de ChristianC. » Sam 2 Fév 2019 17:20
Que l'on soit ou non partisan de Macron, il va falloir admettre que le Pouvoir est en train de gagner le la bataille (sinon la guerre). Il y a encore un mois, fleurissaient partout (y compris sur ces pages) les prophéties annonçant sa fin prochaine. Depuis l'enclanchement de l'Affaire Benalla, suivie de la démission de Hulot, puis de celle de Colomb, puis encore de quelques pantalonnades médiatiques telles que l'inénarrable "itinérance mémorielle", le gouvernement et le Président semblaient dans une spirale les conduisant au discrédit et au délitement. On a cru que le mouvement des Gilets Jaunes allait lui infliger le coup de grâce, et l'on commençait à envisager une démission de Macron d'ici à deux mois. ou du moins la déroute des marconistes aux prochaines européennes.
Aujourd'hui, le grand débat, que l'on avait présenté comme une pitoyable tentative d'enfumage, a l'air de bien fonctionner et fait de belles audiences chez Hanouna (!!). La cote de popularité du président et du gouvernement remonte plus ou moins vite (et sera servie par l'absence des catastrophes annoncées à propos du prélèvement à la source). Surtout, la campagne européenne se profile telle exactement que la rêvent les macronistes: eux contre les "affreux" populistes nationalistes d'extrême droite. avec en prime une Gauche "éparpillée façon puzzle" (et encore, dans un puzzle, on peut arriver à construire quelque chose).
Mieux, on nous laisse entendre que le Président va tenter ce qui il y a un mois me semblait impensable: un referendum qui lui permettra de faire passer sa réforme constitutionnelle, dont il va assurer (non sans quelques arguments en effet) qu'elle va dans le même sens antiparlementariste que les revendications de Gilets Jaunes. Et il aura de nouveau l'onction des urnes, tout en ouvrant la porte à un nouveau succès législatif de la REM, à la liquidation de l'essentiel de l'opposition parlementaire, voire à la suppression du Sénat, qui ose poursuivre ses recherches sur Benalla.
Quant aux Gilets Jaunes, ils continuent à mobiliser de maigres troupes qui défilent sous le regard sympathique, mais distancié de l'opinion. Et on doit en être à trois listes, ou plutôt projets ou avortements de listes européennes. Juste de quoi discréditer leur mouvement tout en déboussolant l'électorat d'opposition, en achevant de disloquer celui de Gauche et en fragilisant celui de Droite. Et en assurant ainsi qu'aucune liste oppositionnelle ne pourra menacer l'hégémonie REMiste (sauf peut-être celle du RN, juste pour mobiliser derrière Macron tous ceux qui s'inquiètent du réveil de la "bête immonde" et croient sentir les effluves "nauséabondes" des "heures les plus sombres de notre histoire".
Et il faut de surcroît reconnaître qu'il ne s'agit pas simplement du réflexe de l'opinion saisie de la "sainte trouille" de juin 1968. Il y a aussi au moins une qualité propre du Président, que l'on aurait tort de lui dénier et qu'il avait déjà manifestée lors de la campagne électorale de 2017: sa capacité à aller au contact physique de ses contradicteurs: je pense notamment à cette usine où il était allé après Marine Le Pen, et où, au lieu de quelques selfies, il avait pris le temps de parler aux ouvriers, de s'expliquer, d'argumenter: il fait de même pour ce grand débat, et ça marche.
Autrement dit, il ne va rester aux opposants qu'Ã avouer: "Chapeau l'artiste!"
Et à en prendre encore pour Dieu seul sait combien d'années.
Macronia non deleta, sed triumphans.
Eheu!