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La vie politique au Royaume-Uni

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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Corondar » Ven 6 Sep 2019 18:17

Tirnam a écrit:Les partis d'opposition se sont visiblement mis d'accord sur une position commune : éviter des élections en octobre. Ils veulent être sûrs que Johnson demandera bien l'extension.

Donc l'opposition votera contre, ou s'abstiendra, sur la motion qui sera présentée lundi soir par le gouvernement sur de nouvelles élections. L'opposition ne présentera pas non plus de motion de censure.

Je trouve cela assez peu démocratique, il y a clairement une opposition entre le Parlement et le gouvernement, le moyen le plus simple c'est de laisser le peuple décider et trancher. D'autant plus que des élections avant le 19 octobre (date à laquelle la loi anti no-deal produira ses effets) sont possibles.
Au lieu de ça on a visiblement une opposition qui a peur des élections et donc qui préfère forcer la main au Premier ministre pour qu'il applique une politique qui n'est pas la sienne.

Je ne sais pas ce que peut faire Johnson, se saborder à travers un vote de confiance qu'il s'arrangerait de perdre pour provoquer des élections ? Dans un scénario d'élections suite à un vote de confiance négatif celles-ci ne pourraient pas avoir lieu avant le 29 octobre, au plus tôt. Et qui sait si on n'aurait pas la situation totalement ubuesque d'une "majorité" qui voterait contre la confiance et d'une opposition qui voterait pour.


J'ai vraiment des difficultés avec le scénario consistant à blâmer le parlement plutôt que Johnson pour la situation actuelle.
Quand ce dernier est arrivé au 10 Downing Street (le 24 juillet), c'est lui qui a décidé de ne pas opter pour une dissolution, ni pour un éventuel nouveau référendum. L'objectif affiché était très clair : obtenir un meilleur deal que Theresa May, et, faute d'accord jugé meilleur, quitter l'UE sans accord le 31 octobre, quoi qu'il arrive.
Lorsqu'il arrive au pouvoir, Boris Johnson sait déjà que sa majorité tient à un fil (1 siège), et que l'assemblée est sans majorité claire (depuis 2 ans) concernant le Brexit. C'est lui qui décide à ce moment là de ne pas dissoudre, et il opte pour une stratégie hasardeuse : tout comme il était persuadé d'obtenir un meilleur deal par magie, il était persuadé que sa majorité le suivrait comme un seul homme, surtout si il utilisait contre son parti et ses députés la menace et les pressions. Pour ce faire, il décide donc de suspendre le parlement, afin d'empêcher ce dernier de pouvoir s'exprimer dans les temps sur la politique du gouvernement.
Et c'est parce que toutes ces savantes stratégies échouent les unes après les autres (pas de nouvel accord négocié, perte de la majorité, dont certains membres semblent peu goûter les menaces du nouveau chef, parlement qui rue dans les brancards devant la tentative de le bâillonner) qu'on se retrouve aujourd'hui dans cette situation. Le calendrier très tardif de tout ça (par rapport à la date limite du 31 octobre) est là aussi la conséquence de choix faits par le premier ministre britannique.
Dire que toute cette situation serait uniquement la faute du parlement me parait un peu hasardeux.
Mais là où moi je ne suis plus le raisonnement britannico-britannique c'est qu'on essaye de nous vendre de futures éventuelles législatives anticipées comme un nouveau vote sur le Brexit ? Pardon ? J'ai du rater une étape dans ce raisonnement. Pour moi, des législatives ça sert à ce que le corps électoral choisisse des députés qui défendront une politique générale, laquelle soutiendra (ou pas) un gouvernement. Les électeurs Britanniques devraient donc se prononcer sur un agenda politique dont le Brexit n'est qu'un élément parmi des centaines d'autres. C'est pas parce qu'on a déjà mal préparé en amont le référendum du Brexit qu'il faut aussi saborder par avance les futures législatives éventuelles. On ne pourra pas lire le résultat de ces législatives comme si c'était un nouveau référendum sur le Brexit. Et le faire serait une grave erreur politique.
J'en reviens à mon point principal : tout cela concerne les Britanniques et uniquement les Britanniques. Pour le Brexit et l'UE je ne vois pas ce que tout cela change. Il y a un deal négocié depuis 3 ans. Ils en veulent ou ils n'en veulent c'est à eux de voir. La date c'est le 31 octobre. Dans l'intervalle, les Britanniques font ce qu'ils veulent de leur gouvernement, de leur parlement, de leurs débats. Si Boris Johnson veut proposer un nouveau référendum, qu'il le dise, et qu'il le fasse. Il a jusqu'au 31 octobre. Si il n'en veut pas qu'il le dise aussi. Et si il veut un autre deal, qu'il propose son deal à lui, et l'UE pourra se prononcer. Eux aussi ont jusqu'au 31 octobre.
Mais si le but de tout ça est d'obtenir un nouveau délai, je réponds à quoi bon ? Se payer 3 nouvelles années de pantalonnades politiques britanniques ? Personnellement je ne vois guère l'intérêt...

