L'élection présidentielle polonaise de 2020 vient de se terminer avec la victoire d'Andrzej Duda (Droit et Justice - PiS en polonais, un parti national-conservateur), le président sortant sur Rafał Trzaskowski, maire de Varsovie (Plateforme civique - PO, un parti libéral/libéral-conservateur).
A l'heure où ces lignes sont écrites, 99,98 % des bulletins ont été dépouillés et le score est de
51,18 % pour Duda contre
48,88 % pour Trzaskowski. Un score serré et similaire à celui de l'élection de 2015 où Duda (qui était challenger) avait gagné avec 51,5 % contre Bronisław Komorowski (président sortant de l'époque, soutenu par PO). Cependant la participation est passée au second tour de 55,34 % en 2015 à 67,97 % en 2020.
Cette élection confirme la série de victoires de PiS depuis l'année 2019 et s'est tenue dans le contexte de l'épidémie de Covid-19 et devait se tenir normalement le 10 mai. PiS ne voulait pas de changement dans la date mais a dû s'y résoudre suite à l'opposition de certains de ses partenaires dans la coalition gouvernementale*.
Il faut aussi noter que Trzaskowski n'était pas le candidat que PO** avait prévu initialement pour cette élection. En effet, Małgorzata Kidawa-Błońska, candidate de PO au poste de Première Ministre lors des élections parlementaires de 2019 avait remporté la primaire interne de PO. Mais elle avait boycotté la campagne, suite aux changements prévus initialement dans la loi électorale par PiS avant de se retirer totalement (il faut dire aussi que les sondages n'étaient pas bons pour elle, certains lui prévoyaient un score en-dessous de 10 %).
En plus de Duda (
43,50 % au premier tour) et Trzaskowski (
30.46 %), participaient également à l'élection :
- Szymon Hołownia*** (indépendant), un animateur de télévision qui se décrit comme étant "
catholique progressiste" (je ne suis pas sûr de comment traduire
liberal dans ce contexte).
Score au premier tour : 13,87 %.- Krzysztof Bosak (Confédération - KON, extrême-droite) : Député.
Score au premier tour : 6,78 % des voix.- Władysław Kosiniak-Kamysz (Parti paysan polonais - PSL, Libéral-conservateur et agrarien) : président du parti. PSL était le partenaire de coalition de PO lorsque ces derniers étaient au gouvernement et avaient fait liste commune aux européennes de 2019. Cependant, cette alliance a été rompue par PSL, notamment après
la signature par Trzaskowski d'une charte où la ville de Varsovie s'engage à protéger les personnes LGBTI.
PSL s'est allié ensuite avec Paweł Kukiz (chanteur, puis député, 3ème de la présidentielle de 2015 avec 20,80 % des voix) pour former la "Coalition Polonaise" (KP, que ses fondateurs décrivent comme étant "démocrate-chrétienne"). Kukiz a ainsi rompu sa précédente alliance avec le Mouvement National (RN - extrême-droite, ça ne s'invente pas) qui a rejoint la Confédération mentionnée plus haut.
Score au premier tour : 2,36 %.- Robert Biedroń (La Gauche, une coalition électorale composée des sociaux-démocrates du SLD, du parti Printemps fondé par Biedroń, et du parti Ensemble) : maire de Słupsk, puis député. Il est ouvertement homosexuel.
Score au premier tour : 2,22 %.- D'autres candidats qui ont chacun fait moins de 1 % des voix.
*Droit et Justice n'a pas la majorité absolue à la chambre basse du Parlement. Ils ont formé la coalition Droite Unie avec les partis Accord, Pologne Unie, Piast et Libres et Solidaires"
** PO a d'abord formé la "Coalition européenne" (KE) pour les élections européennes avec notamment :
- PSL (mentionné plus haut)
- SLD (mentionné plus haut)
- Moderne (.N en polonais, libéral)
- Les Verts
- Maintenant! (Teraz! en polonais, aujourd'hui dissous. Ce parti a été fondé par le créateur de .N)
- La Ligue des Familles Polonaises (LPR), qui est passée de l'extrême-droite au centre-droit depuis leur passage au gouvernement.
SLD et le PSL ont formé ensuite leurs propres coalitions pour les élections parlementaires qui ont eu lieu quelques mois plus tard. L'alliance s'est rebaptisée "Coalition civique" (KO) et a ensuite été rejointe par le parti Initiative Polonaise (IP, centre-gauche pour la sépration de l'Eglise et de l'Etat).
*** Après le premier tour, Szymon Hołownia a créé le parti "Pologne 2050" et veut donc continuer son action politique.