Azertyuiop a écrit: En parlant d'extrême-gauche, je suis le seul à être surpris par le bas score de LO ? Il y a une chute assez importante par rapport à 2014 alors même que le NPA était cette fois-ci totalement absent. L'extrême-gauche française semble ne pas avoir terminé sa marginalisation.
Lors des belles années électorales de l'extrême-gauche (que je daterais comme suit : 1995-2009) on constatait en effet qu'il y avait manifestement un électorat d'extrême-gauche spécifique : une partie des électeurs d'Arlette Laguiller à la présidentielle de 1995 s'étaient reportés sur Olivier Besancenot en 2002 et plus encore en 2007, le PT (puis le POI) bénéficiait de l'absence de candidatures LO et LCR/NPA aux municipales et aux cantonales... Mais après 2009, parallèlement à la chute brutale des scores électoraux de l'extrême-gauche, ce phénomène a cessé de s'observer : aux européennes de 2014, déjà , la chute du NPA n'avait semble-t-il guère bénéficié à LO. Bref, l'absence de listes NPA/POI/POID aux dernières élections européennes n'a pas forcément libéré un espace politique pour LO, qui se situe certes plus bas qu'aux européennes de 2014, mais dans des eaux voisines (du moins en % des suffrages exprimés) de ses scores aux présidentielles de 2012 et 2017.
Je pense qu'une partie des électeurs d'extrême-gauche de 1995 à 2009 ont rejoint (électoralement) le Front de gauche, comme l'ont fait d'ailleurs de nombreux militants ex-LCR et ex-NPA qui ont été la colonne vertébrale d'Ensemble, troisième composante (du moins en nombre de militants) de feu le Front de gauche. L'électorat d'extrême-gauche pouvait s'analyser ainsi comme un électorat très à gauche qui ne voulait voter ni PS, ni PC ni Verts (puis EELV). Le Parti de gauche puis Jean-Luc Mélenchon ont pu capter ces électeurs.
Une autre question est toutefois la nouvelle contre-performance de LO ce 26 mai : manque de visibilité médiatique ? vieillissement des militants (beaucoup ont été formés pendant et après 1968) ? diminution du nombre de militants ? discours jugé trop ouvriériste qui passe mal dans des catégories plus aisées (les faibles scores chroniques de LO à Paris en étant une illustration), parallèlement au déclin numérique d'une classe ouvrière qui, dans ses composantes les plus hostiles au système politique, votera à l'extrême-droite ? décalage du discours européen par rapport aux attentes d'une partie de l'opinion publique (LO refuse de faire de l'Union européenne le bouc émissaire de tous les maux de la société capitaliste) ? L'appareil de LO semble être tout à fait conscient de la progression du FN dans l'électorat ouvrier, l'hebdomadaire éponyme de l'organisation jugeant désormais prioritaire - si l'on en juge par le nombre d'articles qu'elle y consacre - de lutter contre le discours et le racisme du RN. Les causes peuvent être multiples et les analyser nécessiterait certainement d'interroger des militants et sympathisants que pour ma part je ne connais pas. Peut-être y a-t-il des études récentes comparables à celles produites sur l'appareil et les militants du PCF.