jean24 a écrit:Corondar a écrit:La nuit dernière avait lieu le discours de l'état de l'Union, j'ai veillé fort tard pour le voir : j'aurais pu aller me coucher plus tôt :).
C'était très long (1h20, Donald Trump a échoué à battre le record de longueur détenu par Bill Clinton de 8 minutes parait-il...) et très ennuyeux. On sent que Trump n'est pas très à l'aise dans ce genre de discours protocolaire devant une foule d'officiels (il est plus doué devant des foules de supporters en meeting de campagne). Surtout je dirais qu'au moins les 3/4 du discours (peut-être même plus...) ont été un inventaire des accomplissements de Trump dans sa première année et une célébration (très appuyée) de son bilan, surtout économique (avec les erreurs et mensonges habituels : Trump a même été jusqu'à dire que depuis qu'il était président le déficit commercial avec la Chine s'était réduit). Trump est là par contre toujours doué pour se dresser des couronnes de lauriers. Un rappel très fort de la ligne America first par contre (vue la part congrue réservée à l'internationale, on pourrait même parler de America only à ce niveau là ).
https://www.washingtonpost.com/politics ... a9693c2229
http://dailycaller.com/2018/01/30/trump ... the-union/
http://www.politifact.com/truth-o-meter ... ion-speec/
Pour le reste, aucune annonce concrète à se mettre sous la dent : un vague appel à l'unité et à un courant bipartisan, un appel du pied pour une réforme de l'immigration et pour un plan d'infrastructures, mais aucun cadre, aucune proposition, aucun élément technique. Les démocrates sont restés ostensiblement silencieux (quelques sifflets ici ou là ), les républicains ont applaudi tout du long (Trump lui même se reculait du pupitre pour se joindre aux applaudissements par moment), le black caucus a fortement boycotté (c'est apparemment le discours le plus boycotté de l'histoire des états de l'Union). On notera quand même que deux sénateurs républicains ont été peu prolixes dans leurs applaudissements : Collins et Rubio.
On a quand même eu le plan de la mission blanche pour la réforme de l'immigration, en quatre points :
- Régularisations des dreamers
- Fin de la loterie
- Fin du regroupement familial
- Le mur avec le Mexique
Une annonce sur le plan d'infrastructures de 1500 milliards, sans plus de détails mais c'était plutôt une demande pour que les démocrates et les républicains travaillent ensemble (Sanders a applaudi ce moment, ça devait être une des seules fois de la soirée où il a applaudi).
L'annonce de la mise en place du congé maternité (j'avais oublié que c'était dans son programme).
La plus grande surprise a été sa volonté d'enfermer les soldats de l'Etat-islamique à Guantanamo.
Les applaudissements c'étaient assez drôle à suivre, Manchin se levaient souvent et comme il était en plein milieu des démocrates on le voyait un peu seul. Schummer s'est levé quand Trump a parlé de l’ambassade à Jérusalem. A l'annonce du plan de l'immigration Cruz a aussi applaudi alors qu'il était opposé jusque là à la régularisation des dreamers. Et Trump a applaudi le président en place...
Aujourd'hui un député républicain de plus a annoncé se retirer : Trey Gowdy de la Caroline du Sud.Tirnam a écrit:Le Texas pourrait être intéressant à mes yeux. Il me semble que Ted Cruz est impopulaire, le candidat démocrate probable à réussi à lever plus de fonds au dernier trimestre que Cruz, l'évolution démographique aide également et selon le dernier sondage Gallup Trump ne recueille que 39% d'opinion favorable là -bas. Toutefois il me semble que les démocrates n'ont pas encore développé de réelles infrastructures de campagne dans cet Etat et y faire campagne coute très cher (notamment pour acheter les publicités télévisées).
