Les résultats de ce sondage sont surtout quasi-identiques à celui réalisé par l'IFOP en octobre 2019 (une liste compilée de sondages est recensée par Wikipédia ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_ ... %C3%A7aise).
On relève toutefois une légère progression des candidats LR (+ 2 points pour Xavier Bertrand et + 1 point pour François Baroin), et dans le même temps un recul d'environ 1 point de Nicolas Dupont-Aignan - ce qui n'a rien de très surprenant : Nicolas Dupont-Aignan est peu visible médiatiquement et son électorat le plus proche de LR aura beaucoup à souffrir d'un vote utile en faveur d'un candidat LR plus susceptible, lui, de figurer au deuxième tour.
En fait, on aurait pu penser que la porosité de l'électorat LR-LREM, en défaveur de LREM aux municipales, se retrouverait dans ce sondage pour l'élection présidentielle - mais rien de tel : une partie de l'électorat LR semble regarder Emmanuel Macron comme le candidat de droite naturel, car sortant (un peu comme Valéry Giscard d'Estaing face à ses adversaires de droite en 1981, Jacques Chirac étant alors considéré comme un très improbable candidat de deuxième tour).
Le score de la gauche (à peine plus de 25 %) est exceptionnellement faible, en recul encore par rapport à 2017, et sans qu'on retrouve le rebond observé aux européennes puis aux municipales. Il est aussi probable qu'une partie de l'électorat de centre-gauche et/ou écologiste (il y a toujours une fraction d'électeurs centristes, voire de droite, dans l'électorat EELV) considère Emmanuel Macron comme un candidat progressiste qui serait un rempart face à Marine Le Pen.
Sur le long terme, depuis le premier sondage post-présidentielle (octobre 2017), le mouvement le plus net est le recul de Jean-Luc Mélenchon, qui semble toutefois s'être stabilisé un peu au-dessus de 10 %, un recul des voix du candidat de droite - toujours très loin des 20 % de François Fillon, même si une stabilisation s'effectue aussi légèrement au-dessus de 10 %.
Dans la gauche hors LFI aucune figure n'émerge, le léger ascendant de Yannick Jadot sur Olivier Faure semblant surtout tenir au fait que le premier a été tête de liste à une élection nationale et ne cache pas ses ambitions présidentielles - pour preuve, quand Bertrand Cazeneuve (plus présidentiable) était testé en octobre 2019, il faisait presque jeu égal avec Yannick Jadot. Le score de la gauche (un tiers des voix aux européennes et près des deux cinquièmes aux municipales) et la faiblesse persistante de Jean-Luc Mélenchon laissent pourtant assez d'espace à un candidat de gauche hors LFI pour se poser en concurrent sérieux des deux candidats faisant la course en tête. Mais la rivalité accrue entre PS et EELV révélée aux municipales (jusqu'à la guerre ouverte à Strasbourg et à Lille) pour le leadership de cette frange de l'électorat ouvre selon moi le scénario de deux candidatures distinctes en 2022... avant que le poids des sondages et la dynamique de campagne n'en fasse chuter l'un des deux (un peu sur la scénario de la concurrence entre Jacques Chirac et Michel Debré à la présidentielle de 1981 pour l'électorat gaulliste : en début de campagne, le premier était à 11% et le second à 6 % ; le résultat final avait été 18% / 2% ; ou plus près de nous le siphonnage de l'électorat de Benoît Hamon par Jean-Luc Mélenchon en 2017).