Européennes de 2019 - Résultat et analyses (France)

[WitherBoss]

Parler de gauche de gouvernement "détruite" me paraît quand même osé. Divisée certes, recomposée absolument, de là à la qualifier de détruite...LREM n'a pas non plus réuni les scores cumulés de la gauche et de la droite aux européennes 2014...

[Ramdams]

Je vois au contraire un retour au bercail des électeurs de gauche qui ont voté Macron/LREM à la présidentielle et aux législatives de 2017, pour des raisons qui ne sont même pas à expliquer. Cela ne se traduit pas vraiment dans les urnes car ils ont été remplacés par les électeurs de droite. Le sondage publié dans le Figaro au lendemain du scrutin rappelait en effet que seul un peu plus d'un électeur de Macron sur deux avait voté pour la liste LREM, les autres se sont majoritairement reportés sur des lites de gauche (EELV en tête).

Cela dit, pour survivre, les partis de gauche (surtout le PS en réalité) doivent cesser de dire Amen à des alliances avec LREM, notamment en vue des municipales. Car effectivement, ce sont ces alliances qui la tuent.

[pop03]

Rappel des résultats par bloc:
FG 2014 : 6.61% / FI+PCF 2019 : 8,8%
PS + Nouvelle Donne 2014 : 16,88% / PS + Générations + Urgence Ecologie 2019 : 11,28%
EELV + AEI 2014 : 10.07% / EELV 2019 : 13,48%
MODEM+UDI+Nous Citoyens+Cap21 2014 : 12,02% / REM+UDI 2019 : 25.83%
UMP 2014 : 20,81% / LR 2019 : 8,48%
DLR 2014 : 3,82% / DLF 2019 : 3,51%
FN 2014 : 24,86% / RN+LP 2019 : 23,98%

Le seul vainqueur de cette élection, c'est la REM qui a réussi après avoir détruit la gauche de gouvernement en 2017 à détruire la droite de gouvernement.

Vous avez négligé un point essentiel. La liste LREM était une association de partis dont Agir. Vous savez ceux qui étaient encore à l'UMP à l'époque et qui ont participé à la primaire LR (au moins 1/3 des électeurs des LR: score Juppé 2nd tour). Vous devez donc retrancher Agir de l'UMP.

[pop03]

LREM n'a pas non plus réuni les scores cumulés de la gauche et de la droite aux européennes 2014...

Ce qui est intéressant c'est que le cumul LREM+LR+UDI 2019 (34%) représente le même score que UMP+UDI 2014 (33%).

[WitherBoss]

LREM n'a pas non plus réuni les scores cumulés de la gauche et de la droite aux européennes 2014...

Ce qui est intéressant c'est que le cumul LREM+LR+UDI 2019 (34%) représente le même score que UMP+UDI 2014 (33%).

C'est vrai aussi! Et plutôt conforme aux transferts des voix de droite vers LREM qui sont observables sur les anciennes terres de droite, par exemple dans certains arrondissements de Paris.

[manudu83]

C'est vrai aussi! Et plutôt conforme aux transferts des voix de droite vers LREM qui sont observables sur les anciennes terres de droite, par exemple dans certains arrondissements de Paris.

Cela ne se limite pas à Paris, cela concerne tous les quartiers ou banlieue bourgeoise, LREM monte au détriment de LR alors que dans les zones de gauche LREM subit un recul.

[manudu83]

La déroute de LR masque médiatiquement l'échec de la LFI, mais cela n'empêche pas les réseaux sociaux et les blogs d'être abreuvé par les tenants des deux lignes accusant la ligne adverse de la défaite.

Quelques chiffres issus des sondages sortis des urnes :

Les électeurs de JLM 2017 ont été les plus abstentionnistes ce 26 mai avec 53% d'abstention, alors que pour les autres candidats de 2017 la participation va de 55 à 62%.
parmi ces abstentionnistes de JLM les deux premières causes d'abstention :
" Parce que vous ne connaissez pas les listes et les candidats qui se présentent "
" Parce que vous ne voyez pas de différence entre les projets des différentes listes "

parmi les 47% votant restant
37% seulement ont voté LFI
17% ont voté EELV
13% ont voté PCF
7% ont voté PS-PP
6% ont voté RN

A partir de ces chiffres on peut découper les 7M d'électeurs de JLM :

Abstention irréductible : 2.94 M
Abstention différencielle : 0.7 M
Electorat fidèle : 1.21 M
Electorat de gauche : 1.31 M
Electorat volatile : 0.75 M

Cette campagne a visé l'électorat de gauche avec une stratégie d'union mais à partir du moment ou il était clair que PCF et Gen partirait en solo, c'était un calcul voué à l'échec.
Peut être valait il mieux partir sur une ligne visant l'électorat non partisan de 2017 (les 0.7M qui ne sont pas revenus, et une partie des 0.75M),

Mais de toute façon : "on ne sort de l'ambiguité qu'à ses dépends"

[Corondar]

