs dans le 12e, où la droite UNR, victorieuse à la majorité relative en 1965 avec 5 622 voix d'avance sur la liste de gauche, gagne en 1971 avec 28 345 voix contre 19 967 suffrages.

Moins 3 400 électeurs dans le 13e, où la gauche, victorieuse de 4 379 voix en 1965, l'emporte de 2 608 suffrages en 1971, après avoir été mise en minorité au premier.

Moins 11 700 électeurs dans le 14e, où la liste UNR de 1965 l'avait emporté de 2 948 voix, à la majorité relative, mais où la liste UDR gagne par 27 508 voix contre 21 242 au second tour de 1971.

Moins 13 000 électeurs dans le 15e, où la liste UNR, élue à la majorité relative en 1965 ( 44 086 voix sur 92 967 exprimés ), est suivie par la liste UDR de 1971 qui fait 43 008 voix contre 28 617 suffrages à gauche.

La fermeture de l'usine de Citroen Javel et celle des abattoirs de Vaugirard commencent à faire sentir leurs effets.

Moins 10 500 électeurs dans le 16e, où la gauche peine à faire 10 % des voix ( 5 918 voix sur 58 911 exprimés au premier tour ) et où la lutte entre les indépendants et le centre d'un canton et l'UDR de l'autre trouve un nouveau tour.
La liste du «  centre «  fait 21 862 voix au premier tour et la liste gaulliste 25 093 voix.
Le second tour voit le succès des «  centristes «  ( Mesmin, Gantier entre autres ) avec 29 041 voix contre 27 836 pour la liste gaulliste.
Une liste divers droite ( la liste Antier, dont peut être quelques uns arriveront à nous dire de qui il s'agit exactement ) et la liste Ordre Nouveau ont sans doute contribué, dans leurs reports, au succès des centristes...

Moins 12 000 inscrits dans le 17e, où la grande affaire est le ralliement de Bernard Lafay aux gaullistes et le fait que la liste UDR l'emporte nettement au second tour avec 34 044 voix, contre 13 200 à la liste «  centriste «  et 14 172 voix pour la liste de gauche.

Moins 15 000 inscrits dans le 18e, où la gauche, élue à la majorité absolue en 1965 ( 44 148 voix contre 41 987 voix à droite ), est élue à la majorité relative en 1971.
Au second tour, la gauche fait 32 313 voix, le centre 9 000 et la liste UDR 30 897 voix.
On peut présumer que le score ait été différent selon que l'on soit à la Goutte d'Or ou rue Lamarck ou avenue Junot...

Moins 11 000 inscrits dans le 19e, où l'électorat manifeste une certaine stabilité.
La gauche élue avec 1 848 voix d'avance en 1965, confirme son succès avec 22 678 voix contre 19 894 voix pour la liste UDR.

Le premier tour a cependant mis la gauche en minorité dans cet arrondissement où la rénovation urbaine passe tout de même par la réalisation d'un certain nombre de grands ensembles locatifs sociaux...

Enfin, moins 9 000 électeurs dans le 20e, où la gauche, victorieuse de 1 380 voix en 1965, l'emporte avec 29 413 voix contre 27 637 voix pour la liste UDR.

Sur l'ensemble de la capitale, les données sont claires.

Le nombre des électeurs s'est réduit en six ans, passant de 1 553 870 en 1965 à 1 382 482 en 1971, soit une chute supérieure à 10 % du corps électoral.

Au premier tour, on passe de 987 641 exprimés à 751 197, soit une chute plus importante encore, fondée sur une participation passant de 69 à 56 %.

La gauche obtient 213 973 voix sur les listes PCF PS, soit 28,5 % et le PSU et ses alliés 47 331, soit 6,3 %.
Les listes de gauche, avec ce score, restent proches des 35 % de 1965.

Les listes centristes, en partie composées autrement, obtiennent 140 660 voix et 18,7 % des voix.
Elles décrochent 13 élus, ceux du secteur 7e-8e et ceux du 16e arrondissement.
C'est en fait la vieille droite parisienne antigaulliste et pour tout dire, en grande partie, pétainiste pendant la guerre qui se retrouve sous cette étiquette.

Elle a digéré l'extrême droite, puisque les listes Ordre Nouveau, qui font 19 307 voix, et 2,5 %, n'ont pas eu le résultat des listes Tixier Vignancour de 1965 qui avaient réalisé plus de 9 % des suffrages.

Enfin les listes UDR en partie élargies à d'autres candidats de droite ( radicaux notamment ) ont fait 322 979 voix et 43,1 %.
De trois points d'avance sur la gauche en 1965, le parti gaulliste et ses alliés est passé à près de 15 points d'avance au premier tour.

Il confirme sa puissance et sa présence dans la capitale, enlevant notamment le premier secteur resté à gauche en 1965, et traduit aussi son implantation électorale issue des législatives de 1968 où le groupe UDR a raflé 29 des 31 sièges de député, ne laissant que le siège de la deuxième circonscription à Jacques Dominati et un des sièges du 16e au général Stehlin.

Mais il y a parfois peu de distance du sommet à la chute et 1973 marque une première inflexion dans cette suprématie de la droite à Paris.

La gauche est unie depuis la signature du Programme Commun et même si les municipales parisiennes avaient déjà constitué une longue habitude de ce point de vue, c'est là un facteur essentiel de la campagne de 1973.

De plus, quelques affaires commencent à préoccuper l'actualité et le député André Rives Henrys de Lavaysse, élu du 19e est contraint à la démission, après son implication dans un scandale financier, celui de la Garantie Foncière, dont il est le Président et dont il s'avère qu'elle sert de paravent à des opérations douteuses sur transactions immobilières.
Pour tout dire, la Garantie fait acheter des biens par des marchands de biens qui attirent des épargnants pour monter des opérations dont le rendement dépend évidemment de la revente, dans les deux années suivant l'achat, du bien au meilleur prix d'un marché immobilier que ce type de montages pousse évidemment à la hausse.

Le problème, c'est que cela ne marche pas à tous les coups et qu'une bonne partie des plus values sur les opérations réalisées sert, apparemment, à alimenter la caisse de l'UDR.

Comme on est, de plus, au tournant des années 70, au moment où l'on va démonter les Halles pour les installer à Rungis et le bâti principal devenir le pavillon Baltard à Nogent, que les abattoirs de la Villette font l'objet d'une intense opération immobilière et qu'on continue à détruire les pavillons ouvriers, les jardins et les usines de la Défense pour étendre le quartier d'affaires, on mesure très vite les larges possibilités de transactions offertes...

Le problème, de fait, est que la Garantie Foncière a fait de la cavalerie : elle sollicite de l'argent par appel à l'épargne publique, et s'engage dans des opérations de plus en plus douteuses, de locations de locaux inoccupés comme d'achat d'immeubles dont la rentabilité n'est pas assurée...
Le tout en continuant à assurer à ses dirigeants un confort personnel important et à permettre le financement occulte du parti au pouvoir.

20 000 personnes, à l'automne 71, défileront dans les rues de Paris pour exiger toute la lumière sur l'affaire...

Au demeurant, la forme sociale de la Garantie Foncière existe encore : il s'agit des sociétés civiles de placement immobilier, ou sociétés de «  pierre papier «  qui ont toujours un grand rôle dans les opérations immobilières aujourd'hui et bénéficient d'ailleurs d'un régime fiscal propre et plutôt avantageux.

Les années 70 à 73 sont donc marquees à la fois par cette lente forme de «  pourrissement «  du régime politique en place et par l'émergence d'une gauche enfin unie, susceptible d'incarner une alternative.

Les élections de mars 1973 traduisent clairement une première évolution, puisque 7 des 31 sièges parisiens vont échapper à la droite, et tomber, de fait, dans l'escarcelle du groupe communiste qui réalise, sur Paris, une part non négligeable de ses gains ( passé de 33 à 73 élus ) de l'époque.
Le PCF est d'ailleurs présent, au second tour, dans 17 circonscriptions parisiennes, tandis que le PS ne paricipe au second tour que dans 7 circonscriptions, sans parvenir à obtenir le moindre élu.

Les candidats communistes sont élus dans le 11e arrondissement ( quartiers Roquette, Sainte Marguerite ) avec Jacques Chambaz qui emporte une triangulaire en réalisant 17 821 voix contre 16 794 au sortant de droite Claude Martin et 4 533 au réformateur Pierre Bion.

Le 11e, qui a voté à gauche aux municipales, élit aussi dans la circonscription Folie Méricourt Saint Ambroise le candidat UDR sortant André Fanton, victorieux avec 14 418 voix du candidat communiste Roger Trugnan, ancien du comité de Libération de Paris et de la MOI – FTP, qui n'a pu obtenir le soutien que de 12 951 électeurs.

Autre succès du PCF, celui de Gisèle Moreau dans le 13e arrondissement, quartiers Salpêtrière, Gare, où la candidate communiste obtient au second tour 15 736 voix contre 13 286 au candidat de droite Jean Claude Martin.

Le député sortant, Henri Modiano, s'est représenté comme non inscrit et a été nettement battu.

Dans l'autre circonscription du 13e ( Croulebarbe, Maison Blanche ), le candidat de droite Hubert Germain, alors ministre des PTT, est réélu de peu avec 18 146 voix, avec 14 voix d''avance sur le candidat PCF qui obtient 18 132 suffrages !
296 voix se sont perdues sur un candidat réformateur.

Le PCF gagne aussi le siège de La Chapelle La Goutte d'Or et partie Clignancourt ( pour dire les choses plus vite, Barbès et la partie du XVIIIe proche des voies ferrées de Paris Nord ) avec Louis Baillot qui emporte 13 964 voix contre 12 062 voix pour Jean Pierre Pierre Bloch, fils de Pierre Bloch ( dirigeant alors de la LICRA ) et qui sert alors d'impresario à Johnny Hallyday...
Jean Pierre Pierre Bloch s'est présenté comme radical et s'est maintenu au second tour, alors qu'il avait été devancé par le gaulliste Jean Bernasconi.

Celui ci ne fait que 947 voix au second tour.

Peut être que l'un de nos lecteurs pourra nous dire si la candidature Pierre Bloch n'a pas fait l'objet d'une forme de marchandage entre gaullistes et centristes...

Sur les deux autres sièges, découpés sur le versant Ouest Nord Ouest de la Butte Montmatre et sur son versant Sud Est, la droite est réélue.

Roger Chinaud, républicain indépendant, l'emporte avec 18 147 voix contre 17 400 pour Claude Estier, le candidat PS, qui sera plus tard député et plus encore Sénateur de Paris et président du groupe socialiste au Sénat.
( d'ailleurs Roger Chinaud sera aussi sénateur et vivra amèrement son éviction en 2004 ).

