La vie politique au Canada

[Eco92]

Doug Ford a été assermenté et a dévoilé son cabinet, composé de 21 ministres (dont 8 femmes) en plus du premier. Plusieurs cadors conservateurs sont ministres, dont les anciennes adversaires à la course à la chefferie (sauf celle qui a perdu son investiture en cours de campagne) et les ministères spécifique l'un pour les autochtones, l'autre pour les francophones, sont supprimés.

Santé et vice-première ministre : Christine Elliott, ex-rivale de Doug Ford à la chefferie, députée depuis 2006.
Finances : Vic Fedeli, ancien chef intérimaire des conservateurs et leader de l'opposition depuis janvier, député depuis 2011.
Éducation : Lisa Thompson, députée depuis 2011, ex présidente du caucus conservateur.
Procureure générale et ministre déléguée aux Affaires francophones : Caroline Mulroney, avocate et ex-rivale de Doug Ford à la chefferie, fille de l'ancien premier ministre fédéral Brian Mulroney, elle est une des rares bilingues et effectue son 1er mandat.
Conseil du Trésor : Peter Bethlenfalvy, ancien banquier juste élu.
Agriculture : Ernie Hardeman, député depuis 1995 et porte-parole des conservateurs en matière d'agriculture.
Énergie, Développement du Nord et des Mines, Affaires autochtones : Greg Rickford, ancien ministre fédéral (2010-2015 à de nombreux postes).
Environnement : Rod Phillips, ancien PDG de la Société des loteries et des jeux (OLG)
Transports : John Yakabuski, député depuis 15 ans
Affaires municipales et Logement : Steve Clark, ancien maire de Brockville
Infrastructures : Monte McNaughton, était porte-parole du PC en matière de développement économique, député de la droite religieuse
Services aux aînés : Raymond Cho, ancien conseiller municipal de Toronto
Formation, Collèges et Universités : Merrilee Fullerton, médecin
Tourisme, Culture et Sport : Sylvia Jones, ancienne porte-parole du PC pour les infrastructures et les transports
Services à l'enfance et Services sociaux : Lisa MacLeod, députée d'expérience, ex porte-parole conservatrice en matière de services à l'enfance
Travail : Laurie Scott, était porte-parole du PC en matière de sécurité communautaire, avait démissionné de son poste en 2009 pour permettre au chef conservateur de l'époque, John Tory, de se faire élire (elle avait regagné son siège en 2011)
Services gouvernementaux et aux consommateurs : Todd Smith, était porte-parole conservateur en matière d'énergie
Sécurité communautaire et Services correctionnels : Michael Tibollo, avocat
Richesses naturelles et Forêts : Jeff Yurek, était porte-parole du PC en matière d'innovation
Développement économique, Création d'emplois et Commerce : Jim Wilson, député depuis 1990, a été ministre sous Mike Harris et Ernie Eves

Bon au début j'avais commencé à amender en rajoutant des détails mais je n'ai pas beaucoup de temps donc j'ai repirs les descriptifs de Radio-Canada pour une bonne partie.

[Eco92]

Un remaniement avait été annoncé à Ottawa après les élections Ontarienne mais aussi pour répondre au contexte commercial nouveau avec les USA.

Pas d'énormes bouleversements mais tout de même du changement, là où on annonçait des corrections minimes.

Déjà le conseil des ministres passe de 30 à 35 membres, 3 des nouveaux sont Ontariens.

Le cas qui fait le plus parler est celui de Mélanie Joly (Québec), qui était ministre de la Culture, du Patrimoine et des communications, et s'est fait sévèrement contester notamment dans sa gestion du dossier Netflix. Elle change de portefeuille ce qui est largement analysé comme une rétrogradation, elle reste cependant ministre, en charge du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, pas rien non plus.

Pablo Rodriguez (Québec), jusqu'ici whip du gouvernement Trudeau, prend le poste de ministre du Patrimoine canadien. Celui qui est le seul québécois des 5 à rentrer dans le gouvernement sera aussi responsable du Multiculturalisme. Il faudra qu'un nouveau whip soit désigné dans le groupe libéral.

