Les élections municipales de 2020 à Mulhouse

[Républicain67]

Mulhouse (108 999 habitants en 2016), chef-lieu d’arrondissement du Haut-Rhin, deuxième ville de l’ancienne région Alsace après Strasbourg, est à la tête de la quatrième agglomération du Grand Est. La « Cité du Bollwerk » est dirigée depuis 2017 la maire Michèle Lutz (LR), qui a succédé à Jean Rottner, devenu Président du Conseil régional du Grand Est. Ancien bastion socialiste dans une Alsace démocrate-chrétienne et ayant connu une forte implantation du Front national dans les années 1990, la ville, plus ouvrière et industrielle que Strasbourg, a pourtant facilement réélu Jean Rottner, successeur de Jean-Marie Bockel (Gauche moderne) en 2014. On observe qu’à Mulhouse, ainsi que dans l’agglomération (notamment le Bassin potassique au nord de celle-ci) le recul de la gauche est allé de pair avec celui de l’industrie (textile, constructions mécaniques, mines de potasse…), même si l’unité urbaine garde une base encore assez fortement industrielle (notamment dans l’industrie automobile avec la grande usine PSA de Sausheim, premier site industriel du Grand Est et l’un des principaux de France).

Rappel des résultats de 2014

1er tour :
Jean Rottner (UMP, maire sortant, élu par le conseil municipal en 2010) : 42,17% : 10 406 voix
Pierre Freyburger (PS-PRG—EELV-MoDem) : 31,39% : 7 747 voix
Martine Binder (FN) : 21,85% : 5 392%
Aline Parmentier (FG) : 3,06% : 754 voix
Julien Wostyn (LO) : 1,53% : 378 voix

2ème tour :
Jean Rottner (UMP) : 45,77% : 12 171 voix : 41 sièges
Pierre Freyburger (PS-PRG—EELV-MoDem) : 36,67% : 9 751 voix : 10 sièges
Martine Binder (FN) : 17,55% : 4 667 voix : 4 sièges


Ni Michèle Lutz, ni Jean Rottner n’ont pour l’instant fait part de les intentions concernant les élections municipales de 2020.

Candidats déclarés :
- Lara Million (DVD, ex-LR), adjointe au maire de Mulhouse et vice-présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin (élue du canton de Mulhouse-3), investie par LREM
- Christelle Ritz (RN, ex-UMP), ancienne adjointe de Jean-Marie Bockel et de Jean Rottner
- Loïc Minery (EELV, liste commune EELV-LFI)
- Fatima Jenn (LREM dissidente), adjointe au maire, candidate pour le mouvement local « Osons Mulhouse »

LREM ne soutient finalement pas la maire sortant, qui pourrait se présenter. Du côté du Parti socialiste, très affaibli sur Mulhouse, après plusieurs départs vers la majorité présidentielle, on ne sait toujours pas s’il y aura une liste. Le nom de la conseillère muncipale Cléo Schweitzer est parfois évoqué par la presse locale. Du côté de l’extrême gauche, Julien Wostyn (LO) devrait de nouveau être tête de liste.

[Républicain67]

Michèle Lutz (LR), la maire sortante, est candidate à sa réélection. Sa liste a forte coloration centriste (membres de l'UDI, de LREM, d'ex-PS...) sera donc opposée à celle de Lara Million, la candidate soutenue par LREM.

https://www.lalsace.fr/actualite/2019/11/04/mulhouse-michele-lutz-se-lance

[Républicain67]

Alain Favaletto, ancien secrétaire départemental du Rassemblement dans le Haut-Rhin, envisage de monter une liste divers droite contre la candidate frontiste Christelle Ritz. Il proteste contre la mise à l'écart des "historiques", après que la conseillère régionale RN Marie-Hélène de Lacoste-Lareymondie, jugée trop "catho tradi" n'a pas été investi par le parti à Colmar (https://www.politiquemania.com/forum/elections-municipales-2020-f49/les-elections-municipales-2020-dans-haut-rhin-t8219.html). Il parle d'une "purge" au niveau national contre les militants dont le profil ne serait pas en phase avec l'image que le RN veut désormais se nommer.

Sources: Dernières Nouvelles d'Alsace, édition du 4 novembre 2019

[arthas]

Merci à vous, Républicain67, pour l'ouverture et la mise à jour de ce sujet consacré à Mulhouse.

De toutes les villes de plus de 100 000 habitants, Mulhouse n'est pas seulement la plus pauvre et la plus jeune ... mais également l'une de celle où la situation politique semble être la plus illisible.

Pourtant, comme vous l'avez laissé entendre, la ville arborait une tradition de vote disons centre-gauche de façon quasi-constante depuis un demi-siècle :
Emile Muller (PSD/UDF, 1956-1981)
Joseph Klifa (PSD/UDF, 1981-1989)
Jean-Marie Bockel (PS puis Gauche Moderne, 1989-2010)

Depuis 2014, on peut dire qu'une certaine confusion s'est installée.