Je rappellerai également que, traditionnellement, les élections européennes ont rarement un impact majeur et de long terme sur le paysage politique français. Les bouleversements qu'on y perçoit se répercutent rarement sur les élections suivantes.
Pour le scrutin qui nous occupe, je pense que cela entérine quand même l'effacement du PS et de LR. Après la séquence électorale de 2017, il se confirme que les deux principaux partis de gouvernement de la Ve République ne sont plus ce qu'ils ont été. Mais ils peuvent peut-être espérer sauver les meubles avec leur implantation locale lors de scrutins moins nationaux ?
Pour les gauches (j'ai beaucoup de mal à employer le singulier ici), c'est un peu plus incertain. A chaque fois que les Verts font une percée (c'est loin d'être une première), on nous annonce qu'ils vont prendre le leadership à gauche, et cela ne s'est jamais produit, pour l'instant. Cela va peut-être changer.
En tout cas, vue comment Mélenchon se place clairement dans la rhétorique de l'homme providentiel sauveur de la patrie, je ne le vois pas plus s'effacer face aux écolos qu'il ne s'est effacé jadis face aux socialistes. Quant à mettre toutes les chapelles de la gauche d'accord autour d'un programme commun, alors là...
Quant à LREM et au RN, là aussi ils ont entériné leur statut respectif de forces politiques principales du paysage politique français (mais avec un clivage plus nationaliste-mondialiste que gauche-droite ?).

[Marcy]

La déroute de LR masque médiatiquement l'échec de la LFI, mais cela n'empêche pas les réseaux sociaux et les blogs d'être abreuvé par les tenants des deux lignes accusant la ligne adverse de la défaite.

Quelques chiffres issus des sondages sortis des urnes :

Les électeurs de JLM 2017 ont été les plus abstentionnistes ce 26 mai avec 53% d'abstention, alors que pour les autres candidats de 2017 la participation va de 55 à 62%.
parmi ces abstentionnistes de JLM les deux premières causes d'abstention :
" Parce que vous ne connaissez pas les listes et les candidats qui se présentent "
" Parce que vous ne voyez pas de différence entre les projets des différentes listes "

parmi les 47% votant restant
37% seulement ont voté LFI
17% ont voté EELV
13% ont voté PCF
7% ont voté PS-PP
6% ont voté RN

Analyse très intéressante.
Si l'on fait abstraction du différentiel d'abstention (effectivement défavorable à la France insoumise), c'est donc (37%+13%)=50% d'électeurs votants de la France insoumise à la présidentielle qui se reportent sur l'une des listes des partis ayant soutenu JLM en 2017 (FI et PCF, soit 6,3% + 2,5% = 8,8%). Comme Jean-Luc Mélenchon avait fait 19,6% en 2017, 50% de 19,6%, cela donne 9,8%... pas très éloigné des scores cumulés (8,8%) de la France insoumise et des communistes cette année (pour que le raisonnement ne présente pas un trop fort biais, il suppose que les électeurs en 2019 de LFI et du PCF soient essentiellement des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017, ce qui apparaît vraisemblable).

Le score de 19,6% de Jean-Luc Mélenchon en 2017 ne doit pas faire oublier que, dans les sondages de début d'année 2017, il état tombé à 9%, loin derrière un Benoît Hamon alors crédité de 18% après sa victoire à la primaire citoyenne organisée par le PS, le PRG et diverses formations écologistes. Puis, à la faveur de la dynamique de la campagne présidentielle, Benoît Hamon chutait jusqu'à ne recueillir que 6,4% tandis que Jean-Luc Mélenchon, devenu un candidat crédible de second tour, atteignait 19,6%, devenant un vote "utile" pour nombre d'électeurs socialistes (voire écologistes) défavorables à Emmanuel Macron. Alors que le total des deux candidats (26%) restait peu ou prou dans les mêmes eaux que les sondages de début d'année 2017 (18%+9%= 27%), un phénomène de vases communicants s'opérait entre leurs deux électorats.

Les élections européennes n'étant plus la présidentielle, une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon - du moins ceux faisant un autre choix que celui de l'abstention - est revenue vers d'autres partis de gauche, EELV, PC, PS. La France insoumise n'a pas su capitaliser sur sa situation dominante à gauche après le premier tour de l'élection présidentielle : dès les élections législatives de juin 2017, les candidats étiquetés La France insoumise ne faisaient déjà plus que 11,03% - étant également pénalisés par une très forte abstention.

Ce qu'on peut retenir de ces élections européennes est que la gauche radicale (FI et PCF, auxquels on peut ajouter LO, crédité d'un petit 0,8%) pointe à 9,6%, retrouvant approximativement ses scores des précédents scrutins européens (8,2% en 2014, répartis entre 6,6% pour le Front de gauche - y compris l'Alliance pour l'outre-mer - et 1,6% pour LO et le NPA ; 12,5 % en 2009, répartis entre 6,5% pour le Front de gauche et 6% pour le NPA et LO ; 9,3 % en 2004, répartis entre 5,9% pour le PCF et l'Alliance pour l'outre-mer, 2,6% pour la liste LO-NPA et 0,8% pour le PT).

[PhB]

Je pense qu'il serait intéressant de pouvoir corréler les évolutions en pourcentage avec ceux du nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A et j'effectuerai cette recherche pour les cinq Départements de Normandie.

Ce lien donne des corrélations entre les votes et le taux de chômage.
https://www.liberation.fr/apps/2019/05/ ... ropeennes/

D'ailleurs c'est étonnant, selon ce lien les contrées avec le plus fort taux de chômage (au-delà de 38,3 %) votent Europe Écologie