Par contre, concernant le dossier irlandais, il y a bien quelques autres scénarios possibles :
1) réunification irlandaise
2) retour de tensions entre Dublin, Belfast et Londres, avec possiblement retour d'actions violentes
Ne connaissant pas la situation irlandaise, je ne sais pas si ces scénarios sont simplement des vues de l'esprit ou des possibilités réelles.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Ven 6 Sep 2019 18:57

Corondar a écrit:
Tirnam a écrit:Les partis d'opposition se sont visiblement mis d'accord sur une position commune : éviter des élections en octobre. Ils veulent être sûrs que Johnson demandera bien l'extension.

Donc l'opposition votera contre, ou s'abstiendra, sur la motion qui sera présentée lundi soir par le gouvernement sur de nouvelles élections. L'opposition ne présentera pas non plus de motion de censure.

Je trouve cela assez peu démocratique, il y a clairement une opposition entre le Parlement et le gouvernement, le moyen le plus simple c'est de laisser le peuple décider et trancher. D'autant plus que des élections avant le 19 octobre (date à laquelle la loi anti no-deal produira ses effets) sont possibles.
Au lieu de ça on a visiblement une opposition qui a peur des élections et donc qui préfère forcer la main au Premier ministre pour qu'il applique une politique qui n'est pas la sienne.

Je ne sais pas ce que peut faire Johnson, se saborder à travers un vote de confiance qu'il s'arrangerait de perdre pour provoquer des élections ? Dans un scénario d'élections suite à un vote de confiance négatif celles-ci ne pourraient pas avoir lieu avant le 29 octobre, au plus tôt. Et qui sait si on n'aurait pas la situation totalement ubuesque d'une "majorité" qui voterait contre la confiance et d'une opposition qui voterait pour.


J'ai vraiment des difficultés avec le scénario consistant à blâmer le parlement plutôt que Johnson pour la situation actuelle.
Quand ce dernier est arrivé au 10 Downing Street (le 24 juillet), c'est lui qui a décidé de ne pas opter pour une dissolution, ni pour un éventuel nouveau référendum. L'objectif affiché était très clair : obtenir un meilleur deal que Theresa May, et, faute d'accord jugé meilleur, quitter l'UE sans accord le 31 octobre, quoi qu'il arrive.
Lorsqu'il arrive au pouvoir, Boris Johnson sait déjà que sa majorité tient à un fil (1 siège), et que l'assemblée est sans majorité claire (depuis 2 ans) concernant le Brexit. C'est lui qui décide à ce moment là de ne pas dissoudre, et il opte pour une stratégie hasardeuse : tout comme il était persuadé d'obtenir un meilleur deal par magie, il était persuadé que sa majorité le suivrait comme un seul homme, surtout si il utilisait contre son parti et ses députés la menace et les pressions. Pour ce faire, il décide donc de suspendre le parlement, afin d'empêcher ce dernier de pouvoir s'exprimer dans les temps sur la politique du gouvernement.
Et c'est parce que toutes ces savantes stratégies échouent les unes après les autres (pas de nouvel accord négocié, perte de la majorité, dont certains membres semblent peu goûter les menaces du nouveau chef, parlement qui rue dans les brancards devant la tentative de le bâillonner) qu'on se retrouve aujourd'hui dans cette situation. Le calendrier très tardif de tout ça (par rapport à la date limite du 31 octobre) est là aussi la conséquence de choix faits par le premier ministre britannique.
Dire que toute cette situation serait uniquement la faute du parlement me parait un peu hasardeux.
Mais là où moi je ne suis plus le raisonnement britannico-britannique c'est qu'on essaye de nous vendre de futures éventuelles législatives anticipées comme un nouveau vote sur le Brexit ? Pardon ? J'ai du rater une étape dans ce raisonnement. Pour moi, des législatives ça sert à ce que le corps électoral choisisse des députés qui défendront une politique générale, laquelle soutiendra (ou pas) un gouvernement. Les électeurs Britanniques devraient donc se prononcer sur un agenda politique dont le Brexit n'est qu'un élément parmi des centaines d'autres. C'est pas parce qu'on a déjà mal préparé en amont le référendum du Brexit qu'il faut aussi saborder par avance les futures législatives éventuelles. On ne pourra pas lire le résultat de ces législatives comme si c'était un nouveau référendum sur le Brexit. Et le faire serait une grave erreur politique.
J'en reviens à mon point principal : tout cela concerne les Britanniques et uniquement les Britanniques. Pour le Brexit et l'UE je ne vois pas ce que tout cela change. Il y a un deal négocié depuis 3 ans. Ils en veulent ou ils n'en veulent c'est à eux de voir. La date c'est le 31 octobre. Dans l'intervalle, les Britanniques font ce qu'ils veulent de leur gouvernement, de leur parlement, de leurs débats. Si Boris Johnson veut proposer un nouveau référendum, qu'il le dise, et qu'il le fasse. Il a jusqu'au 31 octobre. Si il n'en veut pas qu'il le dise aussi. Et si il veut un autre deal, qu'il propose son deal à lui, et l'UE pourra se prononcer. Eux aussi ont jusqu'au 31 octobre.
Mais si le but de tout ça est d'obtenir un nouveau délai, je réponds à quoi bon ? Se payer 3 nouvelles années de pantalonnades politiques britanniques ? Personnellement je ne vois guère l'intérêt...

