Alambic a écrit: Mon seul pronostic est que je pense que, si changement important il y a, il sera bien plus une conséquence de la crise économique qui s'annonce (et est donc lié à la capacité des autorités à bien la gérer) qu'à la crise sanitaire en tant que telle. Pour ce qui concerne la crise sanitaire, il y aura sans doute des mesures qui seront prises sur l'hôpital ou sur la sécurisation de l'approvisionnement en matériel médical, mais je ne crois pas franchement que ça ira beaucoup plus loin.
L'hôpital public risque en effet d'être d'autant moins une priorité qu'il faudra bien combler les trous du déficit budgétaire qui se creuse... Je pense qu'il y aura demain un stock de masques, quelques financements de programmes de recherche sur la grippe et un nouveau plan d'urgence. Comme après la grippe H1N1, en fait (et les programmes de financement étaient largement restés au stade des promesses). On ne sent pas le début d'une réflexion approfondie sur l'un des autres ingrédients du succès de la réponse sud-coréenne : un meilleur dimensionnement des structures de réanimation et, plus généralement, des services d'urgences.
Je ne sens pas non plus de vrai débat en termes de libertés publiques, notamment sur le confinement généralisé, mettant en cause la liberté d'aller et venir, ainsi que sur la réponse policière, certes beaucoup plus sévère dans des pays de tradition non démocratique - nonobstant les rodomontades du préfet de police de Paris, que le gouvernement ne juge par ailleurs pas nécessaire de sanctionner (s'il avait été ministre, des plaintes seraient déjà en préparation ou déposées devant la Cour de justice de la République). Un fonctionnaire a aussi des comptes à rendre. On parle (enfin) du tracking en Corée du Sud, qui pose une autre question majeure de libertés individuelles, mais le gouvernement semble ne pas avoir d'idée tranchée sur la question, se disant ouvert à en débattre. Ce manque de débat sérieux sur les libertés publiques me préoccupe très fortement.
La suspension des normes horaires du travail ne semble pas non plus soulever de tollé généralisé, là aussi à ma grande surprise : on sent que des années de politique "austéritaire" ont fait leur oeuvre dans l'opinion publique...
Reste la crise économique, qui soulèvera des débats sans doute plus nourris : tous auront souffert d'une manière ou d'une autre, et il est difficile d'envisager que ceux qui se considèrent comme victimes soient prêts à payer pour les autres. Je ne sens pas ce gouvernement être capable de créer les conditions d'un consensus national face à la crise - alors, quand il s'agira de payer l'addition...
La solidarité européenne pourrait jouer, mais cela ne devrait-il pas déjà être le cas ? Il y a certes des transferts de malades dans d'autres pays, mais l'impression générale est plutôt que chacun prêche pour sa paroisse nationale - pour preuve la course aux masques de chaque gouvernement.
Heureusement, nous recevons ce qu'il convient d'appeler une aide publique au développement... de la Chine !