Et Joel Le Tac, gagne encore le siège du Sacré Coeur et des boulevards avec 15 568 voix contre 11 987 au candidat communiste Jean Wloszowcki dit Jean Wlos et 12 voix perdues sur un candidat CNI.

Les lecteurs auront remarqué que la droite se trouve majoritaire dans le 18e si l'on fait la somme des trois sièges de député et des voix obtenues.

Le PCF gagne par contre les deux sièges du 19e et les deux sièges du 20e.

Dans le 19e, le siège découpé sur les quartiers Combat et partie du quartier de la Villette ( en gros autour de la rotonde de Stalingrad, notamment ), donne 13 704 voix à Henri Fiszbin contre 12 884 au sortant de droite et 16 voix pour le réformateur au second tour.

La victoire est plus nette sur le siège Amérique, Pont de Flandre et partie Villette où Paul Laurent, l'un des dirigeants importants du PCF à l'époque ( le père de Pierre Laurent, l'actuel secrétaire national du Parti ) réalise 15 566 voix contre 13 474 au gaulliste Pierre Dabezies.
20 voix vont au second tour sur un candidat CNI...

Dans le 20e, le jeune informaticien Daniel Dalbera est élu sur le siège de Belleville Saint Fargeau, avec 15 351 voix contre 14 566 pour le sortant gaulliste et 21 voix pour un réformateur.
Et sur le siège de Charonne Père Lachaise, Lucien Villa, ancien député, est élu avec 21 559 voix contre 20 274 au candidat gaulliste contre 499 au réformateur au second tour.
La gauche a donc sept élus, tous membres du PCF, mais n'apparaît finalement majoritaire que dans trois arrondissements ( 13e, 19e, 20e ).

La suite au prochain numéro...
vudeloin
 
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Ven 3 Juin 2011 02:24

Pour ne pas laisser le lecteur sur sa faim, poursuite de notre visite des élections législatives sur Paris.

Traitons tout d'abord le cas des arrondissements et sièges où le PCF s'est retrouvé au second tour face au candidat de droite sans pouvoir l'emporter, même si nous en avons déjà vu trace dans le 11e arrondissement, avec Roger Trugnan, dans le 13e avec A. Réau ou dans le 18e avec Jean Wlos.

On trouve ainsi, dans une triangulaire un candidat PCF dans la 1ere circonscription, celle couvrant les 1er et 4e arrondissements.

Au premier tour, Eddy Kenig fait 5 219 voix sur 30 981 exprimés, dans une élection menée par Pierre Charles Krieg (UDR), 9 913 voix, devant Yves Galland, candidat réformateur radical, 6 112 voix.
Le candidat PS atteint 5 119 voix ( 100 voix derrière le candidat PCF ), celui du PSU 1 854, deux divers droite 1 547 et 276 voix et le candidat du FN 940.

Près de 4 000 électeurs, notons le, ont encore disparu du total des électeurs de la circonscription depuis les municipales de 1971.

Yves Galland se retire au second tour, de fait, sans doute pour éviter que le candidat communiste, capitalisant les voix de gauche, ne soit élu en triangulaire face au sortant UDR ( est ce là la raison du retrait de Bernasconi dans le XVIIIe ? ) et Pierre Charles Krieg l'emporte au second tour avec 16 978 voix contre 12 113 voix au candidat PCF, 64 bulletins restant libellés Galland.

Le candidat PCF gagne d'ailleurs 3 000 voix environ sur le score de la gauche aux municipales sur le secteur.

Un autre candidat communiste  va échouer, au second tour, contre Jacques Dominati, dans la circonscription couvrant les 2e et 3e arrondissements.

Entre Bourse et Sentier, les candidats de gauche obtiennent un résultat intéressant au premier tour.

Le candidat PCF, Hervé Ropert, réalise 5 989 voix, le candidat PS 5 287, celui du PSU 1 308 et celui ( ou celle ) de LO 685.
Un candidat du Front Progressiste ( gaullistes de gauche ) ferme la marche avec 142 voix.

A droite, Jacques Dominati est en tête avec 11 758 voix, tandis que le candidat réformateur atteint 4 194 voix, des divers droite 729 et 157 voix et le candidat FN 712.

On compte donc au total 30 961 bulletins valides, sur un siège dont le nombre des inscrits s'est encore tassé de plus de 4 500 électeurs depuis les municipales de 1971.

Le retrait automatique du candidat réformateur qui manque à une voix près de dépasser les 10 % des inscrits (!), barrière alors retenue pour la qualification au second tour laisse donc Dominati en bonne position pour le second tour.
Droite et centre disposent de 17 590 voix et la gauche de seulement 13 371, soit plus de 4 000 voix de débours.

Le second tour confirme le succès de Dominati, réélu avec 16 921 voix ( il lui en manque tout de même plus de 600 ) face aux 12 690 voix du candidat communiste ( décote d'autant ).

Aux municipales de 1971, la gauche avait perdu de 1 178 voix dans le 2e arrondissement et de 625 dans le 3e, où l'élément juif résistant et ouvrier disposait encore de quelque influence.

Le candidat suivant, si l'on peut dire, c'est Alain Lhostis, dans le 10e arrondissement qui constitue, à lui seul, la 8e circonscription de Paris.

C'est le gaulliste Claude Gérard Marcus qui est réélu sur ce siège.
Au premier tour, on constate tout d'abord que l'arrondissement a encore perdu 3 700 inscrits sur les municipales de 1971.

Marcus arrive en tête avec 15 095 sur 42 375 exprimés ( je vous laisse le bonheur des calculs ), devant Alain Lhostis, 8 389 suffrages, le candidat PS 7 727 voix, celui du CNI 6 209 voix.
A gauche, le PSU, avec 1 421 voix, LO avec 998 suffrages et le Front Progressiste 205 voix complètent le tableau.
A droite, trois divers font 912, 191 et 160 voix et le candidat FN atteint 1 068 suffrages.

( on notera que cette élection est la première pour laquelle le Front National présente des candidats, notamment parce qu'Ordre Nouveau, sa vitrine activiste, ne peut décemment être présentée de nouveau aux élections et sera d'ailleurs interdit en juin 1973, comme la Ligue Communiste, suite à de sérieux incidents au terme d'une manifestation anti raciste ).

Marcus l'emporte au second tour face à Lhostis en obtenant 22 714 voix contre 17 268 suffrages au candidat communiste.
Celui ci, ami de jeunesse de Robert Hue, sera, dans la municipalité Delanoê, adjoint au Maire, élu du Xe arrondissement et, surtout, Président du Conseil d'Administration de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris, c'est à dire tout sauf une sinécure !

Au regard des municipales, Lhostis fait 3 853 voix de plus que la liste de gauche et Marcus gagne 5 795 voix.

Georges Heckli, candidat PCF, est battu dans la 12e circonscription qui couvre les quartiers de Bercy, des Quinze Vingts et une partie de Picpus.

Dans ce siège, découpé dans le vieux Paris révolutionnaire du Faubourg Saint Antoine, le candidat sortant et réélu est Pierre Guillain de Bénouville, alors soutenu par l'UDR mais attaché à cette époque aux républicains indépendants.

Au premier tour, Bénouville obtient 11 999 voix, devant le candidat communiste, 6 421 voix et le candidat PS 5 285.
Un candidat radical, pour le Mouvement réformateur, réalise 3 738 voix et ne peut se qualifier pour le second tour pour 108 suffrages manquants.

A gauche, le PSU (1 115 voix) et LO (568 voix) complètent le tableau qui est aussi occupé, à droite par un divers (282 voix) et le FN (1 064 suffrages).

Guillain de Bénouville l'emporte au second tour avec 16 429 voix contre 12 792 au candidat communiste.

Dans l'autre siège de l'arrondissement, l'ancien ministre Roger Frey est réélu.

Au premier tour, il a obtenu 14 984 voix, devançant le candidat PS, Jacques Tanguy, 6 598 suffrages, le candidat communiste 5 845 voix et le réformateur 5 250.
L'ancien commissaire de police Jean Dides, qui fut député poujadiste, obtient 1 866 voix, le Front National 667.

A gauche, le PSU réalise 1 724 voix, un candidat de la Ligue Communiste 457 voix et Jacques Debû Bridel, pour le Front Progressiste, 236.

L'élection de Roger Frey, ministre de l'Intérieur un certain 17 octobre 1961, est nette au second tour : 20 542 voix contre 15 888 suffrages au candidat socialiste.

Sur l'ensemble de l'arrondissement, on compte près de 3 000 électeurs de moins sur les municipales de mars 1971, le PCF garde une petite avance sur le PS et les résultats globaux traduisent les tendances suivantes.

Les deux candidats de gauche rassemblent 28 680 voix au lieu de 19 967 aux municipales et les candidats de droite 36 971 voix au lieu de 28 345 aux municipales.

C'est à dire que la hausse sensible de la participation n'a pas, dans cet arrondissement pourtant acquis à la droite, creusé l'écart de manière significative ( 8 378 voix en 1971, 8 291 en 1973 ).

Autre siège sur lequel une candidate PCF a été battue en 1973, celui de la 16e circonscription, couvrant le quartier Plaisance dans le 14e arrondissement.

Sur ce secteur, le député est Christian Lunet de la Malène et il bat au second tour Rolande Perlican.

Celle ci, longtemps responsable communiste sur Paris, sera un temps sénatrice du département, dans les années 80, avant de se consacrer à une tâche de promotion des cadres communistes et de connaître, ces dernières années, quelques difficultés avec l'organisation qui la conduiront à animer les listes dissidentes «  Communistes « aux régionales de 2010.

En 1973, au premier tour du quartier Plaisance, de la Malène fait 10 958 voix, Rolande Perlican 6 453, le candidat PS 5 691 et le candidat réformateur de service 3 343.

On compte 29 123 bulletins exprimés avec 546 voix de plus pour le candidat FN, ce qui met la droite et le centre à 14 747 voix et la gauche et les divers gauche à 14 376 suffrages, une candidature PSU faisant 1 200 voix, LO 730 et le Front Progressiste 202.

Au second tour, De La Malène l'emporte avec 15 182 voix contre 13 666 pour Rolande Perlican.

Dans l'autre circonscription du 14e arrondissement, structurée autour des quartiers du Parc Montsouris, du Petit Montrouge et de Montparnasse, la droite a fait une croix sur son député sortant, Michel de Grailly.

Celui ci, descendant d'une famille de la noblesse du pays de Gex, a été mêlé à un certain nombre « d'affaires «  de l'époque, notamment par sollicitation des services de milices d'extrême droite pour assurer la sécurité de ses campagnes électorales...

Il a été aussi l'objet d'un enlèvement dont on suppose qu'il a été commis par des militants de l'extrême gauche maoïste de l'époque.

