Fichtre j'ai tapé un long message ce matin dans le train et ai visiblement oublié de le poster.
Républicain67 a résumé les résultats, pour aller un peu plus loin.
Synthèse générale :- Pas de surprise sur les résultats. Cela donne du Libéraux (PLC) +1, Néodémocrates (NPD) -1 et conservateurs (PCC) =, c'est conformes aux sondages et ressentis de campagne ;
- Numériquement, c'est une victoire du PLC. Les conservateurs conservent leurs appuis dans les deux circonscriptions où ils étaient a priori hors-jeu. Attention à ne pas le traduire en une "Trudeaumanie" persistante, la victoire du PLC se fait paradoxalement dans un contexte de crise pour les libéraux ;
- La crise est certes relative mais l'affaire SNC Lavallin a vraiment bousculé l'opinion, ainsi que d'autres choix (notamment les pipelines, ce qui a joué en Colombie-Britannique). Ce n'est pas sensible au Québec ou les appuis des libéraux restent plus haut qu'en 2015 (quoiqu'en baisse) et où le NPD baisse fortement, permettant un gain numérique, mais c'était une circonscription historiquement libérale jusqu'en 2007 pas, par exemple, un gain récent sur les conservateurs où le combat aurait été différent ;
- Deux autres partis à observer : les verts, qui étaient présents dans deux circos sur trois et ont obtenu un très beau score à Outremont, et le Parti Populaire du Canada (PCC) créé par le dissident conservateur québécois Maxime Bernier qui affrontait ses premières élections. Pour ce dernier les résultats montrent un relativement faible poids sur le vote conservateurs sauf en cas de candidature vedette comme à Burnaby, cela pourrait donc bien gêner le parti de Scheer dans certaines circonscriptions clefs.
Par circonscription désormais. Précaution d'usage les représentations en % valent ce qu'ils valent en effet les participations sont souvent incomparable en partielle et générales, d'autant que là on est à 6 mois d'une nouvelle générale.
Outremont (Québec)
Seule circonscription à changer d'étiquette, la victoire de la libérale Rachel Bendayan est éclatante et symbolique (en 2007 Mulcair avait emporté ce fief libéral, beaucoup y voyant le point de départ de la vague orange de 2011 au Québec). Avec 40 %, l'avocate (devenu un temps cheffe de cabinet au gouvernement) augmente son score de 2015 (33,46 %) mais c'est surtout le NPD qui s'effondre. Là où Thomas Mulcair était réélu avec 44% il y a quatre ans, la candidate Julia Sanchez, pourtant une belle recrue du NPD (venue des ONG, elle a dirigé durant des années le Conseil canadien pour la coopération internationale), n'a obtenu que 26% des suffrages. L'attrait québécois toujours fort pour le PLC et le rejet réel du chef néodémocrate (qui porte un turban sikh alors que le Québec est en partie rétif aux signes religieux) ont joué à plein.
La surprise est venue des verts, leur bien nommé candidat et vice-chef Daniel Green se hissant à la 3ème place avec 12,5%. Presque +10% et le parti se paie même le luxe d'augmenter en suffrages reçus (certes juste de quelques centaines) alors que la participation n'était que de 21,3 % (contre 62% en 2015).
On notera que Thomas Mulcair ne s'est pas du tout investi dans la campagne, tout juste a-t-il dit comme commentateur TV que les électeurs néodémocrates qui semblaient se détourner du NPD pourraient naturellement se tourner vers les verts. Cela a été entendu dans son ex-circonscription.
Sinon rien de notable, le Bloc (qui a un nouveau chef) repasse devant le PCC mais vu le nombre d'électeurs et le peu d'enjeu de la circonscription c'est du bruit plus qu'autre chose. Le fait que le Bloc soit dépassé par les verts rend sans doute moins réjouissant le fait qu'ils passent les 10%, mais ça reste une circonscription particulière. Le parti populaire fait à peine 2% (322 voix).
York–Simcoe (Ontario)
Conservatrice depuis sa création en 2004, avec un député élu à plus de 50% alors que la vague libérale renversait le pays, il n'y avait guère d'enjeu ici si ce n'est la succession du député en poste depuis 15 ans. Scot Davidson, un restaurateur et entrepreneur du coin, a obtenu presque 54 % sans forcer. En % c'est une hausse, la libérale baisse logiquement mais les 29% de Shaun Tanaka.
Avec 7,5 % les néodémocrates réussisent ferment la marche, suivi par six candidat sous les 4% dont les "conservateurs libéraux" du Parti progressistes Canadiens menés par un paster anglican local (3,8%), les verts (2,7% quasiment la même chose qu'à la générale), le Parti Populaire de Bernier qui n'obtien qu'1,9% et est donc bien peu attractif pour les conservateurs qui auraient pu se sentir tenté d'être infidèles dans une circo si sure et l'inénarable John The Engineer Turmel, candidat à quasiment toutes les élection, qui obtient 0,4 % (64 voix), pas dernier tout de même !
Burnaby-Sud (Colombie Britannique)
Et donc celle que tout le monde regardait car la seul avec un réel enjeu (même si la bascule d'Outremont a un fort poids symbolique). Le chef du NPD, qui a déménagé à 1000km de chez lui dans une circonscription à forte communauté chinoise (cela a été évoqué dans la campagne par une adversaire) qui avait été emportée de justesse (500 voix) par un candidat NPD implanté localement en 2015, a réussi à être élu, et largement.
Beaucoup d'éléments là dedans. D'abord une vraie bonne campagne de Jagmeet Singh, qui a lacéré le terrain et a obtenu 39% contre 35,07% à son prédécesseur. Bien sur la participation est bien moindre qu'en 2015 mais il creuse l'écart avec les libéraux en % et en voix - il a en effet plus de 3000 voix d'avance sur Richard T. Lee. Le candidat libéral était un ex-député provincial, premier sino-canadien vice-président de l'assemblée législative, mais il a du remplacer en janvier la candidate investie depuis des mois par les libéraux à cause de propos attaquant les origines ethniques de son adversaire. Rajoutons à cela l'affaire SNC Lavallin plus le rachat du pipeline TransMountain par le gouvernement fédéral, décision très impopulaire en Colombie Britannique, pipeline auquel Singh s'est vivement opposé, on a un contexte favorable. Contexte d'autant plus favorable, enfin, que les verts ont décidé de ne pas présenter de candidat alors même que la province est leur point fort (ils pourront possiblement obtenir 4 ou 5 député aux prochaines générales, contre une actuellement, juste dans cette province). Pour être honnête cette circonscription ne leur était franchement pas favorable (2,85% en 2015) donc cela peut-être stratégique de "faire un geste démocratique" en évitant par ailleurs un score faible pouvant peser sur la dynamique générale.
Mais bref, Jagmeet Singh a gagné, largement, devant le premier leader de parti non-blanc à être élu à la Chambre des communes. Le candidat conservateur suit avec un honorable 22,5 %, pour le coup avec un très haut résultat de la candidat du Parti populaire, chroniqueuse à succès sur une radio chrétienne. La militante obtient plus de 10% ce qui indique qu'en cas de candidature forte le parti de Bernier pourrait bien être une épine dans le pied du PCC.
Les résultats détaillés sur
http://www.elections.ca/accueil.aspx