Coronavirus

[arthas]

S'agissant du bac en contrôle continu, pour moi l'alternative était simple : comme pour le deuxième tour des municipales, envisager un contrôle final décalé fin juin / début juillet. Le bac étant dans plus de deux mois, pourquoi avoir tout décidé dès maintenant ?

Idem ... Cela pourrait même faire passer (à tord ?) le message que l'état du pays sera tel à cette période, que l'organisation des épreuves du bac deviendra ingérable.

L'inquiétude la plus profonde que j'éprouve au sujet de ce virus réside dans son comportement au cours des mois à venir, dits printaniers/estivaux. Dans le pire des cas, il sera moins sensible au climat que la grippe saisonnière, et ce serait un facteur franchement aggravant. Je ne suis pas assez calé en la matière pour savoir si l'on a d'ores et déjà des connaissances à ce sujet.

Dans le meilleur des cas, on pourrait imaginer que le virus régressera nettement voire disparaîtra à la fin du printemps sous nos latitudes. Latitudes qui ne sont pas celles des pays de l'hémisphère sud, lesquels sont en train de voir débarquer le covid-19 sur leur territoire, d'autant plus lorsqu'ils ont un climat similaire au nôtre. Là-bas, on sera en plein hiver pendant les mois de juillet-août.

Que se passera-t-il une fois que le coronavirus aura fini de dévaster l'hémisphère sud. Reviendra-t-il dans le nord avec autant de facilités qu'il est venu de Chine jusqu'en Europe ? Les anticorps développés par les personnes ayant déjà été malades seront-ils encore efficaces, ou repartirons-nous à zéro (= confinement) ? D'ailleurs, bénéficie-t-on seulement d'une immunité même temporaire après avoir été contaminé ... ce n'est pas le cas pour toutes les maladies. D'ici-là, aurons-nous pratiqué un test sérologique sur 67 000 000 de personnes pour nous préparer bien mieux ? Apparemment, le vaccin élaboré/testé/commercialisé sera au plus tôt pour le début d'année prochaine.

Cette année 2020 est quand même bien partie pour passer à la postérité ...

[PhB]

Pour continuer sur le registre des propositions, quatorze députés, de gauche et du centre, ont appelé à régulariser les sans-papiers qui en ont fait la demande, pour des raisons de sécurité sanitaire de l'ensemble de la population. Le gouvernement portugais vient de prendre une mesure analogue.
Source : https://www.lefigaro.fr/politique/coron ... s-20200403

Ces députés sont, par ordre de signature :
- François-Michel Lambert (ex-UDE élu avec le soutien de LREM, aujourd'hui co-fondateur de Liberté Ecologie Fraternité),
- Fabien Roussel (secrétaire national du PCF),
- Joël Aviragnet (PS),
- Michel Delpon (LREM),
- Hubert Julien-Laferrière (LREM, ex-PS),
- Marie-George Buffet (PCF),
- Sébastien Nadot (MdP),
- Michèle Victory (PS),
- Jean-Michel Clément (ex-PS élu comme LREM, aujourd'hui membre de PP),
- Bertrand Pancher (MRSL),
- M'Jid el Guerrab (ex-PS élu comme LREM, aujourd'hui membre du MRSL),
- Sandrine Josso (ex-Alliance centriste, aujourd'hui LREM),
- Frédérique Dumas (ex-LREM, était à l'UDI en 2019 mais ne semble plus être dans un parti politique),
- Paul Molac (ex-UDB puis ex-LREM, ne semble plus aujourd'hui être membre d'un parti politique).

L'article du "Figaro" évoque aussi Olivier Faure, premier secrétaire du PS, et Sonia Krimi (LREM), mais ils n'apparaissent pas dans la liste des premiers signataires, qui se sont donc rajoutés aux 14 premiers signataires mentionnés plus haut.

