de vudeloin » Mer 13 Avr 2011 18:01
Puisque la question m’a été posée par courrier et qu’il importe d’y répondre, je prolonge cette analyse des élections 1997 en parlant cette fois ci du PCF et de ses alliés à l’occasion de cette campagne électorale surprise, due à la dissolution anticipée de l’incroyable Assemblée « bleu horizon « élue en mars 1993.
Le PCF, en tant que tel ou avec le soutien de quelques candidats apparentés et de plusieurs partis d’Outre Mer, a pu disposer, au terme du renouvellement 1997, d’un groupe de députés renforcé ( 36 élus ), situation qu’il n’avait pas connu, faut il le souligner, depuis les élections de 1978 où il avait, en réalisant un peu plus de 20,5 % des voix au premier tour, obtenu 84 députés sur les bancs de l’Assemblée Nationale.
La répartition des élus, comme des candidats communistes et apparentés ayant réalisé des scores significatifs obéissait, en cette année 1997 ; à des logiques d’implantation déjà anciennes, même s’il nous faut de suite pointer qu’en réalisant 9,9 % des suffrages, le Parti communiste français n’avait réussi à obtenir de bons résultats que dans un nombre de circonscriptions bien plus réduit que ce que nous avons pu voir pour le Front National.
Les faits sont donc clairs : les candidats communistes et apparentés étaient présents dans 67 circonscriptions de province, 18 circonscriptions de l’Ile de France et 3 circonscriptions de l’Outre Mer avec un nombre de voix supérieur à 10 % des électeurs inscrits.
Région par région, cela donne les éléments suivants.
Alsace : pas de candidat
Aquitaine : 4 candidats en Dordogne ( dont le MRC Michel Suchod, soutenu sur le siège de Bergerac ), 2 en Gironde, soit 6 candidats avec deux élus ( René Dutin en Dordogne sur le siège de Nontron, Michel Suchod sur Bergerac ).
Auvergne : 3 candidats dans l’Allier, 1 candidat dans le Puy de Dôme, soit 4 candidats avec 2 élus ( André Lajoinie sur le siège de Gannat – Saint Pourçain sur Sioule et Pierre Goldberg sur celui de Montluçon ).
Bourgogne : 1 candidat dans la Nièvre, 1 candidat dans l’Yonne, soit 2 candidats ( pas d’élu ).
Bretagne : 2 candidats dans les Côtes d’Armor, soit 2 candidats avec un élu ( Félix Leyzour sur le siège du pays de Guingamp )
Centre Val de Loire : 2 candidats dans le Cher, soit 2 candidats et 1 élu ( Jean Claude Sandrier sur le siège de Vierzon )
Champagne Ardennes : 1 candidat dans les Ardennes, soit 1 candidat mais pas d’élu.
Corse : 1 candidat en Corse du Sud, non élu. ( Il s’agit de l’actuel Président de l’Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, alors maire de Sartène ).
Franche Comté : pas de candidats
Languedoc Roussillon : 1 candidat dans l’Aude, 3 candidats dans le Gard, 2 dans l’Hérault, 1 dans les Pyrénées Orientales, soit 7 candidats et 4 élus ( Alain Clary sur Nîmes, Patrick Malavielle sur Alès La Grand Combe, François Liberti sur Sète et Jean Vila sur Perpignan ).
Limousin : 2 candidats en Corrèze, 1 candidat en Haute Vienne, soit 3 candidats mais pas d’élus.
Lorraine : 1 dans la Meurthe et Moselle, 1 en Moselle ( sur deux candidats ! ), pas d’élus.
Midi Pyrénées : 1 candidat en Hautes Pyrénées mais pas d’élu.
Basse Normandie : 1 candidat dans la Manche ( dans une circonscription où le PS a préféré soutenir un Vert au premier tour ) mais pas d’élu.
Haute Normandie : 1 candidat dans l’Eure, 4 candidats en Seine Maritime, soit 5 candidats et 2 élus ( Daniel Paul au Havre et Christian Cuvilliez à Dieppe ).
Nord Pas de Calais : 6 candidats dans le Nord et 7 dans le Pas de Calais ( dont Jean Marie Alexandre, soutenu au premier tour sur la 2e circonscription ), soit 13 candidats et 3 élus ( Georges Hage sur Marchiennes, Patrick Leroy sur Denain et Alain Bocquet sur Saint Amand les Eaux ).
