ChristianC. a écrit:Le confinement est en train de révéler une nouvelle fracture sociale lourde de conséquences.
Qui continue à travailler dans la sécurité relative du confinement? Des cadres commerciaux, bancaires, juridiques; des ingénieurs; des professeurs, des journalistes et autres professions intellectuelles; des fonctionnaires de divers ministères…
Qui doit aller travailler à l'extérieur, dans des conditions sanitaires bien plus précaires? Des professions sanitaires de tous ordres, d'abord, dont médecins, mais aussi infirmiers, aides-soignat(e)s, aides ménagères de malades et personnes âgées…
Et puis des ouvriers (dont ceux des chantiers, selon Mme Pénicaud) , des agriculteurs, des employés de supermarchés, des transporteurs routiers, des petits commerçants de l'alimentation, des facteurs (non, demain ils arrêtent), des éboueurs, des employés de l'EDF et des sociétés de distribution de l'eau et du gaz...
Et puis les forces de l'ordre…
Dans mon immeuble du VIIIème, tout le monde est cloîtré, sauf la gardienne qui continue à sortir nos poubelles et à faire le ménage dans notre escalier..
Certes, on ne peut pas dire que la seconde catégorie ne soit constituée que de prolétaires et de Gilets jaunes. Mais n'est ce pas le sentiment que pourraient éprouver beaucoup de ceux qui en font partie?
Mettons les choses au noir: si le confinement se poursuit, les second vont-ils longtemps continuer à travailler dans des conditions difficiles pour faire vivre les premiers? Des premiers qui ont l'air de ne sortir que pour aller se promener sur les bords de Seine, et de n'avoir comme problème que la longueur de la distance permise pour leur jogging.
Sans parler de la coupure, pour ne pas dire plus, entre les provinciaux de la campagne et des petites villes d'une part, et les urbains réfugiés façon juin 40 de l'autre. Quand le virus commencera à se manifester dans la France profonde où il n'est pas encore beaucoup paru (la France de l'Ouest essentiellement) on sait qui sera accusé de l'y avoir porté.
Si c'est très long et mal géré (et je ne vois pas comment ce pourra être bien géré), la société court un très gros risque de dislocation irrémédiable.
Et je ne parle même pas des quartiers de banlieue où dès avant la crise l'Etat était à peu près absent.
Marcy a écrit:ChristianC. a écrit:Le confinement est en train de révéler une nouvelle fracture sociale lourde de conséquences.
Quant à la gestion de crise, la France - comme du reste l'Espagne et l'Italie - ne s'était pas préparée à l'avance, et ce bien avant 2017 (n'accablons pas les autorités actuelles) - donc, dans la précipitation et l'urgence, cela ne peut effectivement pas être bien géré. Comme je l'ai déjà dit sur ce fil de discussion (avec d'autres), les cas de bonne gestion, comme la Corée du Sud, Singapour et Hong Kong, sont connus : sur deux aspects (tests systématiques et port du masque), la France n'est pas bonne. Pourquoi ne communique-t-on pas davantage sur ces données ? Nous sommes, dit-on, en guerre : mais en temps de guerre les progrès de l'industrie d'armement sont loués (même avec les gros sabots de la propagande de guerre) : aujourd'hui, que sait-on de la production - ou l'approvisionnement - en tests et en masques ? Les chiffres seraient-ils si mauvais qu'il faut les cacher ? Dans la bataille contre le Covid-19, pourquoi n'en sait-on pas plus sur les recherches en cours : est-ce trop tôt ? Enfin, le chiffre macabre des décès montre hier un léger fléchissement : pourquoi pas plus d'interprétations ? J'ai le sentiment d'une communication loin d'être optimale : c'est très bien de savoir que la police veille, verbalise et met en garde à vue ou encore de débattre du couvre-feu, mais les informations qui m'intéressent sont celles en provenance directe du front de la bataille sanitaire - et sur ce point je suis insatisfait. Mais d'autres ayant une meilleure culture scientifique que moi pourront peut-être éclairer le Béotien que je suis...