Contrairement à ce qu'affirme "Le Figaro", l'arc politique de soutien à cette proposition dépasse les rangs de la gauche, d'ex-LREM et de l'aile gauche de LREM : on trouve un MRSL qui n'a jamais été à gauche comme Bertrand Pancher (ex-radical valoisien), des députées ex-LREM qui viennent du centre-droit, comme Sandrine Josso et Frédérique Dumas, ainsi que des députés toujours encartés à LREM. Joli tour de force d'avoir réuni des personnalités qui vont du PCF au MRSL : c'est assez inédit, et le signe que certaines lignes politiques évoluent (et accessoirement que des députés LREM s'émancipent, le délégué général de LREM ayant fait savoir son hostilité à la mesure de régularisation proposée).

Merci Marcy de risquer des propositions. J'approuve pleinement celle-ci. Indépendamment de nos préférences personnelles et politiques sur le sujet des sans-papiers en temps normal, il est évident que l'épidémie sera beaucoup mieux atténuée si on prend la peine de soigner et aider les sans-abri et les sans-papiers.
D'ailleurs le préfet de la Loire-Atlantique l'a bien compris, puisqu'il renouvelle automatiquement les permis de séjour qui arrivent à échéance le temps du confinement . À défaut de l'accorder à tous ceux qui en font la demande, c'est déjà un premier pas notable.

[ploumploum]

Si je puis me permettre, je pense qu'il ne faut plus regarder la variation des pourcentages dans le temps : ça avait un sens quand on était dans la phase exponentielle de l'épidémie où les métriques (nombre de cas, d'admission en réanimation, de décès) étaient convexes. Ces pourcentages vont structurellement décroître mais vont se stabiliser pendant assez longtemps sans que ce soit informatif.

Maintenant, qu'on se rapproche du plateau, il vaut mieux regarder l'évolution du nombre de nouveaux cas/admission en réanimation/décès en valeur absolue et regarder comme ça évolue dans le temps. En particulier, à un moment (probablement proche), le nombre de nouveaux cas va cesser d'augmenter, va se stabiliser et commencer à lentement baisser : c'est le moment où les courbes des cas vont devenir concaves et ça sera le prochain stade. Si on se contente de regarder les pourcentages d'augmentation comme avant, on va juste voir qu'ils sont stables et on va penser qu'il ne se passe rien alors que si.

Je suis rassuré de lire ce type d'analyses : il n'y a pas que des adeptes du sapinisme qui se réjouissent semble-t-il car il y a une baisse de l'augmentation du % de nouveaux cas.

Rappelons quand même que derrière les %, il y a des hommes et des femmes, il y a l'Humain d'abord...


Edit : Ploumploum, modif d'un passage.

[Marcy]

J'approuve pleinement celle-ci. Indépendamment de nos préférences personnelles et politiques sur le sujet des sans-papiers en temps normal, il est évident que l'épidémie sera beaucoup mieux atténuée si on prend la peine de soigner et aider les sans-abri et les sans-papiers.

S'agissant des sans-abris, je suis d'ailleurs choqué de voir que, là où j'habite à Paris centre, ils ne sont pas confinés, alors que les hôtels et nombre d'appartements sont vides... Beaucoup ayant par ailleurs des problèmes de santé, ce sont des populations particulièrement exposées et vulnérables. Ils me semblent plus souvent regroupés que d'ordinaire, au regard de l'angoisse qu'ils partagent évidemment face à l'épidémie et de difficultés accrues de vie quotidienne (donateurs moins nombreux, services de santé surchargés...). J'imagine que ce sont les autorités préfectorales qui doivent procéder au confinement, mais à Paris nous n'avons pas de chances : le préfet de police préfère aller sur les plateaux de télévision et faire la leçon aux malades. A Paris, Anne Hidalgo a pourtant très tôt tiré la sonnette d'alarme, de même que les ONG.

La crise sanitaire est un révélateur terrible des failles de notre société : si l'on juge la valeur d'une société par l'attention qu'elle porte aux plus fragiles, le constat de la France de 2020 est accablant.

[Alambic]

Je suis rassuré de lire ce type d'analyses : il n'y a pas que des adeptes du sapinisme qui se réjouissent semble-t-il car il y a une baisse de l'augmentation du % de nouveaux cas.

Rappelons quand même que derrière les %, il y a des hommes et des femmes, il y a l'Humain d'abord...


