Elections municipales 2020 à Poitiers

[Raphadu86]

A près de 7 mois du premier tour des élections municipales, à Poitiers, première ville de la Vienne en terme de démographie et ancienne capitale régionale (du temps du Poitou-Charentes), le combat se prépare tout autour de l'échiquier politique, et de nombreuses initiatives fleurissent.

Alain Claeys (PS, à la tête de la majorité de gauche PS-PCF) en est le maire depuis 2008. Sur cette terre de gauche, qui n'a connu que deux maires depuis 40 ans (tous les deux du PS, à savoir Jacques Santrot et Alain Claeys), LaREM se verrait bien construire l'alternance.

En 2014, les résultats du premier tour étaient les suivants:
-Alain CLAEYS (PS-PCF) - 35,66%
-Jacqueline DAIGRE (UMP-UDI) - 24,11%
-Christiane FRAYSSE (EELV-PG-ENSEMBLE-NPA (liste "Osons")) - 15,28%
-Alain VERDIN (FN) - 11,97%
-Eric DUBOC (UDI diss.-UMP diss.-MoDem) - 10,11%
-Ludovic GAILLARD (LO) - 2,83%

Au second tour, les cinq premiers étaient en position de se maintenir. Cependant, Eric Duboc avait choisi de se retirer, sans donner de consigne de vote (après avoir tenté en vain de rallier la liste UMP-UDI).
-Liste CLAEYS (PS-PCF) - 41,08% (38 CM)
-Liste DAIGRE (UMP-UDI) - 34,18% (9 CM)
-Liste FRAYSSE (EELV-PG-ENSEMBLE-NPA (liste "Osons")) - 15,05% (4 CM)
-Liste VERDIN (FN) - 9,67% (2 CM).

Pour 2020, la situation se présente sous un nouvel angle: les divisions règnent et les appétits s'aiguisent... même si la situation devrait se clarifier dans les semaines à venir.

Faisons le tour de la gauche de la gauche à la droite de la droite sur ce que l'on sait déjà:
Sur l'hémisphère gauche, on recense déjà quatre initiatives:
-Celle du maire sortant, Alain Claeys (à en croire un récent dépôt à l'INPI, "Poitiers en commun") qui a déjà annoncé sa candidature à la réélection.
-Celle de "Osons 2020", coalition de gauche, dont le périmètre devrait ressembler à celui de "Osons" de 2014, à une exception près: EELV soutient une autre initiative pour 2020, et le NPA ne s'est pas officiellement réengagé à ses côtés.
-Celle de "Poitiers Collectif", initiative citoyenne soutenue par EELV et Nouvelle Donne officiellement.
-Celle de "Ensemble pour Poitiers", dont la tête d'affiche est Yves Jean, actuel Président de l'Université de Poitiers, jusqu'au printemps 2020 (où il ne pourra être candidat à sa réélection, le mandat n'étant renouvelable qu'une fois).
Toutes ces initiatives appellent à se rassembler pour limiter la division, sans réel succès jusqu'ici, et pour cause, les volontés sont différentes. Le NPA et Osons se posent contre le maire sortant, le PCF le soutiendra sans doute (ils font partis de la majorité depuis longtemps)... ah, la gauche poitevine, son univers impitoyable...

Au pôle "centriste/démocrate":
-On retrouve LaREM (qui fait réellement figure de challenger pour le maire sortant àmha), qui a désigné pour tête de liste Anthony Brottier.
-On retrouve également une certaine "dissidence" issue de LaREM, "Poitiers 2020", projet plus ou moins construit au sein de LaREM, puis indépendant depuis une petite rogne.
Là aussi, la division pourrait coûter cher...