Par contre, concernant le dossier irlandais, il y a bien quelques autres scénarios possibles :
1) réunification irlandaise
2) retour de tensions entre Dublin, Belfast et Londres, avec possiblement retour d'actions violentes
Ne connaissant pas la situation irlandaise, je ne sais pas si ces scénarios sont simplement des vues de l'esprit ou des possibilités réelles.

Je ne blâme pas le Parlement, le Parlement est tout à fait dans son rôle. Mais la position du Parlement (tout à fait légitime) entre en conflit avec celle du gouvernement. Le seul moyen de résoudre ça c'est de passer par les élections. Celles-ci pourraient même se dérouler à temps pour trancher (ou pas d'ailleurs) le conflit, donc ce que je ne comprends pas c'est la position de l'opposition de refuser des élections avant le Conseil européen.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Alambic » Dim 8 Sep 2019 10:06

Tirnam a écrit:Je ne blâme pas le Parlement, le Parlement est tout à fait dans son rôle. Mais la position du Parlement (tout à fait légitime) entre en conflit avec celle du gouvernement. Le seul moyen de résoudre ça c'est de passer par les élections. Celles-ci pourraient même se dérouler à temps pour trancher (ou pas d'ailleurs) le conflit, donc ce que je ne comprends pas c'est la position de l'opposition de refuser des élections avant le Conseil européen.

C’est probablement lié à ce genre de sondages : https://twitter.com/election_data/statu ... 13059?s=21
Le score du Brexit Party dans les sondages pour une élection générale postérieure au 31/10 sont très sensiblement supérieurs à ceux pour une élection antérieure au 31/10 - ce qui affaiblirait notablement les Torys.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Dim 8 Sep 2019 10:50

Oui. Après bon les sondages britanniques ... on connait leur fiabilité toute relative, en particulier sur une situation qui est hypothétique.

Par exemple ce matin un sondage Deltapoll donne seulement 3 points d'avance pour les Conservateurs sur les travaillistes (avec les Tories qui perdent 4 points et le Labour qui en gagne 4), un sondage YouGov donne une avance de 15 points des conservateurs sur les travaillistes (Les Tories restent stables, le labour perd 4 points) ...
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Corondar » Dim 8 Sep 2019 15:29

Tirnam a écrit:Jo Johnson, frère de Boris Johnson, démissionne du gouvernement et de son poste de député en raison de son conflit personnel entre l'intérêt national et le devoir de loyauté envers son frère.

J'avais été très surpris de son entrée du gouvernement de son frère, pro-Brexit dur, quand il avait quitté celui de May pour s'opposer à un Brexit dur.


