La vie politique au Canada

[Eco92]

Fin du feuilleton, Christine Elliott reconnaît la victoire de Doug Ford qui, par ailleurs, "envisage d'apprendre le français".

S'il est élu (et c'est probable) premier ministre, ça va promettre.

[Pullo]

Doug Ford "envisage d'apprendre le français". Heu... Le 1er avril arrive en avance ? Je croyais que le Canada était un pays bilingue ! Doug Ford a encore moins d'excuses qu'un type comme Stephen Harper qui vient d'une province (l'Alberta) où les francophones sont très minoritaires...

[Eco92]

C'était ce que je voulais souligner en effet. Qu'il ne le parle pas est une chose, qu'il ne fasse qu'envisager de l'apprendre est une faute, d'autant que le mandat libéral a été un vrai mandat de conquête pour les franco-ontarien (création d'un secrétariat d'état dédié, annonce de l'ouverture d'une faculté francophone, défense du satut de ville bilingue pour Ottawa, etc). D'ailleurs il a depuis tenu à dire qu'il s'engageait à apprendre le français. Durant la campagne il y avait montré de l'ouverture mais avec une certaine maladresse, je cite cette phrase : Doug Ford avait affirmé à Radio-Canada qu'il voulait apprendre le français d'abord pour parler aux Québécois : « C'est important de communiquer avec une autre partie du pays qui parle le français. J'aime le Québec. J'aime les Québécois, ils sont passionnés. Je les aime à cause de leur passion. » Or l'Ontario a une minorité francophone réelle.

Si en proportion l'Ontario est le 4ème territoire francophone du Canada et que la population dont le français est la langue maternelle ne représente que 4,4 %, c'est le deuxième territoire francophone en nombre avec 561160 personnes recensées en 2012 (loin derrière le Québec et ses 6 millions 684 mille, mais bien devant le Nouveau-Brunswick et ses 234410 habitans - 32% de la population par contre). Ce n'est donc pas un énorme électorat mais assez mobilisé.

Seules deux circonscription ontariennes sont à majorité francophone : Glengarry-Prescott-Russell, libérale depuis sa création en 1992, et Mushkegowuk-Baie-James, crée durant l'actuel mandat pour rééquilibrer les territoires et apporter une juste représentation aux minorités, justement - ce territoire est original car comprenant 60% de francophones mais aussi de 27% d'autochtones, une autre circo créée à cette occasion sont majoritairement autochtones. Le nom définitif de la circonscription nouvelle sera arrêté dans l'année, et effectif pour les élections de 2018.

[PhB]

Bon, l'élection de Doug Ford est confirmée, avec 153 points (pas directement des voix, c'est un système préférentiel : le candidat arrivé dernier est éliminé, et ses voix redistribuées en points selon un ordre de préférence des électeurs, par ex 5 point pour le n°1, 3 pour le deuxième choix, etc.), soit 0,2% de points de plus que Christine Elliott (12000 points attribués).

La personnalité très éruptive et clivante de Doug Ford, qui appelle au rassemblement, ne va pas être une partie de plaisir et le feuilleton du remplacement du chef du parti qui a du démissionner pour cause d'accusation de harcèlement ne s’arrête pas puisque Christine Elliott conteste l'élection qu'elle considère entachée « de graves irrégularités ».

Seule choses certaines Caroline Mulroney est arrivée troisième, Tanya Granic Allen quatrième.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1088418/election-chef-parti-progressiste-conservateur-ontario

En même temps, un parti qui choisit pour nom le splendide oxymore de "progressiste conservateur" (sic !) tend la perche aux personnalités de type "trumpiennes"

[Eco92]

C'est assez magique mais très ancré historiquement, tu as eu des parti progressistes conservateurs dans toutes les provinces et à une époque tu avais deux partis conservateur au fédéral, un "conservateur" et un "progressiste conservateur" qui ont fini par fusionner, mais ça m'a aussi toujours amusé.

En attendant les premier sondages post-Doug Ford le donnent gagnant avec plus de 20% d'avance sur les libéraux et le NPD, au coude à coude (mais plutôt libéraux devant).