De Grailly n'étant plus présentable, les gaullistes choisissent d'investir à sa place le centriste Eugène Petit dit Claudius Petit ( depuis ses activités dans la Résistance ), à l'époque député sortant de la Loire et, en l'espèce, de la circonscription de la vallée de l'Ondaine autour de Firminy.

Ce qui n'empêche De Grailly de se présenter, sous l'étiquette de «  Présence et action du gaullisme « .

Au premier tour, on compte 37 817 suffrages exprimés.

Claudius Petit, le parachuté, obtient 9 867 voix.
Il devance le candidat PS, Bernard Parmantier, 6 329 voix, le candidat PCF 5 497 voix.
Un candidat centriste réalise 4 798 voix, De Grailly 3 771 voix, le candidat du CNI, soutenu par les Réformateurs ( ce qui laisse songeur sur le sens donné à l'offre politique défendue par Jean Jacques Servan Schreiber ) 2 636 voix.
A gauche, le PSU réalise 2 273 voix et un candidat de la Ligue Communiste 672 suffrages.
A droite, le candidat du FN rassemble 1 974 voix, soit un peu plus de 5 %...
Son nom est assez connu puisqu'il s'agit de Jean Marie Le Pen.

Le second tour voit Claudius Petit battre sans difficulté le candidat PS avec 21 164 voix contre 16 045 voix.

Un candidat socialiste qui deviendra, en 1977, sénateur de Paris.

Sur l'ensemble du 14e arrondissement, la droite est largement devant.

Le nombre des inscrits s'est tassé d'environ 2 500 électeurs au regard des municipales de 1971.

Les deux candidats de droite obtiennent 36 346 voix et les deux candidats de gauche 29 711 voix.

Aux municipales, la droite avait capitalisé 27 508 voix et la gauche réalisé 21 242 suffrages, ce qui fait que l'écart global a peu bougé, passant de 6 266 à 6 735 voix.

En pourcentage, pour aider chacun à comprendre les faits, la gauche fait 45 % des voix en 1973 pour 43,6 % en 1971.

Autre arrondissement où des candidats communistes sont battus par des élus de droite, le 15e arrondissement.

Si les trois députés UDR sont réélus ( Jacques Marette sur Saint Lambert, Nicole de Hauteclocque sur Necker Enfants Malades et partie Grenelle et Claude Roux sur Javel et l'autre partie de Grenelle ), deux de leurs adversaires furent des candidats communistes et un un candidat socialiste.

Sur Saint Lambert, il s'agit de Jacqueline Furdygiel, tandis que Henri Derrien, ouvrier de l'Imprimerie Nationale, est candidat sur Javel Grenelle.
Enfin, un candidat socialiste, Jacques Peskine, est opposé au second tour face à Nicole de Hauteclocque.

Les trois sièges ont la particularité de proposer une triangulaire.

Sur Saint Lambert, Jacques Marette arrive en tête avec 16 239 voix, devnat le réformateur Pichard du Page, 8 047 voix, la candidate PCF 6 615 voix, une candidature radicale de gauche 6 465 voix.
A gauche, le PSU fait 2 424 voix et la Ligue Communiste 743.
A droite, le FN obtient 1 292 suffrages.

Sur Javel Grenelle, Claude Roux est en tête avec 13 288 voix, devant le réformateur Jarry 6 623 voix, Henri Derrien 6 114, le candidat PS 5 968, le candidat PSU 1 767, le candidat FN 943, LO 663 voix.

Sur le siège de Necker Grenelle, Nicole de Hauteclocque est en tête avec 11 979 voix, devant le réformateur Raffenel 5 734 voix, le candidat PS Peskine 4 360 voix, le candidat PCF 3 375 voix.
A gauche, le PSU obtient 1 483 voix et la Ligue Communiste 427.
A droite, le FN réalise 956 voix.

Au second tour, Jacques Marette gagne avec 23 073 voix, contre 15 766 voix pour la candidate communiste et 65 suffrages pour le candidat réformateur.

Claude Roux bat Henri Derrien en réalisant 19 231 voix contre 14 133, 489 voix restant acquises au candidat réformateur.

Enfin, Nicole de Hauteclocque l'emporte avec 14 169 voix, contre 9 296 au candidat PS et 4 713 pour le réformateur, qui s'est clairement maintenu.

Sur l'ensemble du 15e arrondissement, on compte, là encore, environ 3 000 électeurs de moins qu'en mars 1971.

La gauche, au second tour, fait 39 195 voix, contre 5 267 au centre et 56 473 voix pour la droite.

Au second tour des municipales 1971, la gauche avait fait 28 617 voix et la droite 43 008.
En clair, la gauche a progressé de 10 578 suffrages et la droite de 13 465 sur le printemps 71.

La droite, élue avec 60 % des voix aux municipales, capitalise encore 55,9 %, la perte de son influence trouvant son origine dans la présence des réformateurs au second tour.

Enfin, dernier arrondissement où un candidat communiste fut présent au second tour, le 17e.

Cet arrondissement contrasté compte trois députés alors.
Le premier est élu sur une circonscription découpée sur les Ternes et la Plaine Monceau, secteur le plus bourgeois de l'arrondissement, véritable copié collé du 8e et du 16e.
C'est le siège de Bernard Lafay.

Le second est élu sur une partie de la Plaine Monceau et une partie du quartier des Batignolles.
Ce secteur va élire Jean Franck de Préaumont.

Enfin, le troisième siège porte sur le reste du quartier des Batignolles et celui des Epinettes.
Le plus populaire de l'arrondissement, ancien siège de Prosper Môquet en 1936, le père du jeune Guy Môquet dont le nom a été laissé depuis à l'une des stations de la ligne 13 du métro et à une place de l'arrondissement.

C'est là que Louis Régulier, le candidat PCF, parvient à retrouver au second tour François Missoffe, le père de Françoise de Panafieu, liée par apparentements aux De Wendel...

C'est d'ailleurs le seul siège sur lequel la gauche parvient à se qualifier au second tour.

Sur le siège Ternes Monceau, Lafay arrive en tête avec 13 188 voix, contre 7 228 au candidat du Centre Démocrate Labat.
Le candidat PS fait 3 227 voix ( il en manque 259 pour être qualifié pour le second tour ), celui du PCF 1 834.
A gauche, LO fait 536 voix et le Front Progressiste 186.
A droite, le FN fait 771 voix et un divers droite 379.

Sur le siège Monceau Batignolles, De Préaumont arrive en tête avec 10 219 voix, devant le centriste Garson 7 946 voix, le candidat PS 3 718 voix ( il manque, là, 137 voix pour être qualifié au second tour ), le PCF 2 971 voix.
A gauche, un PSU fait 976 voix et LO 476.
A droite, un indépendant obtient 2 365 voix et le FN 706.

Enfin, sur le siège Epinettes Batignolles, François Missoffe est en tête avec 9 924 voix, devant Louis Régulier 5 966 voix, le réformateur Gehan 4 200, le PS 4 126.
A gauche, le PSU fait 1 072 voix et la Ligue Communiste 383.
A droite, trois divers font 808, 591 et 97 voix et le FN obtient 448 suffrages.

Au second tour, les trois candidats de droite sont élus.

Sur Ternes Monceau, Lafay obtient 14 925 voix contre 9 033 pour le candidat réformateur.
Sur Monceau Batignolles, De Préaumont obtient 13 513 voix contre 12 899 pour le candidat centriste, soit une victoire pour le moins faible.
Enfin, sur Epinettes Batignolles, Missoffe domine Régulier en capitalisant 14 724 voix contre 11 910 voix.
138 voix restent libellées Gehan.

La comparaison est évidemment difficile avec les municipales mais notons de tout même qu'on compte plus de 4 600 électeurs de moins qu'en mars 1971.

La gauche avait fait 14 172 voix et le centre 13 200, quand la droite faisait 34 044 voix.
Là, nous avons 11 910 voix de gauche au second tour, 22 070 voix centristes et 43 162 voix de droite.
Au premier tour, la gauche a fait 25 471 voix, les réformateurs 19 374 voix et les candidats de droite 40 130 voix.

C'est à dire que les choses ne sont pas aussi simples pour la droite qu'elles ont pu l'être deux ans avant...

Comme on le voit, restent désormais les secteurs où la gauche fut représentée par le PS au second tour ou absente, notamment dans les quartiers les plus huppés de la capitale, comme nous l'avons déjà vu avec le 17e arrondissement.

Dans le premier groupe, on trouve donc les circonscriptions constituées par les 5e, 6e et 9e arrondissements.

Dans le premier cas, l'heureux élu est connu puisqu'il s'agit de Jean Tibéri.

Il arrive en tête avec 13 689 voix, devant le candidat PS Louis Paul Letonturier, 5 269 voix, le candidat communiste 5 048 voix et le candidat réformateur 3 957 voix.
A gauche, le PSU fait 2 240 voix et la Ligue Communiste 670.
A droite, Georges Bidault, ancien Premier Ministre, fait 1 203 voix, un divers droite 976, un centre républicain 638 et le FN 626.

Tibéri est élu au second tour avec 19 051 voix contre 14 437 voix au candidat PS.

Il y a 5 000 électeurs de moins qu'en 1971 dans l'arrondissement, et la gauche passe de 9 186 à 14 437 voix quand la droite passe de 14 124 à 19 051 voix.

De fait, la gauche passe de 39,4 à 43,1 %...

Dans le 6e arrondissement, c'est Pierre Bas, maire de l'arrondissement plus tard, qui l'emporte avec 14 102 voix contre 8 433 voix pour la socialiste Cécile Goldet et 5 504 voix pour le réformateur Mathieu.

Au premier tour, Cécile Goldet fait 3 948 voix ( juste 41 voix au dessus de la barre des 10 % des inscrits ), le candidat PCF 2 832 voix et les candidats d'extrême gauche et divers gauche 2 085.
A droite, Pierre Bas fait 10 845 voix, le candidat réformateur 5 349 suffrages, et les divers droite 3 265 voix dont 582 pour le FN.

La gauche gagne 2 351 voix sur les municipales, quand la droite ne gagne que 1 030 voix.
La candidate socialiste fait 30,1 % là où la gauche, sans présence des réformateurs, faisait 31,9 % aux municipales.

Dans le 9e arrondissement, Gabriel Kaspereit est réélu, après avoir obtenu 12 834 voix au premier tour, en capitalisant 15 636 suffrages sur 31 919 exprimés.

Cette victoire à la majorité relative, elle la doit au score du candidat PS, Michel Garnier Thenon, 9 966 voix et à la performance du réformateur Jean Claude Briffault dit Chatriot, 6 317 voix.

Un candidat dont nous retrouverons la trace dans l'action en direction des dissidents d'Europe de l'Est.

