Dans
un long entretien avec Ouest France, dont j'ai la version "papier", le Ministre de la "Transition Écologique et Solidaire" manifeste sa propension à avaler des couleuvres géantes mitonnées avec son chapeau, et à représenter le gouvernement pour en assumer les décisions les plus impopulaires dans le domaine de l'écologie.
Il revendique ainsi la hausse de la fiscalité des carburants engagée depuis 2015 en précisant : "Je l'assume." comme si cette mesure fiscale controversée ne dépendait que de lui. Ouest France constate que cette mesure, revendiquée pour "tenir l'objectif climat", va rapporter 34 milliards d'euros mais rien n'est dit sur l'affectation de ces sommes colossales. Même si FDR rappelle que sont engagées la baisse de la taxe d'habitation, la baisse de cotisations sur les salaires et la nouvelle prime à la casse pour l'achat de voitures... d'occasion.
Il défend le projet énergétique macronien en rappelant que le Président : "n'est pas pour la sortie du nucléaire mais il faut réduire notre dépendance au nucléaire, nos importations de gaz et de pétrole, et ne pas passer à côté de l'essor des énergies renouvelables"... et refuse de donner son avis sur le document paru dans la presse qui évoque la construction de 5 EPR supplémentaires, au motif qu'il s'agit d'un document de travail. Plus loin il émet des doutes - justifiés - sur la viabilité économique de la filière EPR et confirme la fermeture de la centrale de Fessenheim d'ici 2022 malgré l'annulation du décret ad hoc de sa prédecesseure.
Pour l'Ouest il confirme son intention de développer l'éolien flottant (qui ne fait pas l'unanimité) et laisse entendre que l'avenir de la centrale thermique au charbon de Cordemais, près de Nantes, est très compromis. Ce n'est certes un secret pour personne, mais là aussi FDR est placé en première ligne sur ce dossier. Il montre également ses doutes sur la conversion de cette centrale à la combustion de bionasse, au vu de l'expérience malheureuse de Gardanne.
Enfin il rappelle fermement l'objectif d'interdire le glyphosate sous 3 ans et plus généralement de réduire les pesticides.
Je précise que je suis moi-même favorable à plusieurs de ces mesures, même impopulaires. Néanmoins cet entretien me donne l'impression qu'on réserve à FDR le rôle d'un "père fouettard de l'écologie", en charge de la fameuse "écologie punitive" dénoncée à cris d'orfraie par Ségolène Royal.
Rien sur les économies d'énergie (alors que toutes les sources d'énergie sont citées).
Rien sur le côté "Solidaire" revendiqué par son ministère.
Rien sur les enjeux de la biodiversité
La politique des transports réduite à la taxation du carburant et au développement de la voiture électrique (quid des marchandises, du ferroviaire, des transports publics, de la mer, de l'aérien... ?).
Rien sur l'aménagement du territoire...
S'agirait-il d'une maneuvre visant à plomber l'image des écologistes ?