Bonsoir,
Afin de compléter vos vues et analyses très intéressantes sur le scrutin législatif français de 1958, je soumets à votre réflexion ces deux cartes.
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sguillerez at 2011-05-05
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sguillerez at 2011-05-05
Il s'agit des résultats présentés à l'échelon cantonal - au niveau du quartier d'arrondissements pour Paris et des communes pour le département de la Seine- sur la base des fonds de carte utilisés par le brillant Gaël L'Hermine.
Si la première carte, quant à la méthode utilisée, ne réclame aucune remarque particulière, la seconde exige des explications. J'ai regroupé chacune des grandes forces et tendances politiques par grands blocs. Il s'agit d'abord d'identifier la tendance politique arrivant en tête en suffrages exprimés à savoir la droite, la gauche et le centre et inclassables, puis, au sein de celle-ci, déterminer l'étiquette du candidat ou de la liste concernée. Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, dans le canton de Gonesse (Seine et Oise), la gauche est majoritaire en terme de voix, et en son sein le candidat P.C.F. arrive en tête, le député sortant Antoine Demusois, en l'occurrence.
Comme vous pouvez le constater, nous nous heurtons de plein front à l'une des difficultés majeures quant à la méthode d'élaboration des cartes électorales avec l'étiquette des candidats.
A quoi se fier ?
- à l'étiquette affichée du candidat en question ?
- à ses positions présentées dans sa profession de foi ou dans ses discours de campagne tant à la radiotélévision qu'à à l'occasion de réunions électorales sous le préau d'une école communale ?
- au mouvement politique auquel il appartient ?
- au courant de pensée auquel il se rattache ?
- aux informations souvent erronées données par la presse de l'époque ?
- aux données électorales officielles parfois tronquées?
- etc, etc ...
Entre ces différentes grilles de lecture, il faut trancher.
J'ai distingué pour ces cartes plusieurs courants en allant de gauche à droite :
- le P.C.F. et les progressistes (tels que Pierre Cot en Savoie ou Pierre Meunier en Côte d'Or) ;
- l' U.F.D. - P.S.A. : cette catégorie regroupe les candidats de l'Union des forces démocratiques, conglomérat politique et associatif représenté par des personnalités de gauche non-communiste (Mendès-France ou Mitterrand) opposées au retour du général de Gaulle au pouvoir et appelant à voter non au référendum constitutionnel de 1958. Le Parti socialiste autonome (qui deviendra en avril 1960 le P.S.U.) en fait partie intégrante ;
- la S.F.I.O. ;
- les socialistes indépendants (Spinasse en Corrèze, Deschizeaux dans l'Indre ou Poignant dans la Sarthe) ;
- les divers gauche ;
- les radicaux-socialistes du Parti républicain radical et radical-socialiste de 1901 ;
- les radicaux modérés : ce sont les candidats issus soit du Rassemblement des Gauches Républicaines (cartel électoral de partis du centre gauche dont le Parti radical, qui deviendra parti en 1955 pris en main par Edgar Faure suite à son exclusion du Parti radical) soit de mouvements périphériques comme l'U.D.S.R. ou le Centre républicain d'André Morice (scission de la droite du Parti radical en 1957 opposée à une résolution négociée du conflit algérien avec le F.L.N.) ;
- le M.R.P. sachant que certains candidats, députés sortants issus du M.R.P. ne s'y rattachent pas directement ou explicitement ;
- les divers droite qui comprennent notamment certains des députés M.R.P. sortants (dont Georges Bidault) ayant pris la décision en juillet 1958 de fonder la Démocratie chrétienne de France, prélude à une sorte de rassemblement de tous les démocrates-chrétiens, libéraux et indépendants. Celà nous complique la tâche puisque certains candidats se revendiquent des étiquettes M.R.P. et D.C.F..
- les modérés : la différence entre ces deux dernières catégories repose sur un souci de rendre confortable la lisibilité des cartes. Ainsi, dans une seule et même circonscription, deux candidats classés divers droite peuvent arriver en tête dans plusieurs cantons de la même circonscription (cas de la Normandie) ;
- les Indépendants et paysans du C.N.I. ;
- l'U.N.R. avec les satellites gaullistes comme le Centre de la Réforme Républicaine ou Renouveau et Fidélité ;
- les poujadistes (l'ex-républicain social Pesquet dans le Loir-et-Cher qui sera impliqué plus tard dans l'affaire de l'Observatoire ciblant François Mitterrand) ;
- enfin, les inclassables sans étiquette.
A cela s'ajoute le clivage induit par le soutien ou non au Général de Gaulle et à l'Algérie française.
Avec le choix de ces étiquette apparaît une France mosaïque dans laquelle s'expriment avec puissance les spécificités locales et le poids des clientèles notabiliaires.
Naturellement, je serais prêt à communiquer ces documents à qui le souhaitera.
Bien à vous.