[Eco92]

Nicolas Di Iorio, député libéral de Saint-Léonard–Saint-Michel (Montréal) élu en 2015 annonce sa démission prochaine. Il évoque des raisons personelles mais aussi le sentiment du devoir accompli avec trois sujets qui lui tenaient à coeur :
- Confirmer l’engagement du gouvernement fédéral de financer le prolongement de la ligne bleue de métro (qui desservira entre autre sa circo) ;
- Le vote d'une motion désignant juin Mois national du patrimoine italien ;
- Après avoir chargé publiquement son propre gouvernement (chose rare) il estime avoir permis l'amélioration du processus de sélection du juge en chef de la Cour suprême du Canada.

https://www.ledevoir.com/politique/canada/526140/le-depute-montrealais-nicola-di-iorio-demissionne

Il y a actuellement une circo sans élu au Québec (Chicoutimi–Le Fjord, alors tenue par le PLQ) et on attend également la démission dans peu de temps de Thomas Mulcair (NPD) dans Outremont. Il est probable que le premier ministre attendent les annonces officielles de ces démissions pour déclencher les partielles, mais il risque de se retrouver contraint de remplacer la première avant les autres.

[Eco92]

Autre partielle à prévoir, et totalement imprévue, le député conservateur Gordon Brown a succombé à une crise cardiaque, dans son bureau du Parlement. Il avait 57 ans et représentait la cireconscription ontarienne de Leeds -Grenville - Thousand Islands et Rideau Lakes depuis 2004.

[Eco92]

Tanya Granic Allen était la candidate à la chefferie du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario pour les mouvement les plus religieux. Avec ses 37 ans et son sens de la communication, elle présentait bien pour porter des idées centrées autour du refus des cours d'éducation sexuelle et, classiquement, du droit à l'avortement ou du mariage gai. Arrivée dernière elle avait cependant obtenu 14,59% et une investiture dans Mississauga Centre, une circonscription recréée en 2018 après avoir disparue en 2003. Elle avait été représenté par un conservateur et un libéral, successibement.

Cela ne s'annonçait pas donné, mais pas perdu, seulement une vidéo datant de 2014 a été dévoilée par les libéraux. On y voit la candidate dire "J'entendais parler de la Croatie qui essaie d'imposer une éducation sexuelle radicale aux jeunes ou le mariage gai. Vous savez, je vomis presque d'incrédulité."

S'en est suivi un scandale sur les termes (car sur le fond rien de nouveau), la direction de campagne à désinvesti la candidate et le PPC présentera une autre candidature. Tanya Granic Allen s'est dite déçue et a indiquée qu'elle s'exprimera "dans les prochains jours" sur la politique en Ontario. A suivre donc : obtiendra-t-elle plus de places pour son courant en échange de son sacrifice ou tentera-t-elle la dissidence en amenant une base (sans doute pas les 14% mais sans doute une forte partie) de fidèles avec elle ?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1099343/doug-ford-conservateur-ontario-election-tanya-granic-allen

[Eco92]

Plusieurs choses.

Élections en Ontario

Après plusieurs mois les conservateurs (et donc Doug Ford) survolent toujours largement l'élection, leur appui dans les sondage n'a que rarement descendu en dessous de 40%, très largement au dessus du NPD et des Libéraux, traînant la patte autour de 25 %. Selon Philippe J. Fournier cette proximité serait en faveur du NPD qui a des sièges quasi acquis d'avance. Quand bien même les libéraux seraient deuxième en voix et score (arrivant souvent deuxième dans les circos) ils ont de forts risques de n'avoir qu'une quinzaine d'élus contre dix de plus pour le NPD. NPD qui se remplume d'ailleurs et derrière une campagne de renouveau, avec beaucoup de femmes (plus de la moitié) et un axe clairement à gauche, grimpe dans les sondages. Pas de quoi concurrencer Doug Ford à ce jour mais leur score monte parfois à 32%, laissant imaginer une "vague orange" provinciale.
https://ici.radio-canada.ca/tele/les-coulisses-du-pouvoir/site/segments/chronique/71733/philippe-j-fournier
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1100846/npd-ontarien-femmes
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1100464/election-ontario-wynne-ford-horwath-npd-vague-orange

Justin Trudeau a déclenché la partielle dans Chicoumi Le Flord.

Cette circonscription québécoise était représentée par le libéral Denis Lemieux depuis 2015, il a démissionné en novembre pour raison familiales, on arrive à la fin de la durée légale de vacance de siège. Je m'étonne que ça n'ai pas été couplée avec une partielle pour remplacer le député conservateur récemment décédé, peut-être que la durée aurait été jugée trop courte. Les deux autres députés ayant annoncé leur démission à venir ne l'ayant toujours pas remise il n'y aura qu'une élection ce jour là.

Les conservateurs ratissent la circo depuis plusieurs mois avec leur candidat Richard Martel, commissaire de la Ligue de hockey nord-américaine. Ce n'est cependant pas du tout un fief conservateurs (scores en 2015 : 4ème avec 16,6 %).

Les libéraux ont la femme d'affaire Lina Boivin suite à une course interne où elle a battu l’ancien maire de Saint-Charles-de-Bourget Michel Ringuette.