A droite:
-On ne sait rien du côté de LR. Vraiment rien.
-On ne sait pas grand chose non plus du côté du RN. Alain Verdin, conseiller municipal et ex-tête de liste du FN en 2014 a été démis de ces fonctions de secrétaire départemental du RN. Le nouveau secrétaire départemental sera candidat à Buxerolles, 3ème ville de la Vienne en terme de démographie, et située en très très proche périphérie de Poitiers. Y aura-t-il une liste RN à Poitiers ? Une liste DVD soutenue par le RN ? Le RN sera-t-il totalement absent ?

La rentrée arrive... peut-être auront-nous des réponses à toutes les questions que nous pouvons nous poser: combien y aura-t-il de listes à gauche ? Certaines initiatives tomberont-elles à l'eau ? Le RN sera t'il présent à Poitiers ?

Enfin, on peut déjà esquisser les thématiques clés de la campagne: la gratuité du réseau de bus "Vitalis" (et la mobilité au sens large), l'importance de la vie étudiante (pour une ville qui compte environ 30 000 étudiants) ou encore les enjeux environnementaux.

[stephed]

On rappellera que si Alain Claeys ne brigue "que" son 3ème mandat de maire, il n'est pas apparu sur la scène poitevine qu'en 2008: il fut le 1er directeur de cabinet de Santrot en 1977, conseiller général aux Couronneries (Poitiers 7 de l'époque) de 1982 a 2008 et député de Poitiers Nord pendant 20 ans (1997-2017).

Il peut donc y avoir une certaine usure d'autant qu'il a 70 ans même si l'argument de ses opposition s que "Claeys est maire depuis 1977" est erroné.

[Raphadu86]

La situation évolue rapidement... cela bouge:

Sur l'hémisphère gauche, cinq initiatives:
-Celle du maire sortant, Alain Claeys (à en croire un récent dépôt à l'INPI, "Poitiers en commun") qui a déjà annoncé sa candidature à la réélection.
-Celle de "Osons 2020", coalition de l'autre gauche. Sa tête de liste de 2014 a d'ailleurs annoncé qu'elle avait été choisie pour porter la liste en 2020.
-Celle de "Poitiers Collectif", initiative citoyenne soutenue par EELV, Génération.s et Nouvelle Donne officiellement.
-Celle de "Ensemble pour Poitiers", autre liste de gauche dont la tête de liste devrait être Yves Jean (qui a officialisé ses intentions). Par ailleurs, il tend la main à Poitiers Collectif, considérant que les points communs sont assez nombreux ici.
-Celle de "Lutte ouvrière" qui a annoncé qu'elle porterait une liste.

Au pôle "centriste/démocrate", nous en sommes toujours à deux de manière assez officielle:
-LaREM (toujours challenger face au maire sortant àmha), qui a pour tête de liste Anthony Brottier.
-Poitiers 2020, projet plus ou moins construit au sein de LaREM, puis indépendant depuis une petite rogne.
-On a également vu circuler sur la presse locale quelques infos au sujet d'une troisième liste portée par Marie Brégeon, la candidate à la candidature qui faisait face à Anthony Brottier chez LaRem. Cependant, nous n'observons rien de concret jusqu'ici, et pas d'informations beaucoup plus fraîche.

A droite:
-Chez LR, la candidate de 2014 Jacqueline Daigre a annoncé qu'elle ne sera pas candidate... tout en laissant une porte ouverte avec un "qui m'aime me suive"...
-Du côté du RN, une tête de liste a été nommée en la personne de Kevin Courtois, ouvrier de 27 ans et responsable de la fédération jeune du RN de la Vienne.

Dans la configuration actuelle, on se dirige sans doute vers 6 ou 7 listes au moins (pour rappel, il y en avait 6 en 2014... dont 5 pouvait se maintenir au second tour).