Et qui sera encore candidat en 1997 lorsque Pierre Lellouche prendra la siège de Gabriel Kaspereit, devenu dissident du RPR.

Restent les sièges des 7e; 8e et 16e arrondissements ( 4 sièges ) pour lesquels le duel de second tour opposera la droite UDR aux réformateurs ou centristes.

Edouard Frédéric Dupont reprend son siège du 7e en devançant avec 11 400 voix le candidat UDR nanti de 8 243 voix ( le sortant, Michel Caldaguès, ayant renoncé à se présenter ), puis devant le candidat réformateur Jean Jacques Carpentier 5 542 voix.
Les candidats de gauche, dont aucun n'a pu dépasser les 10 % des inscrits, ont obtenu 8 117 voix et les divers droite 2 065 voix dont 1 149 voix pour le FN.

Au second tour, victoire écrasante de Frédéric Dupont avec 20 327 voix contre 9 125 voix au réformateur.

Dans le 8e arrondissement, Maurice Couve de Murville se retrouve élu avec 11 448 voix contre 10 473 au réformateur Philippe Tollu, élu conseiller de Paris en 1971 sur la liste de Frédéric Dupont.

La gauche, éliminée au premier tour, a rassemblé 4 738 voix tandis que Raymond Bourgine, pour le CNI, obtenait 5 332 voix et les autres candidats de droite 815 voix.
La vieille droite antigaulliste s'est donc retrouvée derrière la candidature Tollu, pour faire pièce à Couve de Murville, le dernier premier Ministre de De Gaulle.

Enfin, dans le 16e arrondissement, la guerre ouverte entre réformateurs et anti gaullistes d'une part et UDR de l'autre tourne, dans les deux cas, au bénéfice des indépendants et centristes.

Georges Mesmin ( Centre démocrate ) est élu sur la partie Sud de l'arrondissement avec 23 836 voix contre 21 772 au sortant UDR Michel Habib Deloncle.

La gauche, au premier tour, a réuni 9 323 voix sur 47 407 exprimés ( environ 20 % ! ) et l'on compte 1 585 voix FN.

Arrivé derrière Habib Deloncle au premier tour, Mesmin doit donc son élection au report d'une partie des voix de gauche puisqu'il passe d'un retard de 3 770 voix à une avance de 2 064...

Sur la partie Nord de l'arrondissement, le général Paul Stehlin est élu face l'ancien ministre Jacques Trorial qui fut député de Meurthe et Moselle avant de devenir Secrétaire d'Etat à l'Education Nationale.

Ce Ministre, associé à la réforme Edgar Faure des Universités, sera battu par le général Stehlin et aura, ensuite, un rôle de grand commis de l'Etat, assurant notamment la présidence du Port autonome de Paris.

Attaché au gaullisme, Jacques Trorial votera NON au référendum constitutionnel en 2005 comme, par exemple, Christian Lunet de la Malène.

En tête au premier tour avec 14 527 voix contre 14 309 pour le général Stehlin, Jacques Trorial sera battu en n'obtenant que 16 927 voix contre 17 819 suffrages à son adversaire «  centriste « .

Un centriste un peu particulier, d'ailleurs que ce général Stehlin, survivant de l'entrevue de Munich où, capitaine de l'Armée de l'Air, il avait été dans la délégation française, de par sa parfaite connaissance de l'allemand ( il était né en Alsace alors allemande en 1907 ).
Et qui avait attendu le débarquement américain en Afrique du Nord pour se retrouver du côté des Alliés, après avoir été affecté à l'état major de l'armée d'armistice.

Placé en position de réserve, le général Stehlin avait, après la guerre, décidé de servir de représentant en France de sociétés américaines et notamment de la Northrop Corporation, fabricant entre autres à l'époque le F 17.

On se souviendra qu'un bus est venu inopinément mettre un terme à la vie du général Stehlin dans le quartier de l'Opéra alors qu'il était engagé dans une lutte avec Dassault pour équiper certaines armées de l'air européennes de nouveaux chasseurs et qu'il avait pris position, bien entendu, en faveur des appareils US plutôt qu'en faveur du Mirage F1 de la société française...

Il sera remplacé par Gilbert Gantier dans ses fonctions de député de Chaillot et de la Porte Dauphine...

La gauche, sur ce siège, n'a obtenu au premier tour, notons le, que 6 486 voix sur 37 609 exprimés.

Pas de quoi jouer le moindre rôle...

Nous avons donc, en 1973, une forteresse gaulliste quelque peu ébréchée : 7 des 31 sièges parisiens sont passés à gauche, les indépendants et les centristes ont plusieurs élus ( Mesmin, Stehlin, Frédéric Dupont, Guillain de Bénouville, Dominati, Claudius Petit ) et la domination de l'UDR s'est donc rétrécie.

La gauche a enregistré des résultats encourageants, même si elle n'est, au second tour, en tête que dans trois arrondissements sur vingt, une gauche où le PCF est encore la première force sur la capitale.
Le PS et ses alliés ont progressé mais restent encore assez Rive Gauche ( le PS devance notamment le PCF dans les 5e, 6e, 7e, 14e et 15e arrondissements ) et demeurent derrière les communistes.

Et l'écart est encore de plus de 20 000 voix sur l'ensemble de la capitale en faveur du PCF.

Les résultats du second tour de la présidentielle 1974 sonnent, dans ce contexte, comme un avertissement à droite.

Valéry Giscard d'Estaing l'emporte largement, obtenant 604 389 voix sur la capitale, contre 457 429 voix pour François Mitterrand.
L'écart est clair : le rapport de forces est de 56,9/43,1.

Mais le candidat de la gauche se retrouve en tête dans le 11e arrondissement avec 35 287 voix contre 33 446 pour VGE, dans le 13e où il fait 37 885 voix contre 31 875 voix au candidat de la droite, dans le 19e avec 31 867 voix contre 27 018 voix et dans le 20e, où il réalise 41 120 voix contre 35 372 voix.

Le candidat de la gauche se situe entre 45 et 50 % dans le 2e arrondissement, avec 5 325 voix contre 6 449 pour Giscard, dans le 3e om il atteint 9 721 voix contre 10 017, dans le 4e avec 9 146 voix contre 10 658, dans le 10e avec 20 355 voix contre 22 658 voix, dans le 12e avec 31 662 voix contre 37 695 voix, dans le 14e avec 32 109 voix contre 37 443 voix et dans le 18e, avec 46 751 voix contre 47 326 voix.

Toute ressemblance avec une situation connue aujourd'hui est évidemment fortuite ( tu parles ! ).

Le candidat de la gauche est entre 40 et 45 % dans le 5e, où il fait 15 691 voix contre 19 924 pour VGE, et dans le 15e, où il fait 45 299 voix contre 64 300 suffrages pour VGE.

Il est sous les 40 % dans le 1er arrondissement ( VGE : 7 387 ; Mitterrand 4 747 ), dans le 6e ( VGE 19 589 ; Mitterrand 10 321 ), dans le 7e ( VGE 26 881 ; Mitterrand 9 991 ), dans le 8e ( VGE : 18 000 ; Mitterrand 6 394 ), dans le 9e ( VGE 20 484 ; Mitterrand 12 288 ), dans le 16e ( VGE 69 553 ; Mitterrand 20 118 ) et dans le 17e ( VGE 57 353 ; Mitterrand 31 354 ).

Sur 1973, la gauche reprend le 13e et sa progression peut être assez intéressante.

Ainsi gagne t elle un point dans le 5e arrondissement ou encore de près de 5 points sur le secteur 2e et 3e arrondissements.
Les municipales à venir, prochain grand rendez vous parisien, seront l'occasion de marquer une nouvelle évolution.

La suite au prochain numéro...
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Elections de 1981

Messagede vudeloin » Sam 4 Juin 2011 00:55

Encore à la recherche des résultats des élections municipales de 1977 sur Paris ( alors découpée en dix huit secteurs, les quatre premiers arrondissements étant regroupés par deux et les seize autres constituant chacun un secteur ), je ne vais pas prolonger l'analyse des élections de 1981 sur Paris sur la base de ces résultats mais juste rappeler les points principaux.

La gauche parisienne emporte, en mars 77, le scrutin dans les 2e-3e arrondissements, 11e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements.

Le résultat lui donne, comme nous l'avons vu sur le fil de la discussion sur les municipales de 1977, 40 élus au conseil de Paris et il s'en est fallu d'assez peu, dans le 14e et le 12e notamment, que les choses ne se terminent de manière différente.

Nous voici maintenant en 1978, pour les législatives.

La gauche dispose sur Paris de 7 élus, en l'occurrence 7 députés communistes, tandis qu'on compte aussi 6 élus de sensibilité centriste ou indépendante, et 18 élus chiraquiens du RPR.

La campagne des élections de 1978 est particulièrement tendue et s'achève, sur Paris, par le vote massif des habitants de la capitale.

Paris compte alors 1 348 520 électeurs ( le processus de réduction du nombre des électeurs est constant sur la ville ) et 1 054 724 viennent déposer un bulletin dans l'urne, dont 1 045 124 bulletins valables.

Nous avons donc une participation de 78,2 %, tout à fait significative.

Premier aspect de ces élections : la droite reste dominante sur la capitale.

Les candidats RPR obtiennent 305 719 voix et 29,3 % des suffrages.
Les candidats des différents partis de l'UDF giscardienne cumulent 225 393 voix et 21,6 %.
Le CNIP réalise 8 996 voix et 0,9 %, tandis que les divers droite et l'extrême droite capitalisent 40 821 voix et 4 % des suffrages environ.

A gauche, le grand événement, c'est que le PCF est, pour la première fois dans l'Histoire politique de Paris depuis fort longtemps ( 1936 pour tout dire ), devancé par le PS et ses alliés.

Le PCF atteint 163 120 voix et 15,6 % tandis que le PS et ses alliés ( MRG, gaullistes de progrès ) atteignent 199 625 suffrages et 19,1 %.

Les candidats d'extrême gauche ( Front Autogestionnaire autour du PSU, divers gauche, LO, LCR, et autres mouvements divers ) réalisent 45 658 voix, soit 4,4 %.

Les jobertistes du Mouvement des Démocrates, avec 2 810 voix et 0,3 % et les écologistes, pourvus de 52 892 voix et 5,1 % complètent le tableau politique d'un Paris où la droite a donc dépassé les 55 % quand la gauche se trouvait aux alentours des 40 %.