François-Philippe Champagne (Québec), passe du Commerce international au ministère de l'Infrastructure, où il remplace Amarjeet Sohi, qui devient ministre des Ressources naturelles (le pauvre va devoir gérer le dossier de l'oléoduc TransMountain).

Ce portefeuille était occupé par Jim Carr (Manitoba) qui devient ministre de la Diversification du commerce international. L'intitulé n'est pas anecdotique car auparavant il s'agissait du ministre de du commerce international tout court mais face aux USA et à leur nouvelle politique, la diversification est une obligation !

Dans les changements d'intitulés Carla Qualtrough (Colombie-Britannique), ministre des Services publics et l'approvisionnement, ajoute l'Accessibilité à ses responsabilité. Pour ceux qui l'ignorent, c'est une ex-athlète paralympique déficiente visuelle, jusqu'en août 2017 elle était ministre des sports et des personnes handicapées, elle a donc déjà eu la charge de cette nouvelle fonction.

Dominic LeBlanc (Nouveau-Brunswick) qui était responsable des Pêcheries et des Océans, devient responsable des Affaires intergouvernementales, poste crucial avec le passage au conservateur de l'Ontario et celui probable à la CAQ du Québec. Trudeau admet se préparer à une "montée de la droite" en interne comme en externe.

Les autres nouveaux donc :
- Bill Blair (Ontario), jusqu'ici secrétaire parlementaire des ministres de la Justice et de la Santé, devient ainsi ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé. La question des migrants lui est donc confiée. ;
- Mary Ng (Ontario) devient ministre de la Petite Entreprise et de la Promotion des exportations (autre thème très lié au contexte voisin) ;
- Jonathan Wilkinson (Colombie-Britannique), secrétaire parlementaire de la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, remplace Dominic Leblanc comme ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne ;
- Filomena Tassi (Ontario), whip adjointe du gouvernement, est ministre des Aînés, portefeuille créé pour l'occasion.

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201807/17/01-5189897-un-remaniement-ministeriel-plus-important-que-prevu-a-ottawa.php

[Eco92]

Après avoir passé son tour dans plusieurs partielles, où les chances du Nouveau Parti démocratique Canada étaient faibles, le chef élu l'an dernier Jagmeet Singh a annoncé sa candidature aux élections partielles dans Burnaby-Sud, près de Vancouver, en Colombie Britannique donc. Il s'agit d'une circonscription urbaine et plutôt écolo ou le NPD est élu depuis 2004 (le sortant a quitté pour se lancer dans une municipale) mais qui n'est pas non plus acquis au parti, d'autant que Jagmeet Singh n'a que peu de liens avec la circonscription (il était élu provincial en Ontario avant de se lancer au fédéral). Le parti peut toutefois miser sur l'effet parti sortant + effet chef fédéral + opposition au projet d'oléoduc TransMountain, en plus d'un gouvernement NPD au provincial.

Je vous joins le lien vers la projection de QC125 qui a lancé un site sur le même modèle consacré aux fédérales et qui indique une course à trois entre les néodémocrates, les libéraux et les conservateurs, avec un léger avantage aux libéraux (mais il n'y a pas encore de sondages ciblés).

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1116625/npd-jagmeet-singh-candidat-burnaby-sud-elections-partielles-complementaires
http://canada.qc125.com/districts/burnabysouth.htm

[Eco92]

NPD toujours, c'est aujourd'hui que Thomas Mulcair a officiellement démissionné de la Chambre des communes. Il prendra à la rentrée un poste en enseignement à l'université de Montréal au sein de deux maitrises ("environnement et développement" durable" et "affaires publiques et internationales") et un poste de chroniqueur dans l'émission TV "La Joute" avec notamment l'ex-député péquiste Stéphane Bédard qui y fera aussi ses débuts.

