Chargé de mission dans le secteur de l'assurance, Hadj Djennas, engagé dans la campagne législative de Bruno Bonnell, n'a pas « besoin d'argent » quand il pose les termes de sa « collaboration » avec le nouveau député, à partir du mois de septembre. « Le plus important pour moi, explique-t-il, c'était d'avoir la protection d'un contrat de travail, notamment en cas d'accident, et de disposer d'un statut de collaborateur parlementaire pour crédibiliser mes actions. » Avant d'entrer en fonctions, le Marcheur propose par écrit au député de travailler avec un contrat léger, même de quelques heures par semaine, selon un document consulté par Mediapart. Il reformule sa demande en septembre. Puis de nouveau – par écrit – en octobre et fin décembre. « À chaque fois, il a éludé ou reporté le sujet, sans remettre en cause la qualité de mon travail », défend l'ex-assistant.
Les frontières entre militantisme, bénévolat et salariat sont parfois incertaines. Mais Bruno Bonnell, qui s'est refusé à tout commentaire, n'a pas voulu éclaircir auprès de Mediapart les contours de sa collaboration avec Hadj Djennas : « Son statut était celui que nous avons défini ensemble », s'est-il contenté de répéter malgré nos relances. A-t-il considéré que les missions de son assistant étaient, dans la continuité de la campagne, purement bénévoles ? Seule indication : dans sa déclaration d'intérêts, mise à jour le 22 septembre 2017 auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, le député ne fait état que de deux contrats d'assistant parlementaire sur son enveloppe de 10 581 € par mois, sans mention d'Hadj Djennas. La suppléante du député, Chafia Tifra, confirme de son côté que le militant était engagé dans la campagne législative, mais refuse de préciser ses conditions de travail après l'élection.
Pourtant, pas plus tard que le 24 janvier dernier, elle a elle-même valorisé la place d'Hadj Djennas dans le travail parlementaire. Devant quelques dizaines d'invités réunis dans le centre culturel et de la vie associative de Villeurbanne à l'occasion des vœux 2018 du député Bonnell, la suppléante présentait ainsi son équipe : « À Paris, Bertrand assiste Bruno [Bonnell] pour le travail législatif et les relations au Parlement. En transversal, Véronique œuvre dans le domaine du numérique. » Et en circonscription, « Anne-Sophie coordonne tout ce travail parlementaire et est aux manettes. Elle est assistée (...) sur le terrain de Jean-Éric et Hadj, collaborateurs parlementaires qui connaissent parfaitement Villeurbanne et qui ont pour mission d'organiser notre action dans tous les quartiers ».
Comme les autres assistants (« Bertrand », « Véronique », « Anne-Sophie » et « Jean-Éric »), tous rémunérés par le député selon Hadj Djennas, ce dernier a d'ailleurs été invité par Bruno Bonnell à Paris à la veille des vacances de décembre. « Visite à l'Assemblée nationale avec mes collaborateurs », a commenté le député en direct sur son profil Facebook, en y accolant une photo de Hadj Djennas au milieu de l'hémicycle. D'autres publications du député montrent que le collaborateur a effectivement été actif. Il représente publiquement le député au forum des réfugiés, lors d'une visite de quartier ou à l’inauguration du nouveau local de l’association d’aide au logement des jeunes. À chaque fois, sous une casquette de « collaborateur parlementaire ».
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