de ChristianC. » Lun 17 Sep 2018 18:02
Les derniers propos du président de la République et les commentaires des exégètes de sa pensée (ainsi que certaines interventions sur cette page) entrent dans le cadre d'un projet de transformation radicale du travail et des modes de vie en France.
Depuis des décennies, les idéologues libéraux et leurs disciples invoquent tous ces emplois "dont les Français ne veulent pas" (les paresseux!), et qu'il relèguent (les méchants!) à des immigrés; sans observer que le problème, posé de façon complète, serait celui de tous ces emplois "dont les Français ne veulent pas dans les conditions et avec la rémunération qu'on veut leur imposer"; et qu'on impose à des immigrés plus pauvres, plus fragiles socialement et juridiquement, donc plus malléables, et parfois sans traditions de luttes ni encadrement politico-syndical.
Quant à cette "rue" que les chômeurs ne veulent pas "traverser", et à ces hymnes à la "mobilité" entonnés par les "marcheurs"...: la "rue" en question à traverser, concrètement, c'est souvent déménager à des dizaines ou à des centaines de kilomètres de chez soi; c'est un déracinement qui sépare les couples, éloigne les parents, fait perdre les amis, coupe du passé, abolit les repères, dissocie tout réseau (notamment associatif ou local) de solidarité tissé autour des individus, que l'on voudrait là encore déracinés, seuls et nus, car plus faciles à plier et exploiter.
L'idéal macroniste, ce doit être le perpétuel départ d'un habitant de mobil-home en quête d'un petit boulot précaire, pénible et mal payé.
Il parait que c'est un aspect de l'american way of life; ce n'était pas jusqu'à présent le mode de vie des Français.