de alamo » Ven 12 Oct 2018 22:42
Je reviens du Congrès HLM de Marseille, et effectivement à peu près tout ce que j'avais pu annoncer (par écrit comme à la radio) il y a un an s'est vérifié , parfois en pire.
La volonté de destruction du système de logement social (peut-être pourtant le meilleur de la planète) est plus qu'affirmée. On en voit déjà quelques résultats, nombre d'organismes HLM ont d'ores et déjà réduit la voilure, leur production neuve étant divisée par deux ou trois alors même que les projets de rénovation sont repoussés de cinq à dix ans, et les crédits d'entretien / maintenance et les petites et moyennes réparation sabrés. Un gros groupe passe le logement social classique de 85% de sa production à 15%, se repliant sur les secteurs dispensés de baisse d'APL et de loyers (logement pour étudiants, foyers...), d'autres font un peu de cavalerie pour soutenir le Gouvernement (quand ils appartiennent à la CDC ou à Action Logement c'est-à -dire au MEDEF) mais n'auront pas les moyens de le faire longtemps, les Offices publics se transforment en SEM, en coopérative ou en ESH (SA HLM privée).
Le regrouypement à marche forcée des bailleurs est une stupidité sans nom en matière de gestion, puisque non seulement on perd en proximité de terrain, mais les coûts de gestion unitaires sont plus élevés dans les gros organismes que dans les petits (quand on connaît un peu le secteur, on le savait déjà , mais les décisions politiques sont prises par des crétins dogmatiques...).
La vente massive de logements aux locataires est un fantasme que l'on nous ressort depuis trente ana avec les mêmes résultats ridicules (facile de comprendre pourquoi...)
On aura bientôt une idée de l'ampleur de la chute des agréments HLM par rappport à 2017, pour le moment le chiffre qui a filtré est celui de 6.000 pour toute la France à fin juin, au lieu des 25 à 30.000 habituels.
Tout à leur objectif de privatisation et financiarisation du secteutr social, nos chers macronistes n'ont même pas été capables de comprendre qu'ils allaient plomber aussi la promotion privée.
La surévaluation des prix de l'immobilier par rapport aux valeurs de long terme et aux revenus de la population ne date pas d'aujourd'hui, le secteur est à la merci de la moindre remontée des taux qui désolvabilise les acquéreurs, mais la suppression de l'APL accession et quelques autres bourdes donnent le signal du départ en faisant disparaître une grande partie des primo accédants.
Les dépôts de permis de construire chutent fortement (jusqu'à - 14% sur le dernier trimestre par rapport à l'équivalent de 2017). On devrait être à 8 ou 10% de baisse en moyenne sur l'année, soit 40 à 45.000 legements. Or ce sont ls chantiers de demain.
Avec la dégringolade du logement social, et les dégâts collatéraux sur la part privée des opérations mixtes, la baisse de la production pourrait être de 20 à 25%, soit 80 à 100.000 logements.
100.000 logements et la réhabilitation durement touchée, c'est à peu près 300.000 emplois supprimés dans la seule activité économique d'envergure non délocalisable.
Or l'immobilier est lié à l'économie générale et à la confiance.
quand on ne sait pas si on aura encore son travail dans un an, deux ans, cinq ans, on ne court pas s'endetter sur 25 ans pour changer de logement. et même si on le voulait on ne trouverait pas de banquier. les banques ne prêtent pas aux CDD et aux chauffeurs Uber, en revanche elles adorent prêter aux fonctionnaires, cheminots, etc, que Macron veut éradiquer.
Quand le projet de société (le projeeeeeerk...) est de précariser l'ensemble des salariés, on prend le risque de fabriquer de toutes pièces une crise de l'immobilier digne des années 91-98.
Et comme toujours, on constatera que les ultra-libéraux et leurs petits comptables sans vision au-delà du 31 décembre de l'année en cours creusent les déficits publics qu'ils prétendent réduire, il y a fport à parier que dès cette année la perte de recettes fiscales sera plus impoortante que les économies de bouts de chandelles opérées sur l'APL ou autres.
En écoutant les gens, beaucoup plus qu'en lisant les sondages, je constate que nous sommes de plus en plus nombreux à considérer ce régime comme le pire depuis la fin de la guerre.
et on a encore trois ans et demi à tirer, les dégâts seront considérables...
Les dégâts de la connerie dogmatique en l'occurrence...
PS : juste un détail : personne en réalité, en tout cas personne de sérieux et comprenant le fonctionnement du système, n'attend quoi que ce soit de la Loi Elan.