Le PS passe devant le PCF dans la 1ere circonscription, dans la 8e ( 10e arrondissement ), dans la 9e (quartiers Folie Méricourt et Saint Ambroise du 11e arrondissement ), dans la 12e ( quartiers Bercy et Quinze Vingts dans le 12e arrondissement ), dans la 14e ( quartiers Croulebarbe et Maison Blanche dans le 13e arrondissement ), dans la 16e ( quartier Plaisance dans le 14e arrondissement ), dans la 17e ( quartier Saint Lambert dans le 15e arrondissement ), dans la 19e ( quartiers Javel, Grenelle dans le même arrondissement ), dans la 24e ( quartiers Epinettes et Batignolles dans le 17e arrondissement ), dans la 26e ( quartier Clignancourt dans le 18e arrondissement ), soit au total 10 des 17 circonscriptions où les candidats du PCF étaient en tête de la gauche en 1973.

Pour autant, la performance des candidats du PS se limite à la seule conquête du siège de la 14e circonscription, où Paul Quilès l'emporte au second tour face au candidat de droite avec 21 796 voix contre 20 242.

Le PCF perd quatre sièges sur les 7 obtenus en 1973 et ne peut préserver que les sièges de Gisèle Moreau, Paul Laurent et Lucien Villa.

Sur la première circonscription, Pierre Charles Krieg est réélu avec 16 906 voix contre 11 774 voix au candidat PS.

Sur la 2e circonscription, Jacques Dominati est réélu, en obtenant 16 846 voix contre 12 010 au candidat communiste qui lui est opposé au second tour.

Sur la 3e circonscription, Jean Tibéri est réélu au premier tour avec 53,5 % des voix et 19 196 voix.

Sur la 4e, le second tour met aux prises Pierre Bas face à un candidat centriste et le maire du 6e arrondissement l'emporte avec 13 781 voix et 65,7 %.

Sur la 5e, réélection au premier tour d'Edouard Frédéric Dupont avec 65 % des votes.

Sur la 6e, duel Couve de Murville et divers droite au second tour avec une victoire de l'ancien Premier Ministre, réélu avec 12 594 voix et 68,3 % des voix.

Sur la 7e, Gabriel Kaspereit obtient 13 845 voix et 45,3 % des votes au premier tour et l'emporte au second face au candidat socialiste avec 19 827 voix et plus de 65 %

Sur la 8e ( 10e arrondissement ), Claude Gérard Marcus est réélu avec 57 % des voix et 23 535 voix contre 17 758 à son adversaire PS.

Dans le 11e arrondissement, la droite emporte les deux sièges, l'un avec Alain Devaquet, qui remplace André Fanton, l'autre avec Claude Martin qui bat le sortant communiste Jacques Chambaz.

Sur l'ensemble de l'arrondissement, le second tour donne 35 377 voix à la droite et 31 737 voix à la gauche.

Dans le 12e, la victoire de Paul Pernin et Pierre Guillain de Bénouville donne 39 721 voix à la droite et 30 771 voix à la gauche.

Dans le 13e, Gisèle Moreau est réélue sur le secteur Salpêtrière Gare et Paul Quilès emporte le siège de Croulebarbe Maison Blanche au gaulliste Jean Turco, qui avait remplacé le ministre Hubert Germain.

L'arrondissement vote donc à gauche en lui donnant 40 641 voix contre 36 739 voix.

Le 14e arrondissement, qui avait failli basculer à gauche aux municipales, vote à droite, de nouveau, avec les succès de Christian Lunet de la Malène et d'Yves Lancien, en lieu et place de Eugène Claudius Petit.

38 530 voix pour la droite et 31 794 voix pour la gauche.

Sur Plaisance, Edwige Avice se retrouve, au second tour, à 59 voix de Christian Lunet de La Malène.
Une situation qui conduira à l'annulation du scrutin et à la victoire, en élection partielle, de la jeune députée socialiste en octobre 1978.

Le 15e arrondissement vote clairement pour la droite, avec l'élection de trois députés de droite avec des majorités claires et nettes autour de 60 %.

Jacques Marette, Nicole de Hauteclocque et Claude Roux cumulent 69 168 voix contre 43 071 voix pour la gauche.

Le 16e arrondissement reste nettement attaché à la droite, lui aussi.

64 868 voix ont nourri le second tour de Gilbert Gantier et Georges Mesmin, seuls candidats au second tour de 1978.

La gauche plafonne à 18,2 % sur Auteuil La Muette et à 15 % sur Nation Porte Dauphine.

Le 17e arrondissement, lui aussi, vote clairement à droite.

Comme en 1973, la gauche ne peut se qualifier que dans la circonscription des Epinettes et Batignolles, où le candidat PS rassemble 11 987 voix contre les 14 903 voix de Hélène Missoffe, qui vient de remplacer son mari et qui, plus tard, passera le témoin à sa fille...

Dans le 18e arrondissement, la droite garde le siège de Roger Chinaud, vainqueur de Claude Estier par 20 173 voix contre 16 854 voix, tandis que Joel Le Tac est réélu avec 15 921 voix contre 12 705 voix au candidat PS, en l'occurrence un certain Bertrand Delanoë.
Sur le troisième siège, Jean Pierre Pierre Bloch bat le communiste Louis Baillot avec 13 702 voix contre 13 132.

Sur l'ensemble du 18e, la droite atteint donc 49 796 voix contre 42 691 voix à gauche.

Dans le 19e, la victoire de Paul Laurent sur le siège des quartiers Amérique, La Villette, Pont de Flandre ne compense pas la perte du siège de Henri Fiszbin, sur Combat, La Villette.

Sur l'ensemble de l'arrondissement, la gauche fait 30 833 voix et la droite 31 022.

Enfin, dans le 20e, le succès de Didier Bariani, vainqueur de Daniel Dalbéra, efface la courte victoire de Lucien Villa sur Père Lachaise Charonne.
Sur l'arrondissement, la droite obtient 37 828 voix et la gauche 37 343 voix.

De fait, sur l'ensemble de la capitale, seul le 13e arrondissement vote à gauche en 1978, signe avant coureur des difficultés que la gauche rencontrera notamment dans la grande époque chiraquienne des années 80.

C'est donc un Paris largement acquis à la droite qui se manifeste alors, et qui semble prévoir, pour la gauche en 1981, des lendemains difficiles.

Pourtant, les résultats ne seront pas tout à fait ceux attendus.

Sans surprise, le corps électoral parisien s'est encore réduit, puisqu'on compte en 1981 1 272 530 inscrits, nombre en baisse de plus de 70 000 électeurs sur 1978.

Sans surprise, c'est Jacques Chirac qui arrive en tête de tous les candidats avec 263 204 voix et 26,96 % des suffrages.
Il devance Valéry Giscard d'Estaing qui obtient 253 390 voix et 25,96 %.

Les deux principaux candidats de droite dépassent donc la majorité absolue et ancrent la capitale à droite, d'autant que Michel Debré, avec ses 17 596 voix (1,80 %) et Marie France Garaud avec ses 17 327 voix (1,77 %) complètent la performance de la droite parisienne qui se situe à 56,49 %, à un niveau encore plus élevé que le premier tour des législatives de 78.

En nombre de voix, la droite capitalise sur la capitale 551 517 voix.

A gauche, François Mitterrand est en progression par rapport aux performances du PS lors du scrutin de 1978.
Il obtient en effet 239 974 voix ( 24,58 %) ce qui traduit une progression de plus de 60 000 suffrages sur le scrutin législatif de 1978.

Le candidat du PCF, Georges Marchais, ne réalise que 89 613 voix et 9,18 % des suffrages.

La perte est très sensible par rapport au scrutin de 1978 ( plus de 70 000 voix perdues ) et aux effets nationaux du «  vote utile «  qui semble avoir desservi la candidature Marchais s'ajoute manifestement l'état d'un Parti traversé de divergences politiques fortes au plan local.

Le XXIIIe congrès, tenu en 1979, a été l'occasion d'un affrontement politique intense entre partisans d'Henri Fiszbin, le secrétaire sortant de la fédération parisienne du PCF et ancien député du 19e arrondissement, et partisans de la direction nationale du Parti, autour de Paul Laurent ou encore d'Henri Malberg qui vont l'emporter, au moins au plan politique.

Ces évènements seront suivis de nombreux départs d'élus et de militants du PCF sur Paris, traduit notamment dans le départ d'un certain nombre d'intellectuels, singulièrement anciens collaborateurs des journaux théoriques ' La Nouvelle Critique ' et ' France Nouvelle ', fusionnés en 1978 dans le nouvel hebdomadaire Révolution.

Une partie des militants ayant quitté le PCF à ce moment là, se retrouveront plus tard dans le mouvement Rencontres communistes animé par Henri Fiszbin ( qui sera, bien plus tard, élu PS des Alpes Maritimes ) et d'autres participeront à l'aventure temporaire d'un journal de gauche critique, nommé Maintenant.

Quant à Révolution, outre qu'il publia dans son premier numéro une interview de Noam Chomsky qui était alors encore assez peu connu en France, il connaîtra un succès relatif pendant plusieurs dizaines d'années avant de disparaître à son tour, remplacé par le mensuel Regards.
Cette dernière publication, aujourd'hui dirigée par Clémentine Autain, ne peut plus être assimilée à une publication dépendant du PCF et peut d'ailleurs être pratiquement assimilée à la tribune politique de la jeune ex élue parisienne, fille d'Yvan Dautin, le chanteur et de la regrettée comédienne Dominique Laffin.

Après ce détour sur une partie de l'histoire du PCF, revenons aux évènements de 1981.

Brice Lalonde, candidat écologiste, obtint alors 39 713 voix et 4,06 %.

Le score du candidat écologiste dépassa les 5 % dans le 5e arrondissement où il avait été candidat aux législatives comme aux municipales, le score de Georges Marchais dans le 6e, le 7e, le 8e, ou encore le 16e arrondissement.

Les autres candidats de gauche ( Michel Crépeau, Arlette Laguiller, Huguette Bouchardeau ) réalisent 57 153 voix, soit 5,64 %.

Aux 56,49 % de la droite, répondent donc les 39,40 % de la gauche.

En nombre de voix, la gauche dispose donc de 386 740 voix.

Au premier tour, la gauche obtient la majorité absolue dans le 13e arrondissement ( 51 % ), dans le 19e ( 50,9 % ) et la majorité relative dans le 20e ( 49,6 % ).

Au second tour, Mitterrand ajoute le 3e, le 4e, le 10e, le 11e, le 14e et le 18e à la liste des arrondissements où il est en tête.
Ce qui donne neuf arrondissements sur vingt en faveur du candidat de la gauche.

Transposé aux municipales, ces résultats auraient confirmé le succès de la gauche là où elle avait gagné en 1977 et lui auraient permis de remporter deux nouveaux arrondissements.

