Référendum sur le Brexit et conséquences

[Eco92]

Avec la démission des deux poids lourds pro-Brexit du gouvernement la crise n'est pas en vue, elle est déjà là.

Et c'est le début (enfin c'était déjà pas terrible) des emmerdes pour May, les deux étant réputé pour leur côté incontrôlable sont désormais contre elle.

[cevenol30]

Le Brexit étant définitivement validé, on pouvait avoir du mal à voir le problème.
L'article du Monde indique apparemment que le livre blanc du gouvernement, conclu le 6 juillet lors d'un séminaire gouvernemental, prévoit un libre-échange industriel et agricole entre l'UE et le Royaume-Uni (ou ce qu'il en restera ^^) avec des règles communes.
Au passage, comme le souligne Juncker, cela illustre la (non-)cohésion du gouvernement britannique d'alors et -peut-on ajouter- de degré d'adhésion des ministres partants par rapport au texte produit par le gouvernement dont ils faisaient encore partie.
Le Parlement britannique pourra s'opposer à l'application de certaines règles ou modifications de celles-ci mais non sans prendre le risque de rétorsions.

En clair, comme pour les autres pays de l'Espace Economique Européen (notamment la Norvège), ce serait passer, pour certaines matières (moins nombreuses qu'actuellement) sous le régime de la "fax-democracy": on reçoit par fax les nouveaux règlements européens quand ils deviennent officiels et il vaut mieux les adopter (sinon les entreprises du pays risquent de se voir couper le libre accès à l'accès à l'UE, ce qui n'en vaut pas la peine, l'argument pouvant être répété pour chaque article de chaque règlement).

Inversement, l'UE si cela s'appliquait renoncerait à la libre circulation des personnes tout en maintenant celle de certaines marchandises (les biens industriels et agricoles mais pas les services, si l'on comprend bien). Ne resteraient donc que deux piliers sur les quatre.

[Tirnam]

En tout cas dans la "guerre" politique qui s'engage dans son propre parti, entre elle et les partisans d'un Brexit "dur", Theresa May semble perdre la bataille de l'opinion : deux sondages publiés hier enregistrent une baisse sensible des intentions de vote en faveur des conservateurs : pour l'institut Opinium les conservateurs perdent 6 points (à 36%, 4 points derrière le Labour) au détriment de l'UKIP qui reprend des forces (sans retrouver sa puissance d'avant référendum) à 8%, pour l'institut Deltapoll les conservateurs perdent 4 points et se retrouvent distancés de 5 points par les travaillistes.
De toute évidence T. May perd le soutien des électeurs ayant voté pour quitter l'UE : en mai 54% d'entre eux soutenaient sa politique du Brexit, aujourd'hui ils ne sont plus que 27%, dans le même temps elle ne compense pas avec une hausse d'adhésion venant d'électeurs ayant voté pour rester (21% soutenaient sa politique en mai, 25% en juillet) (sondage YouGov)

[cevenol30]

Ménager la chèvre et le chou mécontente tout le monde, c'est bien connu...
Par ailleurs, si on regarde secteur par secteur, on peut voir des mécontentements. Le NHS n'aura probablement pas l'argent économisé sur la contribution à l'UE, les chercheurs britanniques sont très largement mécontents du Brexit (d'autant qu'ils étaient connus pour leurs talents de dépôt de bons dossiers de subventions) https://www.sciencesetavenir.fr/fondame ... mes_125879
On note là que le Labour se retrouve devant les Tories (par recul de ceux-ci ici mais le parti de Corbyn a aussi un bon socle bien entretenu), il faudrait voir des projections en sièges mais logiquement cela voudrait dire que le Labour remporterait des élections maintenant. Certes, les conservateurs (et les défauts du Labour) peuvent renverser la vapeur d'ici la date effective des élections (anticipées ou plutôt pas) mais cela crée une situation où la majorité n'a pas intérêt à une dissolution alors même qu'elle pourrait permettre des clarifications...

[manudu83]

Concernant les projections en sièges, le labour serait premier parti mais en dessous des 300 députés loin de pouvoir former un gouvernement stable ou cohérent :
En Ecosse les sondages le donne en baisse, alors que le SNP est à la hausse.
la seule majorité possible serait Lab + SNP (+ PC), or ça coincerait sur le brexit.