Vous êtes sur ? La FEC donne plus d'1,5 million d'avance a Cruz, ce qui est vrai est faible pour un républicain Texan mais ça reste plus élevé que Beto O'Rourke. J'ai pas les données pour le dernier trimestre, pourriez vous m'indiquer votre source s'il vous plait.
https://www.fec.gov/data/elections/senate/TX/2018/
Selon le "morning consult", Cruz est à 50% d'approbation et à 32% de désapprobation en janvier 2018.
https://morningconsult.com/2018/01/23/s ... -jan-2018/
Quand à la popularité de Trump, j'avais déjà parlé des possibles effets de la reforme fiscale sur sa popularité mais il ne faut pas oublier qu'avec cette reforme, les donateurs républicains qui avaient réduits leurs dons depuis la prise de fonctions de Trump, ont rouverts les vannes, c'est le cas des frères Koch qui viennent d'annoncer un don de 400 millions de dollars pour les républicains.
Les annonces sur l'immigration et le plan d'infrastructures (on est plus sur de l'affichage que des plans détaillés, mais comme c'est au Congrès de trancher c'est pas non plus très étonnant) avaient déjà été faites en début de semaine par la Maison Blanche, plusieurs jours avant le discours. La seule vraie annonce "imprévue" (elle avait commencé à fuiter dans les médias quelques heures seulement avant le discours) a en effet été l'annulation de la décision d'Obama de fermer Guantanamo.
Concernant l'immigration, on verra bien ce que ça donnera d'ici au 08 février au Congrès. Pour le plan d'infrastructures j'ai déjà dit ce que j'en pensais : seuls les démocrates sont réellement intéressés par la chose, ils ne concéderont jamais aux républicains un financement privé avec privatisations (totales ou partielles) à la clef, et le caucus républicain ne concèdera jamais une nouvelle explosion du déficit pour ça (de ce point de vue, c'était soit la réforme fiscale, soit les infrastructures, il y avait une majorité au GOP pour la première pas pour les secondes).
Pour la popularité de Trump, là aussi j'ai déjà dit ce que j'en pensais ; depuis le printemps dernier, les opinions positives oscillent entre 36 et 40%, les négatives entre 55 et 58%. Mais ce qui est notable, c'est que des deux côtés de la balance, les avis très tranchés prédominent largement. On a à peu près 30% d'approbation massive et 45% de rejet massif. Trump a construit toute son image sur le clash et la controverse. Je pense que les gens qui adorent Trump et ceux qui le haïssent ne changeront plus d'avis.
Sauf événement exogène imprévisible, je ne vois pas ce qui pourrait modifier durablement la physionomie de sa popularité sur le front intérieur. On est à mon avis face à un président qui ne peut pas descendre très bas ni remonter très haut.
C'est à la fois une force et une faiblesse. Pour illustrer mon propos, une enquête sur la vision "morale" du président.
http://www.newsweek.com/donald-trump-qu ... val-791028
Quant à la baisse des impôts, les précédents historiques ne plaident guère en faveur d'un effet bœuf sur la popularité présidentielle. Lors des précédentes baisses (sous Obama en 2009-2010), peu de contribuables les remarquaient ou en créditaient le pouvoir central (environ 10% des contribuables). D'ailleurs les 400 millions investis par les frères Koch vont servir à ça : informer les gens des baisses d'impôts. C'est assez drôle je trouve de voir des milliardaires claquer de telles sommes pour convaincre les gens "normaux" que les baisses d'impôts qui profiteront très majoritairement aux super riches vont aussi leur profiter un peu à eux :). Et le but affiché des frères Koch est limpide : faire tout pour que des élus démocrates dont le projet affiché est d'augmenter les impôts des riches ne soient élus (entre le dire et le faire cela dit...).
https://www.politico.com/story/2018/01/ ... nge-367522
D'autant que le marché de l'assurance médicale commence à s’inquiéter sérieusement des conséquences de la fin du mandat individuel obligatoire (inquiétude responsable des deux baisses consécutives de wall street des derniers jours, la plus forte baisse depuis mai 2017). Beaucoup d'experts tablent sur une très forte hausse des frais de santé pour les classes moyennes.
Et le calcul républicain sur cet élément me parait plus qu hasardeux : je doute que des gens qui auront gagné une couverture santé sous Obama blâment le même Obama si il la perdent sous Trump (surtout si cette dégradation du système est le fruit d'une volonté concertée des républicains de faire péricliter le système plutôt que de le réformer, et ce en contradiction totale avec les promesses de campagne de Trump).