Pour lui succéder dans Outremont, qui fut longtemps la seule circo NPD du Québec (gagnée de haute lutte par Muclair en 2007 sur les libéraux), le parti a investi Julia Sánchez, une cadre dyu combat humanitaire qui vient de démissionner de la présidence du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI). Ancienne résidente d'Outremont (elle vivait à Ottawa pour son mandat) elle vient d'y redéménager. C'est une circo à gros enjeu, pour le NPD une défaite serait très lourde après des élections bien difficiles, pour les libéraux la reconquérir permettrait de reprendre un peu de superbe après des mois difficiles.

La aussi je poste la synthèse de QC125 même s'il faudra d'autres sondages pour voir ce qu'il en est aujourd'hui. Pour le moment le modèle prédictif met les libéraux très probables gagnants.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1114705/julia-sanchez-candidate-outremont-nouveau-parti-democratique-mulcair
http://canada.qc125.com/districts/outremont.htm

[Républicain67]

Maxime Bernier, député fédéral de Beauce (ex-conservateur) lance un nouveau parti conservateur au niveau fédéral, le Parti populaire du Canada (PPC). People's Party of Canada en anglais.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1123821/maxime-bernier-parti-populaire-canada

[Eco92]

Ce n'est pas rien ! Un premier sondage lui donnait autour de 13 % ! Bon c'est un sondage sur un "Berniers's party", etc. et ça a l’avantage pour Trudeau de faire chuter les conservateurs. Bien sur ces derniers ont tout de suite parlé de la division du vote, bien sur ce n'est qu'un sondage sur un "parti Bernier" sans trop de plateforme, à un an des élections. Mais un si haut coup de sonde pour une dissidence c'est un début encourageant.
http://abacusdata.ca/will-max-bernier-be-a-spoiler-for-the-conservative-party/

Sinon bonne nouvelle pour le Bloc québécois, les 5 députés démissionnaires qui formaient encore le groupe Québec Debout (deux des sept avaient déjà annoncé leur retour au Bloc après le départ de Ouellet) reviennent au bercail. Le parti Québec Debout ne sera pas créé et le bloc retrouve donc dix députés.

Mario Beaulieu, ex-chef du Bloc qui était poussé vers la sortie et s'était désisté pour sauver le parti, après avoir été élu député, et avoir soutenu puis abandonné Ouellet dans le même discours (le parti avant la personne, comme lui avait fait) est directeur par intérim du parti pour encore quelques jours. Il a énormément agis pour ressouder le groupe en indiquant bien que lui quitterait les fonctions de direction (il était d'ailleurs président du parti jusqu'à la défaite de Ouellet et a cédé sa place à un militant leader de la fronde afin de montrer sa bonne volonté).
Louis Plamondon (membre du dernier groupe de dissident), doyen du parti et élu historique (il est là depuis les débuts du Bloc), par ailleurs frère de Luc Plamondon pour les curieux, sera le président du caucus.
Luc Thériault (dissident de retour) devient leader parlementaire quand Simon Marcil (qui fut dissident mais était revenu il y a quelques mois après la défaire de Ouellet) devient whip, soit responsable de la discipline au sein des députés, ce qui correspond à sa position médiane sans doute.
Xavier Barsalou-Duval, un des derniers fidèles de madame Ouellet (après l'avoir été de M. Beaulieu) devient représentant du caucus au bureau national du parti.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1124278/cinq-elus-rentrent-bercail-bloc

[Eco92]

La semaine prochaine est jour d'élection au Québec, on se doute que je suivrai ça avec intérêt (et sans doute en me levant outrageusement tôt).

Aujourd'hui a lieu une autre élection dans une autre province canadienne : le Nouveau-Brunswick. Je n'ai pas suivi en détail mais c'est un territoire qui m'intéresse aussi beaucoup, terre des Acadiens (qui furent déporté pour supprimer la présence francophone), et deuxième territoire francophone du pays (en pourcentage, avec plus de 31%, en nombre l'Ontario est deuxième).

