La vie politique en Argentine

[alamo]

Hostiles aux Etats-Unis non, mais c'est un peu comme dans Une Journée particulière de Scola, "ce n'est pas le locataire du 6ème qui est contre le fascisme, c'estr le fascisme qui est contre le locataire du 6ème".

Il n'y a pas forcément beaucoup de pays hostiles aux USA, mais les USA, eux, sont hostiles à ce qui (surtout en Amérique Latine) n'est pas totalement inféodé.
Comme l'était Macri, comme Bolsonaro ou Pinera...

Maintenant il n'y a pas qu'en Amérique latine que Trump subit des revers, Avec des Kurdes qui se souviennent qu'ils sont syriens et appellent au secours l'armée de leur pays, et Erdogan qui va se tourner vers la Russie et la Chine tout en restant membre (pour le moment) de l'OTAN...
Et avec Poutine qui se rabiboche avec tout le monde, compris Israël et Arabie Saoudite...

[Fabien]

Hostiles aux Etats-Unis non, mais c'est un peu comme dans Une Journée particulière de Scola, "ce n'est pas le locataire du 6ème qui est contre le fascisme, c'estr le fascisme qui est contre le locataire du 6ème".

Il n'y a pas forcément beaucoup de pays hostiles aux USA, mais les USA, eux, sont hostiles à ce qui (surtout en Amérique Latine) n'est pas totalement inféodé.
Comme l'était Macri, comme Bolsonaro ou Pinera...

Maintenant il n'y a pas qu'en Amérique latine que Trump subit des revers, Avec des Kurdes qui se souviennent qu'ils sont syriens et appellent au secours l'armée de leur pays, et Erdogan qui va se tourner vers la Russie et la Chine tout en restant membre (pour le moment) de l'OTAN...
Et avec Poutine qui se rabiboche avec tout le monde, compris Israël et Arabie Saoudite...

Et le plus dingue dans l'affaire, c'est que cette habitude des Etats-Unis de considérer toute position un tant soit peu indépendante à leur égard comme une déclaration de guerre et de traiter les "fautifs" en conséquence a déjà, à plusieurs reprises au cours de l'histoire, fini par leur aliéner réellement certains pays!

[Fabien]

Les résultats quasi-complets (97% des bureaux dépouillés) confirment la victoire du tandem Fernandez-Kirchner:

Alberto Fernandez/Cristina Kirchner (Frente de Todos, coalition de centre-gauche dominée par les péronistes) 48,10%
Mauricio Macri/Miguel Pichetto (Juntos por el Cambio, coalition de droite) 40,37%
Roberto Lavagna/Juan Urtubey (Consenso Federal, péronistes, centre) 6,16%
Nicolas Del Cano/Romina Del Pla (gauche) 2,16%
Juan Gomez Centurion/Cynthia Hotton (extrême droite) 1,71%
José Espert (droite) 1,47%

https://resultados2019.gob.ar/

Le président sortant ultra-libéral reste généralement majoritaire dans les grandes villes, comme la capitale Buenos Aires(52%), Cordoba la deuxième ville du pays (61%), ou encore Mendoza (62%), tandis que son principal adversaire l'emporte largement en Patagonie, avec près de 60% dans la province de Santa Cruz, 57% dans celle de la Terre de Feu, 52% dans le Chubut, 57% dans le Rio-Negro.

[pierrep]

Elections présidentielles en Argentine ce dimanche 22 octobre 2023.
Comme on le sait un certain Javier Milei est en tête des sondages. Se réclamant de Bolsonaro comme de Trump, il porte un programme ultra libéral avec des mesures qui dépassent en radicalité tout ce qu'ont pu faire les plus ultra libéraux par le passé : dollarisation, baisse des impôts, diminution drastique des budgets publics et privatisations (dont l'enseignement …) suppression de la banque centrale etc..
Ces mesures sont sous-tendues par un discours d''une violence inouïe et qui désigne de nombreux boucs émissaires. Et ce candidat n'épargne même pas le Pape François en faisant sa tête de turc dans de nombreuses diatribes, l'accusant de défendre les pauvres ( entre autres sorties ..)!
Surnom de ce candidat antisystème qui fit irruption dans la vie politique argentine en 2021 : El loco = Le fou.