Dans le secteur comprenant les 1er et 4e arrondissements, la droite reste devant, VGE obtenant 14 258 voix contre 12 721 voix pour François Mitterrand.
Sur l'ensemble de la ville, Il manque de toute manière plus de 7 000 voix sur le total de droite du premier tour tandis que François Mitterrand a vu son score progresser de plus de 85 000 voix.

Dans le 2e arrondissement, VGE l'emporte de 61 voix au second tour contre 1 124 voix en 1974 et 786 voix d'écart au premier tour de 1981.

Dans le troisième arrondissement, où la victoire de Mitterrand ne souffre aucune discussion ( 9 065 voix contre 7 548 ), l'écart était favorable à VGE de 296 voix en 1974, et de 402 voix au premier tour.

Dans le 4e, courte victoire de Mitterrand, avec 133 voix d'avance ( 8 662 contre 8 529 ), après un succès de VGE en 1974 avec 1 512 voix d'avance, et 1 645 au premier tour..
VGE perd plus de 200 voix sur le total de droite du premier tour et Mitterrand gagne plus de 1 500 voix.

Dans le 5e, VGE reste devant avec 18 134 voix contre 16 803 suffrages pour Mitterrand.
Problème dans cet arrondissement tibériste, le total de droite du premier tour était de 19 415 voix et le total de gauche de 12 875.
Il manque donc plus de 1 300 voix au total de droite du premier tour quand le candidat socialiste progresse de près de 4 000 suffrages, soit plus de deux fois le seul report intégral des votes écologistes du premier tour.

Un résultat qui montre bien des choses sur les relations entre giscardiens et chiraquiens, de fait...

Pour ne pas lasser le lecteur, nous continuerons cet exposé dans un autre message...

La suite au prochain numéro donc...
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Les élections à Paris

Messagede Jean-Philippe » Sam 4 Juin 2011 23:12

Pour renforcer la cohérence des sujets, je regroupe ici (avec l'accord de Vincent et Zimmer) les messages consacrés aux différents scrutins à Paris. Vudeloin, en voulant nous expliquer les résultats de 1981 dans la capitale, nous a faire un récapitulatif avec tous les scrutins depuis 1971 (avec des allusions aux municipales de 1965). Comme celui est très complet et intéressant, je mets ainsi ses messages en valeur.
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Dim 5 Juin 2011 11:56

Même si je n'ai été consulté par personne quant à ce regroupement de messages qui permet de tracer quelques lignes directrices sur le comportement des électeurs parisiens depuis une quarantaine d'années, je vais bien entendu continuer l'analyse des résultats de 1981, notamment parce que Paris est l'une des démonstrations les plus intéressantes de la défection relative des électeurs chiraquiens et «  post gaullistes «  à l'encontre de Valéry Giscard d'Estaing.

En même temps, si vous voulez mon avis, une ville comme celle ci est tout de même particulièrement sensible aux débats politiques et, pour certains aspects, à l'air du temps.

La concentration des pouvoirs, la proximité des grandes institutions, la présence, certes de moins en moins évidente, du siège des grands partis politiques comme des organes de presse les plus lus, tout cela concourt à une sorte de veille continuelle de l'électeur( rice) parisien(ne) quant aux questions « politiques «  au sens large.

Songez, pour ne donner qu'un exemple, que dans les années 50 et 60, il était de tradition, lors des soirées électorales, que la façade du Grand Rex, le célèbre cinéma des grands boulevards, serve à l'affichage du résultat des consultations en cours, projeté depuis le siège du journal l'Humanité qui était situé juste en face.

Je ne sais pas si le propriétaire du Rex était coco, mais le fait est qu'on a du mal à imaginer cela aujourd'hui !

Sur la remontée des résultats parisiens, ne m'agacez pas trop, on va revenir à 1919, si cela continue, parce que, pour les législatives pour le moins, doit y avoir moyen :)

Quelques observations sur le message de Sommar ( je ne sais s'il fait une thèse sur les évolutions de vote dans la capitale mais soit )...
Notamment sur le dépeuplement de la capitale...

Il y a une réalité historique incontournable ; c'est que la baisse continue de population à Paris, constatée de la Libération au milieu des années 90, a plutôt renforcé la droite locale au détriment des forces de gauche et singulièrement du PCF, celui ci perdant peu à peu ses militants organisés localement devenus, pour une bonne part, ceux des fédérations de banlieue en développement relatif après la disparition des deux départements de la Seine et de la Seine et Oise ( moi qui suis né en Seine et Oise, j'ai parfois peine à imaginer qu'un seul département allait, dans le temps, de Magny en Vexin ou de l'Isle Adam jusqu'à Etampes ou Mennecy en faisant un tour plus ou moins précis à l'Ouest par Versailles et à l'Est par Aulnay sous Bois ou Villiers sur Marne...

Le mouvement est important et continu, puisque, en 1959, Paris compte 1 775 240 électeurs, et apporte 445 262 voix ( près de 40 % ) aux partis de gauche ( PCF, SFIO, PSU, UFD ) lors du scrutin municipal et qu'en 1981, lors du second tour des présidentielles, et alors même que la majorité électorale a été abaissée à 18 ans, la ville ne compte plus que 1 247 679 électeurs et qu'ils sont 464 049, sur l'ensemble de la ville, à voter en faveur de François Mitterrand.

Les instruments de la rénovation urbaine, l'évolution des réglementations ( les entreprises à vocation industrielle disparaissent de la capitale comme par exemple l'usine Citroen du quai de Javel dont peu de gens imaginent, bien entendu, qu'elle occupait une bonne partie du parc actuel ), la disparition des meublés, la transformation de nombreux logements, parfois insalubres ou malcommodes en bureaux, et j'en passe, tout a concouru à réduire la population parisienne et, bien entendu, à en modifier la structure.

Sans parler du périphérique dont la construction a mis un terme à l'existence de la «  zone « , cet entre deux de la capitale où vivait souvent une population précarisée, en tout cas plus ouvrière et populaire que celle des beaux quartiers...

En tout cas, c'est sans doute ce que croyaient ceux qui ont fait le Paris des années 60 et 70, et l'équipe de Jacques Chirac encore à compter de 1977.

La victoire sur le fil de Chirac en 1977 est tout de même, chers amis lecteurs, suivie d'une victoire éclatante aux législatives de 1978 où le RPR, force motrice de la droite locale, s'impose clairement comme le premier parti de la capitale ( plus de 29 % des voix ) et que Chirac parvient, en 1981, à devancer Giscard en réalisant peu ou prou 27 % des voix, c'est à dire bien plus que son score national.

Il est d'ailleurs, des grands candidats, le seul dont le score parisien soit au dessus de son score national...

Et que le RPR dispose de 18 des 31 sièges parisiens à l'Assemblée Nationale, même s'il a du concéder quelques positions à ses alliés radicaux et indépendants...

Ce succès du RPR doit donc beaucoup à la montée en puissance du gaullisme dans le courant des années 60 où l'UNR s'est progressivement affirmée comme la première force de centre droit – droite, même si la présidence du Conseil de Paris a souvent échu à un élu radical de droite ou indépendant.

Et il doit à la personnalité de Chirac qui a réussi, tout de même, à étendre le champ d'influence de la droite dans les arrondissements tendanciellement de «  gauche «  plus que ne le firent jamais les autres partis de droite.

Le retour aux élections de 1936 dans le département de la Seine, que nous ferons le moment venu, le montrera assez...
( Là je donne mon accord d'office pour que l'article, attaché au fil de la discussion des élections de 36, soit aussi mis en lien avec le présent fil...)

En attendant, retour à 81 où nous avions laissé VGE et Tonton François quelque part dans le faubourg Saint Germain ou sur la place Saint Sulpice...

Le 7e arrondissement a voté VGE, sans surprise, d'autant que le candidat sortant est arrivé en tête au premier tour dans cet arrondissement avec 35 % des voix...
Au second tour, VGE capitalise 23 411 voix contre 9 538 suffrages pour François Mitterrand, dépassant les 71 %...
Pour autant, le total de droite du premier tour est de 22 287 suffrages, tandis que celui de la gauche est de 8 370 suffrages.

VGE regagne donc quelques centaines voix ( environ un millier ) dans l'arrondissement mais Mitterrand en gagne autant, ce qui ne peut manquer de surprendre et atteste, sans doute, là encore, d'une défection relative des électeurs des autres candidats de droite.
Dans le 8e arrondissement, autre sanctuaire de la droite parisienne, la victoire de VGE est également sans appel.
Il y obtient 15 619 voix contre 5 940 suffrages pour François Mitterrand.
Au premier tour, Chirac est arrivé en tête de la droite ( le député de l'arrondissement est toujours Maurice Couve de Murville ), et les candidats de droite ont obtenu au total 15 642 voix, soit 23 de plus que VGE au second tour...
Quant à Mitterrand, il avait un capital de 4 645 voix qui a donc relativement cru et embelli entre le premier et le second tour.

Dans le 9e arrondissement ( le fief du député RPR Kaspereit ), VGE est également en tête.
Il y obtient 16 633 voix contre 12 091 au candidat de la gauche.

Au premier tour, la droite, menée par Chirac, disposait de 16 901 voix ( défection d'un peu moins de 300 électeurs entre les deux tours ), et la gauche de 9 625 suffrages.

Un peu donc, là encore, comme si Mitterrand avait raflé tous les nouveaux électeurs, les électeurs écologistes de Brice Lalonde et plus encore...

Dans le 10e arrondissement, Mitterrand l'emporte dans un arrondissement encore tenu par la droite, tant au Conseil de Paris qu'au Parlement, avec 19 825 voix contre 18 184 suffrages pour VGE.

Un second tour qui confirme le premier puisque le candidat socialiste était arrivé en tête avec plus de 28 %, suivi de Jacques Chirac, nanti de 26,6 %.

En termes de voix, la droite avait réalisé 18 738 voix et la gauche 16 023 suffrages lors de premier tour.
Le second tour est donc une inversion de tendance marquée, l'avance de la droite ( 2 715 voix ) se transformant en débours ( 1 641 voix ).

Le 10e est un arrondissement qui bascule, lui aussi, puisqu'il avait choisi Giscard en 1974.

Le 11e arrondissement, pour sa part, choisit de nouveau le candidat de la gauche en lui accordant une nette majorité avec 34 952 voix contre 29 197.

Le candidat de la droite perd ainsi 4 000 suffrages sur l'élection précédente, dans un arrondissement de gauche au Conseil de Paris mais qui a élu deux députés de droite au Parlement.

La tendance était toutefois inscrite dès les premier tour.

La gauche disposait de 28 663 suffrages au premier tour, la droite de 30 130, ne bénéficiant que d'une majorité relative.

Mais le mouvement de second tour est fort, avec une gauche progressant de 6 000 votes et une droite se tassant de 1 000.
Les 21,7 % de Giscard, au premier tour, expliquent peut être une partie des difficultés à conserver son électorat...

