myckilem a écrit:https://www.lecho.be/economie-politique/europe/elections/le-pen-appelle-les-francophones-a-voter-pour-le-vlaams-belang/10123860.html?fbclid=IwAR1VSZH733p1DmKAP9u7JFm86ulByysuX85dZ63FkMcfoaFy7NL8QFNW3FU
Marine Le pen appelle les francophones à voter VB à Bruxelles. Si le VB utilise bien cet argument en Wallonie comme à bruxelles, là il fera un paquet de voix.
Vous avez sans doute raison. Je pense que cet argument peut jouer parmi les électeurs bruxellois et wallons de droite.
Les élections fédérales et régionales confirmeront sans aucun doute dans la Région de Bruxelles-Capitale une évolution visible depuis 2010 : la baisse continue et la marginalisation de l’extrême droite et de la droite populiste, francophone et flamande. A moins d’un sursaut avec l’appel de Marine Le Pen de voter pour le VB ou une percée inattendue des Listes Destexhe.
J’ai analysé grâce aux études du CRISP, les scores de l’extrême droite en Belgique depuis les années 1990 et particulièrement en Région bruxelloise. Dans un passé assez récent, l’extrême droite, flamande (Vlaams Blok/Belang) et francophone (Front national) faisait des scores assez élevé dans la capitale belge. J’ai compilé les résultats de ces formations, ainsi que pour les années 2010, ceux des formations de droite populiste francophone (Parti populaire, La Droite), pour aboutir à une évolution sur le long terme. J’ai pris les résultats des élections fédérales et régionales de 1989 à 2014 dans la région. Pour les élections fédérales, une comparaison n’est possible qu’à partir du scrutin de 1995, vu qu’avant les cantons électoraux bruxellois comprenaient aussi des parties de l’arrondissement flamand d’Hal-Vilvorde (Brabant flamand). Jusqu’en 2012, et la scission de la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la région de Bruxelles-Capitale formait pour les élections législatives fédérales un arrondissement électoral commun avec l’arrondissement d’Hal-Vilvorde, entourant la capitale. Le CRISP a toutefois isolé les résultats des élections fédérales dans la seule Région bruxelloise. Je ne compte pas ici les micro-partis d’extrême droite francophones ayant existé dans le passé, comme le FNB, Force Nationale ou Wallonie d’abord. Le FN belge, lui, n’existe plus depuis 2012.
Région de Bruxelles-CapitaleElections fédérales1995
FN : 7,6%
VB : 3,7%
1999
VB : 4,1%
FN : 3,6%
2003
VB : 6,0%
FN : 3,6%
2007
VB : 3,1%
FN : 2,9%
2010
VB : 1,7%
FN : 1,0%
PP : 3,5%
2014
Debout les Belges : 2,3%
PP : 1,8%
VB : 1,1%
La Droite : 0,4%
Nation : 0,3%
Elections régionales1989
FN : 3,3%
VB : 2,1%
1995
FN : 7,5%
VB : 3,0%
2004
VB : 4,7%
FN : 4,7% (2 voix de différence pour le VB)
2009
VB : 2,0%
FN : 1,7%
2014
Debout les Belges : 2,1%
PP : 1,7%
VB : 0,6%
La Droite : 0,6%
Nation : 0,3%
De 1995 à 2007, l’extrême droite pèse plus ou moins 10% des suffrages exprimés en Région bruxelloise. Exception du scrutin de 1999. En 2010, son poids a commencé à baissé, pour devenir très faible en 2014. En 1995 encore, le FN était de loin la première formation d’extrême droite à Bruxelles, devant le Vlaams Blok. A partir de 1999, le VB commence à dépasser le FN dans la région. L’extrême droite flamande amorce un net déclin à partir de l’élection fédérale de 2007, alors, mis à part les élections régionales de 2004, elle obtenait cette année-là en Flandre son record historique. On remarque que le Blok/Belang a réussi à profiter des divisions intestines de l’extrême droite francophone, pour rallier une partie du vote francophone de droite à Bruxelles de 1995 à 2007. L’extrême droite (flamande, comme francophone) a toujours obtenu des meilleurs résultats dans l’ouest et le nord de la Région bruxelloise, que dans le sud ou l’est, même si à des moments (avec Johan Demol), elle a pu obtenir des bons scores à Schaerbeek, une commune pourtant peu néerlandophone, comparé à des communes comme Jette, Ganshoren ou Berchem-Sainte-Agathe.
Pour revenir au scrutin fédéral et régionale du 26 mai 2019, je pense que l’extrême droite et la droite populiste (Vlaams Belang, Parti populaire, Listes Destexhe, La Droite) ne feront qu’un résultat assez faible en Région bruxelloise. Il est à noter contre 2010 et 2014, le PP perd la moitié de ses voix dans la capitale. A quoi est lié ce reflux de l’extrême droite (francophone et flamande) depuis 2010 ? Est-ce uniquement lié à des changements d’ordre sociologique ? Ou à des mouvements plus profonds dans l’offre politique. Il est intéressant de voir qu’aux dernières élections communales, le Vlaams Belang a fait un retour en force en Flandre (notamment dans la vallée de la Dendre et la périphérie anversoise), alors qu’il a continué de baisser en Région bruxelloise (perte du dernier élu à Anderlecht). L’extrême droite et la droite populiste francophone (PP, La Droite, Nation) n’a pas non plus percé dans la capitale belge. Le petit parti national-solidariste et identitaire Nation de Hervé Van Laethem avait obtenu plus de 4% des voix aux communales de 2012 à Evere. Il a obtenu un score très faible dans cette même commune en octobre dernier. Après l’appel de Marine Le Pen peut motiver une partis des électeurs francophones à droite du MR de voter pour le Vlaams Belang, plutôt que pour le PP ou les Listes Destexhe. Idem en Wallonie, ou le VB est cette fois présent dans les cinq provinces, je pense que c’est un très mauvais coup pour la droite populiste francophone.