Le NPD n'a pas encore investi de candidat mais l'ex député (2011-2015) Dany Morin ne revient pas en course, seul Éric Dubois, conseiller syndical à la CSN, est en course.

C'est une circo où le Bloc faisait de plutôt bons scores et avait envisagé de reprendre la circo de manière sérieuse mais suite aux déboires du parti au national l’exécutif de section a refusé de nommer quelqu'un tant que la cheffe du parti ne démissionnait pas. Il y aura donc sans doute une candidature du Bloc, mais sans soutien local.

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201805/13/01-5181673-lelection-partielle-dans-chicoutimi-le-fjord-sera-le-18-juin.php

État du Bloc québécois
En parlant du Bloc, le Groupe Parlementaire québécois (les 7 scissionaires) créent leur parti : Québec Debout. Ils tendent la main à des "fédéralistes mous" pour constituer un groupe, un des députés s'est alors exprimé contre ce choix, le parti a du corriger pour dire que s'ils tendaient la main aux fédéralistes c'était pour les convaincre de l'intérêt de l'indépendance. On a donc eu un super titre du Devoir sur une "Dissidence chez les dissidents du Bloc québécois"... Le Bloc ne va pas bien du tout (d'autant que Mario Beaulieu, ex-proche de Ouellet, reste membre et président du parti mais en expliquant vouloir faire démissionner la cheffe) mais j'ai peine à croire à la survie de ces partis de scissions, il n'y a qu'à voir ce qu'est devenu Forces et démocratie...

Autre clou dans la chaussure du Bloc : Michel Gauthier, ancien chef et leader parlementaire du Bloc Québécois (après avoir été député du PQ), rejoint les conservateur du Canada. Il ne sera pas candidat mais soutiendra leur campagne, appelant les indépendantistes et ex-indépendantistes déçu à concentrer leur force sur un parti nationaliste, car selon lui l'appui à la souveraineté a chuté et il ne faut pas imposer ce thème.
https://www.ledevoir.com/politique/canada/527567/bloc-quebecois-dissidence-chez-les-dissidents
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1100703/michel-gauthier-parti-conservateur-bloc-quebecois-elise

[Eco92]

Crise au Bloc québécoise

Le référendum vient de dévoiler ses résultats, avec près de 60 % des participants. C'est une claque pour la cheffe Martine Ouellet qui est éjecté par presque 70% des membres cependant elle gagne sa première question, indiquant que le Bloc doit interpréter son article 1 comme une action pro-active et constante pour l'indépendance.

Les membres du parti étaient enjoint à répondre à deux questions, la première faisant quatre ligne, la seconde étant nettement plus cours :

« Le Bloc québécois doit-il être, dans ses actions quotidiennes, et non pas seulement en théorie, le promoteur de l'option indépendantiste en utilisant chaque tribune et chaque occasion pour démontrer la nécessité de l'indépendance du Québec tant avec les militants, les citoyens qu'avec les médias et au Parlement d'Ottawa d'ici l'indépendance, tel qu'indiqué à l'article 1 du programme du Bloc québécois ? »
Oui : 65 %
Non : 34 %

Puis, question 2 :
« Acceptez-vous de renouveler votre confiance envers Martine Ouellet, chef du Bloc québécois ? »
Oui : 32 %
Non : 67 %

J'imagine qu'il y a des blancs. Une course à la chefferie va devoir avoir lieu, depuis le départ de Gilles Duceppe après la défaite de 2011 c'est une constante. Rappelons qu'il y a eu :
Daniel Paillé (décembre 2011-décembre 2013) qui démissionne pour raison de santé alors qu'il était consensuel
Mario Beaulieu (juin 2014-juin 2015), élu à la surprise générale contre un des seuls 4 députés restant, suite à quoi deux députés quittent le parti (qui n'en avaitt plus que deux)
Gilles Duceppe (juin-octobre 2015), constatant que sa campagne patine, Beaulieu démissionne et redonne (sans élection) le pouvoir à l'ex leader-fondateur Gilles Duceppe, dix députés sont élu, dont Beaulieu mais pas Ducceppe, qui redémissionne.
Martine Ouellet (mars 2017-juin 2018), après deux courses à la chefferie perdue au PQ, on voit passer de nombreux appels à ce que Martine Ouellet prenne la chefferie du Bloc, ce qu'elle fait sans concurrence. Quelques mois plus tard sept députés sur dix quittent le bloc, et un de ceux restant fait campagne contre elle (Mario Beaulieu).
Et donc normalement demain Ouellet démissionne et Mario Beulieu devient chef intérimaire.

Le Bloc reste le parti d'opposition avec le plus de membres au Québec mais ça promet d'être compliqué pour la suite.