Dans le 12e arrondissement, le candidat de la droite préserve sa position en obtenant au second tour 34 027 voix contre 33 595 suffrages pour François Mitterrand.

Plus de 3 600 suffrages perdus sur 1974 pour le sortant, dans un arrondissement où l'un des élus ( Guillain de Bénouville ) a la particularité d'être un vieil ami du candidat de la gauche.

Au premier tour, la droite, toujours menée par Chirac, avait fait 34 581 suffrages dans le 12e et la gauche 27 189.
Tassement de 500 voix d'un côté, poussée de 6 000 votes de l'autre...

Je ne prends pas de paris mais je pense que Quinze Vingts et Bercy ont voté Mitterrand et que c'est Bel Air qui a permis à Giscard de rester devant...

Dans le 13e arrondissement, Mitterrand est en tête, comme en 1974, et il atteint 44 574 voix contre 32 363 pour Giscard d'Estaing.

La progression sur 1974 est de 7 000 voix pour la gauche dans un arrondissement qui échappe d'ailleurs quelque peu à la dépopulation en cours dans Paris.

Au premier tour, la gauche est arrivée devant sur le 13e, en réalisant 37 463 voix contre 32 760 pour la droite.
Stagnation au second tour pour VGE, 7 000 voix de plus pour Mitterrand, et voilà comment se creuse un écart déjà peu favorable à la droite...

Dans le 14e arrondissement, Mitterrand arrive en tête avec 33 622 voix contre 32 942 suffrages pour VGE.
L'arrondissement bascule donc, alors qu'il avait donné plus de 5 000 voix de majorité au président sortant en 1974.

Au premier tour, dominé à droite par le score de Chirac, la droite avait pourtant obtenu 33 587 voix et la gauche 27 214.
On se tasse de 600 voix d'un côté, on progresse de 6 000 de l'autre, voilà qui a un air de déjà vu...

Dans le 15e arrondissement, maintien de la première place pour VGE.

63 878 voix pour le président sortant, 48 800 pour son challenger de gauche.

Un écart plus faible qu'aux élections de 1974 ( Mitterrand gagne 2 points ) et une meilleure performance qu'aux législatives de 1978.

Au premier tour, la droite, menée par Chirac, avait obtenu 64 173 voix ( il en manque donc un peu au second tour ), et la gauche 39 148.

De nouveau, la progression entre les deux tours est forte et atteint, là, plus de 9 000 suffrages.

Le 16e arrondissement, sans surprise, vote VGE.

65 422 voix pour le président sortant, 20 010 pour le candidat de la gauche, qui perd même une centaine de voix au regard du second tour de 1974...
Je ne sais pas si cela est du à l'embourgeoisement du 16e, mais le fait est que, dans cet arrondissement tenu par l'UDF ( députés comme conseillers de Paris ), c'est le Président sortant qui est arrivé en tête au premier tour.

La droite a rassemblé le 26 avril 64 370 voix ( on n'observe donc pas de recul de l'influence de VGE en termes de voix ) et la gauche, péniblement, 15 849 suffrages.
Splendide second tour pour Mitterrand, donc, puisque gagnant des votes au delà du seul report total des électeurs écolos de la Porte d'Auteuil.

Dans le 17e arrondissement, VGE maintient également sa première place.

Il réalise 51 741 voix contre 30 695 voix pour Mitterrand.

Arrivé en tête du premier tour, le Président sortant pouvait compter alors sur 51 668 suffrages de droite, ce qui montre qu'il n'a pu vraiment alors au delà.
A gauche, on comptait 24 551 voix cumulées, ce qui traduit, là encore, un bonus de 6 000 voix pour le candidat socialiste.

Le 18e arrondissement, pour sa part, confirme en 1981 son vote de 1974.
Après une campagne législative marquée par les succès de la droite, la Butte et Barbès choisissent donc, de nouveau la gauche.

La chose n'était pas évidente au premier tour : la droite, menée par Giscard, y avait réuni 42 013 voix tandis que la gauche avait réalisé 37 228 suffrages.
La droite disposait donc, avec son score, de 50,86 % des votes...

Et le second tour donne 41 190 pour VGE mais 45 590 pour Mitterrand.
Il manque mille voix d'un côté, environ quand il y en a 8 000 de plus de l'autre.

Le 19e, pour sa part, confirme son ancrage à gauche.

En 1974, plus de 54 % des électeurs y avaient choisi le candidat de la gauche.

En 1981, ils le placent en tête au premier tour et la gauche y réunit 31 688 voix et se retrouve majoritaire face à une droite qui ne capitalise que 28 124 voix.
Au second tour, Mitterrand atteint 37 409 voix et VGE tombe à 26 994 suffrages.
Un gain de près de 6 000 voix contre une perte supérieure au millier de suffrages et voilà le résultat !

Enfin, le 20e vote également à gauche, comme en 1974.

Sauf que le score du candidat de la gauche progresse de trois points sur cette élection et atteint 56,9 % au second tour.

Au premier tour, Mitterrand est en tête et la gauche capitalise 35 194 voix, très près de la majorité absolue.
La droite, pour sa part, avec Chirac en tête, obtient 32 685 voix.

Le second tour est plus cruel pour VGE qui ne recueille que 31 904 voix ( perte de plus de 700 suffrages sur le premier tour ) quand Mitterrand atteint 42 124 voix ( gain de près de 7 000 voix ).

A la fin de l'exposé des résultats de ce second tour de l'élection présidentielle de 1981 sur Paris, on peut penser que les suffrages chiraquiens ont pu largement faire défaut au candidat VGE et expliquer, pour une bonne part sa défaite.

Les choses sont elles aussi simples.

On peut en effet penser les choses de manière plus complexe en faisant du succès du candidat socialiste une sorte de modèle mathématique ou d'équation où il aurait capitalisé toutes les voix de la gauche moins un coefficient déflateur, plus les voix écologistes en grande majorité, plus la majorité des nouveaux électeurs et une partie des électeurs de droite, pas nécessairement ceux de Chirac, mais aussi ceux de Debré ou Garaud, soit dit en passant.

Et de nous demander ensuite si une «  consigne «  a été donnée du côté de la rue de Lille ( le siège du RPR à l'époque ) pour faire voter Mitterrand.

On peut le penser mais cela touche d'abord le cercle des militants et cela ne fait pas forcément grand monde.

Ce qu'on peut aussi penser, c'est de constater la montée des nuls et blancs entre les deux tours ( 420 000 de plus en quinze jours au niveau national et Paris n'échappe pas à la règle ), signe d'une défiance plus ou moins prononcée pour les deux candidats en lice ( et sans doute plus à l'encontre de VGE ) et autre chose encore.
C'est que, chacun l'aura vu sur Paris, les quartiers disons populaires ou moins marqués à droite de l'Est Parisien ont, le plus souvent, voté Chirac en tête à droite plutôt que VGE.

Ce qui veut dire aussi que l'électorat chiraquien est moins directement et massivement bourgeois que celui de VGE, comme par hasard préféré par les électeurs des quartiers huppés.

Et que cet électorat, de fait, dans un contexte politique donné, peut très bien, sans qu'on lui demande quoique ce soit, voter au second tour pour un candidat plus proche de ses préoccupations «  sociales «  comme Mitterrand que pour un candidat, manifestement issu de la grande bourgeoisie et en portant tous les stigmates comme pouvait l'être Giscard d'Estaing.

Après tout, on peut voter Chirac et être intéressé par la retraite à 60 ans, les 39 heures ou la cinquième semaine de congés payés, non ?

Ce n'est là qu'une piste de réflexion ouverte mais peut être explique t elle aussi le résultat du 10 mai 1981, plus ou autant que la consigne visant à faire battre le rival du jour pour mieux préparer les victoires du lendemain...
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Dim 5 Juin 2011 20:01

Pour compléter l'information de chacun ( et de Sommar en particulier ), un article consacré, désormais, aux élections législatives 1981 sur Paris,

Un scrutin marqué par une forte progression de l'influence de la gauche, singulièrement en termes de sièges puisque 13 des 31 députés parisiens élus les 14 et 21 juin 1981 furent des députés de gauche.

Nous partions d'un rapport de forces comportant 3 élus PCF, 2 élus PS, 8 élus UDF, 1 élu CNIP et 17 élus RPR à une situation où l'on dénombrait 13 élus PS et apparentés, 3 élus UDF, 1 élu CNIP et 14 élus RPR.

Le rapport de forces des élus est donc moins défavorable qu'il ne l'était pour une gauche sérieusement en difficulté en 1978 où elle n'était parvenue en tête, au second tour, que dans le seul 13e arrondissement.

Première constatation du premier tour, le 14 juin : la baisse du nombre des votants.

En 1978, sur 1 340 520 électeurs inscrits, on avait dénombré 1 045 124 exprimés.

Avec une majorité absolue de droite, avec 225 393 voix pour l'UDF (21,57 %), 8 996 voix pour le CNIP (0,86 %), 305 719 voix pour le RPR (29,25 %), 40 821 voix pour les divers droite et candidats d'extrême droite (3,91 %).

Ce qui donnait à la droite et au centre, dans leur diversité, 580 929 voix et 55,59 %

Les écologistes, sous des étiquettes diverses, obtinrent 52 992 voix, soit 5,07 % des suffrages.

Et les candidats de sensibilité gaulliste d'opposition ( Front Progressiste de Jacques Debû Bridel ou Mouvement des Démocrates de Michel Jobert ) 4 603 voix et 0,44 %.

Les candidats de gauche et d'extrême gauche, enfin, avaient réalisé un total de 406 600 voix, soit 39,90 %.

Tous scores à mettre, évidemment, en regard de la situation de l'élection présidentielle, que j'ai rappelé dans un message précédent et qui s'était achevée avec un total de 464 049 voix pour François Mitterrand sur l'ensemble de la capitale, contre 538 737 voix pour Valéry Giscard d'Estaing.

C'est à dire que la baisse continue du nombre des électeurs parisiens, encore observable en 1981 avec le nombre observé ( 1 280 767 inscrits pour les législatives après 1 273 576 inscrits lors de la présidentielle ), n'avait fait que comprimer encore le potentiel de voix de gauche et laisser libre cours à celui des voix de droite.

Différence sensible : si un seul arrondissement avait donné une majorité de gauche au second tour ( le 13e ), il y en avait neuf le 10 mai avec les 3e, 4e, 10e, 11e, 13e, 14e, 18e, 19e et 20e arrondissements.

Les Parisiens et les observateurs attentifs auront remarqué que ces neuf arrondissements font aujourd'hui partie de l'ensemble de ceux où la majorité Delanoë est majoritaire, s'y ajoutant de plus les 2e, 9e et 12e arrondissements.