Le Monde pour les abonnés:
https://www.lemonde.fr/economie/article ... _3234.html

Wikipédia qui fait une bonne synthèse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lec ... ne_de_2023

[Fabien]

Patricia BULLRICH, qui avait obtenu un peu moins de 24% des suffrages au premier tour, appelle à voter pour le Bolsonaro argentin, Javier MILLEI (environ 30%) face au péroniste Sergio MASSA. Son choix est cependant loin de faire l'unanimité au sein de la coalition de droite, puisqu'une de ses composantes majeures, l'Union Civique Radicale, a choisi la neutralité. Cette dernière prise de position montre bien le caractère très clivant du candidat libertarien d'extrême-droite, puisque ce parti (membre, pour l'anecdote, de l'internationale socialiste!) est tout de même le rival historique des péronistes, auxquels il s'est pratiquement toujours opposé.

Quel que soit le résultat du second tour, l'Argentine confirme son glissement à droite entamé en 2015 avec l'élection de MACRI (qui appelle à voter MILLEI). Même s'il a fait quelques promesses sociales à l'approche du scrutin et que sa coalition se situe majoritairement plutôt à gauche, MASSA est un homme de centre-droit, un social-libéral voir un néo-libéral, qui rompit d'ailleurs durant quelques années avec le kirchnérisme, trop social à son goût. BULLRICH, comme on l'a vu, est loin, très loin de l'orientation au centre voire au centre-gauche des coalitions qui dominaient jusqu'en 2011 inclus l'opposition.

La droite dans toutes ses composantes est désormais clairement majoritaire à l'assemblée (dans la législature précédente, une coalition centriste, comprenant notamment les péronistes non-kirchnéristes, de centre-droit, et les socialistes faisait la bascule).

Reste à savoir si ce mouvement est conjoncturel, lié à l'usure du pouvoir (le kirchnérisme a gouverné 16 des 20 dernières années) ou plus structurel...

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/29/election-presidentielle-en-argentine-la-droite-implose-face-au-libertarien-javier-milei_6197188_3210.html

[Eco92]

Massa est en effet un péroniste de droite, qui a quand même en son temps défendu l'incarcération de Cristina Kirchner, ce qui est atypique pour un péroniste et ministre sortant !
Cela lui permet et d'avoir le vote péroniste et de ne pas être un repoussoir à droite.

Médiapart a fait cet intéressant portrait qui rappelle que son score de premier tour est largement supérieur à ce qui était estimé (entre 20 et 30%), montrant que d'une part le péronisme a de beaux restes, d'autres part qu'un vote utile pour "l'adulte dans la pièce" a eu lieu. Un vote sans enthousiasme, mais un vote.

A voir si ça résistera à la coalition des autres droites.

https://www.mediapart.fr/journal/intern ... extremisme

[Fabien]

Bien qu'il se soit, depuis 2003 et la victoire de Nestor Kirchner, majoritairement positionné au centre-gauche, le péronisme a toujours été très hétérogène. Cette année là, pas moins de 3 candidats en étaient issus, dont l'ancien président ultra-libéral à rouflaquettes (et corrompu jusqu'à la moelle) Carlos Menem! Dans les années 70, péronistes de gauche et de droite (voire d'extrême-droite) se sont même affrontés les armes à la main.
On notera que le camp d'en face, aux contours mouvants, n'était pas plus homogène, puisqu'il regroupait aussi bien des forces de centre-gauche que de droite (bien que jusqu'à l'élection de Macri peu de partis de réclamaient ouvertement du camp conservateur).
Ce n'est en somme que très récemment que la vie politique argentine s'est plus ou moins structurée autour de quelque chose qui ressemble à un clivage gauche-droite (des gens comme MASSA qui ne sont pas de gauche étant néanmoins mécaniquement repoussés de ce côté là par le glissement à droite du paysage politique... en somme ce n'est pas gauche contre droite mais gauche et centre-droit contre droite dure et extrême-droite, la frontière passe au sein des conservateurs libéraux).