La dernière projection basée sur une moyenne des derniers sondages (incluant les sondages écossais) :
Lab : 294
Con : 268
SNP : 49
Lib : 17
PC : 4
Green : 1

[manudu83]

Le couperet est passé proche après une défaite suite à la défection de 12 député tory sur le système de santé (et son accrochage au système européen), le vote de 5 députés travaillistes avec le gouvernement a évité une défaite sur l'union douanière :
307 contre l'amendement / 301 pour.
Mais les tensions dans les deux grands partis sont au grand jour, ça s'envoit des noms d'oiseau sur Twitter.

Je découvre à cette occasion, une particularité britannique le "pairing" quand un député de l'opposition ne peut être présent à un vote, le chef du groupe majoritaire désigne un membre de son groupe pour s'abstenir.
Et aujourd'hui, le pairing n'a pas été respécté pour l'absence de Jo Swinson (Lib-dem) en congé de maternité, déclenchant une forte polémique.

[Eco92]

La Commission électorale britannique vient de condamner à une amende de 61 000 livres (68 000 euros) la plateforme « Vote Leave » (dont Boris Johnson était une figure de proue ) et de 20 000 livres (22 500 euros) à BeLeave, un groupe pro-Brexit non enregistré fondé par un étudiant. Ces deux groupes sont accusés d'avoir violé la loi en contournant les règles de financement de la campagne, notamment (pour Vote Leave) en versant 600 000 livres sterling (675 000 euros) à une officine parallèle afin de contourner le plafond des dépenses.

La sanction, élevée, prend en compte la mauvaise volonté des accusés qui ont refusé de répondre aux questions des enquêteurs.

https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2018/07/17/au-royaume-uni-la-campagne-pour-le-brexit-sanctionnee-pour-infraction-au-code-electoral_5332744_4872498.html

[cevenol30]

Ne s'agissant pas d'une élection de personnes mais d'un référendum, cela ne fait pas en soi revoir le résultat.
Cependant, cela vient accréditer l'idée d'une victoire du Brexit obtenue par manipulations (avec des promesses discutables mais aussi des manipulations de réseaux sociaux semblables voire liées à celles de Cambridge Analytica, c'est aussi ce qu'indique l'article).
Cela remet même de l'eau au moulin de ceux qui souhaitent un second référendum (surtout pour inverser le résultat mais à force de couacs, certains pourraient avoir besoin de le confirmer?).
Ceci dit, la réticence britannique à l'intégration européenne n'est pas nouvelle et les gouvernements londoniens ont souvent traîné des pieds, sous Thatcher mais pas seulement. Qu'un nombre important de Britanniques ait voté Leave n'est donc pas surprenant, le socle potentiel était important mais il se peut que l'ensemble des écarts de la campagne ait aidé à la bascule.

[Pullo]

Sir Jim Ratcliffe, l'homme le plus riche de Grande-Bretagne (21 milliards de £ en 2018), soutien ardent du Brexit (parce que l'UE impose trop de régulations à son goût, comme sur l'environnement, et fraîchement anobli, va s'installer à Monaco pour raisons fiscales :
https://www.dailyrecord.co.uk/news/uk-w ... m-12670099
https://www.independent.co.uk/news/uk/h ... 84211.html
https://www.theguardian.com/business/20 ... ree-monaco

De quoi apporter de l'eau au moulin des partisans d'un nouveau référendum...

[ploumploum]

Alors que les négociations UE-Royaume-Uni patinent, le parti conservateur fait face à un afflux d'adhésions depuis quelques semaines. Les europhiles du parti craignent d'être submergés par les partisans du Brexit dur.

L’appel lancé par l’homme d’affaires Arron Banks, cofondateur et argentier du mouvement pro-Brexit Leave.EU, le conforte lui et d’autres députés europhiles dans cette crainte. M. Banks a en effet exhorté les quelque 90 000 membres de son mouvement et 1,4 million d’abonnés sur les réseaux sociaux à rejoindre les conservateurs pour favoriser l’élection d’un chef de parti favorable à un Brexit « dur » au cas où Mme May, dont la position est très fragile, viendrait à démissionner. Le règlement des tories autorise en effet tout membre depuis au moins trois mois à participer à l’élection de son chef parmi deux candidats choisis par les députés conservateurs.

« Une rébellion de la base du Parti conservateur est possible. Un nouveau dirigeant peut être porté au pouvoir et le bon sens peut l’emporter. Notre objectif est d’unir la droite », a écrit Arron Banks la semaine dernière dans le Sunday Times.

https://www.lemonde.fr/referendum-sur-l ... 72498.html