Concernant la démission du frère de Boris Johnson, quand on lit ses déclarations on a quand même l'impression qu'il sous-entend qu'il considère que sa loyauté envers son frère, tant qu'il est dans le gouvernement, l'empêche de dire que ce gouvernement ne défend pas l'intérêt national. Ça doit être sympa les repas de famille...
https://www.bfmtv.com/international/bre ... 61832.html
Jo Johnson défendant lui un second référendum.
Derrière, on a eu une deuxième démission au sein du gouvernement : Amber Rudd, la ministre du travail et des retraites, quitte aussi le gouvernement. Cette dernière était la plus grosse prise de Johnson au camp du Remain lors de la formation de son gouvernement.
http://www.leparisien.fr/international/ ... 147739.php
Cette dernière est très précise dans les raisons de sa démission. Elle met en avant deux éléments principaux :
1) elle dit que Johnson lui avait garanti que son but était l'obtention d'un nouvel accord de sortie, meilleur que le précédent. Elle prend acte qu'en réalité il lui aurait menti et que son but aurait toujours été la sortie sans accord.
2) elle critique vivement la purge effectuée par Johnson contre les éléments internes du parti conservateur qui ne partageraient pas les vues du premier ministre.
En plus du gouvernement, elle quitte aussi le parti.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede PhB » Dim 8 Sep 2019 20:49

Etienne92 a écrit:
Corondar a écrit:
Etienne92 a écrit:L'union douanière étant rejettée massivement par les Anglais, les Irlandais se résignent à la frontière.

Chez les Irlandais du Sud on se résigne peut-être (et encore, ça reste à prouver), chez ceux du Nord c'est moins certain...

Plutôt que "résignés", disons plutôt qu'ils semblent plus lucides que les Anglais sur l'absence d'alternative.

A propos d'alternative, quelles sont les solutions théoriques au problème irlandais ?
Aujourd'hui 2 sont sur la table (si l'on exclut l'annulation du Brexit) :
- no deal (donc frontière physique en Irlande)
- "Backstop" (Deal "May") : ceci est toutefois une arnaque intelectuelle, puisqu'il s'agit de rester dans le marché commun jusqu'à ce qu'une meilleur solution soit trouvée. Cela suppose qu'une meilleur solution puisse exister, or le backstop est justement arrivé sur la table parce que personne n'en a encore trouvée. Les Anglais sont donc fondés à trouver que cela revient à rester définitivement dans le marché commun.

Quelles seraient les autres possibilités ?

Tout d'abord on peut imaginer placer la frontière de l'union douanière ailleurs :
- entre l'Angleterre et l'Irlande
- entre le continent et les îles

La première solution a été proposée par l'UE, et refusée par les Anglais (à cause du DUP mais pas seulement).
A ma connaissance personne n'a osé formuler la seconde, mais je soupçonne que certains hard brexiter en rêvent secrètement.

Ensuite on peut imaginer réduire au minimum l'implication d'une telle frontière, avec des procédés administratifs pour que les entreprises gèrent elles-même les formalités douanières au départ et à l'arrivée des marchandises et non lors du passage de la frontière.
C'est ce que Boris Johnson fait mirroiter à tout le monde, sans avoir encore donné d'éléments concrets. L'UE manifeste son plus grand sceptiscisme sur la faisabilité réelle.
De fait, c'est la porte ouverte à tous les trafics.

Une telle solution pourrait en revanche être plus réaliste avec une frontière maritime, dans l'un ou l'autre cas ci-dessus.
Franchir la mer d'Irlande ou la Manche, en avion ou en bateau, nécessite des formalités. Y ajouter des formalités douanières peut être relativement indolore.
Ce sont donc plutôt des considérations politiques qui bloquent :
- les Anglais et surtout les unionistes irlandais ne veulent pas d'un début de frontière entre l'Irlande du Nord et l'Angleterre
- les Irlandais (du sud) ont bâtis leur économie en attirant des multinationales qui desservent l'UE depuis l'Irlande. ls ont donc beaucoup à perdre dans une telle solution.

Ai-je oublié des pistes (même totalement irréaliste) ?

Pour en revenir à la position des Irlandais, difficile d'y voir clair mais ils ne seront sans doute pas sur la même ligne que Macron (en gros "plutôt un Brexit dur rapidement qu'une incertitude sans fin"), profiter encore un peu de l'absence de frontière sera tentant même s'ils refusent de l'admettre pour le moment. Reste à savoir si le reste de l'UE sera prêt à les suivre dans cette voie.

