cevenol30 a écrit:Pullo a écrit:Je suis étonné du fait que la NVA ait cru attirer à elle des électeurs francophones conservateurs à Bruxelles. Surtout après les déclarations de Bart De Wever sur "l'évaporation" de la Belgique...
On dira que c'est parce que l'espoir fait vivre...
Disons aussi que par le passé, ce type de manoeuvre avait un peu fonctionné, le Vlaams Blok récupérant quelques voix non sur son positionnement flamand mais pour ses "idées" sur l'immigration etc. Et clairement, récupérer même 1% des voix des francophones sur la région de Bruxelles améliore(rait) déjà le score d'une formation néerlandophone.
Force est de reconnaître que cela n'a guère fonctionné ici. La NVA gagne un siège en arrivant à présenter une liste à Evere et à gagner quelques bouts de point (1,7) à Ganshoren, ce qui compense une perte d'un siège à Anderlecht. Des progressions locales parfois donc mais rien de mirobolant.
Vous avez tout à fait raison. Les progressions de la N-VA ne concernent que quelques pourcentages. Dans une bonne partie des communes de la région de Bruxelles, on assiste même à un recul des nationalistes flamands, à Bruxelles-Ville, Anderlecht, Molenbeek-Saint-Jean... Le Vlaams Belang recule aussi, sans que la N-VA en profite. C'est très clair à Anderlecht où la N-VA perd un siège et le Vlaams Belang son dernier élu communal de la région bruxelloise. Il n'y a pas encore d'études sur le sujet, mais je doute que la N-VA ait réussi à conquérir un électorat francophone conservateur, séduit par les politiques sécuritaires de ministres Jambon et Francken. Je crois plutôt au contraire. Le Vlaams Belang récoltait jusqu'aux élections communales de 2006 (année du début de sa chute) une part (certes minoritaire) du vote francophone bruxellois, avec des scores honorables à Schaerbeek, Molenbeek, Anderlecht, Bruxelles-Ville, Koekelberg..., un vote que la N-VA n'a pas récupéré, bien au contraire. Le vote francophone pour l'extrême droite flamande était surtout un vote anti-immigration (l'extrême droite francophone étant très faible et divisée) et non un vote nationaliste flamand indépendantiste, comme ça peut l'être en Flandre. Bizarrement,la N-VA et le Vlaams Belang stagnent ou reculent à Bruxelles en 2018, alors qu'ils progressent en Flandre (plus le VB que la N-VA, notamment dans le Denderstreek et la province d'Anvers).
Le vote nationaliste flamand reste essentiellement néerlandophone à Bruxelles. Il est logique que la N-VA progresse le plus (ou perd le moins de voix) dans les communes du nord-ouest de la région de Bruxelles-Capitale, celles qui sont réputées être le plus néerlandophones: Ganshoren, Jette, Berchem-Sainte-Agathe... Dans le sud-est de Bruxelles, aisé et très francophones (où le vote MR et DéFI, voire Ecolo est fort), la N-VA est très faible, comme à Ixelles, Auderghem ou Uccle. Je ne sais pas si c'est toujours le cas, mais traditionnellement les Flamands de Bruxelles étaient connus pour être plus pauvre que les francophones de la région, à une époque où le français était la langue de la bourgeoisie dominante. Le néerlandais (et le dialecte brabançon local) a mieux résisté en milieu populaire. C'est pareil pour l'alsacien, qui dans les villes alsaciennes résiste mieux dans les classes populaires.
La N-VA a décidé du mal a réussir son objectif, devenir le premier parti flamand dans la région de Bruxelles. En 2019, elle souhaite être première dans le groupe linguistique néerlandophone pour les élections régionales bruxelloises et gagner un siège de député dans la région, au niveau fédéral. En 2014, aucun élu flamand n'avait été élu à Bruxelles, vu le faible poids des néerlandophones.