La condamnation du PP lui-même le rend peu défendable.
Cependant, le système de la motion de censure constructive fait qu'il ne s'agit pas seulement là de voter contre Rajoy mais pour Sanchez... ce qui peut davantage poser question (que l'on se souvienne d'un vote pour F. Hollande en 2012 en France...).
Concernant les régionalistes, le PP et le PSOE sont l'un comme l'autre éloignés de leurs vues, le PSOE peut-être un peu moins mais guère. Or ils sont placés devant un choix entre l'un et l'autre: le critère directement utilitaire n'est ici guère pertinent ou pas très tranchant. Ils peuvent préférer la censure aussi pour "punir" Rajoy du lancement de l'article 155 en Catalogne et préférer Sanchez qui veut "le rétablissement de la normalité institutionnelle" (ce qui inclut probablement entre autres le redémarrage des institutions autonomes catalanes avec leur président élu); en tous cas ce lancement du "155" fait que leur éventuel soutien au PP (notamment de la part du PNV) serait comme le soutien de la corde pour le pendu...
Garder le PP implique d'avoir un Etat espagnol central gouverné par un parti corrompu; c'est dans une certaine mesure intéressant pour les régionalistes puisque cela décrédibilise l'échelon central mais... pour pouvoir critiquer, il ne faut pas être complice donc voter la censure. Certains pourraient donc avoir intérêt à voter la censure mais éventuellement pas forcément à ce qu'elle passe...
De la part de C's aussi: pour pouvoir critiquer la corruption du PP (la corruPPtion?), il ne faut pas être complice donc voter la censure (ou à l'extrême rigueur s'abstenir mais en pratique, comme en France où le "oui" doit avoir la majorité absolue, cela revient à voter contre). Autrement, tirer le bénéfice peut-être principal de la corruption du PP (en récupérant de ses voix et sièges) sans vraiment la sanctionner serait paradoxal et peut-être pas très crédible ni tenable. Certes, il s'agirait aussi pour les ex-électeurs PP de faire une politique économique de droite et d'être dur avec la Catalogne mais le PSOE peut aussi faire l'affaire pour cela, en fait. Il est vrai que le souvenir des affaires des années 90 ayant touché des membres du PSOE peut encore refroidir certains.
Ledit PSOE a probablement raison, de son point de vue, de ne pas traîner pour la censure:
-au nom de quoi laisser un jour de plus au pouvoir (en ralentissant) le PP corrompu et qu'ils n'ont jamais apprécié?
-ceux qui refuseront de voter la censure tendront à laisser le PP honni au pouvoir: c'est leur problème car ils se décrédibiliseront; le PSOE pourra toujours dire qu'il a fait ce qu'il fallait, lui.
-avoir Sanchez Premier Ministre quelques mois lui permettrait de gagner en crédibilité avant les élections
-si ça ne passe pas, il sera toujours possible que d'autres déposent une motion de censure. Certes, ce ne serait alors pas Sanchez qui irait à la Moncloa mais vu qu'il ne s'agirait que d'un gouvernement de transition avant de nouvelles élections, ce n'est pas si grave et l'on retiendra tout de même que le PSOE est passé à l'action.
Le seul inconvénient est donc qu'à aller trop vite, cela risque de ne pas passer mais si l'on considère (cf. mes 2e et 4 tiret ci-dessus) que ce n'est pas totalement un problème, ils n'ont aucune raison de ne pas foncer.
Rappelons la règle pour la motion de censure cf. http://mjp.univ-perp.fr/constit/es1978.htm :
article 113 de la constitution a écrit:1. Le Congrès des députés peut mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement en adoptant une motion de censure à la majorité absolue.
2. La motion de censure doit être proposée par le dixième au moins des députés, et elle doit présenter un candidat à la présidence du gouvernement.
3. La motion de censure ne peut être votée que cinq jours après son dépôt. Dans les deux premiers jours de ce délai, d'autres motions concurrentes peuvent être déposées.
4. Si la motion de censure n'est pas adoptée par le Congrès, ses signataires ne peuvent en présenter une autre pendant la même session.
art. 114-2 a écrit:Si le Congrès adopte une motion de censure, le gouvernement présente sa démission au roi et le candidat présenté par la motion est considéré comme investi, avec les conséquences prévues à l'article 99. Le roi le nomme président du gouvernement.
art. 115-2 a écrit:On ne peut présenter une proposition de dissolution quand une motion de censure est déposée.