Avant tout, la majorité étiquetée à droite mais initialement constituée d'une union UMP/Centristes/Gauche Moderne, n'est composée aujourd'hui plus que d'une majorité d'élus étiqueté "LR". Les centristes, les marcheurs et les derniers soutiens de la Gauche Moderne sont globalement partis rejoindre l'opposition, souvent après s'être vus retirer leur délégation.

Une opposition qui présente elle-même une belle originalité : 3 candidates qui sont toutes les trois des adjointes déchues de la majorité actuelle. Notons que Lara Million et Fatima Jenn, par ailleurs conseillères départementales et bien implantées, vont devoir se partager un même vivier électoral : si Lara Million a reçu le soutien officiel de LaRem, de nombreux élus "marcheurs" et centristes ont rejoint Fatima Jenn (https://www.lalsace.fr/actualite/2019/1 ... unicipales).

Enfin, avant d'avoir vu le dernier message du topic, j'allais commenter que le RN pourrait finalement avoir une belle carte à jouer au premier tour. Christelle Ritz, une ancienne adjointe déléguée aux affaires sociales issue d'une majorité Gauche Moderne, bénéficie également du soutien de quelques autres élus (notamment Fabrice Ciarletta, ancien adjoint délégué à l'écologie). Ce genre de profil peut réaliser la synthèse de plusieurs électorats, notamment dans une ville de province très populaire où le vote RN est plus élevé que la moyenne. Néanmoins, devoir à son tour composer avec une liste dissidente changerait probablement la donne ...

[Républicain67]

J'ai comme même de gros doute sur la réalisation concrète de cette liste frontiste dissidente. Alain Favaletto avait déclaré aux DNA être lui-même inéligible pour des raisons professionnelles. Il a plutôt parlé de susciter une liste. Il est toutefois vrai que plusieurs cadres historiques du FN de la région mulhousienne ont quitté le parti, comme Mildred Frey, la fille de l'ancien conseiller municipal Bernard Frey, à Mulhouse, ou Freddy Ciolek à Illzach. D'autres comme José Sanjuan, à Ensisheim (Bassin potassique), ont carrément été exclu du parti. Ils ont souvent rejoint les comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen. Je doute toutefois qu'une liste des "frontistes historiques" (surtout après le départ des époux Binder, qui ont longtemps dirigé le FN à Mulhouse et dans le Haut-Rhin) ait la ferveur des électeurs. J'ai l'impression qu'ils ont tourné la page et adhèrés au marinisme.

[arthas]

A Mulhouse, Michèle Striffler (Gauche Moderne - UDI) se lance à son tour dans la campagne pour les élections municipales.
Actuellement adjointe à Mulhouse et vice-présidente au conseil communautaire, elle a annoncé sa dissidence de la majorité sortante et sa décision de représenter le parti animaliste à l'échelle locale, ce pourquoi ce parti l'a désignée (l'article en question est paru dans l'édition du 11 novembre de L'Alsace). Dans le cadre des élections municipales à venir, elle a d'ores et déjà annoncé son rapprochement avec la liste portée par Lara Million, qui est non encartée mais soutenue officiellement par La République En Marche.

A noter que Michèle Striffler avait déjà représenté le parti animaliste récemment : c'était aux dernières élections européennes. Auparavant, elle était députée européenne sous les couleurs de le Gauche Moderne (2009-2014), ralliée à la liste de la majorité présidentielle dans l'ancienne circonscription Est.

[Républicain67]

Alain Favaletto (qui apparemment n'est plus membre du RN) a déposé la marque "Rassemblement mulhousien" auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI). Ce nom de liste est utilisé depuis plusieurs mois par l'équipe de campagne de Christelle Ritz, la tête de liste investie par le RN pour les élections municipales à Mulhouse. Le but avoué par l'ancien secrétaire départemental du RN 68 est de forcer la liste frontiste de faire campagne sous ces propres couleurs, ou son un autre intitulé.