Edit : Ploumploum, modif d'un passage.

Je ne suis pas certain de comprendre ce que vous me reprochez. Effectivement, personne n'a nié que, derrière les chiffres, il y avait des hommes et des femmes...

[BernardD]

Sauf inattention de ma part,il reste un pays en Europe qui continue à retenir comme stratégie sanitaire assumée l'immunisation de masse:la Suède.Elle a choisi de laisser passer l'épidémie et a simplement pris,du 9 au 16 mars,quelques mesures - limitées - de distanciation sociale (limitation des rassemblements,fermeture des écoles) pour ralentir sa propagation mais se refuse à décider un confinement,jugé économiquement trop coûteux.

Même s'il reste encore de fortes incertitudes sur la contagiosité du virus et sur les effets de chacune des mesures prises sur le R0 de l'épidémie, les épidémiologistes semblent s'accorder sur le fait que dès lors que le départ de feu a eu lieu (échec du testing and tracking) alors seul le confinement peut éteindre l'incendie (ramener le R0 en dessous de 1); ainsi l'équipe COVID 19 d'Imperial College estime que la Suède a ramené son R0 de 4 à environ 2, en tous cas nettement au dessus de 1.

L'épidémie est clairement hors de contrôle (6 300 cas - 333 décès au 3 avril).

Si les épidémiologistes ne se trompent pas trop,la Suède sociale-démocrate (gouvernement SAP-Parti vert avec soutien du Parti du Centre et du Parti libéral) s'apprête donc à laisser infecter, mettons, 5 millions de ses 10 millions d'habitants (taux d'immunisation de 50 %), à en envoyer 500 000 à l'hôpital (10 % de cas graves) et à en perdre 50 à 100 000 (létalité de 1 % pouvant monter à 2 % par saturation du système hospitalier), soit 0.5 % à 1 % de la population; c'est une expérience grandeur nature qui lui vaudra la reconnaissance des épidémiologistes et des politistes.

A suivre ...

[BernardD]

Un troisième papier de Tomas Pueyo; le 11 mars,son premier papier, posté ici par Alambic, alertait sur l'urgence mondiale du confinement;le second, du 19 mars, éclairait les stratégies possibles après le confinement;à eux deux, ils totalisent 50 millions de vues.
Celui-ci (2 avril) se concentre sur les Etats-Unis et la stratégie que les Etats et le Gouvernement fédéral devraient adopter.

https://medium.com/@tomaspueyo/coronavi ... b886af37e9

[Marcy]

Un article intéressant du "Monde" sur la colocation d'étudiants qui se sont regroupés lors du confinement, afin de limiter les effets en termes de santé mentale de l'isolement dans des chambres d'étudiant (et accessoirement ne pas être seul-e en cas de maladie, puisque les symptômes mortels d'insuffisance respiratoire semblent pouvoir être très rapides) :
https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

Un de mes amis, qui vit seul dans une chambre de 11m2, avait aussi envisagé de venir passer chez moi le confinement, avant le couperet du mardi 17 mars 2020 à 12h - mais y avait renoncé. A l'époque, nous ne nous sommes pas demandé si c'était autorisé ou pas... Du reste, le ministre de l'Intérieur n'avait pas encore parlé.

Car la consigne a été et reste "restez chez vous" mais que veut dire "chez vous" ? Les Franciliens partis dans leur maison de campagne peuvent arguer que leur maison de campagne c'est "chez eux".

La canicule avait abouti à de nombreux décès de personnes isolées ; j'ai aujourd'hui les mêmes craintes avec le confinement de personnes seules.

A mon sens, les initiatives d'étudiants signalées par "Le Monde" sont à saluer en termes de santé (y compris mentale) et d'entraide, alors que le confinement est une atteinte fondamentale à la liberté d'aller et venir. Les contrôles policiers n'ont, à ma connaissance, fort heureusement pas sanctionné ce type d'initiatives, mais pour la prochaine fois espérons que le gouvernement y songe : définir la notion de domicile de confinement en laissant une marge d'appréciation quant à la notion de domicile, et prévenir les situations d'isolement.

