Vaulti a écrit:Pour le Missouri, c'est surtout le profil d'Hillary Clinton qui était un repoussoir pour les électeurs. Barack Obama y réalisait des scores plus acceptables.
Dans tous les cas, cela n'annonce rien de bon pour les midterms pour les républicains.
Un récapitulatif du "swing" pour les élections partielles est disponible sur le lien ci-dessous:
https://docs.google.com/spreadsheets/d/ ... ?sle=true#
Depuis l'accession au pouvoir de Trump, sur les élections partielles, les démocrates ont, en moyenne, fait un swing de 12 points en leur faveur par rapport au duel Trump/Clinton. 8 pts par rapport au duel Obama/Romney.
Le Missouri n'est plus vraiment le swing state qu'il fut jadis. Il a longtemps été le swing state qui ne se trompe jamais, et puis en 2008 et en 2012 il a mis fin à sa série en choisissant par deux fois le perdant, de très peu la première fois (à peine 4 000 voix d'écart entre Obama et MacCain, il fut le dernier état à être attribué au collège électoral), de beaucoup la seconde (plus de 250 000 voix d'avance pour Romney).
Certes, en 2016 Clinton était sans doute une très mauvaise candidate pour cet état (en même temps c'était une mauvaise candidate tout court :) ), ce qui explique en partie les plus de 500 000 voix d'avance de Trump. Mais pas uniquement. C'est un état dont la démographie tend désormais à avantager les républicains assez nettement.
cevenol30 a écrit:Ce "swing" est en effet important. Trump a donc intérêt à remobiliser sa base en accrochant ses centres d'intérêt ou (moins efficace?) en manoeuvrant politiciennement. Traiter les démocrates qui le boudent de traîtres relève probablement de cette stratégie, faisant appel sous-jacent au respect des institutions et de la patrie, valeurs censées parler aux républicains (quand ça les arrange).
Quelques éléments économiques qui pourraient jouer dans les temps qui viennent:
-les taux d'intérêt ont tendance à augmenter suite d'une part à la réforme fiscale de Trump (recettes en baisse non financée sinon... par l'emprunt, ce qui tend à inquiéter un peu les détenteurs de bons du Trésor), d'autre part à la hausse en cours des taux de la Fed
-la Bourse a eu une phase de baisse sensible voire de krach démarrant notamment sur les titres de dette publique, malgré les baisses d'impôt qui ont au départ fait miroiter de meilleurs dividendes. Certaines entreprises ont d'ailleurs dû passer des provisions lors du passage au nouveau système fiscal donc c'est plus contrasté. L'impact économique du marché actions est plus immédiat aux USA car, du fait de l'inexistance d'une épargne sécurisée et avec un taux un peu potable comme nos livrets réglementés, l'épargne (surtout celle des classes aisées: le taux d'épargne est faible voire... négatif parfois, loin du comportement d'écureuil des Français) est davantage placée en actions, ce qui crée un "effet richesse": quand la bourse monte, les ménages se sentent plus riches (à voir le solde du compte-titres) donc se sentent tranquilles pour dépenser plus...
-le déficit commercial des USA a augmenté de +6% en décembre (surtout vis à vis de la Chine, du Mexique et de... l'Italie)
Le problème c'est que la stratégie trumpienne ne vise qu'a complaire à cette base, plus par des postures que par des politiques d'ailleurs, bien souvent. Tactiquement et à court terme ça marche : Trump conserve le soutien de la base, et c'est le GOP qui se trumpise plutôt que l'inverse (au grand désarroi de l'aile centriste du parti). Stratégiquement et à long terme c'est catastrophique : le GOP perd tout espoir de s'adresser aux électorats tangents, et cela attise encore plus vigoureusement la division partisane du pays. Et je ne parle même pas de l'impact sur la gouvernance du pays : il n'y a plus guère d'horizon de gouvernance sur le fond. Quand on voit que la majorité ne propose toujours pas de budget pérenne et que Trump passe son temps à attaquer le camp adverse (l'ennemi ?), comment peut-on imaginer des propositions bipartisanes ? Ce serait pourtant la seule alternative.
Pour l'économie, le krach de lundi dernier a créé une situation télévisuelle assez drôle et imprévisible : Trump avait programmé ce jour là une sortie en Ohio pour vanter son bilan économique. Comme d'habitude le président n'a pas cessé de vanter son bilan boursier (des dizaines de record de plus haut depuis son élection), comme étant de son fait. Le problème c'est que tous les médias rediffusaient cette allocution en split screen avec l'effondrement des cours en simultané :). Cela dit, ça fait un nouveau record à afficher à son tableau pour Trump : la plus forte baisse en point (pas en pourcentage) du Dow Jones de l'histoire.
Personnellement, je ne crédite pas les présidents des performances boursières, je ne les blâme pas non plus pour leurs contre-performances. Le problème c'est que Trump n'a pas cette vision des choses. Du coup depuis lundi, on sent que la Maison Blanche évite un peu le sujet. On n'en est pas encore à nous dire que les hausses sont du ressort présidentiel (uniquement pour Trump hein, pas ses prédécesseurs) mais pas les baisses, mais ça viendra j'imagine :).
Comme je l'avais dit il y a quelques jours sur ce fil de discussion, la bourse US est clairement en surchauffe depuis des mois (surchauffe largement entretenue par la politique fiscale de Trump). Les derniers signes de risque d'inflation de l'économie US (risques bien réels) couplés à une incertitude quant à la FED (puisque Trump a tenu à changer la direction, contre tous les usages après un seul mandat de la sortante) ont entrainé ce mouvement de correction. Est-il passager ou le début d'un cycle de repli, alors là , mystère ?
L'économie réelle pour l'heure continue à bien se porter. Mais là aussi, c'est le cas depuis désormais 8 ans. Les risques fondamentaux de l'économie US sont toujours là : dettes massives, déficit commercial abyssal, spéculation boursière et financière (là aussi, renforcée par la dérégulation trumpienne). Rien que sur le chômage, on arrive sans doute au plafond minimal. Il va être difficile de descendre plus bas que ça. Je ne sais pas si les fondamentaux économiques US bougeront d'ici aux midterms. Prévoir l'évolution économique à un mois c'est déjà pas évident, alors à 9 mois :). Par contre, il me parait difficile que l'économie US tienne à ce rythme jusqu'en 2020. Voir un cycle de croissance de près de 10-11 ans, ce serait du jamais vu depuis très longtemps (même pendant les 30 Glorieuses, l'économie US a connu des crises, il faudrait remonter à la période des années 1920 peut-être ?).