D'autre part, on apprend que le parti Unser Land souhaite monter une liste à Mulhouse. Régis Bashung est la tête de liste désignée. L'éventuelle liste sera intitulée "Mulhouse pour tous/Milhüsa fer àlla". Le parti autonomiste souhaite aussi des listes à Strasbourg, Colmar et Sélestat. Andrée Munchenbach, la présidente du parti, bien implantée à Schiltigheim (dont elle a été conseillère générale et municipale, comme écologiste indépendante, puis membre du MoDem) serait elle candidate dans la "Cité des Brasseurs". Si jamais ce projet devait aboutir, ce sera la première fois que des listes autonomistes seraient présentent aux élections municipales dans les grandes villes alsaciennes depuis l'entre-deux-guerre. J'ai toujours du mal à classer le parti Alsace d'abord (aujourd'hui très affaibli), qui par le passé à présenter des listes aux élections municipales à Strasbourg (1995, 2001 et 2008) comme autonomiste. Il est davantage un parti régionaliste identitaire, issu du FN et classé à l'extrême droite. Unser Land, parti centriste, est bien plus proche de l'autonomisme historique, du moins dans sa version modérée et progressiste (comme la Fortschrittspartei de Camille Dahlet, l'ancien député de Savern) opposée aux autonomistes pro-nazis tel que de Karl Roos ou Jean-Pierre Mourer.

Pour finir, on apprend que la conseillère municipale socialiste Cléo Schweitzer, est désormais alliée à la liste de Lara Million. C'est un coup dur pour le PS mulhousien. On ne sait toujours pas si le parti à la rose va présenter une liste dans la Cité du Bollwerk, qui était encore il y a peu (avec le Bassin potassique) son principal fief électoral en Alsace. Va-t-il rejoindre une des listes "marcheuses" ou l'alliance menée par Loïc Minnery? On en sait pas plus au jour d'aujourd'hui.

Sources: Dernières Nouvelles d'Alsace, édition du 18 novembre 2019

[Républicain67]

Alors que la section PS mulhousienne est en déshérence, les différents candidats aux élections municipales tentent de rallier les socialistes de la ville. La conseillère régionale et municipale PS Cléo Schweitzer a ainsi été approché par le camp Lutz/Rottner. Elle a décliné l'offre. Elle hésite toujours a rallier la liste de Lara Million (ex-LR, soutenue par LREM et Agir-La Droite constructive). Mme Schweitzer laisse toutefois entendre que la construction d'une liste socialiste reste toujours possible d'ici janvier prochain. Pierre Freyburger (PS), ancien adjoint au maire de Jean-Marie Bockel et tête de liste du Parti socialiste aux élections municipales de 2008 et 2014, dément la rumeur que fait de lui l'éminence grise de Loïc Minery (EELV, allié à LFI, au PCF et à Génération.s). L'élu socialiste attend le mois de janvier pour prendre sa décision. Il devrait dans tous les cas soutenir "une liste de gauche". Cela va s'en dire que le positionnement actuel du PS mulhousien est assez illisible. Loïc Minery drague d'ailleur ouvertement les électeurs socialistes dans un récent communiqué, tout en accusant Antoine Homé (premier secrétaire fédéral du PS 68, par ailleurs maire de Wittenheim et conseiller régional) et Cléo Schweitzer de négocier avec la liste de Lara Million.

Du côté de la droite de la droite, Alain Favaletto, ancien secrétaire départemental du Rassemblement national dans le Haut-Rhin, a donné une interview à la presse locale (édition des DNA et de L'Alsace d'aujourd'hui) où il critique le fonctionnement actuel du RN, bien qu'il affirme en être toujours membre. Son projet de "susciter une liste divers droite" à Mulhouse, qui sera de facto concurrente à celle de Christelle Ritz, investie par le RN, est toujours d'actualité. L'ancien cadre frontiste reconnaît toutefois que le timming risque d'être serré pour constituer une liste. Si la liste voit le jour, elle devrait être soutenu par le CNIP. Le RN mulhousien a donc tout intérêt à voir échouer le projet de M. Favaletto.

Sources: DNA, édition du 9 décembre 2019.

[Républicain67]

Rien ne va plus chez les socialistes mulhousiens. D'après la presse locale, la section PS de la ville serait prête à rallier la candidature de Lara Million. La direction nationale préfèrerait toutefois que les militants locaux rejoignent la liste de Loïc Minery.

http://arphotos.dna.fr/pdf/2019/2019.1216/14-20191216854948495457515755505254518512072.pdf

[arthas]

A Mulhouse, les élu(e)s suivants ont annoncé leur choix de rallier la liste conduite par Lara Million (DVD soutenue par LREM) : Cléo Schweitzer (PS), Alexandre Da Silva (ex-PS) et Jacques Rimeize (secrétaire départemental FO). Un article est consacré à cette décision dans L'Alsace du jour.

Notons qu'il s'agit selon l'article d'une décision locale de la section mulhousienne (surtout pour Cléo Schweitzer, les deux autres ne semblant pas/plus être encartés). Par déduction, cette démarche ne relève a priori pas d'une stratégie nationale ou départementale qui concernerait Mulhouse.

Pour mémoire, une part importante des forces de gauche a rejoint la liste conduite par Loïc Minery, soutenu par EELV, LFI, le PCF, Place Publique et Génération.s.

Cela règle très probablement la question de savoir s'il y aura une liste PS à Mulhouse ...