Le problème politique ne concerne pas les marchandises mais les hommes :
* les nationalistes "royaume-uniens" (britanniques et nord-irlandais) seront toujours opposés à tout compromis établissant ne serait-ce que le semblant d'un soupçon de début de frontière au sein du Royaume-Uni, entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne - car pour eux ce serait la porte ouverte au démembrement du Royaume-Uni par le basculement de l'Irlande du Nord vers une union irlandaise
* la grande majorité des Irlandais, représentés notamment par la République d'Irlande, les républicains et les pacifistes (mais pas les "unionistes" radicaux - rappel : les "unionistes" sont ceux qui souhaitent maintenir l'union entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne et non ceux qui souhaitent unir l'Irlande), avec l'appui des membres de l'UE (hors RU), refusent tout retour d'une quelconque restriction à la frontière entre les 2 Irlandes, ne serait-ce que parce qu'une telle restriction serait contraire aux accords du vendredi saint, qui ont permis d'établir la paix en Ulster et - accessoirement - ont valeur de traités internationaux
* Une grande partie des Irlandais du Nord et de leurs voisins de l'Eire savourent enfin la période de paix obtenue grâce aux accords du vendredi saint et ont développé d'intenses relations intra-irlandaises mais transfrontalières ; d'ailleurs l'Irlande du Nord a très largement voté "remain" lors du référendum, alors que les catholiques et les républicains y sont très minoritaires

En clair :
1 ) Un "hard Brexit" sans accord revient à prendre le risque du retour d'une guerre nord-irlandaise, ce dont l'Irlande et ses amis Européens ne veulent pas
2 ) Un accord garantissant la transparence de la frontière intra-irlandaise ne peut se faire que de 2 manières :
- soit en maintenant une union douanière de libre circulation des personnes et des biens (au sein de l'UE ou en accord de partenariat sur le modèle de l'AELE) - ce dont les Brexiteurs ne veulent pas car ils veulent contrôler qui passe leurs frontières -
- soit en créant une frontière entre la Grande Bretagne et l'Irlande du Nord - inacceptable pour les "royaume-uniens"

Les Brexiteurs, naïvement ou cyniquement, avaient juste choisi de passer les Irlandais par pertes et profits... Après tout l'Irlande du Nord n'est peut-être pour eux qu'une colonie dont les indigènes ne sont pas des citoyens à part entière ?
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Alambic » Dim 8 Sep 2019 22:37

Tirnam a écrit:Oui. Après bon les sondages britanniques ... on connait leur fiabilité toute relative, en particulier sur une situation qui est hypothétique.

Par exemple ce matin un sondage Deltapoll donne seulement 3 points d'avance pour les Conservateurs sur les travaillistes (avec les Tories qui perdent 4 points et le Labour qui en gagne 4), un sondage YouGov donne une avance de 15 points des conservateurs sur les travaillistes (Les Tories restent stables, le labour perd 4 points) ...

Je suis d’accord avec vous pour dire que les sondages sont particulièrement volatiles en ce moment. Pour autant, je ne mets pas cette situation sur le compte de la nullité des sondeurs britanniques (qui se sont beaucoup améliorés depuis 10 ans) mais sur l’instabilité intrinsèque de l’opinion publique : quand on regarde les scores cumulés des Tories et du Brexit Party d’une part, du Labour et des LibDems d’autre part, tout est assez stable et c’est à l’intérieur de ces blocs là que ça bouge beaucoup.

Je suis du coup d’accord aussi pour dire que la capacité prédictive de ces sondages sur le résultat de l’élection générale est assez douteuse. Néanmoins, je pense que ça n’empêche pas les dirigeants politiques britanniques de déterminer leur tactique à cette aune, d’autant qu’ils savent que les élections sont probablement imminentes.

Johnson cherche à unir le camp des Leavers en réduisant le score du Brexit Party et en faisant des promesses de dépenses sociales en direction des Leavers votant traditionnellement pour le Labour. Corbyn essaie tant bien que mal de maintenir une coalition de Brexiters traditionnellement travaillistes et de Remainers - d’où les infinies contortions entre le soutien à un soft Brexit et à un maintien dans l’UE en fonction des hémorragies respectives de chaque aile dans les sondages... - tout en cherchant au maximum à diviser le camp d’en face. Aujourd’hui, le Labour et les LibDems se savent en position de faiblesse car Johnson réussit pour le moment son coup dans les sondages donc ils ne veulent pas d’élections immédiatement. Décaler l’élection après lui avoir forcé la main à demander un report de la date de sortie est de nature à faire remonter le Brexit Party donc ils parient là dessus. À mon sens, il n’y a rien de plus derrière... Et le fait que Johnson envisage maintenant de ne pas respecter ce que la loi lui demande (à savoir demander le report de la date du Brexit si aucun accord n’est trouvé à l’issue du prochain conseil européen) tend à mes yeux à valider cette grille de lecture.