[stephed]

Alain Claeys qui a reçu un soutien inattendu de … Jean-Pierre Raffarin (ex-LR):

l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, n’a pas souhaité se prononcer en faveur d’Anthony Brottier, le candidat investi par LREM aux municipales à Poitiers, alors qu’il soutient Emmanuel Macron et sa majorité au niveau national. « Je ne veux pas prendre position, je ne suis plus dans l’action politique partisane, a-t-il expliqué. Je pense que le maire de Poitiers, Alain Claeys, est une personnalité qui mérite le respect et la considération pour le travail qu’il fait dans notre ville. »

https://www.lanouvellerepublique.fr/vie ... our-claeys

Ce n'est pas la 1ere fois que l'ancien premier ministre, ancien élu et candidat à Poitiers, est "suspecté" de bienveillance envers "son ancien copain de fac avec qui il jouait au rugby" mais il n'avait jamais salué son bilan municipal publiquement.

[Raphadu86]

Après un vote auquel ont participé 120 adhérents, le Parti communiste prend officiellement le large, et ne sera pas candidat sur la liste du maire sortant. 3 possibilités étaient étudiées: soit repartir avec la liste de Alain Claeys, soit se rapprocher de Poitiers Collectif et Ensemble pour Poitiers, soit aller avec Osons. Ces 3 options ont respectivement recueillies 8, 90 et 1% d'après l'article de la presse locale.

L'option choisie (Poitiers Collectif + Ensemble pour Poitiers) semble un peu étonnante... peut-être qu'en coulisses une union est désormais plus qu'engagée. Dans tous les cas, il ne me semble pas avoir vu circuler une telle information à cette heure.

Plus le temps passe, et plus la partie semble risquée pour Alain Claeys. Alors qu'il partait favori, un premier sondage (datant un petit peu semble t-il) le mettait au coude à coude avec Poitiers Collectif. Et ça, c'était avant que LREM ne choisisse son candidat (qui mène d'ores-et-déjà activement campagne), et que le PCF ne parte également. Ce dernier article de la presse locale l'évoque bien.

[Raphadu86]

Le Nouveau parti anticapitaliste a annoncé aujourd'hui qu'il avait pris la décision de partir seul à cette élection.

En 2014, il était parti avec Osons Poitiers, et avait obtenue une conseillère municipale en la personne de Manon Labaye. Mais, pour 2020, les cartes ont été redistribuées: Osons ne rassemble plus, et les initiatives à gauche se multiplient. Celle qui semble avoir le plus de succès est celle de Poitiers Collectif.

Pour remarque, le NPA, conscient de ne pas pouvoir rassembler 53 personnes nécessaires sur son nom, parle d'une liste anticapitaliste, et même "alternative à gauche". En 2008, la liste "alternative à gauche" portée par Maryse Desbourdes et rassemblant la LCR (ex-NPA) et les Alternatifs entre autres avait obtenue plus de 6%, et une élue.

Edit: un oubli, non négligeable, Poitiers accueillera mi-novembre l'ancien candidat aux deux dernières élections présidentielles de 2012 et de 2017, Philippe Poutou.

[Raphadu86]

Hier soir, mardi 12 novembre, Poitiers Collectif a choisi sa tête de liste. C'est Léonore Moncond'huy, conseillère régionale EELV depuis 2015, qui a été choisie, avec 11 voix sur 19.

La forme est assez originale, avec une élection sans candidat. Après un débat préliminaire réunissant semble-t-il tous ceux qui le souhaitaient (y compris en ligne avec 600 participants, les 19 candidats qui avaient été choisis la semaine dernière se sont réunis "à huit-clos" pour choisir la personne qui portera la liste.

L'article de la presse locale évoque d'ailleurs plusieurs éléments ayant fait débat, parmi lesquels le fait de nommer une personne encartée et déjà élue.

[Raphadu86]

Hier, le collectif Poitiers 2020 (groupe issu des rangs de La République en Marche et devenu dissident suite à l'investiture d'Anthony Brottier) a annoncé par voie de presse qu'il rejoignait les rangs de la liste du maire actuel, Alain Claeys. Deuxième ralliement, un ancien collaborateur parlementaire du député Sacha Houlié, Emmanuel Husson, a lui aussi décidé de rejoindre les rangs de la campagne d'Alain Claeys.