[Eco92]

C'est donc le libertariano-trumpiste Mileil qui l'emporte, avec plus de 6 points d'avance (55,6 %) sur l'ancien ministre de l'économie (44,3 %), qui n'a pas pu réitérer la surprise du premier tour.

La ligne de Milei est simple : il faut casser le système, un antisystème qui se traduit par moins d'état, de redistribution, une dollarisation de l'économie, un libéralisme massif.

Dans la dernière ligne de campagne il a obtenu tout le soutien de la droite classique argentine et hispanique (le colombien Duque, l'écrivain Vargas Llosa, même Mariano Rajoy !).

Le candidat de gauche, plutôt à droite de la gauche et contesté, n'a pas eu le soutien des autres candidats de gauche.

Cela risque de faire bien mal au peuple Argentin.

https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

[Anarkour]

Il aura également une majorité très légère dans les deux chambres, si les membres les plus modérés de l'alliance de droite le soutiennent également.
Son parti "la liberta avanza" remportant que 38 sièges (sur 257) et 7 sénateurs (sur 72).
Les péronistes conservant autour de 110 sièges à la chambre, en comptant en plus les 5 du Front des Travailleurs et les 8 du péronisme fédéral, ils ne sont pas loin des 129 sièges pour la majorité.
Au Sénat ils ont 33 élus, plus 3 assez proche, ce qui fait pile la moitié sur 72.

[Eco92]

Milei a trouvé une parade temporaire en prenant le 20 décembre un décret de nécessité et d’urgence (DNU) intégrée à une loi omnibus de 664 articles.

Le DNU lui-même contient 366 articles et ne peut être voté qu'en bloc, il prévoit de très larges dérégulations économiques, sociales et environnementale, ainsi qu'un fort virage sécuritaire. La loi omnibus contient également une modification de la loi électorale qui supprime la proportionnelle pour le scrutin uninominal à un tour (avec modification des circonscription par le gouvernement possible jusqu'à un an avant l'élection) mais, surtout, des articles déclarant « l’urgence publique en matière économique, financière, fiscale, sécuritaire, sociale, sanitaire, administrative de défense et de droit de douane » jusqu’au 31 décembre 2025 (soit quand même deux ans), renouvelable une fois à la simple initiative de l'éxécutif. Cela implique que sur toutes ces thématiques le président argentin pourra gouverner par décrets-lois en se passant de l’accord du Congrès.

Au rang des transformations dans tout ce paquet : suppressions tous les prix bloqués ou quota de quantités, 3500 normes ont été annulées, et une présomption de légitime défense est appliqués aux forces de l'ordre. Dans le même esprit le droit de grève a été limité dans les secteurs essentiels à 25% des employés, 50 % dans la majorité des autres secteurs, toute dé&gradation lors d'une manifestation pourra être imputés à ses organisateur, une manifestation étant comprise à partir de... 3 personnes.

Tout cela est légal et constitutionnel mais semble bien profondément liberticide (sur la partie sécuritaire en tous cas, encore une fois un libertarien est rarement pour la liberté partout...) et antidémocratique.

Ce paquet de loi doit être voté par le Parlement toutefois, les péronistes s'y opposent mais devraient pour ça faire bloc avec les radicaux de droite, opposés à l'alliance entre la droite traditionnelle et Milei. Autant dire que ce n'est pas gagné, mais pour Milei non plus car c'est sans antécédent. Il a cependant prévenu qu'il ne voulait aucune modification et que s'il y avait rejet il irait au référendum, pour profiter de l'état de grâce de début de mandat.

https://www.mediapart.fr/journal/intern ... on-sociale