de Fabien » Lun 15 Jan 2018 11:25
Si j'ai bien saisi, les partants voudraient que LR reste sur la ligne néo-UDF qui a toujours peu ou prou dominé à droite depuis plus de 20 ans, y compris au sein de feu le RPR malgré de nettes résistances (le basculement d'un Chirac sous influence juppéiste aura été décisif). Le problème est que cet espace politique est complètement saturé. LREM, Modem, Mouvement Radical, Agir et UDI sont déjà sur ce créneau néo-giscardien . Les deux premiers sont alliés, le troisième le sera vraisemblablement aussi, peut-être les deux derniers entre eux, mais cela laisse tout de même une concurrence très forte.
La ligne néo-UDF me parait d'autant moins porteuse qu'elle ne se démarque guère plus de celle qu'adoptait Hollande. L'endosser, c'est donc pour la droite s'inscrire dans la continuité des politiques menées depuis des lustres. L'électorat LR tend de plus en plus à se cantonner aux personnes âgées. Comme ces tranches d'âge votent beaucoup, cela donne une base assez solide. Mais c'est plutôt inquiétant pour l'avenir. Même si je doute de sa sincérité et que son succès est loin d'être garanti, l'actuelle tentative de rebâtir un semblant de "droite populaire" en marchant sur les plates-bandes du FN me semble plus porteuse.
[Petite remarque au passage, on a peu commenté l'OPA amicale des radicaux valoisiens sur leurs cousins du PRG, donnant naissance au "mouvement radical". Si l'effet de cette décision sur la paysage politique est modeste, c'est tout de même un petit évènement historique. On vient en effet d'assister à un phénomène rare: le choix d'une formation politique, les radicaux de gauche, de renier plus de 40 ans de leur histoire pour donner raison au parti dont ils ont fait scission. Un nouveau nom a été trouvé pour sauvegarder les apparences, mais cela ne trompera personne. Le PRG a bel et bien accepté de rejoindre les radicaux valoisiens dans leur positionnement au centre-droit.
La disparition des radicaux de gauche est l'aboutissement de plus d'un siècle de glissement à droite de cette sensibilité. Au départ, le phénomène était l'effet mécanique du développement à la gauche du Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste des formations marxistes, et de la disparition des monarchistes faisant glisser à droite les républicains modérés, libérant ainsi l'espace central pour les radicaux. Par la suite, c'est le triomphe de la bipolarisation droite-gauche dans les années 70 qui a définitivement envoyé dans le camp conservateur une partie des radicaux. Si l'autre partie vient maintenant les y rejoindre, c'est donc sous l'influence de Macron. Ce choix est assez révélateur du degré de sincérité des radicaux, qui se veulent les héritiers de la tradition laïque, car le moins qu'on puisse dire est qu'en la matière les positions du président sont pour le moins ambigües.
L'offre politique au centre-droit européiste et libéral, actuellement surabondante comme on l'a vu plus haut, devrait logiquement se rationaliser par le disparition volontaire ou contrainte d'une bonne partie des formations qui la constituent actuellement. Dans ce contexte, il n'est pas du tout impossible que le processus concernant les radicaux connaisse un nouveau développement...]
EDIT: Pour être tout à fait précis, il faut ajouter à la longue liste des formations qui se disputent l'espace du centre-droit le parti d'Hervé Morin baptisé en toute modestie "Les Centristes". Il se distingue toutefois des autres, étant a priori plus LR-compatible que Macron-compatible...