Je vais me permettre de faire, pour une fois, un petit commentaire de ces infos.
Le ralliement de Poitiers 2020 est une petite surprise, d'autant plus que son porte-parole informel, Bouziane Fourka, était celui qui avait tenu tête au maire sortant dans une émission de Dimanche en politique, critiquant son bilan (ou plutôt son absence de bilan) sur l'attractivité économique et sur les quartiers. Quant au ralliement d'Emmanuel Husson, celui-ci est encore plus une surprise.
Ce même Emmanuel Husson avait demandé d'être investit par LREM à Buxerolles, troisième ville du département et très proche de Poitiers. Il avait également dit dans une interview à la PQR

Dans ces deux villes dirigées par des socialistes depuis trente et quarante ans, il y a beaucoup à faire et il y a un vrai espace politique. A Poitiers, rien n'a été fait depuis le Futuroscope que l'on doit à René Monory !

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Alors, au regard de la situation, j'imagine deux possibilités: soit ces ralliements sont de vrais ralliements de convictions (éventuellement imaginable pour Poitiers 2020, et encore, qui pourrait apporter une jambe "droite" à la candidature de Claeys), soit ce sont des ralliements miroitant ce que la politique fait de plus mauvais: des ralliements d'opportunismes, en échange d'une place. Dans tous les cas, cela fait le jeu d'Alain Claeys, le maire qui organise une réunion avec les présidents d'association en précisant que la campagne n'est pas venue, mais en prenant le soin d'ajouter au pied de page de la lettre d'invitation "Alain Claeys 2020".

Cela montre que, pour une fois, la partie est loin d'être gagnée par Alain Claeys. Et il l'a bien compris. Bien qu'il ait une assise encore importante, il est mangé à sa droite par la candidature de LREM, et à sa gauche par Poitiers Collectif. Et la jeunesse des têtes de listes de ces deux formations pourrait donner un peu d'air frais à une ancienne capitale régionale qui en a bien besoin pour continuer d'exister. Et si 2020 sonnait le glas de 42 ans de socialisme à Poitiers ?

[stephed]

Sans trop maitriser la spécificité poitevine, je dirai qu'on observe ici ce que l'on voit dans beaucoup de villes moyennes pour la Rem où les candidats et leurs proches non investis par la commission d'investiture refusent de soutenir le vainqueur et partent parfois en dissidents. Le plus problématique pour la rem est que souvent ces "dissidents", s'ils ne sont pas forcément nombreux, sont souvent les historiques locaux du mouvement et les "moins virtuels" lors des campagnes électorales depuis 2017.

Concernant le cas poitevin, ce n'est qu'en cas de réélection d'Alain Claeys et les fonction/postes éventuellement par les dissidents que l'on pourra avancer si les ralliements sont sincères ou opportunistes.

[Raphadu86]

Le plus problématique pour la rem est que souvent ces "dissidents", s'ils ne sont pas forcément nombreux, sont souvent les historiques locaux du mouvement et les "moins virtuels" lors des campagnes électorales depuis 2017.

C'est en effet encore le cas ici, puisque parmi ce collectif Poitiers 2020, on retrouve Philippe Chadeyron, qui n'est autre que l'ancien référent LREM de la Vienne. Bouziane Fourka était lui aussi un des référents responsables de comité à Poitiers me semble-t-il.

Concernant le cas poitevin, ce n'est qu'en cas de réélection d'Alain Claeys et les fonction/postes éventuellement par les dissidents que l'on pourra avancer si les ralliements sont sincères ou opportunistes.

Tout à fait. Mais l'on sait également pertinemment que Alain Claeys fait tout pour embêter LREM, et le député Sacha Houlié. Cela peut donner une indication sur les motivations des ralliés...