Pays de Loire : 1 candidat en Loire Atlantique ( MRC soutenu ) mais non élu.
Picardie : 1 candidat dans l’Aisne ( MRC soutenu ), 1 candidat dans l’Oise, 3 candidats dans la Somme, soit 5 candidats et 3 élus ( Jacques Desallangre sur le siège de Soissons – Chauny – Tergnier, Patrice Carvalho sur le siège de Compiègne Noyon et Maxime Gremetz sur Amiens Nord ).
Provence Alpes Côte d’Azur : 1 candidat dans les Alpes Maritimes, 6 candidats dans les Bouches du Rhône, 1 candidat dans le Var, soit 8 candidats et 4 élus ( Guy Hermier sur Marseille – quartiers Nord, Jean Tardito sur Aubagne La Ciotat, Roger Mei sur Gardanne – Trets et Michel Vaxès sur Martigues – Port de Bouc ).
Rhône Alpes : 1 candidat en Isère, 1 candidat dans la Loire, 1 candidat dans le Rhône, soit 3 candidats et 3 élus ( Gilbert Biessy sur Echirolles Saint Martin d’Hères, Bernard Outin sur Firminy et André Gerin sur Vénissieux).
Ile de France : 1 candidat dans l’Essonne, 3 candidats dans les Hauts de Seine, 8 candidats en Seine Saint Denis, 5 candidats dans le Val de Marne, 1 candidat dans le Val d’Oise, soit 18 candidats et 12 élus ( Jacques Brunhes sur Gennevilliers, Jacqueline Fraysse – Cazalis à Nanterre et Jeannine Jambu à Bagneux, Patrick Braouezec à Saint Denis, Muguette Jacquaint sur Aubervilliers, Marie George Buffet au Blanc Mesnil, Jean Claude Gayssot sur Drancy – Bobigny, Jean Pierre Brard à Montreuil, François Asensi sur Tremblay – Sevran, Jean Claude Lefort sur Ivry Vitry, Claude Billard sur Villejuif et Robert Hue sur Argenteuil. )
La Réunion : 3 candidats et 3 élus ( Huguette Bello sur Saint Paul, Elie Hoarau sur Saint Pierre et Claude Hoarau sur Saint André – Sainte Marie ).
Ce qui fait 40 élus au total pour les candidats communistes ou soutenus par le PCF lors du premier tour de ces élections législatives.
Pour autant, le groupe communiste et apparenté ne comprit finalement que 36 membres.
En effet, bien qu’élus avec le soutien du PCF, Michel Suchod, Jacques Desallangre et les trois élus du Parti Communiste Réunionnais adhérèrent au groupe Radical, Citoyen, Vert, regroupant les élus DVG issus du Parti Radical de Gauche, du Mouvement des Citoyens et des Verts, plus quelques divers gauche allant de dissidents du PS comme Gilbert Saumade ( en conflit alors avec un certain Georges Frêche ) à Aloyse Warhouver, député mosellan issu de l’ouverture façon Rocard de 1988 et qui était un élu de « centre gauche « .
A contrario, le groupe reçut l’apparentement d’Ernest Moutoussamy, député de la Guadeloupe ( siège de Saint François et du Moule ), qui avait pourtant eu au premier tour un adversaire issu du PC guadeloupéen.
Ernest Moutoussamy était alors membre du Parti Progressiste Démocratique Guadeloupéen ( PPDG ), scission du PCG instaurée sous l’impulsion de l’ancien Maire et Sénateur de Pointe à Pitre Henri Bangou, qui avait siégé au groupe PCF du Sénat de 1986 à 1995, dans la même qualité d’apparenté.
Je me tiens évidemment à la disposition de qui le souhaite pour donner des détails plus précis sur les résultats du PCF lors de cette élection.
Mais je ne peux manquer de souligner que la plupart des sièges dont nous avons pu parler ont un air de « déjà vu « pour qui s’intéresse à l’implantation du courant communiste dans notre pays et que les élus communistes du groupe GDR actuel rappellent assez nettement une partie des députés d’alors.
Question à réponse facile à poser maintenant : dans quel département le PCF dispose t il, en 2011, d’un député là où il n’en avait pas en 1997 ?