Les partis indépendantistes prévoient bien de faire une session plénière du Parlement catalan pour proclamer l'indépendance, d'ici cette fin de semaine ou le début de la prochaine. La date est cependant flexible: la CUP ne veut pas faire de "fétichisme" sur la date et le PDeCat et le gouvernement régional veulent prendre du temps pour que viennent des soutiens internationaux. Il se peut donc que cela traîne un peu: concernant le soutien international, du moins de gouvernements ou autorités établies, cela revient indirectement à laisser un champ d'action aux pressions exercées par Madrid et d'autres pays de l'UE (y compris la France...). De plus, les autres gouvernements n'ont rien à reconnaître publiquement tant que la proclamation n'est pas effective; des contacts et assurances discrets sont cependant possibles.
https://elpais.com/ccaa/2017/10/03/cata ... o#cxrecs_sSur les violences policières, l'encadré du même article signale des cas de maires PSOE/PSC n'ayant pas forcément voulu prêter de salles pour le vote mais protestant vivement contre la répression policière. Un directeur de théâtre madrilène a démissionné en protestation contre cette répression et contre le PP qui gère sa communauté
https://elpais.com/cultura/2017/10/03/a ... 59525.html .
Surtout, le PSOE intente une procédure contre la vice-présidente du gouvernement, en protestation contre les actions policières dont il la tient responsable
https://politica.elpais.com/politica/20 ... o#cxrecs_s . Sa ligne semble être de rester contre l'indépendance tout en considérant que la police et sa hiérarchie (jusqu'à la numéro 2 du gouvernement, donc) ont abusé.
Les media espagnols et la police tentent de mettre l'accent sur les incidents où la population a tenté - et parfois réussi- de chasser les policiers nationaux, notamment à Calella où policiers et gardes civils ont dû fuir leurs hôtels
https://elpais.com/ccaa/2017/10/02/cata ... ml?rel=lom . Le gouvernement dénonce des "comportements mafieux"
https://politica.elpais.com/politica/20 ... 66795.html et le ministre de l'Intérieur demande que les policiers continuent à loger dans les hôtels tant que les contrats sont en cours
https://politica.elpais.com/politica/20 ... 72376.html . Les syndicats policiers sont mécontents, les Mossos (police autonome) demandent à la population de "ne pas contribuer à la crispation" (c'est aussi constater qu'il y en a...); le gérant d'hôtels ayant expulsé ses policiers affirme que la municipalité de Pineda de Mar le menaçait de fermeture pour 5 ans dans le cas contraire,...
https://politica.elpais.com/politica/20 ... ml?rel=lomLa grève générale de ce mardi, avec blocages, semble avoir été bien suivie - les espagnolistes notent que la Generalitat avait indiqué qu'elle ne retirerait pas de jour de salaire aux fonctionnaires grévistes et que le service minimum n'a souvent pas été assuré
https://elpais.com/ccaa/2017/10/02/cata ... ml?rel=lom .
Plus largement, le président de la Generalitat demande aux renforts des forces policières d'Etat de partir, tout en demandant une médiation d'un tiers (international, pas l'UE qui serait plutôt le parrain des négociations, probablement un pays européen) pour rétablir des relations normales avec le gouvernement de Madrid et en affirmant que le résultat du référendum s'impose
https://elpais.com/ccaa/2017/10/02/cata ... 84927.html .
P. Sanchez (PSOE) fait une demande assez similaire, insistant pour que Rajoy ouvre des négociations immédiatement et sans préalable
https://politica.elpais.com/politica/20 ... 12762.html .
C's, tout en déplorant l'échec des opérations du 1er octobre, réclame plutôt l'application de l'article 155 et la tenue d'élections anticipées dans la communauté catalane.
L'éditorial du Washington Post pointe l'appui médiatique russe aux sépératistes et appelle, comme d'autres, à une négociation entre Barcelone et Madrid.
Il semble que du côté catalan, le processus prévu est légèrement ralenti, au moins de quelques jours, de façon à trouver une médiation. Tant que le résultat du référendum est gardé sous cloche et pas proclamé, il est toujours possible de freiner. Pas indéfiniment non plus: les votants qui ont bravé les matraques pourraient le prendre mal.
A Madrid par contre, la situation, notamment le minimum de soutien restant du PSOE et de C's, semble indiquer un maintien de la fermeté théorique... sans forcément de moyens derrière (y aurait-il des renforts supplémentaires de police? les renforts existants pourront-ils se loger quelque part? est-il possible internationalement d'assumer une autre intervention policière voire armée? et contre quoi au juste?).
Une fin de non recevoir madrilène mènerait tout droit à une proclamation unilatérale d'indépendance catalane.
Il semble bien, vu d'une part la dureté du gouvernement madrilène conforté par le roi, vu d'autre part le mécanisme du référendum catalan, qu'il va y avoir déclaration unilatérale.
Le référendum cette fois était (du point de vue catalan) à valeur obligatoire et non consultative, ce qui dans l'absolu est plus démocratique que de dire "votez mais on ne fera peut-être rien du résultat", sachant qu'un vote consultatif avait de toute façon déjà eu lieu. Du côté espagnol, la logique est celle de l'intangilibilté de la Constitution de 1978 et des limites qu'elle pose aux autonomies; côté catalan, ce serait: tant qu'à ce qu'il y ait répression de la part de Madrid (même déjà pour un vote consultatif), autant carrément déclarer l'indépendance. D'autant que la mobilisation populaire est telle que la police nationale ne peut plus grand'chose. Même si les dirigeants catalans voulaient rétropédaler, il est trop tard, ils seraient débordés par le mouvement qu'ils ont lancé.
http://ctxt.es/es/20170927/Politica/153 ... um-DUI.htmConcrètement et dans la mesure où la déclaration d'indépendance s'appliquerait:
-les impôts payés en Catalogne ne seraient plus censés remonter à Madrid. Le fisc espagnol resterait peut-être en place mais comment obligerait-il les contribuables à le payer?
-les "contrats" des fonctionnaires locaux resteraient inchangés, les fonctionnaires d'Etat pourraient rejoindre l'administration catalane dans ses nouvelles missions (et beaucoup refuseraient et partiraient ailleurs... s'il y a des postes).
-l'espagnol/castillan, le catalan et l'occitan du val d'Aran resteraient langues officielles mais le catalan passerait en premier
-la police d'Etat ne pourrait plus rien faire et finirait par rester cantonnée au commissariat ou à l'hôtel ou par partir (là , on n'en est pas loin, on y est même déjà )
-l'armée devrait être scindée... en pratique, si la séparation ne se fait pas à l'amiable, il resterait des bases militaires de l'Etat central dans la région séparée, potentiel foyer de tensions (c'est sur ce problème qu'a démarré la guerre de Sécession aux Etats-Unis). Comme pour le reste des fonctionnaires d'Etat, je pense que beaucoup de militaires resteraient côté espagnol par loyalisme envers le drapeau, le roi etc... Si ça ne se passe pas à l'amiable, Madrid garde tout.
-la dette publique d'Etat devrait aussi être répartie... selon la population, le PIB? cela nécessite des négociations... Si ça ne se passe pas à l'amiable, Madrid garde tout (et là ça ne l'arrange clairement pas)