Eco92 a écrit:Il y a eu d'autres municipales importantes, notamment en Ontario, je vous referai un point dessus dans la semaine.
L'Ontario est la plus grosse province du Canada, celle de sa capitale politique (Ottawa) et de sa ville la plus peuplée (Toronto, capitale de la province). Voici les résultats dans les villes de plus de 200000 habs (chiffres de 2006 arrondis à la baisse - car c'est la tendance - mais l'ordre d'idée y est).
A Toronto (plus de 2 millions 500 milles habs), où était élu le Premier minisitre Doug Ford (aux côté de son frère, maire, qu'il a tenté de remplacer après son décès), John Tory a été largement réélu avec 63,5 % du vote contre 23,56 % à Jennifer Keesmaa, suivie d'une candidate d'extrême droite dépassant les 3 %. Le contexte était particulier puisque Doug Ford à peine élu avait décidé de réduire très largement la taille du conseil municipal, trop gros à ses yeux (problème qui ne l'avait jamais frappé quand il était dans la majorité, beaucoup y ont vu une vengeance contre Tory, qui l'avait battu. Anecdote : Tory était chef du parti conservateur avant d'être élu maire, Ford a quitté la mairie pour reprendre ce poste des années plus tard). La coupe avait été drastique puisque le conseil est passé de 47 à 25 élus, une décision prise en août, on mesure la rapidité. Pour que ce soit bien clair au Canada il n'y a pas de taille de conseil défini par la loi générale en fonction du nombre d'habitants, c'est décidé par provinces et villes. Et là ça s'est décidé très vite, contre l'avis de la mairie, qui a réussi à faire annuler la décision en cours au nom de la charte des droits à la personne, mais Ford a utilisé la "clause dérogatoire", qui permet d'indiquer que la province s'assoient sur le droit pour des raisons d'un intérêt supérieur à la province. Il en a le droit mais c'est un peu la bombe nucléaire utilisée pour chasser un moustique. Bref, cela n'a pas empêché Tory d'être largement réélu.
A Ottawa (812000 habs, et 24 membres dans le conseil soit désormais un de moins que Toronto !) le maire sortant Jim Watson, ex ministre libéral, a été réélu très confortablement pour un quatrième mandat (non-consécutif car le premier était de 1997 à 2000, il a ensuite été réélu en 2010 et 2014) avec 71,03 %, soit 129 804 votes de plus que Clive Doucet (22,24 %), plus proche de ses adversaires.
Mississauga (668500) la mairesse Bonnie Crombie a été réélue avec plus de 75 %, peu menacée par les sept autres candidats. Cette ancienne député libérale fédérale dirige cette ville de la banlieue de Toronto depuis 2014 et a écrasé la concurrence. Réussira-t-elle à être réélue aussi longtemps que celle qui l'avait soutenue pour lui succéder, Hazel McCallion, mairesse de 1978 à 2014 ?
Hamilton (504500), le maire sortant a été réélu. Avec une campagne axée sur le de train léger et les logements abordables, il avait obtenu l'appuie de la cheffe du NPD, qui dirige l'opposition officielle. Un sondage téléphonique le donnait à 39% et son challenger Vito Sgro à 38%, si ce dernier a bien obtenu ce score, le maire sortant a reçu 54% des suffrages. Il y avait une quinzaine de candidats au poste !
Brampton (43300), après de nombreux essais Patrick Brown réussi son retour en politique ! Celui qui devait être le nouveau premier ministre mais a du quitter la tête du parti conservateur en cours d'élection provinciale suite à des allégations de harcèlement sexuel avait tenté de se faire réélire à son poste, mais avait finalement renoncé à très peu de temps du dépôt final des candidatures. Il avait ensuite annoncé qu'il serait candidat aux législatives, sans être chef, dans Simcoe Nord mais les conservateurs avaient refusé, puis il avait indiqué vouloir devenir président du conseil régional de Peel, mais Doug Ford a annulé l'élection en juillet. Il s'est donc lancé dans la course à la mairie et ses errements ont l'air d'avoir convaincu les habitants quand à sa motivation (???) qui l'ont préféré après une course serré (44,4% contre 41%) à la mairesse sortante 44%, Linda Jeffrey, ex-ministre libérale des affaires municipales. Ils rejouaient ainsi un peu la course manquée...
London (352300) est la seule ville d'Ontario a voter en scrutin préférentiel, qu'elle utilisait pour la première fois. Après 18h de dépouillement et 14 tours, c'est l'ex-député conservateur fédéral Ed Holder, qui a obtenu la majorité absolue des voix.
Markham (261500) Frank Scarpitti, qui avait été maire de 1992 à 1994 puis battu, puis réélu en 2006, et réélu depuis, n'a pas regouté à la défaite puisqu'il a reçu 75,5% face à 3 autres candidats.
Vaughan (238800) a réélu son maire, Maurizio Bevilacqua, avec plus de 71% pour un troisième mandat pour lequel son axe phare est l'ouverture d'un campus universitaire.
Windsor (216400), le maire sortant Drew Dilkens a été réélupour un deuxième mandat avec presque 60 %, son plus proche rival, Matt Marchand, a eu un peu plus de 35% des voix, d'autres candidats se partageant les miettes. Le sortant a eu une campagne conservatrice assez classique basée sur une stabilité des impôts fonciers et plus de sécurité.
Kitchener (204 668), le sortant Berry Vrbanovic a obtenu un petit 85,5% face à trois adversaires.
Globalement des faciles réélections de sortants à part Brampton, où l'élu est un candidat vedette, et London, où le mode de scrutin était différent et que de toute façon le sortant n'était pas candidat.Finalement, n'eut été la décision autoritaire et hasardeuse de Ford de couper le conseil municipal de Toronto en plein milieu de l'été, on n'aurait regardé ces élections avec presque un peu d'ennui !
Notons que dans la ville de Kingston, les électeurs ont en même temps voté pour savoir s'il voulaient passer à un mode de scrutin préférentiel aux prochaines municipales (2022). Ils ont dit oui à 62%, mais cela représente seulement 39% des électeurs et il faut 50% pour que ce soit contraignant. La nouvelle équipe a donc ces éléments et verrons s'ils mettront ce mode de scrutin en œuvre. Il est possibile depuis 2016 que les municipalité utilise le vote classique (uninominal à un tour) ou préférentiel, choix uniquement fait pour le moment par London. Le maire sortant et ré-élu de Kingston, Bryan Paterson, a indiqué qu'il fallait suivre la voix des électeurs.
Et c'est une transition parfaite pour mon prochain post qui parlera du référendum sur le mode de scrutin actuellement en cours en Colombie Britannique !