Il y a pourtant plusieurs enjeux intéressants dans cette élection :
- Le premier ministre sortant (Brian Gallant), libéral, fait face à une élection difficile mais qu'il pourrait remporter, étant le premier sortant dont le parti pourrait se succéder à lui-même depuis 1999 ;
- En 2014 le Parti vert avait obtenu un premier élu, rompant une routine à deux partis (Libéraux contre Progressistes-Conservateurs) installée depuis longtemps (le NPD a parfois eu un député). Il est possible qu'ils aient un autre élu cette année, David Coone (leur leader et député) étant le chef le plus populaire et David Suzuki (une star de l'environnement au Canada) s'étant déplacé pour les soutenir.
- Plus largement il pourrait y avoir un élu indépendant et un élu de l'"Alliance des gens du Nouveau-Brunswick", parti conservateur dont la spécificité est d'être particulièrement anti-francophone ;
- Si cette dernière possibilité n'est guère joyeuse, cela ouvre la perspective d'un truc inédit au NB, soit un gouvernement minoritaire gouvernant en coalition. Ainsi les libéraux se sont dit ouvert à cela avec le NPD ou les verts, mais pas avec la droite anti-francophone, option que les conservateurs ont indiqué ne pas exclure.

Il y a donc un fort enjeu au Nouveau-Brunswick, après l'Ontario et un peu avant le Québec, où là aussi les bipartisme classiques et serein depuis plus de 50 ans semblent près à s'effondrer.

Allez, au lit, je verrai les résultats demain ! (les bureaux ferment dans à peine plus d'une heure pour les nocturnes)

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1125721/jour-elections-nouveau-brunswick

[Eco92]

Bilan des courses : 22 députés conservateurs, 21 libéraux, 3 verts et 3 Alliance. Un gouvernement forcément minoritaire ou de coalition et donc la crainte d'une coalition majoritaire des conservateurs avec l'extrême droite anti-francophones. Risqué dans un territoire où ils pèsent 31%... C'est à al fois réjouissant pour la monté des écolos et terrible pour la hausse des réacs en parallèle, un schéma qu'on a vu un peu partout (montée de Sanders et Trump gagnant, NPD et vert renforcés en Ontario mais Ford en tête, sans doute CAQ gagnante au Québec avec les solidaires plus haut que jamais...), comme dans une phase de transition.

Le libéral devenu indépendant Chris Collins a, lui, été battu.

Notons que Brian Gallant, premier ministre sortant, a indiqué qu'il ne démissionnerait pas et irait donc rencontrer le lieutenant gouverneur pour demander à former le prochain gouvernement. Rien n'oblige en effet un ministre défait à démissionner, La convention était régulière mais il ne peut perdre son poste que s'il décide de démissionner ou s'il est battu par un vote de confiance. Et vu les résultats ont peut imaginer qu'il souhaite aller au vote de confiance (mais pour cela il faudrait qu'un conservateur vote pour lui ce qui n'est pas gagné, mais la perspective pour les conservateurs francophones d'être allié à des gens les détestant pourra peut-être...).

Analyse plus longue plus tard.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1125721/election-nouveau-brunswick-blaine-higgs-progressiste-conversateur

Détails des voix par circos :
http://ici.radio-canada.ca/resultats-elections-nouveau-brunswick-2018/

[Fabien]

On notera qu'en nombre de suffrages exprimés, ce sont les libéraux qui arrivent en tête, et que la droite est nettement minoritaire (44,5% des voix).

[PhB]

On notera qu'en nombre de suffrages exprimés, ce sont les libéraux qui arrivent en tête, et que la droite est nettement minoritaire (44,5% des voix).

Si le critère pour gagner les élections en Amérique du Nord était d'avoir plus de voix que les autres, ça se saurait !
En l'occurrence c'est plutôt l'inique système "first pass the post" ou fptp, qui attribue leur siège dès le premier tour aux candidats arrivés premiers dans leur circonscription, qui explique cette inversion scandaleuse des résultats.