Un peu comme si le grand curseur de la vie politique parisienne, en déplaçant son centre de gravité un peu plus vers la gauche, n'était finalement pas vraiment sorti de ses habitudes.

La seule bizarrerie, là dedans, si vous voulez mon avis, c'est le 9e.

Parce que, sur ce curseur, il n'est pas en 1981 l'arrondissement le plus favorable à la gauche, loin de là.
Giscard y est six points plus influent que dans le 5e, et pourtant le 5e est resté de droite, encore une fois, en 2008.
Mëme si cela fut au prix d'une triangulaire avec les centristes du Modem groupés derrière le Professeur Christian Saint Etienne et l'homme de radio Philippe Meyer.

Mais les désordres nés de la réalisation de Meteor du côté de la rue Papillon et le mouvement des intermittents du spectacle ( le 9e, c'est tout de même le Faubourg Montmartre et un peu le quartier des théâtres et des artistes ) ont généré des ruptures politiques profondes entre la droite parisienne et l'électorat de cet arrondissement, sans oublier le poids éventuel d'autres forces sociales et intellectuelles présentes dans les quartiers.

Le retour à 1981 est l'occasion de constater, comme nous le disions liminairement, une baisse du nombre des votants.

On tombe le 14 juin à 849 293 suffrages exprimés, soit près de 200 000 de moins que trois ans auparavant et, surtout, plus de 150 000 de moins qu'à l'occasion du second tour de la présidentielle le 10 mai.

La droite, dominante en 1978, réalise une performance mitigée : les candidats UDF capitalisent 131 613 voix (15,50 %) et gardent 3 sièges.
Le CNIP obtient 29 399 voix (3,46 %) et obtient 1 élu, un score qui ne doit sa progression et le maintien d'un élu qu'à la présentation du vieil Edouard Frédéric Dupont sous cette étiquette, alors qu'il avait été élu avec le soutien du RPR en 1978.
Le RPR, justement, obtient 259 770 voix (30,59 %) et 14 élus maintenus.
Les divers droite, enfin, réunissent 24 446 voix (2,88 %) et l'extrême droite
11 190 voix (1,32 %).

Toutes chapelles confondues, du centre au Front National, la droite et le centre cumulent donc 456 418 voix, soit 53,75 % des voix.

Il manque donc plus de 125 000 voix sur 1978 et près de 100 000 sur le premier tour de la présidentielle.

Les écologistes réalisent 20 382 voix, ne pouvant être présents partout, soit 2,40 % tandis que les gaullistes de gauche se contentent de 1 341 suffrages soit 0,16 %.
A noter toutefois que l'un d'entre eux est, temporairement si l'on peut dire, élu député de Paris dans la 2e circonscription puisque Pierre Dabezies, directement soutenu par le PS dans ce secteur, a été élu face à Jacques Dominati.

Pour l'anecdote, il s'était retrouvé en 1973 au second tour contre Paul Laurent, le dirigeant communiste, dans le 19e arrondissement.

Les partis de gauche, dans leur ensemble, avec l'extrême gauche, obtiennent donc 371 152 voix, soit 43,69 %.

La droite demeure donc majoritaire, d'autant que les candidats de gauche ne retrouvent ni leurs voix de 1978, ni celles de la présidentielle, mais l'écart est le plus faible de celui constaté sur la période ayant suivi les municipales de 1977.

Au premier tour, comme j'ai déjà du le préciser, la droite est partie sous l'étiquette Union pour une Nouvelle Majorité, alliance électorale tendant, dans les faits, à présenter en candidat unique tout sortant UDF ou RPR et à tâcher de limiter les primaires dans les autres cas.

Une opération pour limiter les dégâts qui conduira d'ailleurs, sur l'ensemble du premier tour de 1981, à l'élection d'un nombre élevé de députés de droite ( entre 110 et 120, faudra retrouver le nombre précis ), avant le second tour qui sera largement favorable aux «  instituteurs barbus « , archétype du candidat socialiste de cette année là...

A Paris, cela ne loupe pas.

Sont réélus dès le premier tour Pierre Charles Krieg, Jean Tibéri, Pierre Bas, Edouard Frédéric Dupont, Maurice Couve de Murville, Gabriel Kaspereit, Claude Gérard Marcus ( ce qui est plus surprenant vu qu'il s'agit du député du 10e ), Yves Lancien, Jacques Marette, Nicole de Hauteclocque, Georges Mesmin, Gilbert Gantier, Bernard Pons et Jean de Préaumont.

Soit 14 élus au premier tour sur les 18 que la droite parisienne pourra porter à son crédit.

Aucun élu à gauche au premier tour, mais nombre de situations très favorables ou très ouvertes, que nous verrons plus en détail dans un nouvel article.
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Re: Les élections à Paris

Messagede vudeloin » Lun 6 Juin 2011 23:54

Pour être un peu plus complet sur ces élections anticipées de 1981 à Paris, vous aurez remarqué que 14 élus de droite furent élus au premier tour, de par le choix tactique de la présentation de candidatures uniques sous étiquette UNM, et que 4 autres seront élus au second tour.

Pendant ce temps là, si l'on peut dire, la gauche va gagner les 13 autres sièges, tous acquis au Parti Socialiste, dont les trois sièges sortants des députés communistes qui furent gagnés par la formation au poing et à la rose...

Ces 13 élus, sur le coup, ce serait presque facile de dire dans quels arrondissements parisiens ils furent élus.

Je pourrais prendre le temps de faire une interro' écrite et tous ceux qui ont bien suivi vont trouver rapidement, mais allons à l'essentiel.

La gauche a gagné en 1981 dans les deux sièges du 11e, les deux du 13e, l'un des deux du 14e, les trois sièges du 18e, les deux sièges du 19e et les deux sièges du 20e, soit d'ores et déjà douze mandats.
Ajoutons y la seconde circonscription ( 2e et 3e arrondissements ) et nous en sommes à 13.

Au demeurant, chers lecteurs et contributeurs, toute ressemblance avec des situations déjà connues ne serait évidemment pas fortuite.

Le 11e, le 13e, le 18e, le 19e, le 20e et les 2e et 3e arrondissements, en 1977, ont choisi la gauche aux municipales.

Et tous ces arrondissements confirment leur orientation en élisant les députés de gauche «  correspondants « .

Alors, au second tour, la droite garde les deux mandats de député du 12e, le troisième siège du 15e, mis en ballottage pour cause de divergence à droite et le troisième siège du 17e, celui des Epinettes Batignolles, comme toujours le plus incertain dans cet arrondissement globalement bourgeois.

Même si un article plus complet viendra en détail sur le sujet et les éléments, vite fait bien fait le nom des élus !

Pour le PS, Pierre Dabezies, gaulliste de progrès, dans la 2e circonscription, Georges Sarre et Ghislaine Toutain dans le 11e, Nicole Questiaux et Paul Quilès dans le 13e, Edwige Avice dans le 14e, Bertrand Delanoë, Lionel Jospin et Claude Estier dans le 18e, Manuel Escutia et Alain Billon dans le 19e, Michel Charzat et Jean Paul Planchou pour le 20e.

Pour la droite, outre les 14 noms déjà évoqués plus avant, dans le 12e, Paul Pernin et Pierre Guillain de Bénouville, mais aussi Jacques Toubon dans le 15e et Hélène Missoffe, réélue dans le 17e.

Vous êtes évidemment autorisés à activer les moteurs de recherche pour savoir ce que ces élus ont pu devenir, pou un certain nombre et quelle place ils ont pu prendre dans la vie politique de notre pays.

Mais, avant de passer à autre chose, deux indications.

Deux élections furent annulées au terme des procédures habituelles en cas de contestation.

L'élection de Pierre Dabezies fut en effet invalidée et le siège fut repris par Jacques Dominati.

L'autre annulation portait sur la circonscription du 12e couvrant les quartiers de Bercy et des Quinze Vingts, lieu d'élection de Guillain de Bénouville.

Son élection fut confirmée, conduisant à un rapport 19/12 en faveur de la droite sur Paris pour cette législature.

Dans un autre message, vous aurez tous les détails chiffrés !

La suite au prochain numéro...
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Re: Les élections à Paris

Messagede Sommar » Mar 7 Juin 2011 09:55

Il y a une réalité historique incontournable ; c'est que la baisse continue de population à Paris, constatée de la Libération au milieu des années 90, a plutôt renforcé la droite locale au détriment des forces de gauche et singulièrement du PCF, celui ci perdant peu à peu ses militants organisés localement devenus, pour une bonne part, ceux des fédérations de banlieue en développement relatif après la disparition des deux départements de la Seine et de la Seine et Oise


Si nous parlons bien ici des forces de gauche, il faut alors préciser de quel formation de gauche nous parlons...ici on parle davantage du parti communiste. Dans ce cas, c'est plus que le dépeuplement de Paris, mais les mutations démographiques et sociologiques, la principale victime de ces transformations étant le parti communiste (qui n'est pas spécifique à Paris, mais aussi en banlieue et en petite couronne en particulier...). De ce point de vue là, oui on peut dire que la gauche en général est défavorisée. D'ailleurs, le 15e est le cas le plus probant comme vudeloin l'a bien mentionné, où le PCF avait obtenu 2 députés sur les 3 en 1936, tandis que la droite est systématiquement majoritaire en toute circonstance tout du moins depuis la Ve République dans ce même arrondissement.

Toutefois, comment expliquer qu'à chaque élection présidentielle depuis 1974, avec le dépeuplement de Paris jusque dans les années 1990, la droite quelques soit les résultats des élections au niveau national, cette dernière perd systématiquement des suffrages à chaque élection. En dehors des classes défavorisées qui ont été nombreuses à quitter Paris, les classes moyennes (même si cette notion est très floue dans sa définition) ont aussi été nombreuses à quitter Paris, des catégories qui n'étaient certainement pas acquises à gauche...

Je pense que vous vouliez dire que le déclin tendanciel de la droite depuis les années 1970 ne bénéficie pas pleinement à la gauche, ce qui a pu la défavoriser en rapport de force.

Ensuite, pour le cas de 1981, en dehors du dépeuplement de Paris, qu'est-ce qui a bien pu faire perdre près de 60 000 voix à Giscard, alors que Mitterrand n'en gagne qu'un peu moins que 15 000 (même si l'analyse sur l'ensemble de la capitale peut être trop imprécise et qu'il convienne d'analyser par arrondissement, ce que vudeloin a très bien fait)? Je doute que les seules rivalités à droite ait pu à ce point faire perdre autant de suffrages à Giscard, sachant que le nombre de votants est en baisse par rapport à 1974 (comme le fait aussi remarquer vudeloin). Qu'on m'ôte d'un doute...
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