BernardD a écrit:Marcy a écrit:ChristianC. a écrit:Le confinement est en train de révéler une nouvelle fracture sociale lourde de conséquences.
Quant à la gestion de crise, la France - comme du reste l'Espagne et l'Italie - ne s'était pas préparée à l'avance, et ce bien avant 2017 (n'accablons pas les autorités actuelles) - donc, dans la précipitation et l'urgence, cela ne peut effectivement pas être bien géré. Comme je l'ai déjà dit sur ce fil de discussion (avec d'autres), les cas de bonne gestion, comme la Corée du Sud, Singapour et Hong Kong, sont connus : sur deux aspects (tests systématiques et port du masque), la France n'est pas bonne. Pourquoi ne communique-t-on pas davantage sur ces données ? Nous sommes, dit-on, en guerre : mais en temps de guerre les progrès de l'industrie d'armement sont loués (même avec les gros sabots de la propagande de guerre) : aujourd'hui, que sait-on de la production - ou l'approvisionnement - en tests et en masques ? Les chiffres seraient-ils si mauvais qu'il faut les cacher ? Dans la bataille contre le Covid-19, pourquoi n'en sait-on pas plus sur les recherches en cours : est-ce trop tôt ? Enfin, le chiffre macabre des décès montre hier un léger fléchissement : pourquoi pas plus d'interprétations ? J'ai le sentiment d'une communication loin d'être optimale : c'est très bien de savoir que la police veille, verbalise et met en garde à vue ou encore de débattre du couvre-feu, mais les informations qui m'intéressent sont celles en provenance directe du front de la bataille sanitaire - et sur ce point je suis insatisfait. Mais d'autres ayant une meilleure culture scientifique que moi pourront peut-être éclairer le Béotien que je suis...
Nous sommes entrés en crise très mal préparés d'abord intellectuellement (ampleur et surtout cinétique des épidémies à considérer) et donc quasiment sans armes matérielles;les enquêtes ultérieures en analyseront les raisons mais, à ce stade, les responsabilités semblent très partagées depuis 2010 ( crise de la grippe H1N1) par trois ministres de la santé de tous bords: LR, PS, LREM .
- concernant les masques, ci- dessous, un lien vers un article d'un site engagé (Bastamag), mais qui a le double mérite d'être assez complet et factuel (cohérent avec les diverses déclarations de Véran )
https://www.bastamag.net/masques-chirur ... neralistes
- concernant les tests, le Pr Delfraissy, Pdt du Conseil scientifique Covid 19,dans une interview au Monde ce matin
https://www.lemonde.fr/planete/article/ ... _3244.html,
a déclaré que les usines qui fabriquent les réactifs sont en Chine (mais elles sont pour l'heure à l'arrêt) et aux USA (lesquels gardent les réactifs pour leurs besoins propres); comme pour les masques, l'Europe va payer cher son insouciance en matière de souveraineté
Concernant la communication, il est probable que l'exécutif(et le conseil scientifique) a choisi dans la phase actuelle - étouffer l'épidémie - de focaliser la communication sur un seul message (restez chez vous) et qu'il attend que le confinement porte ses fruits (début avril, fin avril ?), pour faire la pédagogie de la sortie du confinement total,laquelle pourrait bien consister à danser sur un volcan jusqu' à mi-2021 ( on parle de 18 mois pour un vaccin), comme le font les Asiatiques.
Marcy a écrit: Par exemple, une personne supposée contaminée (car on ne peut pas le savoir en France, faute de test) doit-elle rester chez elle, car plus contagieuse que saine, même si les symptômes sont légers, ou aller travailler, comme semble l'y exhorter la ministre du Travail ? A lire les liens, je crois comprendre que les personnels médicaux se mettent alors en retrait... mais cette mesure vaut-elle pour tous ? Personnellement, je sanctionnerais les entreprises qui font travailler leurs personnels montrant des signes de maladie : on ne peut pas en rester à l'obligation pour l'employeur d'assurer la santé au travail de ses salariés - car l'initiative privée ne conduit pas, par une quelconque main invisible du marché, à satisfaire l'intérêt général en matière de santé au travail.
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