[alamo]

Il y a heureusement de moins en moins de cités U "à l'ancienne" où les étudiants vivent dans des chambres de 9 ou 10 m² avec douches collectives et chiottes sur le palier, la norme est aujourd'hui entre 18 et 20 m² tout équipé.
Maintenant c'est vrai que même 20 m², en confinement, on tourne un peu en rond.
A Roscoff, il ne reste actuellement sur place que 8 étudiants sur 18 en LBM 2ème année, tous dans des maisons en colocation, dont 4 dans la même. Les autres sont tous rentrés chez les parents, comme la quasi totalité des 1ère année, notammment ceux logés dans le bâtiment abritant également des salles de cours, qui a été fermé.

Le décalage des partiels va poser un problème à tous les étudiants qui, dans les régions touristiques (Côte d'Azur, Nantes, Brest, Roscoff donc (mais ils sont peu nombreux), Bordeaux, Chambéry...) occupent en colocation des appartements ou maisons qio, en été, sont loués à la semaine aux vacanciers. Normalement ils sdoivent être "virés" mi mai, or les examens vont être décalés au moins d'un mois.
Sauf si l'Etat, dans le cadre du déconfinement partiel, interdit la grande migration estivale vers des régions encore peu touchées....

Problèmes de riches, me direz-vous...

[BernardD]

Quelques constats et réflexions sur la sortie du confinement.

Les stratégies des pays asiatiques pour éviter un départ d'épidémie (un nouveau dans le cas de la Chine) présentent des points assez semblables:

La Chine a ramené le nombre de nouveaux cas vers 50 par jour vers le 7 mars et a réussi à le maintenir en dessous de cette valeur depuis lors; il est difficile de connaître le détail des mesures prises pour ce faire;

Le Japon est parvenu à maintenir ce nombre en dessous de 50 jusque vers le 25 mars, mais n'a pas pu enrayer une forte croissance ces 15 derniers jours: 200 cas par jour depuis début avril;le gouvernement pourrait décider le confinement très prochainement;

Taiwan a réussi à maintenir ce nombre en dessous de 30;

Hong-Kong l'a toujours maintenu en dessous de 50;

Singapour l'a maintenu en dessous de 50 jusqu'à fin mars; avec cependant une augmentation notable depuis 15 jours (120 le 5 avril),ce qui a conduit les autorités à prendre diverses mesures nouvelles (fermeture partielle des écoles, limitation des restaurants au take-away, );

La Corée du Sud a connu un départ de feu fin février (environ 1 000 cas par jour), essentiellement au sein de la secte "Eglise de Shincheonji", qu'elle a réussi à éteindre in extremis; depuis mi-mars, le nombre de nouveaux cas est inférieur à 100 et semble stable.


Ce qui semble se dégager de ces succès et de ces revers, c' est une addition de cinq ingrédients:
- 1 - un nombre de cas maintenu à un niveau très faible, inférieur à 50; au delà le traçage et le dépistage deviennent très difficiles;aujourd'hui, ce nombre se mesure en milliers en France, Italie, Espagne (et encore est-il sous estimé);
- 2 - un très grand nombre de tests (10 000 à 20 000 par jour en Corée);le Japon est probablement en train d'échouer par trop faible nombre de tests (1 000 par jour);mais surtout les tests sont à réaliser sur les personnes à risque d'avoir été infectées; des tests à l'aveugle peuvent rassurer, mais auront l'efficacité d'une petite cuillère pour vider l'océan;
- 3 - une mise en quarantaine extrêmement rigoureuse des cas identifiés et des cas contacts;
- 4 - une technologie de tracking performante et surtout une gestion "quasi policière" de l'information ainsi recueillie;
- 5 - des limitations diverses, qui restent nécessaires pour réduire la vitesse de la contagion.

Enfin, ces méthodes doivent être assez homogènes dans les pays qui gardent ouvertes leurs frontières, ce qui nous promet de beaux débats dans les prochaines semaines sur la circulation au sein l'espace Schengen, outre celui sur les technologies et méthodes de tracking.