Bref, tout ce petit monde navigue à vue en tenant compte du caractère majoritaire du système électoral britannique et je ne vois rien dans cette séquence là (qui s’achèvera par des élections) qui pourrait mettre un terme à l’impasse politique. Johnson a quand même deux avantages : il a une stratégie relativement claire (aller au Brexit sans accord si nécessaire) et il est premier ministre, avec les pouvoirs que cela confère. Mais, pour moi, le scénario le plus probable est que les élections déboucheront sur un Parlement sans majorité absolue et que ça sera donc retour à la case départ, au « détail » près que les institutions britanniques auront beaucoup été abîmées entre temps.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Lun 9 Sep 2019 08:35

Je suis d'accord avec vous sur la stratégie de Johnson et de l'opposition concernant la date des élections.

Après je ne suis pas sûr qu'on peut dire que la fiabilité des sondages britanniques se soit améliorée depuis 10 ans.
On a eu quand même un gros raté en 2015 (quand tous les sondages prévoyaient Labour et Conservateur au coude-à-coude quand finalement les Conservateurs sont arrivés nettement en tête), et un autre en 2017 (avec l'inverse, les sondages qui annonçaient les Conservateurs nettement en tête pour avoir au final Conservateur et Labour au coude-à-coude).
Et aux européennes ce n'était pas non plus un grand succès, les scores des "blocs" n'étaient pas si corrects. L'ensemble Brexit Party + Conservateurs a été nettement surestimé par les sondages.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Alambic » Lun 9 Sep 2019 09:53

Tirnam a écrit:Après je ne suis pas sûr qu'on peut dire que la fiabilité des sondages britanniques se soit améliorée depuis 10 ans.
On a eu quand même un gros raté en 2015 (quand tous les sondages prévoyaient Labour et Conservateur au coude-à-coude quand finalement les Conservateurs sont arrivés nettement en tête), et un autre en 2017 (avec l'inverse, les sondages qui annonçaient les Conservateurs nettement en tête pour avoir au final Conservateur et Labour au coude-à-coude).
Et aux européennes ce n'était pas non plus un grand succès, les scores des "blocs" n'étaient pas si corrects. L'ensemble Brexit Party + Conservateurs a été nettement surestimé par les sondages.

J'avoue que je n'avais pas trop suivi les sondages pour les élections européennes en 2019. Pour 2015 et 2017, en revanche, ce que vous attribuez à une mauvaise qualité des sondages me semble plutôt lié à une volatilité de l'opinion publique avec une portion notable des électeurs qui arrêtent leur choix en fin de campagne.

En 2015, les deux derniers sondages juste avant le vote donnaient le bon écart Tory/Labour : https://en.wikipedia.org/wiki/Opinion_p ... l_election

En 2017, la dynamique respective des deux partis était très clair et le résultat a été proche des résultats sondagiers obtenus en prolongeant les courbes : https://en.wikipedia.org/wiki/2017_Unit ... rojections

A mon sens, ils sont dans la même situation que celle que nous avons connue lors des européennes de 2019 avec une cristallisation en toute fin de campagne qui donne l'impression qu'il y a eu erreur des sondeurs alors que l'opinion a bougé à la toute fin de la campagne.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Lun 9 Sep 2019 15:25

En 2015 un seul sondage publié donnait le bon écart (puisque le sondage Survation n'a pas été publié). Un seul sondage sur 8 (parmi les derniers sondages publiés par chaque institut).
En 2017 on voit plutôt bien sur le deuxième graphique du premier paragraphe de l'article wikipédia que les sondages n'indiquent plus de dynamiques particulières à la fin de la campagne. On peut même noter une légère dynamique en faveur des conservateurs : Ipsos voit, dans la dernière semaine de campagne, l'avance des conservateurs passer de 5 à 8 points, YouGov de 4 à 7 points, ICM de 11 à 12 points.
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